EMBUSCADE À AZROU 23.12.1957
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EMBUSCADE À AZROU 23.12.1957
EMBUSCADE À AZROU 23.12.1957
La guérilla, guerre menée par des unités de combat de nombre restreint contre une armée régulière, était l’arme secrète des combattants algériens. Elle est fondée sur le harcèlement de l’adversaire par des embuscades et des coups de main. Les partisans choisissent pour cela des positions particulièrement favorables à cette action.
C’était un lundi, premier jour de l’hiver. Le brouillard matinal couvrait toute la contrée de Tizi N’Berber et le lieudit « Azrou » où le groupe de maquisards, commandé par Redjaradj Boubekeur, se reposait depuis plusieurs heures au refuge établi chez les Bénali.
Au lever du soleil, la brume s’étant étirée dans le vent, la sentinelle aperçut une section[1] d’infanterie fortement équipée en armes qui gravissait le chemin vicinal menant vers le poste militaire du secteur géographique.
Arrivé aux environs du lieu appelé Bourbia, le lieutenant V. et ses hommes s’amusèrent en tirant sur une colonie de passereaux qui picoraient dans un champ voisin. Effarouchés, les oiseaux s’envolèrent aussitôt dans un battement d’ailes rapide. Les maquisards suivaient la scène du haut de leur poste d’observation. L’un d’eux plaisanta :
« Voyez mes amis, à défaut de fellagas, l’armée française tire sur des petits ovipares à deux pattes. »
La patrouille poursuivit sa marche sans se douter un seul instant du danger imminent qui la guettait. A l’affût, arme au poing et le doigt sur la gâchette, les moudjahidine attendaient patiemment le signal de leur chef. Le temps semblait s’écouler goutte à goutte. Puis, Soudain, Redjaradj Boubekeur commença à tirer dans le tas. Ses hommes l’imitèrent immédiatement. Surpris par la fusillade nourrie, les soldats n’eurent pas le temps de riposter. Certains réussirent miraculeusement à se mettre à couvert. Le sol fut aussitôt jonché d’une dizaine de soldats touchés mortellement. Blessés plus ou moins gravement, cinq trouvèrent protection derrière les cadavres.
La pluie de balles ininterrompue atteignit encore d’autres militaires gagnés par une panique collective. L’effet de l’attaque soudaine passé, le reste de la troupe française commença à se réorganiser et à riposter. Entre temps, le poste militaire envoya des chars blindés en renfort pendant que deux avions T6 survolèrent le lieu de l’affrontement en lançant leurs bombes meurtrières qui explosaient dans un fracas violent.
Dans l’intervalle, une unité de l’armée française composée essentiellement de supplétifs, arrivait de Kéfrida pour prendre à revers les combattants algériens. Mais c’était sans compter avec la vigilance d’un moudjahid surnommé « Indochine » pour avoir fait la guerre du même nom ; ayant flairé ce schéma tactique, il se posta à l’avance avec son fusil-mitrailleur en contre-haut du chemin que la troupe empruntera obligatoirement.
A la vue de l’ennemi, Indochine ouvrit le feu stoppant net la progression de la troupe.
Pendant ce temps, ses compagnons effectuèrent un mouvement de repli vers les profondeurs du maquis. Le soir, tous se retrouvèrent dans un refuge inaccessible et protégé. Redjaradj Boubekeur et ses hommes firent le bilan de l’accrochage et furent heureux de constater l’absence de victime dans leurs rangs.
Mais ce combat d’Azrou n’était qu’une étape dans cette guerre contre l’injustice. La lutte pour la libération et l’indépendance devait se poursuivre sans relâche. Pour s’affranchir des servitudes, il fallait consentir d’autres efforts, et peut être aussi beaucoup de sacrifices. Les maquisards savaient tout cela. Et cette victoire les revigorait et raffermissait leur détermination à aller jusqu’au bout de la Résistance. Pour que vive l’Algérie. En toute liberté !
[1] 5ème section de la 7ème compagnie du 2ème bataillon du 5ème RIM (Régiment d’Infanterie Motorisé)
La guérilla, guerre menée par des unités de combat de nombre restreint contre une armée régulière, était l’arme secrète des combattants algériens. Elle est fondée sur le harcèlement de l’adversaire par des embuscades et des coups de main. Les partisans choisissent pour cela des positions particulièrement favorables à cette action.
