Le pouvoir algérien et les Droits de l'Homme
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Le pouvoir algérien et les Droits de l'Homme
Verbatim de la conférence de Makhlouf IDRI, Ministre et porte-parole de l’Anavad (Gouvernement Provisoire Kabyle) à la Fête de l’Humanité.
La Courneuve, le samedi 11 septembre 2010.
Azul fellawen akken ma tellam
Je souhaiterais commencer par remercier le MAK qui est à l’initiative de ce stand de la Kabylie à la fête de l’Huma depuis plusieurs années et qui a obligeamment invité l’Anavad à venir partager ce moment d’échange et de réflexion avec vous.
Je remercie également Mme la Ministre de la Culture, Mme Djamila Amgoud, ici à mes côtés, et qui pourra répondre à vos questions si vous le souhaitez.
« Heureux les martyrs qui n’ont rien vu »
Commençons par planter le décor. Quand nous parlons « Droits de l’Homme et d’Algérie », de quoi s’agit-il exactement ?
On parle de l’Algerie comme Etat-Nation née en 1962 après une très meurtrière guerre d’'indépendance, fruit de luttes de plus d'un siècle contre le colonialisme.
Lors de la décennie précédant l'indépendance de 62, les peuples algériens avaient plus au moins réussis a constituer un front commun pour combattre l'injustice coloniale. Mais, comme souvent dans les sociétés humaines, les divergences avaient surgi très tôt sur la nature d'une Algerie indépendante et son modèle de société.
Alors que la guerre faisait rage dans les maquis depuis 1954, particulièrement en Kabylie, dans les coulisses deux courants se disputaient l'avenir de l'Algerie.
L'un prônait les valeurs républicaines de liberté, de justice, de laïcité et de solidarité, essentiellement kabyle.
L'autre porte des conceptions puisées dans le répertoire de la « Nahda » arabo-islamique des Ulémas.
Avec un paradoxe essentiel. Pendant que le premier courant se dévouait a l'intérieur dans l'organisation des maquis et dans la lutte armée, le deuxième se renforçait, j’allais dire se « planquait » aux frontières en Tunisie et au Maroc. Il attendait de cueillir le pouvoir à l’indépendance qu’il savait imminente.
C'est cette armée des frontières qui, au lendemain de la proclamation de l'indépendance, a investi l'espace algérien au moment où les troupes françaises quittaient le pays et au moment où celles et ceux qui avaient réellement lutté contre le colonialisme sur le terrain étaient épuisés par 7 années de guerre. « Heureux les martyrs qui n’ont rien vu » pour reprendre le titre du livre de Bessaoud Mohand-Aarav publié en 1963
Petit rappel en quelques mots concernant le chef de cet État : Abelaziz Bouteflika. Tout le monde le connait à peu près mais ce que l’on sait moins c’est que, tout d’abord, il navigue dans les sphères du pouvoir d’Alger depuis 1962. Cette armée des frontières, il la connait d’autant mieux qu’il est né au Maroc, à Oujda, justement à la frontière avec l’Algérie. Et pour ceux qui auraient oublié le chiffre, il a été « élu » avec 90,24 % des voix pour son troisième mandat taillé sur mesure.
En tout cas, on rappelle trop rarement qu’en 1981, ce même Abdelaziz Bouteflika a été reconnu coupable de détournement de fonds (12 milliards de dinars de l’époque) par la Cours des Comptes, une institution du pays. Mais on le sait tous, l’histoire se termine bien pour lui puisqu’il a été amnistié par son rival Chadli qui, une fois élu en mars 1979 avait actionné cette Cour des Comptes.
C’est donc ce même président reconnu officiellement comme étant véreux qui, aujourd’hui, gouverne l’Algérie, d’ailleurs quasiment par ordonnance. On peut se demander alors à quoi peut bien servir le parlement. Si ce n’est d’afficher devant la communauté internationale un ersatz de représentation nationale issue d’un multipartisme de façade. Et maintenant que les élections sont derrière nous (2009), l’Assemblée nationale a été vidée des maigres pouvoirs qu’elle pouvait encore détenir !
