Figure de l’islamisme radical : La face cachée de Djaballah
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Figure de l’islamisme radical : La face cachée de Djaballah
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C’est à partir de 1974, à l’âge de 18 ans, que le natif de Skikda fera ses classes au sein du «mouvement du prédicateur Mohamed Salah Abed» qui présidait l’Association de la réforme morale et sociale, dont le siège était dans l’enceinte même de la mosquée Chendli de Constantine, qui servait en 1973 et au début des années 1980 de point de jonction entre tous les prêcheurs de l’islamisme en Algérie(1).
Chikh Abed, l’inspirateur de Abdallah Djaballah, qui était un fervent animateur de la sahwa islamique (renaissance islamique) de l’Algérie post-indépendante, a été incarcéré à plusieurs reprises par les autorités (sans pour autant l’en dissuader), puisqu’il revenait à chaque fois pour prêcher l’islamisme politique et le retour au temps des premiers califes orthodoxes. Abdallah Djaballah, son disciple, suivra son chemin. Abreuvé de la pratique rigoriste de la religion, il deviendra rapidement une figure très en vue des milieux islamistes constantinois et plus tard algérois.
Seulement, ce n’est pas un quelconque savoir pointu ou des capacités exégétiques hors du commun qui l’ont sorti de l’anonymat, mais la virulence de son activisme et de son action militante. L’International Crisis Group le décrivait ainsi dans un rapport qui avait fait parler, en 1999, ses anciens amis : «Réputé modéré, le cheikh Abdallah Djaballah est un intégriste ‘‘pur sucre’’. Il s’est fait connaître dans les campus universitaires par des expéditions punitives, à l’arme blanche, contre les ‘‘laïco-assimilationnistes’’ et les ‘‘femmes occidentalisées’’.»
Il sera emprisonné une première fois de 1982 à 1984, puis de 1985 à 1986 pour avoir prêché des discours religieux violents. Après Octobre 1988, Abdallah Djaballah lance d’abord Ennahda, à l’origine une association religieuse qu’il transformera, une année après, dans la foulée de l’avènement du pluralisme politique et suite à l’adoption d’une nouvelle Constitution, le 23 février 1989, en parti politique, dont les thèses étaient plus proches du wahhabisme du FIS que du programme dit modéré du Hamas de Mahfoudh Nahnah. S’il s’est démarqué de la violence du premier, il dénoncera également l’entrisme politique du second qui avait accepté d’intégrer le gouvernement.
Flirtant avec les idées subversives de l’application de la dawla islamia, et fervent tenant de l’islamisme radical, Abdallah Djaballah se gardera de verser dans la violence politique, qu’il ne dénoncera pas pour autant, allant jusqu’à refuser de prononcer le vocable terrorisme. Le président du parti El Adala — qui avait dénoncé l’arrêt du processus électoral en janvier 1992, et avait même été l’instigateur d’un comité qui avait pour objectif «la défense du choix du peuple» qu’il a dissous rapidement — considérait en effet que la violence islamiste était une violence légitime.
Le jeu caché d’un islamiste radical de pure souche
Acteur du Contrat de Rome et de la plateforme de Sant’ Egidio qui visait à réhabiliter le Fis, Abdallah Djaballah refusa de prendre part à l’élection présidentielle de novembre 1995. Il participera par contre aux élections législatives de 1997, lors desquelles son parti Ennahda avait glané 34 sièges. Islamiste haineux et intolérant, il est allé jusqu’à donner consigne à ses élus de ne pas toucher la main aux «laïcs», synonymes d’impies, pour lui.
Tout comme les membres de la direction du Fis dissous, il cultive une incroyable aversion contre les valeurs démocratiques qu’il considère incompatibles avec les principes de la charia qu’il veut appliquer à la lettre. Si ces dernières années, Abdallah Djaballah a expurgé un tant soit peu ses discours des questions essentielles, des dogmes qu’il ne souhaite en aucun cas discuter, c’est assurément pour mieux intégrer le jeu politique national.