C’était un lundi, premier jour de l’hiver. Le brouillard matinal couvrait toute la contrée de Tizi N’Berber et le lieudit « Azrou » où le groupe de maquisards, commandé par Redjaradj Boubekeur, se reposait depuis plusieurs heures au refuge établi chez les Bénali.
Au lever du soleil, la brume s’étant étirée dans le vent, la sentinelle aperçut une section[1] d’infanterie fortement équipée en armes qui gravissait le chemin vicinal menant vers le poste militaire du secteur géographique.
Arrivé aux environs du lieu appelé Bourbia, le lieutenant V. et ses hommes s’amusèrent en tirant sur une colonie de passereaux qui picoraient dans un champ voisin. Effarouchés, les oiseaux s’envolèrent aussitôt dans un battement d’ailes rapide. Les maquisards suivaient la scène du haut de leur poste d’observation. L’un d’eux plaisanta :
« Voyez mes amis, à défaut de fellagas, l’armée française tire sur des petits ovipares à deux pattes. »
La patrouille poursuivit sa marche sans se douter un seul instant du danger imminent qui la guettait. A l’affût, arme au poing et le doigt sur la gâchette, les moudjahidine attendaient patiemment le signal de leur chef. Le temps semblait s’écouler goutte à goutte. Puis, Soudain, Redjaradj Boubekeur commença à tirer dans le tas. Ses hommes l’imitèrent immédiatement. Surpris par la fusillade nourrie, les soldats n’eurent pas le temps de riposter. Certains réussirent miraculeusement à se mettre à couvert. Le sol fut aussitôt jonché d’une dizaine de soldats touchés mortellement. Blessés plus ou moins gravement, cinq trouvèrent protection derrière les cadavres.
La pluie de balles ininterrompue atteignit encore d’autres militaires gagnés par une panique collective. L’effet de l’attaque soudaine passé, le reste de la troupe française commença à se réorganiser et à riposter. Entre temps, le poste militaire envoya des chars blindés en renfort pendant que deux avions T6 survolèrent le lieu de l’affrontement en lançant leurs bombes meurtrières qui explosaient dans un fracas violent.
Dans l’intervalle, une unité de l’armée française composée essentiellement de supplétifs, arrivait de Kéfrida pour prendre à revers les combattants algériens. Mais c’était sans compter avec la vigilance d’un moudjahid surnommé « Indochine » pour avoir fait la guerre du même nom ; ayant flairé ce schéma tactique, il se posta à l’avance avec son fusil-mitrailleur en contre-haut du chemin que la troupe empruntera obligatoirement.
A la vue de l’ennemi, Indochine ouvrit le feu stoppant net la progression de la troupe.
Pendant ce temps, ses compagnons effectuèrent un mouvement de repli vers les profondeurs du maquis. Le soir, tous se retrouvèrent dans un refuge inaccessible et protégé. Redjaradj Boubekeur et ses hommes firent le bilan de l’accrochage et furent heureux de constater l’absence de victime dans leurs rangs.
Mais ce combat d’Azrou n’était qu’une étape dans cette guerre contre l’injustice. La lutte pour la libération et l’indépendance devait se poursuivre sans relâche. Pour s’affranchir des servitudes, il fallait consentir d’autres efforts, et peut être aussi beaucoup de sacrifices. Les maquisards savaient tout cela. Et cette victoire les revigorait et raffermissait leur détermination à aller jusqu’au bout de la Résistance. Pour que vive l’Algérie. En toute liberté !
[1] 5ème section de la 7ème compagnie du 2ème bataillon du 5ème RIM (Régiment d’Infanterie Motorisé)
laic-aokas- Nombre de messages : 14024
Date d'inscription : 03/06/2011
Re: EMBUSCADE À AZROU 23.12.1957
source:
AOKAS : Histoire et faits d'armes (livre édité par l'association "Aokas mémoires") . un livre très intéressant à lire assurément !
AOKAS : Histoire et faits d'armes (livre édité par l'association "Aokas mémoires") . un livre très intéressant à lire assurément !
laic-aokas- Nombre de messages : 14024
Date d'inscription : 03/06/2011
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