En réalité, c’est quasiment le même système qui existe en Algérie depuis 62. A partir de cette date, le pouvoir se trouve entre les mains d'un groupe d'hommes au passé trouble ; ayant tous les attributs de dictateurs. Les libertés confisquées, les opposants arrêtés, menacés voire assassinés, les richesses spoliées, l'Etat algérien est né de cette confiscation et reste fondé sur la violence élevée au rang de politique nationale.
Voici, à gros traits, le tableau que nous offre ce régime d’Alger, qui a certes été obligé par les militants des Droits de l’Homme à ouvrir le paysage politique, mais nous restons encore très loin de la démocratie.
On ne peut comprendre la nature de ce pouvoir sans cette rétrospective.
Pendant plus d'un siècle, à l’arrivée de la France et même durant la présence ottomane, les peuples habitant l'Algérie attendaient et aspiraient à la justice, à la liberté, à la démocratie, à la dignité. Depuis 62, ils vivent sous un pouvoir qui n'a rien à envier aux pires tortionnaires de la planète.
Des atteintes multiples au Droits de l’Homme
On voit bien avec tout cela que la question des droits de l’Homme demeure une question centrale dans ce pays puisqu’elle est le talon d’Achille de ce régime. Ce dossier le fragilise sans cesse au regard des critères et exigences réitérés de la communauté internationale et des Nations Unies.
Prenons quelques exemples des dernières violations des Droits de l’Homme, sans même prendre la peine de remonter trop loin dans le passé…
On trouve par exemple les dernières arrestations de non-jeuneurs à Ain El hammam et à Ighzer Amokrane ! Ne pas jeuner pendant le ramadan en Algérie, et même si c’est dans un lieu privé, vous voudront dorénavant un procès pour « non respect des préceptes de l’islam » et la prison ! C’est l’Inquisition : la police entre dans un local privé, surprend un groupe d’ami en train de manger et embraque tout ce beau monde en prison pour les soumettre à la question !
Ne pas observer le jeûne pendant le ramandhan est devenu dangereux en Algérie ! Il s’agit bien d’une justice d’exception mise en place particulièrement pour la Kabylie. La liberté de conscience, bien plus largement que la liberté de religion, n’est pas respectée quand bien même elle constitue un droit fondamental. Quelle est la prochaine étape ? Entrer au domicile des gens pour voir s’ils font la prière ? Contrôler les ablutions ? Que sais-je ? Tout cela se passe évidemment en Kabylie… mais cela n’étonnera pas grand monde ! Ce pouvoir n’utilise pas son énergie pour diriger honnêtement le pays, il l’utilise pour paupériser, affaiblir et humilier la Kabylie, une Kabylie qui lui reste rebelle.
Cette humiliation, la Kabylie l’a connue également avec les politiques successives d’arabisation. Mise en place dès 1962 ! Il est encore aujourd’hui impossible de parler sa langue maternelle dans son propre pays, à sa propre administration, aux dirigeants ou de la voir enseignée dignement à ses enfants… C’est une politique délibérée d’acculturation du peuple kabyle qui a été mise en œuvre dès l’indépendance et dont, aujourd’hui, on voit le résultat avec l’islamisme gagnant la société. Le régime algérien voudrait bien inscrire le fondamentalisme religieux dans l’ADN de notre culture.
Nous sommes toujours dans le chapitre des humiliations toujours, quand les Groupes de légitime défense (GLD) sont dissous alors que ce sont eux qui ont permis d’éloigner la menace terroriste des villages et des villes, surtout en Kabylie ! C’est tellement pratique d’écarter ainsi un témoin gênant de la collusion entre les militaires et les maquis islamistes.
Rappelons également au palmarès du pouvoir d’Alger que le pays se situe à la 111ème place sur 180 quant à son « haut niveau de corruption ». Elle a perdu 20 places en 1 an.
