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EMBUSCADE À AGNI FÉVRIER 1962

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Message  laic-aokas Mar 21 Juin - 13:06

EMBUSCADE À AGNI FÉVRIER 1962




Jusqu’à l’ultime journée du 19 mars 1962, date de la déclaration du cessez-le-feu, la guerre de libération nationale se poursuivit sans relâchement. Avec l’énergie et la détermination des premiers jours. Tandis que les dirigeants de la Révolution entraient dans le terrain des négociations, les combattants, eux, occupaient toujours le terrain des opérations.


1962. Cette année-là, le ramadhan tomba au mois de février. Au milieu de l’hiver. En plus de l’engagement dans la lutte pour la vie et la liberté, les maquisards devaient affronter le froid et la faim.

Ce jour-là, outre un grand nombre de maquisards qui se reposaient dans le domicile[1] du Moudjahid Baba Ali, se trouvait un commando de dix hommes commandé par Lakbal Slimane[2]. Le groupe avait rendez-vous. Il était venu prendre contact avec deux supplétifs qui s’étaient ralliés à la cause révolutionnaire en proposant d’apporter leur collaboration à partir du camp militaire. Avec un léger retard, les deux harkis entrèrent dans la pièce accompagnés de Djabri Laid, commissaire politique. D’emblée, ils exposèrent leur plan.

Cette nuit, aux environs de vingt heures, ils avertiront par un signal le commando pour lui faciliter l’accès à l’arsenal d’armes et de munitions qui se trouvait dans l’exploitation agricole du colon Aubertier.

Après la rupture du jeûne, les maquisards prirent le chemin de la ferme quelques minutes avant l’heure convenue. Ils allaient atteindre le lieudit « Tala Mahroune » quand Djabri Laïd cria :

« Vite, couchez-vous ! »

Il avait repéré dans le noir des troupes de soldats qui marchaient subrepticement vers un lieu inconnu. Mais pas si inconnu que cela, car, soudain, une cuisante et inquiétante vérité prit forme dans l’esprit des moudjahidine : Les harkis les avaient trahis ! Et les soldats allaient tendre une embuscade aux combattants restés dans la maison de Baba Ali !

Vite, Slimane Ighjed et ses hommes rebroussèrent chemin et volèrent vers leurs compatriotes pour les avertir du danger. En forçant leur course, ils arrivèrent largement à temps. Et les compagnons d’armes échappèrent de justesse au massacre.

Pour la petite histoire, l’un des perfides harkis enverra un mot à un Moudjahid le défiant de se montrer devant le poste de garde.

« Je t’attends. Viens si tu es un homme ! » écrira-t-il.

En prévision de l’opération de ratissage que l’armée française lancera probablement dans les prochaines heures, le commando se planqua dans le grenier d’un ancien combattant de la deuxième guerre mondiale, le sergent Ihadiouène. Effectivement, au petit matin, les Bananes déversèrent des quantités de soldats qui investirent les territoires avoisinants d’Aït Aïssa et de Taramannt.

Au crépuscule, le commando tenta une sortie et fila en file indienne pour rejoindre un refuge dans le massif montagneux. Tous les hommes portaient des tenues militaires et des casquettes kaki. Leur chef, Lakbal Slimane, était coiffé d’un képi de la SAS. Par prudence, les Moudjahidine étaient échelonnés à vingt pas l’un de l’autre. Les étoiles brillaient de tout leur éclat et la lune jetait sur la région son reflet argenté.

Arrivés à la fourche de Timakhzannt, le commando se trouva brusquement nez à nez avec une troupe de huit soldats debout au sommet d’un talus. Cinquante mètres à peine séparaient les deux groupes. Comme un seul homme, les Moudjahidine suspendirent tout mouvement et s’arrêtèrent en conservant leur sang-froid. Ils empoignèrent leurs armes - trois mitraillettes, des fusils de chasse et de guerre - et restèrent dans l’expectative. Au moment où les militaires s’apprêtaient à user de leurs armes, l’officier français aperçut le képi de la SAS de Slimane Ighjed et cria aussitôt :

« Arrêtez ! Ne tirez pas ! Ce sont les nôtres ! »

A ce moment précis, le Moudjahid Baba Ali dont le canon de la mitraillette pointait en direction de la troupe depuis le début de la rencontre inattendue, appuya sur la détente. Ses compagnons l’imitèrent instantanément. La fusillade simultanée sema la panique parmi les soldats. Profitant de cet effet de surprise, les maquisards se volatilisèrent dans la nature en laissant deux morts et deux blessés dans le camp ennemi.

Le lendemain, des représailles sanglantes seront exercées contre la population. Haddadi Mahmoud, un Moussebel non recherché, fils d’une partisane surnommée « Fatma Moughroum », sera dépouillé de ses vêtements et, nu comme un ver, il subira plusieurs tortures. Entre autres, une suspension forcée et prolongée de la respiration par immersion à Tala Allaoua. Il sera exécuté sans autre forme de procès au lieudit Amnakache.


[1] Certaines habitations, appelées « refuges mobiles », abritaient à tour de rôle les maquisards.


[2] Nom de guerre : « Slimane Ighjed ».
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Message  laic-aokas Mar 21 Juin - 13:07

source:

AOKAS : Histoire et faits d'armes (livre édité par l'association "Aokas mémoires") . un livre très intéressant à lire assurément !

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