Sa communication ne porte que sur les questions qui font consensus et lesquelles sont largement partagées par la classe politique (corruption, alternance au pouvoir, le rôle de l’armée, le pouvoir d’achat, les inégalités sociales, etc.). Mais dès qu’il s’agit de s’exprimer sur l’école, la femme, sur les questions identitaires, l’homme se montre sous son vrai visage : «Tamazight, en caractères latins, est une menace pour la langue arabe», «la place de la femme est dans la charia».
Au sujet des réformes dans le secteur de l’éducation, Djaballah accuse la ministre du secteur, Nouria Benghabrit, de «franciser» l’école algérienne. Un député très proche de lui la qualifie carrément de «danger pour l’ordre public». Le président de ce qu’on appelle désormais Ennahda historique n’est pas un islamiste modéré, si on admet qu’il en existe, mais un intégriste de pure souche. Sa femme refusa même qu’on publie sa photo dans un journal qui l’avait interviewée, il y a quelques jours.
Fatima Ismaïl, de son vrai nom Fatouma, qui a confirmé sa décision de présenter sa candidature aux prochaines élections législatives, a préféré qu’on mette la photo de son époux à la place de la sienne. Elle qui a accompagné son mari dans le militantisme pour l’instauration d’une république islamique depuis les années 1970, en faisant la prédication pour le port du voile, compte bien, toujours à visage non découvert, «concentrer sa campagne électorale sur la femme algérienne». L’intégrisme est, visiblement, depuis longtemps une affaire de famille.
En reprenant ses anciens partis, Ennahda et El Islah ainsi que Nabni créé par une frange de ses anciens lieutenants, devenus formations minuscules sans aucun ancrage, Abdallah Djaballah voudrait bien retrouver son lustre d’antan. Pourra-t-il le faire, lui qui a préféré hiberné depuis l’élection présidentielle de 2004, en astreignant son activité à la mise en place d’un autre parti politique qui est El Adala ? L’islam orthodoxe des premiers califes qu’il prône trouvera-t-il preneur ? Djaballah, auquel on ne connaît aucun parcours professionnel, n’ayant paraît-il jamais travaillé, n’est pas un enfant de chœur.
Il surfe sur le vent de la contestation qui souffle sur le pays, en voulant se donner une façade d’opposant islamiste fréquentable, en fréquentant une fois la CLTD lors de sa création en 2013 à Mazafran, mais sa vraie nature finit toujours par le trahir. Djaballah reproche à son alter ego tunisien, Rached Ghannouchi, d’avoir abandonné la charia. En réalité, ce qui diffère Djaballah de Ali Benhadj ou de l’autre salafiste Hamadache, c’est la pratique politique. Le premier préfère la sobriété, et les deux autres la politique spectacle.
Said Rabia
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Si, durant ces dernières années, Abdallah Djaballah a expurgé un tant soit peu ses discours des questions essentielles des dogmes qu’il ne souhaite en aucun cas discuter, c’est assurément pour mieux intégrer le jeu politique national.
C’est l’unique homme politique algérien connu par son nom d’emprunt que par son vrai nom. Abdallah Djaballah, le président du parti El Adala, s’appelle en réalité Saâd Guettaf. Il est né d’une famille pauvre le 2 mai 1956 à Zeramma, dans la wilaya de Skikda. Il quitte le lycée adolescent et passe son bac en candidat libre. En 1978, il obtient une licence en droit à Constantine. Abdallah Djaballah ouvrira ses yeux sur l’islamisme politique sur les bancs de l’université de Constantine, une ville où les mouvements religieux proliféraient.C’est à partir de 1974, à l’âge de 18 ans, que le natif de Skikda fera ses classes au sein du «mouvement du prédicateur Mohamed Salah Abed» qui présidait l’Association de la réforme morale et sociale, dont le siège était dans l’enceinte même de la mosquée Chendli de Constantine, qui servait en 1973 et au début des années 1980 de point de jonction entre tous les prêcheurs de l’islamisme en Algérie(1).