Cette même corruption endémique qui est devenue systémique a conduit le pouvoir à tenter de casser le thermomètre, faute de faire baisser la fièvre. Il a fait arrêter à la frontière Djilali Hadjadj, journaliste, président de l’Association Nationale Contre la Corruption et correspondant de Transparency International en Algérie (l’ONG qui a établi ce classement). Il encourt 3 ans de prison (NDLR : depuis, il a été condamné avec sursis).
Le directeur du Matin, Mohamed Benchicou a passé 2 années en prison pour d’obscures raisons fiscales concernant l’activité de son journal Le Matin. Il a en réalité payé pour son crime de lèse-bouteflika à la suite de la sortie de son livre « Bouteflika : une imposture algérienne ». Ce titre résume aussi bien la situation de ce pays et de son président : une imposture historique, culturelle, politique, démocratique et humaine qui pousse toujours autant de jeunes à l’exil.
Je vous cite un court extrait du rapport d’une ONG sur la situation des Droits de l’Homme en Algérie, Algeria-watch qui écrit en conclusion de son rapport en 2009 :
Cette conception des droits de l'homme à géométrie variable sape toute tentative d'instaurer un mécanisme international de protection efficace et crédible. L'Algérie se distingue toutefois dans son entrave à l'action des seuls organes de l'ONU en matière de droits de l'homme encore relativement indépendants des jeux d'influence au sein de cette institution (…). Car pour les généraux qui détiennent la réalité du pouvoir à Alger depuis le coup d'État de janvier 1992, l'essentiel est d'assurer l'impunité de leurs crimes passés et actuels en multipliant les initiatives visant à dévitaliser définitivement les trop fragiles mécanismes de protection des droits humains difficilement élaborés depuis des décennies par la « communauté internationale ».
Le sport préféré de la diplomatie algérienne est donc de court-circuiter les mécanismes internationaux d’instauration ou de promotion des droits humains.
Une solution : autonomiser la Kabylie
Malgré l’essentiel des traités internationaux qui ont été ratifié par l’Algérie, on voit bien que parler de droits de l’Homme dans ce pays, c’est faire injure aux beaux idéaux défendus par les philosophes des lumières.
Aujourd'hui les algériens et particulièrement le peuple Kabyle vivent un ostracisme des plus odieux.
Une région et un peuple entier soumis au quadrillage militaire et islamiste et qui survit sous embargo économique. Les principaux investissements sont détournés vers d'autres régions, des aides internationales du Programme des Nations Unis pour le développement (PNUD) refusées à la Kabylie et autorisées pour d’autres régions…
Aujourd'hui la nature de ce pouvoir ne laisse entrevoir aucun espoir de construire un État de droit. La Kabylie doit trouver une issue pour assurer la survie du peuple kabyle. Cette voie, c’est l’autonomie ! Cette voix c’est le Gouvernement Provisoire Kabyle !
Revenons aux fondamentaux. Les principes de bases qu’énonce Thomas Jefferson dans le préambule de la déclaration d’indépendance des Etats-Unis doivent nous éclairer.
« Tous les hommes sont créés égaux ; (…) Les gouvernements sont établis parmi les hommes pour garantir ces droits, et leur juste pouvoir émane du consentement des gouvernés.
Toutes les fois qu'une forme de gouvernement devient destructive de ce but, le peuple a le droit de la changer ou de l'abolir et d'établir un nouveau gouvernement, en le fondant sur les principes et en l'organisant en la forme qui lui paraîtront les plus propres à lui donner la sûreté et le bonheur.
(…) lorsqu'une longue suite d'abus et d'usurpations, tendant invariablement au même but, marque le dessein de les soumettre au despotisme absolu, il est de leur droit, il est de leur devoir de rejeter un tel gouvernement et de pourvoir, par de nouvelles sauvegardes, à leur sécurité future. »
C’est en arrachant son autonomie que la Kabylie parviendra à faire avancer ses idéaux de justice, de liberté et de fraternité ! Toutes les autres tentatives se sont montrées vaines. On a récolté les coups et les trahisons. On a récolté le sang et les larmes. Seule cette autonomie nous permettra de faire revivre la Kabylie selon les préceptes immuables qui ont donné à notre peuple un des premiers modèles de démocratie de l’Histoire.
