ACCROCHAGE À IMDANE OCTOBRE 1958
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ACCROCHAGE À IMDANE OCTOBRE 1958
ACCROCHAGE À IMDANE OCTOBRE 1958
Dans le maquis, les Moudjahidine sont obligés de se déplacer constamment pour déjouer les dispositifs d’attaque éventuels échafaudés par l’ennemi. En conséquence, ils ne campent pas plus de deux jours dans un même lieu. Mais, malgré ces principes de précautions, ils peuvent malencontreusement tomber dans une embuscade. Dans ce cas, c’est l’énergie du désespoir qui apporte le salut ; ou la manifestation des phénomènes météorologiques, arrivant en renfort comme par miracle, pour aider les maquisards à se sortir de la situation dangereuse.
Octobre 1958. A Imdane, dans les collines élevées de Tizi N’Berber, une section[1] de Moudjahidine, commandée par Sebahi Mohand Ouabdellah, était depuis le lever du jour en faction non loin de l’embranchement dit « les trois chemins ». A la fin de la guerre Mohand Ouabdellah comptera nombre d’opérations militaires individuelles et collectives à son actif. Ces actes de bravoure sont toujours rapportés avec admiration par ses compagnons d’armes.
Des nappes de brume matinale flottaient dans l’espace alentour. Le grand calme de la campagne annonçait la perspective d’une journée sans accroc. Or, vers le début de l’après-midi, les guetteurs aperçurent un convoi de camions militaires roulant lentement vers Aït Bouissi. Peu de temps après, trois Bananes[2] surgirent dans les airs volant l’une derrière l’autre. La première se posa sur la plate-forme d’un monticule à portée de la position des Moudjahidine ; aussitôt, les deux flancs de l’appareil vomirent le chargement de soldats qui, têtes baissées, s’égaillèrent rapidement pour aller se regrouper un peu plus loin.
En toute évidence, l’armée française commençait une opération d’encerclement. Il fallait réagir, et vite !
Dans un vrombissement assourdissant, l’hélicoptère vide commença à décoller pour laisser la place au deuxième appareil qui entama son atterrissage tandis que le troisième tournoyait dans le ciel. Ce fut à ce moment précis que Sebahi Mohand Ouabdellah donna l’ordre à ses hommes d’ouvrir le feu à volonté. Les tirs groupés de mitrailleuses et d’armes automatiques atteignirent de plein fouet les patrouilles ennemies et la carlingue de l’un des engins aériens. Ceux-ci, devant les tirs violents, s’élevèrent rapidement dans le ciel avant de disparaître dans la brume. L’offensive foudroyante se solda par l’élimination de douze soldats.
Des nuages gris s’amoncelaient dans le ciel et obscurcissaient le jour. Au moment où les maquisards effectuèrent un mouvement de repli, un orage éclata. Une pluie torrentielle s’abattit soudainement sur la région. Quelques minutes plus tard, la batterie de la ferme Démazo entra en action, et le bombardement de la contrée commença. C’était un pilonnage régulier, inexorable, où les obus se suivaient sans répit. C’était une vision d’enfer.
Mais Mohand Ouabdellah et ses hommes étaient déjà loin. Leur course effrénée les mena sans encombre à la montagne de Bouafane, dans la région d’Aït Méloul. Mais là, un homme manquait à l’appel.
En ce mois d’octobre, courrier de l’hiver, la nuit tombait subitement, à plus forte raison quand le temps était couvert. Et comme dans ces mauvaises conditions atmosphériques les hélicoptères étaient interdits de vol, les troupes françaises rentrèrent à pied au poste avancé de Bouamar.
Cependant, à un endroit de la route en corniche, elles devaient franchir un précipice au fond duquel coulait une rivière en furie gonflée par la crue. L’ignorance de la configuration des lieux et l’obscurité totale furent fatales au premier groupe de douze soldats qui tombèrent l’un après l’autre dans le vide. Le hurlement déchirant de la dernière victime alerta le reste de la troupe qui recula devant le danger.
Le lendemain, au cours de l’inévitable opération de ratissage de la zone d’Imdane, l’armée française découvrira le Moudjahid Mohamadi Slimane, blessé gravement au cours du bombardement de la veille. Après l’avoir soumis à de vaines tortures, il sera exécuté sur place.
Le même jour, en aval de la rivière, en face du village Timaarast, des enfants trouvèrent une pièce de campagne, appelée communément « 24 ». L’arme appartenant à l’un des soldats qui avaient péri dans le gouffre fut drainée par le courant impétueux jusqu’à un arbrisseau où elle échoua. La mitrailleuse quelque peu endommagée sera réparée par un armurier de l’A.L.N., et sera utilisée dans plusieurs autres accrochages et embuscades qui parsèmeront le parcours des combattants vers le soleil et la liberté.
[1] La section est formée de 3 groupes de 12 hommes chacun.
[2] Grands hélicoptères à deux rotors dont la forme rappelle le fruit oblong du bananier et pouvant transporter une troupe de 24 soldats.
