EMBUSCADE À BOULEJBASS JUIN 1959
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EMBUSCADE À BOULEJBASS JUIN 1959
EMBUSCADE À BOULEJBASS JUIN 1959
Juin 1959. Au fond d’un bois, des ouvriers dépouillent les arbres de leur écorce sous la surveillance de soldats appartenant à la compagnie de Bordj Mira qui se trouve à une quinzaine de kilomètres de ce lieu de travail. Le détachement arrive le matin à l’exploitation forestière et repart l’après-midi avant la tombée du crépuscule.
Les Moudjahidine de Saïd Oukharfallah connaissent parfaitement l’itinéraire quotidien et l’heure de passage au lieudit Boulejbass des deux camions transportant les soldats de retour à la caserne. Ils prennent position à cet endroit stratégique situé à un kilomètre du village de Souk El Ténine. Ahmed Berète qui détient le fusil mitrailleur de type 24/29[1] est campé sur une hauteur, pas loin de la route, prêt à canarder les véhicules des militaires. A quelques pas de là, son camarade, caressant son lance-roquettes, lui précise :
« Ya bled, ya bled, à toi de tirer le premier. Moi, je finis le travail. »
Ahmed Berète sourit, fait un signe affirmatif de la tête, et retire sa casquette pour mieux l’ajuster sur son crâne. Paré pour l’action !
A l’heure prévue, les camions ne sont pas en vue. Pourquoi ce retard aujourd’hui ? Le service de renseignements de l’ennemi a-t-il éventé l’embuscade ? Les Moudjahidine sont ainsi en proie à ce questionnement quand, soudain, ils perçoivent le ronflement caractéristique des moteurs des véhicules militaires s’essoufflant sur la route goudronnée qui monte.
Le décalage horaire est dû – les Moudjahidine le sauront plus tard – à un détour effectué par le village pour déposer quelques ouvriers à leurs domiciles.
Lentement, le premier camion arrive à hauteur de Ahmed Berète. Sa mitrailleuse se met aussitôt à tirer de longues rafales. Le véhicule stoppe net. Les soldats tentent de sortir mais ils sont cueillis par un obus qui projette en l’air le lourd véhicule comme s’il s’agissait d’un fétu de paille. Sur le sol plusieurs soldats sont étendus sans vie. D’autres, blessés, essaient plus ou moins de fuir ou de trouver un abri.
Une panique collective s’empare du second camion qui fait une embardée pour éviter les balles du FM[2] qui continue à cracher son feu d’une façon ininterrompue. Mais la fausse manœuvre du chauffeur fait déraper le véhicule qui se couche sur le coté. C’est la débandade. Le sauve-qui-peut général. En courant se mettre à couvert, les soldats tirent au hasard. Un goumier[3] dévale une pente, atteint une rivière et détale à perdre haleine à contre courant. Ahmed Berète l’ajuste et tire plusieurs fois sur lui sans arriver à l’atteindre. Les balles claquent dans l’eau autour de lui sans jamais le toucher. Plus tard, quand il racontera son aventure, le rescapé confirmera que le miracle existe bel et bien.
Au moment où les Moudjahidine s’apprêtent à récupérer quelques armes sur les soldats abattus, des renforts arrivent et commencent à bombarder aveuglément les alentours. Mais les combattants sont déjà loin. D’autres actions les attendent. Pour que vive l’Algérie. Cette Algérie que le compagnon de Berète Ahmed appelle de tous ses vœux :
« Ya Bled, Ya Bled! ».
[1] Arme automatique pouvant tirer coup par coup ou par rafales.
[2] Fusil-mitrailleur.
[3] Militaire recruté parmi la population indigène.
Juin 1959. Au fond d’un bois, des ouvriers dépouillent les arbres de leur écorce sous la surveillance de soldats appartenant à la compagnie de Bordj Mira qui se trouve à une quinzaine de kilomètres de ce lieu de travail. Le détachement arrive le matin à l’exploitation forestière et repart l’après-midi avant la tombée du crépuscule.
Les Moudjahidine de Saïd Oukharfallah connaissent parfaitement l’itinéraire quotidien et l’heure de passage au lieudit Boulejbass des deux camions transportant les soldats de retour à la caserne. Ils prennent position à cet endroit stratégique situé à un kilomètre du village de Souk El Ténine. Ahmed Berète qui détient le fusil mitrailleur de type 24/29[1] est campé sur une hauteur, pas loin de la route, prêt à canarder les véhicules des militaires. A quelques pas de là, son camarade, caressant son lance-roquettes, lui précise :
« Ya bled, ya bled, à toi de tirer le premier. Moi, je finis le travail. »
Ahmed Berète sourit, fait un signe affirmatif de la tête, et retire sa casquette pour mieux l’ajuster sur son crâne. Paré pour l’action !
A l’heure prévue, les camions ne sont pas en vue. Pourquoi ce retard aujourd’hui ? Le service de renseignements de l’ennemi a-t-il éventé l’embuscade ? Les Moudjahidine sont ainsi en proie à ce questionnement quand, soudain, ils perçoivent le ronflement caractéristique des moteurs des véhicules militaires s’essoufflant sur la route goudronnée qui monte.
Le décalage horaire est dû – les Moudjahidine le sauront plus tard – à un détour effectué par le village pour déposer quelques ouvriers à leurs domiciles.
Lentement, le premier camion arrive à hauteur de Ahmed Berète. Sa mitrailleuse se met aussitôt à tirer de longues rafales. Le véhicule stoppe net. Les soldats tentent de sortir mais ils sont cueillis par un obus qui projette en l’air le lourd véhicule comme s’il s’agissait d’un fétu de paille. Sur le sol plusieurs soldats sont étendus sans vie. D’autres, blessés, essaient plus ou moins de fuir ou de trouver un abri.
Une panique collective s’empare du second camion qui fait une embardée pour éviter les balles du FM[2] qui continue à cracher son feu d’une façon ininterrompue. Mais la fausse manœuvre du chauffeur fait déraper le véhicule qui se couche sur le coté. C’est la débandade. Le sauve-qui-peut général. En courant se mettre à couvert, les soldats tirent au hasard. Un goumier[3] dévale une pente, atteint une rivière et détale à perdre haleine à contre courant. Ahmed Berète l’ajuste et tire plusieurs fois sur lui sans arriver à l’atteindre. Les balles claquent dans l’eau autour de lui sans jamais le toucher. Plus tard, quand il racontera son aventure, le rescapé confirmera que le miracle existe bel et bien.
Au moment où les Moudjahidine s’apprêtent à récupérer quelques armes sur les soldats abattus, des renforts arrivent et commencent à bombarder aveuglément les alentours. Mais les combattants sont déjà loin. D’autres actions les attendent. Pour que vive l’Algérie. Cette Algérie que le compagnon de Berète Ahmed appelle de tous ses vœux :
« Ya Bled, Ya Bled! ».
[1] Arme automatique pouvant tirer coup par coup ou par rafales.
[2] Fusil-mitrailleur.
[3] Militaire recruté parmi la population indigène.
laic-aokas- Nombre de messages : 14024
Date d'inscription : 03/06/2011
Re: EMBUSCADE À BOULEJBASS JUIN 1959
source:
AOKAS : Histoire et faits d'armes (livre édité par l'association "Aokas mémoires") . un livre très intéressant à lire assurément !
AOKAS : Histoire et faits d'armes (livre édité par l'association "Aokas mémoires") . un livre très intéressant à lire assurément !
laic-aokas- Nombre de messages : 14024
Date d'inscription : 03/06/2011
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