On ne peut pas rester embourbé dans des visions passéistes. Dès le 17ème Siècle, John Locke, le philosophe anglais posais les bases théorique en Europe de la séparation du politique et du religieux.
Il expliquait déjà que le pouvoir politique n’a aucun droit sur les intérêts spirituels des individus, car chacun est libre de choisir la manière de vivre dont il estime qu'elle lui assurera le salut. N’est ce pas là en réalité une garantie de mieux vivre ? Le rapprochement des hommes dans toutes leurs différences ne peut se faire que par une prise de distance avec le religieux.
En racontant la vie Jugurtha, Jean Amrouche a bien expliqué ce génie africain que nous portons tous. « Il y a 18 millions de Jugurtha » écrivait-il à l’heure d’une l’Algérie encore française. C’est ce génie particulier de la Kabylie que nous devons redécouvrir et développer aujourd’hui. C’est par exemple avoir le courage d’oser l’excellence ! Oser mettre sur pied une académie de la langue Kabyle et créer des sociétés littéraires. Créer des espaces publics critiques et non vassalisés. Enfin laisser la place au débat, à la contradiction. On doit pouvoir critiquer l’organisation sociale. C’est cela qui permet de faire avancer le droit d’éclairer les consciences et l’opinion publique. C’est par la dénonciation de l’injustice faite au Capitaine Dreyfus qu’est née la Ligue des Droits de l’Homme en France. Oser une autre politique d’éducation : avoir le courage de réformer notre manière de voir la Kabylie, l’Afrique du nord, le Monde !
Je citerai Nelson Mandela pour terminer, puisse-t-il nous inspirer dans notre combat : « nous ne sommes pas encore libres, mais nous avons atteint la liberté d'être libres ». Vive le Gouvernement Provisoire Kabyle et Vive la Kabylie !
Je vous remercie.
Makhlouf IDRI,
ministre du Gouvernement provisoire Kabyle
Porte-parole du Gouvernement
La Courneuve, le samedi 11 septembre 2010.
Azul fellawen akken ma tellam
Je souhaiterais commencer par remercier le MAK qui est à l’initiative de ce stand de la Kabylie à la fête de l’Huma depuis plusieurs années et qui a obligeamment invité l’Anavad à venir partager ce moment d’échange et de réflexion avec vous.
Je remercie également Mme la Ministre de la Culture, Mme Djamila Amgoud, ici à mes côtés, et qui pourra répondre à vos questions si vous le souhaitez.
« Heureux les martyrs qui n’ont rien vu »
Commençons par planter le décor. Quand nous parlons « Droits de l’Homme et d’Algérie », de quoi s’agit-il exactement ?
On parle de l’Algerie comme Etat-Nation née en 1962 après une très meurtrière guerre d’'indépendance, fruit de luttes de plus d'un siècle contre le colonialisme.
Lors de la décennie précédant l'indépendance de 62, les peuples algériens avaient plus au moins réussis a constituer un front commun pour combattre l'injustice coloniale. Mais, comme souvent dans les sociétés humaines, les divergences avaient surgi très tôt sur la nature d'une Algerie indépendante et son modèle de société.
Alors que la guerre faisait rage dans les maquis depuis 1954, particulièrement en Kabylie, dans les coulisses deux courants se disputaient l'avenir de l'Algerie.
L'un prônait les valeurs républicaines de liberté, de justice, de laïcité et de solidarité, essentiellement kabyle.
L'autre porte des conceptions puisées dans le répertoire de la « Nahda » arabo-islamique des Ulémas.
Avec un paradoxe essentiel. Pendant que le premier courant se dévouait a l'intérieur dans l'organisation des maquis et dans la lutte armée, le deuxième se renforçait, j’allais dire se « planquait » aux frontières en Tunisie et au Maroc. Il attendait de cueillir le pouvoir à l’indépendance qu’il savait imminente.
