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ACTION D'ÉCLAT NOVEMBRE 1959

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ACTION D'ÉCLAT NOVEMBRE 1959 Empty ACTION D'ÉCLAT NOVEMBRE 1959

Message  laic-aokas Mar 21 Juin - 12:58

ACTION D'ÉCLAT NOVEMBRE 1959




Novembre 1959. Fin de l’opération « jumelles » commencée le 22 juillet de la même année dont le but était la liquidation de la Révolution dans les wilayas IV, II et I. Un grand nombre d’hélicoptères et plus de 35 000 soldats ont participé à ce grand ratissage. Les routes ont été bloquées par les chars et les véhicules blindés. La marine a massé ses troupes tout au long du littoral.


L’action consistait à détruire les unités de l’Armée de Libération Nationale. Les villes et les villages situés dans la zone des opérations ont été encerclés avec interdiction aux populations d’entrer ou de sortir de leurs domiciles. Les fouilles méthodiques des habitations ont été entreprises dans le but de priver l’ALN de tout contact avec le peuple. Ces manœuvres militaires étaient dirigées par le général Challe, assisté des généraux Faure, Delpierre et Youni.

Cette grande campagne qui avait mobilisé un nombre considérable de soldats et de matériel de guerre nécessitant des fonds astronomiques avait, certes, porté un coup dur au peuple algérien mais n’a jamais réussi à affaiblir la Révolution. Ce récit raconte justement l’un de ces sursauts patriotiques dont le double objectif était de rassurer les populations et de montrer à l’ennemi que les forces Révolutionnaires n’étaient nullement amoindries...

En ce dimanche matin du mois de novembre 1959, au souk El had de Cap-Aokas, une foule anormalement effervescente annonce un événement inhabituel. En effet, la SAS[1] a choisi le jour du marché hebdomadaire pour adresser à la population un discours de propagande. Debout sur une sorte de tribune, un officier prend la parole à l’aide d’un porte-voix :

« Écoutez-moi tous ! A l’heure où je vous parle, il reste seulement quelques fellagas dans la montagne, et l’armée française est à leurs trousses pour les anéantir tous. Désormais, vous n’avez plus à avoir peur de ces bandits qui vous terrorisent, vous rançonnent et volent votre nourriture. La France sera toujours là pour vous protéger. Ayez confiance en elle, elle vous apporte le salut. Vive de Gaulle ! Vive la France ! ».

A ce moment, les autres membres de la SAS approuvent en battant des mains. Quelques applaudissements disparates se font timidement entendre dans la foule. Puis, le grouillement populaire reprend ses droits, et le souk sa cohue.

Cet après-midi-là, une compagnie de l’A.L.N. Commandée par Saïd Kharfallah traverse la zone située entre Boutaala et Tala Oughanime. Les trente hommes portant des tenues militaires et léopard neuves, armés jusqu’aux dents, marchent en colonne d’infanterie. Quelque part dans la montagne, un paysan s’avance vers eux, les salue et s’adresse au chef sur un ton badin :

« Tiens, vous êtes encore vivants, et nombreux par-dessus le marché ? Pourtant, la SAS vient de nous dire que l’armée française a exterminé tous les fellagas. ».

Saïd Kharfallah sourit à son tour et répond :

« Hé bien, comme tu vois, chaque fois qu’on nous extermine, on renaît de nos cendres encore plus forts et plus nombreux ! ».

Le soir, au refuge, après avoir soupé, le chef réunit ses hommes et leur demande de se procurer des haches, des scies et un jerrican plein d’essence. La décision est prise : il faut faire une action d’éclat pour désavouer les propos de la SAS, et en même temps, raviver la confiance de la population vis-à-vis de la Révolution. Le plan d’action consiste en l’exécution d’une série de sabotages suivi d’un énorme incendie dans les fermes coloniales.

Des groupes de six hommes sont chargés respectivement de scier les poteaux télégraphiques et d’abattre le plus grand nombre possible d’orangers. A vingt-trois heures trente précises, tout le monde doit décrocher à l’exception du groupe incendiaire. Vers vingt et une heures, dans une nuit étoilée, munies d’outils et de carburant, les équipes constituées par Saïd Kharfallah prennent le chemin conduisant vers les exploitations agricoles des colons.

Agissant avec mille précautions, les maquisards exécutent avec application leur délicate et difficile besogne. Dans leurs têtes résonnent sans cesse les recommandations du chef : travailler en silence et accompagner avec les mains la chute des poteaux ou des arbres sciés ; être aux aguets du moindre bruit provenant du cantonnement des soldats ; respecter le plan à la lettre en synchronisant les actions...
Après quatre-vingt-dix minutes de labeur acharné, une grande partie de la plantation est saccagée et plusieurs poteaux télégraphiques jonchent le sol.

En rampant dans l’ombre derrière les feux d’un projecteur statique, les hommes chargés de provoquer l’incendie ont déjà pris position derrière les énormes meules de foin dressées dans les champs après la fenaison. Les meules sont si hautes qu’une personne coiffée cherchant à en voir le sommet ferait tomber son chapeau de paille. A l’heure prévue, les incendiaires allument leurs torches préalablement imbibées d’essence et les lancent sur les grands tas de foin séché. Brusquement, le ciel s’embrasa. Rapidement, l’incendie augmente et les fermes paraissent tout en flammes. C’est le branle-bas général. Les soldats, les fermiers et les serviteurs ne savent plus où donner de la tête.

Pendant ce temps, la compagnie de Saïd Kharfallah se félicite de la réussite de son action spectaculaire. Non, les fellagas ne sont pas exterminés ! La Révolution est toujours en marche ! Et rien ni personne ne peut tromper le peuple !

Le lendemain, à la tombée du crépuscule, Saïd Kharfallah et ses hommes se mettent en route vers Djarmana. En chemin, ils tombent sur un chantier où sont rassemblés des matériaux destinés à la réparation des poteaux télégraphiques dernièrement endommagés par des Moudjahidine. Les maquisards détruisent les deux bétonnières en les basculant dans le vide et éventrent tous les sacs de ciment en dispersant le mélange de calcaire et de chaux dans la nature. Puis ils reprennent leur parcours en emportant les divers outils de travail – pelles, pioches, tenailles – qui pourront assurément servir.

Non, la Révolution n’est pas vaincue ! Non, le peuple ne se soumettra jamais ! Oui, l’A.L.N. est plus que jamais décidée à mettre l’occupant français hors de cette patrie qui appartient depuis toujours aux Algériens.

Aux Algériens seulement !

[1] Section Administrative Spécialisée.
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Message  laic-aokas Mar 21 Juin - 12:58

source:

AOKAS : Histoire et faits d'armes (livre édité par l'association "Aokas mémoires") . un livre très intéressant à lire assurément !

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