Dans le maquis, les Moudjahidine sont obligés de se déplacer constamment pour déjouer les dispositifs d’attaque éventuels échafaudés par l’ennemi. En conséquence, ils ne campent pas plus de deux jours dans un même lieu. Mais, malgré ces principes de précautions, ils peuvent malencontreusement tomber dans une embuscade. Dans ce cas, c’est l’énergie du désespoir qui apporte le salut ; ou la manifestation des phénomènes météorologiques, arrivant en renfort comme par miracle, pour aider les maquisards à se sortir de la situation dangereuse.
Octobre 1958. A Imdane, dans les collines élevées de Tizi N’Berber, une section[1] de Moudjahidine, commandée par Sebahi Mohand Ouabdellah, était depuis le lever du jour en faction non loin de l’embranchement dit « les trois chemins ». A la fin de la guerre Mohand Ouabdellah comptera nombre d’opérations militaires individuelles et collectives à son actif. Ces actes de bravoure sont toujours rapportés avec admiration par ses compagnons d’armes.
Des nappes de brume matinale flottaient dans l’espace alentour. Le grand calme de la campagne annonçait la perspective d’une journée sans accroc. Or, vers le début de l’après-midi, les guetteurs aperçurent un convoi de camions militaires roulant lentement vers Aït Bouissi. Peu de temps après, trois Bananes[2] surgirent dans les airs volant l’une derrière l’autre. La première se posa sur la plate-forme d’un monticule à portée de la position des Moudjahidine ; aussitôt, les deux flancs de l’appareil vomirent le chargement de soldats qui, têtes baissées, s’égaillèrent rapidement pour aller se regrouper un peu plus loin.
En toute évidence, l’armée française commençait une opération d’encerclement. Il fallait réagir, et vite !
Dans un vrombissement assourdissant, l’hélicoptère vide commença à décoller pour laisser la place au deuxième appareil qui entama son atterrissage tandis que le troisième tournoyait dans le ciel. Ce fut à ce moment précis que Sebahi Mohand Ouabdellah donna l’ordre à ses hommes d’ouvrir le feu à volonté. Les tirs groupés de mitrailleuses et d’armes automatiques atteignirent de plein fouet les patrouilles ennemies et la carlingue de l’un des engins aériens. Ceux-ci, devant les tirs violents, s’élevèrent rapidement dans le ciel avant de disparaître dans la brume. L’offensive foudroyante se solda par l’élimination de douze soldats.
Des nuages gris s’amoncelaient dans le ciel et obscurcissaient le jour. Au moment où les maquisards effectuèrent un mouvement de repli, un orage éclata. Une pluie torrentielle s’abattit soudainement sur la région. Quelques minutes plus tard, la batterie de la ferme Démazo entra en action, et le bombardement de la contrée commença. C’était un pilonnage régulier, inexorable, où les obus se suivaient sans répit. C’était une vision d’enfer.
Mais Mohand Ouabdellah et ses hommes étaient déjà loin. Leur course effrénée les mena sans encombre à la montagne de Bouafane, dans la région d’Aït Méloul. Mais là, un homme manquait à l’appel.
En ce mois d’octobre, courrier de l’hiver, la nuit tombait subitement, à plus forte raison quand le temps était couvert. Et comme dans ces mauvaises conditions atmosphériques les hélicoptères étaient interdits de vol, les troupes françaises rentrèrent à pied au poste avancé de Bouamar.
Cependant, à un endroit de la route en corniche, elles devaient franchir un précipice au fond duquel coulait une rivière en furie gonflée par la crue. L’ignorance de la configuration des lieux et l’obscurité totale furent fatales au premier groupe de douze soldats qui tombèrent l’un après l’autre dans le vide. Le hurlement déchirant de la dernière victime alerta le reste de la troupe qui recula devant le danger.
Le lendemain, au cours de l’inévitable opération de ratissage de la zone d’Imdane, l’armée française découvrira le Moudjahid Mohamadi Slimane, blessé gravement au cours du bombardement de la veille. Après l’avoir soumis à de vaines tortures, il sera exécuté sur place.
Le même jour, en aval de la rivière, en face du village Timaarast, des enfants trouvèrent une pièce de campagne, appelée communément « 24 ». L’arme appartenant à l’un des soldats qui avaient péri dans le gouffre fut drainée par le courant impétueux jusqu’à un arbrisseau où elle échoua. La mitrailleuse quelque peu endommagée sera réparée par un armurier de l’A.L.N., et sera utilisée dans plusieurs autres accrochages et embuscades qui parsèmeront le parcours des combattants vers le soleil et la liberté.
[1] La section est formée de 3 groupes de 12 hommes chacun.
[2] Grands hélicoptères à deux rotors dont la forme rappelle le fruit oblong du bananier et pouvant transporter une troupe de 24 soldats.
laic-aokas- Nombre de messages : 14024
Date d'inscription : 03/06/2011
Re: ACCROCHAGE À IMDANE OCTOBRE 1958
source:
AOKAS : Histoire et faits d'armes (livre édité par l'association "Aokas mémoires") . un livre très intéressant à lire assurément !
AOKAS : Histoire et faits d'armes (livre édité par l'association "Aokas mémoires") . un livre très intéressant à lire assurément !
laic-aokas- Nombre de messages : 14024
Date d'inscription : 03/06/2011
Madona- Nombre de messages : 3426
Date d'inscription : 30/01/2009
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