C'est cette armée des frontières qui, au lendemain de la proclamation de l'indépendance, a investi l'espace algérien au moment où les troupes françaises quittaient le pays et au moment où celles et ceux qui avaient réellement lutté contre le colonialisme sur le terrain étaient épuisés par 7 années de guerre. « Heureux les martyrs qui n’ont rien vu » pour reprendre le titre du livre de Bessaoud Mohand-Aarav publié en 1963
Petit rappel en quelques mots concernant le chef de cet État : Abelaziz Bouteflika. Tout le monde le connait à peu près mais ce que l’on sait moins c’est que, tout d’abord, il navigue dans les sphères du pouvoir d’Alger depuis 1962. Cette armée des frontières, il la connait d’autant mieux qu’il est né au Maroc, à Oujda, justement à la frontière avec l’Algérie. Et pour ceux qui auraient oublié le chiffre, il a été « élu » avec 90,24 % des voix pour son troisième mandat taillé sur mesure.
En tout cas, on rappelle trop rarement qu’en 1981, ce même Abdelaziz Bouteflika a été reconnu coupable de détournement de fonds (12 milliards de dinars de l’époque) par la Cours des Comptes, une institution du pays. Mais on le sait tous, l’histoire se termine bien pour lui puisqu’il a été amnistié par son rival Chadli qui, une fois élu en mars 1979 avait actionné cette Cour des Comptes.
C’est donc ce même président reconnu officiellement comme étant véreux qui, aujourd’hui, gouverne l’Algérie, d’ailleurs quasiment par ordonnance. On peut se demander alors à quoi peut bien servir le parlement. Si ce n’est d’afficher devant la communauté internationale un ersatz de représentation nationale issue d’un multipartisme de façade. Et maintenant que les élections sont derrière nous (2009), l’Assemblée nationale a été vidée des maigres pouvoirs qu’elle pouvait encore détenir !
En réalité, c’est quasiment le même système qui existe en Algérie depuis 62. A partir de cette date, le pouvoir se trouve entre les mains d'un groupe d'hommes au passé trouble ; ayant tous les attributs de dictateurs. Les libertés confisquées, les opposants arrêtés, menacés voire assassinés, les richesses spoliées, l'Etat algérien est né de cette confiscation et reste fondé sur la violence élevée au rang de politique nationale.
Voici, à gros traits, le tableau que nous offre ce régime d’Alger, qui a certes été obligé par les militants des Droits de l’Homme à ouvrir le paysage politique, mais nous restons encore très loin de la démocratie.
On ne peut comprendre la nature de ce pouvoir sans cette rétrospective.
Pendant plus d'un siècle, à l’arrivée de la France et même durant la présence ottomane, les peuples habitant l'Algérie attendaient et aspiraient à la justice, à la liberté, à la démocratie, à la dignité. Depuis 62, ils vivent sous un pouvoir qui n'a rien à envier aux pires tortionnaires de la planète.
Des atteintes multiples au Droits de l’Homme
On voit bien avec tout cela que la question des droits de l’Homme demeure une question centrale dans ce pays puisqu’elle est le talon d’Achille de ce régime. Ce dossier le fragilise sans cesse au regard des critères et exigences réitérés de la communauté internationale et des Nations Unies.
Prenons quelques exemples des dernières violations des Droits de l’Homme, sans même prendre la peine de remonter trop loin dans le passé…
On trouve par exemple les dernières arrestations de non-jeuneurs à Ain El hammam et à Ighzer Amokrane ! Ne pas jeuner pendant le ramadan en Algérie, et même si c’est dans un lieu privé, vous voudront dorénavant un procès pour « non respect des préceptes de l’islam » et la prison ! C’est l’Inquisition : la police entre dans un local privé, surprend un groupe d’ami en train de manger et embraque tout ce beau monde en prison pour les soumettre à la question !
