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ACCROCHAGE À TALA KHLIFA AVRIL 1958

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Message  laic-aokas Mar 21 Juin - 12:49

ACCROCHAGE À TALA KHLIFA AVRIL 1958




En ce jour du printemps 1958, l’aveuglante réverbération du soleil court sur toute la surface des montagnes enneigées de Tala Khlifa. Précoce, la première saison de l’année entame son parcours bien avant la fin de l’hiver. La section de Moudjahidine – trente-neuf hommes répartis en trois groupes – commandée par Ferradj Boubekeur, quitte la maison de Mohand Oussaïd pour se rendre au refuge principal d’Aït Aïssa.


Pendant que leur chef part non loin de là pour s’enquérir des dernières informations auprès des Aidali, ses hommes s’accordent quelques heures de repos. Le lendemain, à l’aube, le groupe de Oubaroudi Chérif gagne Ighil Maamar un poste de guet idéal pour y prendre son tour de surveillance. Au sommet, l’artilleur Allouache Hocine s’allonge à plat ventre devant sa pièce de campagne,[1] prêt à toute éventualité. Ses camarades équipés d’armes de divers types prennent position à quelques mètres de là.

Au début de l’après-midi, les guetteurs repèrent un mouvement de troupes ennemies au lieudit Tizi N’Tayouth. Ce sont les hommes du capitaine Mathieu, le commandant de la garnison de Lotha. Au moment où l’unité militaire amorce son ascension, une décharge de canons fait trembler le sol dans un grondement de tonnerre. Deux batteries installées en contrebas dans la ferme d’un colon crachent en quarante cinq secondes leurs obus par groupe de six d’une façon ininterrompue pendant plusieurs minutes. A la fin de la canonnade, un avion[2] d’observation survole les parages en déclenchant des tirs de mitraillettes sur les bergers et leurs troupeaux qui s’enfuient dans une folle débandade.
Les Moudjahidine ont tôt fait de comprendre la manœuvre de l’armée française. Tirer des coups de canons et envoyer un avion de reconnaissance pour maintenir les maquisards dans leurs cachettes. Il suffit ensuite de bombarder ces planques, et le tour est joué !

En effet, tandis que les soldats escaladent en ligne horizontale le versant de la montagne, deux bombardiers – des T6 – surgissent dans le ciel bleu. En piquant, ils créent un violent courant d’air qui fait trembler les branches des cerisiers à proximité desquels se trouve la maison abritant les Moudjahidine. L’un d’eux, Moustache Hocine saute par une fenêtre et atterrit dans une cour où pousse un figuier géant. Il place sa pièce d’artillerie sur la fourche d’une grosse branche et attend le prochain passage du T6.

Ce dernier ne tarde pas à se montrer et fonce sur la construction. En lançant à tue-tête le cri d’assaut des combattants « Allah Ouakbar », Moustache Hocine appuie rageusement sur la détente et décharge toutes ses munitions sur la trajectoire de l’appareil. Celui-ci prend feu et poursuit son vol en laissant derrière lui une longue traînée de fumée noire avant de s’abîmer dans la mer. A la faveur de cette action d’éclat, les deux groupes de combattants sortent aussitôt de la maison.

Pendant ce temps, les soldats arrivent à contourner un coteau pour prendre à revers Allouache Hocine et ses camarades. Le Moudjahid actionne sa pièce. Douze soldats tombent sous le feu nourri de sa mitrailleuse. La progression de l’armée ennemie est freinée brusquement. Entre temps, Ferradj Boubekeur rejoint ses hommes et donne l’ordre d’amorcer un repli pour éviter les bombes au napalm.

Les Moudjahidine courent en faisant des zigzags sous un déluge de roquettes et d’obus. Certains sautent dans les cratères formés par les explosions et ripostent comme ils peuvent. Le pilote d’un piper-cub est touché à l’épaule mais réussit néanmoins à faire poser son engin sur le terrain d’atterrissage de Lotha. Un groupe de Moudjahidine prend position derrière un énorme chêne séculaire qui trône à la frontière entre Cap-Aokas et Aït Hssayène. Dans le feu de l’action le moudjahid Mohand Zine est blessé au tendon d’Achille. Plus loin, aux abords du barrage Abor, les maquisards se heurtent à quelques soldats qui, surpris par la rapidité de feu des Moudjahidine, sont abattus sur le champ. Les T6, les chasseurs anglais et les B26 venus de la base aérienne de Téleghma bombardent à tour de rôle les environs avant de laisser place à l’artillerie. Alors, les combattants se lancent dans une course folle. Ils atteignent le lieudit Tabalbazt, traversent une rivière et rejoignent le refuge de Boutaala. L’un d’eux, Guemat Ali, dira plus tard que pendant cette épreuve de vitesse, il lui semblait avoir des ailes et avoir parcouru la longue distance en moins d’une demi seconde !

Avant la tombée du crépuscule, de grands hélicoptères à deux rotors dont la forme rappelle une banane – d’où leur nom – atterrissent dans le champ de bataille pour transporter les soldats morts ou blessés. Cachés dans les fourrés, des bergers suivent les opérations de sauvetage et témoigneront plus tard du lourd bilan des pertes chez l’ennemi.

Pendant ce temps, les Moudjahidine reprennent des forces autour d’un souper bien mérité. Le blessé est acheminé par mulet vers une infirmerie installée à Tarihannt au fin fond de la montagne pour y être soigné. Le lendemain matin, des avions bombardent au napalm toute la contrée. L’après-midi, une grande opération de ratissage est effectuée pour dénombrer les « fellagas » morts. Faute de victimes à se mettre sous la dent, les soldats se contenteront alors de ramasser les douilles des cartouches pour identifier les armes détenues par les Moudjahidine.

Mais si ces armes proviennent de différents pays et sont de plusieurs types, la Révolution, elle, est unique et vole vers un but unique :

La libération du pays qui porte un nom unique : Algérie

[1] Mitrailleuse communément appelée « 24 »


[2] Un Piper-cub
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Message  laic-aokas Mar 21 Juin - 12:49

source:

AOKAS : Histoire et faits d'armes (livre édité par l'association "Aokas mémoires") . un livre très intéressant à lire assurément !

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