"Il y a un accord objectif entre le pouvoir militaire algérien et les terroristes”

ITW | Makhlouf Idri, Porte-parole du Gouvernement : "Il y a un accord objectif entre le pouvoir militaire algérien et les terroristes”




Makhlouf Idri sur le plateau de France3 (archives)

Dans cet entretien accordé à “Kabylie-Démocratie“, M. Makhlouf Idri, Porte-parole de l’Anavad (Gouvernement Provisoire Kabyle) et ministre de la Jeunesse et des Sports, a annoncé que l’objectif de l’appel à un front unitaire kabyle est de structurer l’autodéfense et de faire entendre au monde entier la voix de la Kabylie qui refuse selon lui de se laisser prendre en otage par l’incurie du pouvoir algérien.

Kabylie-Démocratie : comment expliquez-vous l’insécurité grandissante en Kabylie alors que son quadrillage militaire est au plus haut point ?

M. Makhlouf Idri : C’est une évidence, il y a un accord objectif entre le pouvoir militaire algérien et les terroristes. Ce pacte qui les lie place la Kabylie au cœur d’une lutte de pouvoir qui veut se grimer en projets de société qui s’affrontent. Pourtant ça ne trompe personne, c’est une bataille pour le contrôle de l’Algérie. Paradoxalement, les horreurs du terrorisme ont trop rapidement fait oublier la responsabilité du pouvoir d’Alger dans cette insécurité grandissante et dans ce déni quotidien des droits les plus fondamentaux. Terroristes et militaires mènent le même combat d’arrière-garde et d’aliénation de la Kabylie. Cette insécurité participe de la volonté du pouvoir de paupériser la Kabylie rebelle aux militaires et bastion de la lutte contre l’intégrisme.

Y a-t-il réellement une volonté de l’Etat algérien de pourrir la région ?

Le pouvoir d’Alger met en place un plan précis pour mettre la Kabylie à genoux. Il a choisi de frapper à tous les niveaux et on le voit tous les jours par les heurts et malheurs qui frappent notre région. L’insécurité est permanente. L’économie locale est sabotée. Elle ne résiste que grâce au génie entrepreneurial kabyle. La qualité de l’enseignement et son orientation islamo-baathiste participent de la dépersonnalisation des individus et qui ne prépare pas les plus jeunes générations à devenir des citoyens capables de faire grandir notre projet kabyle de vivre-ensemble, de s’insérer dans la vie économique, de développer leurs talents... On voit même arriver des crèches financées par les mouvements extrémistes pour encadrer les petits Kabyles à un âge où ils sont le plus influençables. Il en est de même avec la politique culturelle et audiovisuelle moyenâgeuse aux relents racistes antikabyles, folklorisants et islamistes. Rappelons que ces politiques menées tambours battants ne datent pas d’hier, la Kabylie, avec sa tradition laïque, est devenue ainsi la région qui compte le plus de mosquées ! Le silence des autorités algériennes sur la situation catastrophique de la Kabylie et le déni d’Ouyahya en est une preuve supplémentaire.

Autant il est vrai que la dictature algérienne est incompétente et empêche le développement de notre région, autant elle met un point d’honneur dans une efficacité redoutable à œuvrer tous les jours à son sabotage et met en place tous les outils de la manipulation avec ses alliés objectifs que sont les islamistes et ses partis qui jouent le jeu de la participation au système, servant ainsi régulièrement de lièvre et de légitimation démocratique, notamment vis-à-vis de la communauté internationale (car en Kabylie, personne n’est dupe).

L’Anavad a annoncé son intention de sécuriser la Région. comment allez-vous procéder ?

Le droit à la sécurité est un droit fondamental ! Il est reconnu et inscrit comme tel dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme dans laquelle nous nous reconnaissons. À quoi sert un État s’il est incapable d’assurer la sécurité de ses citoyens ? Devons-nous nous faire agresser sans réagir ? Ce qui est permis et naturel pour tout peuple du monde doit être interdit aux Kabyles ? C’est inconcevable.

La relation entre un individu et son État est marquée par un pacte réciproque et implicite. Chaque individu renonce à une part de sa liberté individuelle et la cède à l’État. C’est cet engagement qui lie depuis des temps immémoriaux chaque Kabyle à son village et à Tajmeεt, l’assemblée de village. L’objectif est de collectiviser les problèmes et obligations pour apporter une réponse pertinente et commune permettant de mieux vivre ensemble et assurer ainsi la cohésion sociale au bénéfice de chacun. En contrepartie, l’État doit assurer la sécurité des biens et des personnes. Le pacte est rompu à partir du moment où l’État n’arrive plus à garantir ce droit. C’est le cas de l’État algérien qui a perdu toute confiance et par conséquent toute légitimité ! Le Gouvernement Provisoire Kabyle déclare l’État algérien en situation d’échec et prend ses responsabilités. Son incapacité à mettre un terme aux agissements des islamistes, au banditisme et à la délinquance oblige la Kabylie à mettre en place des groupes de sécurité et de légitime défense pour sécuriser le quotidien de nos concitoyens. C’est à cette mise en place, dans un premier temps, que nous allons nous employer. Notre objectif est de structurer cette autodéfense et de faire entendre au monde entier la voix de la Kabylie qui refuse de se laisser prendre en otage par l’incurie de ce pouvoir illégitime et son bras armé, le terrorisme, pièce rapportée en Kabylie.

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Site officiel de l'Anavad, le Gouvernement provisoire kabyle
http://www.kabylie-gouv.org