Ne pas observer le jeûne pendant le ramandhan est devenu dangereux en Algérie ! Il s’agit bien d’une justice d’exception mise en place particulièrement pour la Kabylie. La liberté de conscience, bien plus largement que la liberté de religion, n’est pas respectée quand bien même elle constitue un droit fondamental. Quelle est la prochaine étape ? Entrer au domicile des gens pour voir s’ils font la prière ? Contrôler les ablutions ? Que sais-je ? Tout cela se passe évidemment en Kabylie… mais cela n’étonnera pas grand monde ! Ce pouvoir n’utilise pas son énergie pour diriger honnêtement le pays, il l’utilise pour paupériser, affaiblir et humilier la Kabylie, une Kabylie qui lui reste rebelle.
Cette humiliation, la Kabylie l’a connue également avec les politiques successives d’arabisation. Mise en place dès 1962 ! Il est encore aujourd’hui impossible de parler sa langue maternelle dans son propre pays, à sa propre administration, aux dirigeants ou de la voir enseignée dignement à ses enfants… C’est une politique délibérée d’acculturation du peuple kabyle qui a été mise en œuvre dès l’indépendance et dont, aujourd’hui, on voit le résultat avec l’islamisme gagnant la société. Le régime algérien voudrait bien inscrire le fondamentalisme religieux dans l’ADN de notre culture.
Nous sommes toujours dans le chapitre des humiliations toujours, quand les Groupes de légitime défense (GLD) sont dissous alors que ce sont eux qui ont permis d’éloigner la menace terroriste des villages et des villes, surtout en Kabylie ! C’est tellement pratique d’écarter ainsi un témoin gênant de la collusion entre les militaires et les maquis islamistes.
Rappelons également au palmarès du pouvoir d’Alger que le pays se situe à la 111ème place sur 180 quant à son « haut niveau de corruption ». Elle a perdu 20 places en 1 an.
Cette même corruption endémique qui est devenue systémique a conduit le pouvoir à tenter de casser le thermomètre, faute de faire baisser la fièvre. Il a fait arrêter à la frontière Djilali Hadjadj, journaliste, président de l’Association Nationale Contre la Corruption et correspondant de Transparency International en Algérie (l’ONG qui a établi ce classement). Il encourt 3 ans de prison (NDLR : depuis, il a été condamné avec sursis).
Le directeur du Matin, Mohamed Benchicou a passé 2 années en prison pour d’obscures raisons fiscales concernant l’activité de son journal Le Matin. Il a en réalité payé pour son crime de lèse-bouteflika à la suite de la sortie de son livre « Bouteflika : une imposture algérienne ». Ce titre résume aussi bien la situation de ce pays et de son président : une imposture historique, culturelle, politique, démocratique et humaine qui pousse toujours autant de jeunes à l’exil.
Je vous cite un court extrait du rapport d’une ONG sur la situation des Droits de l’Homme en Algérie, Algeria-watch qui écrit en conclusion de son rapport en 2009 :
Cette conception des droits de l'homme à géométrie variable sape toute tentative d'instaurer un mécanisme international de protection efficace et crédible. L'Algérie se distingue toutefois dans son entrave à l'action des seuls organes de l'ONU en matière de droits de l'homme encore relativement indépendants des jeux d'influence au sein de cette institution (…). Car pour les généraux qui détiennent la réalité du pouvoir à Alger depuis le coup d'État de janvier 1992, l'essentiel est d'assurer l'impunité de leurs crimes passés et actuels en multipliant les initiatives visant à dévitaliser définitivement les trop fragiles mécanismes de protection des droits humains difficilement élaborés depuis des décennies par la « communauté internationale ».
Le sport préféré de la diplomatie algérienne est donc de court-circuiter les mécanismes internationaux d’instauration ou de promotion des droits humains.
Une solution : autonomiser la Kabylie
Malgré l’essentiel des traités internationaux qui ont été ratifié par l’Algérie, on voit bien que parler de droits de l’Homme dans ce pays, c’est faire injure aux beaux idéaux défendus par les philosophes des lumières.
Aujourd'hui les algériens et particulièrement le peuple Kabyle vivent un ostracisme des plus odieux.
Une région et un peuple entier soumis au quadrillage militaire et islamiste et qui survit sous embargo économique. Les principaux investissements sont détournés vers d'autres régions, des aides internationales du Programme des Nations Unis pour le développement (PNUD) refusées à la Kabylie et autorisées pour d’autres régions…
Aujourd'hui la nature de ce pouvoir ne laisse entrevoir aucun espoir de construire un État de droit. La Kabylie doit trouver une issue pour assurer la survie du peuple kabyle. Cette voie, c’est l’autonomie ! Cette voix c’est le Gouvernement Provisoire Kabyle !
Revenons aux fondamentaux. Les principes de bases qu’énonce Thomas Jefferson dans le préambule de la déclaration d’indépendance des Etats-Unis doivent nous éclairer.
« Tous les hommes sont créés égaux ; (…) Les gouvernements sont établis parmi les hommes pour garantir ces droits, et leur juste pouvoir émane du consentement des gouvernés.
Toutes les fois qu'une forme de gouvernement devient destructive de ce but, le peuple a le droit de la changer ou de l'abolir et d'établir un nouveau gouvernement, en le fondant sur les principes et en l'organisant en la forme qui lui paraîtront les plus propres à lui donner la sûreté et le bonheur.
(…) lorsqu'une longue suite d'abus et d'usurpations, tendant invariablement au même but, marque le dessein de les soumettre au despotisme absolu, il est de leur droit, il est de leur devoir de rejeter un tel gouvernement et de pourvoir, par de nouvelles sauvegardes, à leur sécurité future. »
C’est en arrachant son autonomie que la Kabylie parviendra à faire avancer ses idéaux de justice, de liberté et de fraternité ! Toutes les autres tentatives se sont montrées vaines. On a récolté les coups et les trahisons. On a récolté le sang et les larmes. Seule cette autonomie nous permettra de faire revivre la Kabylie selon les préceptes immuables qui ont donné à notre peuple un des premiers modèles de démocratie de l’Histoire.
On ne peut pas rester embourbé dans des visions passéistes. Dès le 17ème Siècle, John Locke, le philosophe anglais posais les bases théorique en Europe de la séparation du politique et du religieux.
Il expliquait déjà que le pouvoir politique n’a aucun droit sur les intérêts spirituels des individus, car chacun est libre de choisir la manière de vivre dont il estime qu'elle lui assurera le salut. N’est ce pas là en réalité une garantie de mieux vivre ? Le rapprochement des hommes dans toutes leurs différences ne peut se faire que par une prise de distance avec le religieux.
En racontant la vie Jugurtha, Jean Amrouche a bien expliqué ce génie africain que nous portons tous. « Il y a 18 millions de Jugurtha » écrivait-il à l’heure d’une l’Algérie encore française. C’est ce génie particulier de la Kabylie que nous devons redécouvrir et développer aujourd’hui. C’est par exemple avoir le courage d’oser l’excellence ! Oser mettre sur pied une académie de la langue Kabyle et créer des sociétés littéraires. Créer des espaces publics critiques et non vassalisés. Enfin laisser la place au débat, à la contradiction. On doit pouvoir critiquer l’organisation sociale. C’est cela qui permet de faire avancer le droit d’éclairer les consciences et l’opinion publique. C’est par la dénonciation de l’injustice faite au Capitaine Dreyfus qu’est née la Ligue des Droits de l’Homme en France. Oser une autre politique d’éducation : avoir le courage de réformer notre manière de voir la Kabylie, l’Afrique du nord, le Monde !
Je citerai Nelson Mandela pour terminer, puisse-t-il nous inspirer dans notre combat : « nous ne sommes pas encore libres, mais nous avons atteint la liberté d'être libres ». Vive le Gouvernement Provisoire Kabyle et Vive la Kabylie !
Je vous remercie.
Makhlouf IDRI,
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Date d'inscription : 09/07/2008
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