Chikh Abed, l’inspirateur de Abdallah Djaballah, qui était un fervent animateur de la sahwa islamique (renaissance islamique) de l’Algérie post-indépendante, a été incarcéré à plusieurs reprises par les autorités (sans pour autant l’en dissuader), puisqu’il revenait à chaque fois pour prêcher l’islamisme politique et le retour au temps des premiers califes orthodoxes. Abdallah Djaballah, son disciple, suivra son chemin. Abreuvé de la pratique rigoriste de la religion, il deviendra rapidement une figure très en vue des milieux islamistes constantinois et plus tard algérois.
Seulement, ce n’est pas un quelconque savoir pointu ou des capacités exégétiques hors du commun qui l’ont sorti de l’anonymat, mais la virulence de son activisme et de son action militante. L’International Crisis Group le décrivait ainsi dans un rapport qui avait fait parler, en 1999, ses anciens amis : «Réputé modéré, le cheikh Abdallah Djaballah est un intégriste ‘‘pur sucre’’. Il s’est fait connaître dans les campus universitaires par des expéditions punitives, à l’arme blanche, contre les ‘‘laïco-assimilationnistes’’ et les ‘‘femmes occidentalisées’’.»
Il sera emprisonné une première fois de 1982 à 1984, puis de 1985 à 1986 pour avoir prêché des discours religieux violents. Après Octobre 1988, Abdallah Djaballah lance d’abord Ennahda, à l’origine une association religieuse qu’il transformera, une année après, dans la foulée de l’avènement du pluralisme politique et suite à l’adoption d’une nouvelle Constitution, le 23 février 1989, en parti politique, dont les thèses étaient plus proches du wahhabisme du FIS que du programme dit modéré du Hamas de Mahfoudh Nahnah. S’il s’est démarqué de la violence du premier, il dénoncera également l’entrisme politique du second qui avait accepté d’intégrer le gouvernement.
Flirtant avec les idées subversives de l’application de la dawla islamia, et fervent tenant de l’islamisme radical, Abdallah Djaballah se gardera de verser dans la violence politique, qu’il ne dénoncera pas pour autant, allant jusqu’à refuser de prononcer le vocable terrorisme. Le président du parti El Adala — qui avait dénoncé l’arrêt du processus électoral en janvier 1992, et avait même été l’instigateur d’un comité qui avait pour objectif «la défense du choix du peuple» qu’il a dissous rapidement — considérait en effet que la violence islamiste était une violence légitime.
Le jeu caché d’un islamiste radical de pure souche
Acteur du Contrat de Rome et de la plateforme de Sant’ Egidio qui visait à réhabiliter le Fis, Abdallah Djaballah refusa de prendre part à l’élection présidentielle de novembre 1995. Il participera par contre aux élections législatives de 1997, lors desquelles son parti Ennahda avait glané 34 sièges. Islamiste haineux et intolérant, il est allé jusqu’à donner consigne à ses élus de ne pas toucher la main aux «laïcs», synonymes d’impies, pour lui.
Tout comme les membres de la direction du Fis dissous, il cultive une incroyable aversion contre les valeurs démocratiques qu’il considère incompatibles avec les principes de la charia qu’il veut appliquer à la lettre. Si ces dernières années, Abdallah Djaballah a expurgé un tant soit peu ses discours des questions essentielles, des dogmes qu’il ne souhaite en aucun cas discuter, c’est assurément pour mieux intégrer le jeu politique national.
Sa communication ne porte que sur les questions qui font consensus et lesquelles sont largement partagées par la classe politique (corruption, alternance au pouvoir, le rôle de l’armée, le pouvoir d’achat, les inégalités sociales, etc.). Mais dès qu’il s’agit de s’exprimer sur l’école, la femme, sur les questions identitaires, l’homme se montre sous son vrai visage : «Tamazight, en caractères latins, est une menace pour la langue arabe», «la place de la femme est dans la charia».
Au sujet des réformes dans le secteur de l’éducation, Djaballah accuse la ministre du secteur, Nouria Benghabrit, de «franciser» l’école algérienne. Un député très proche de lui la qualifie carrément de «danger pour l’ordre public». Le président de ce qu’on appelle désormais Ennahda historique n’est pas un islamiste modéré, si on admet qu’il en existe, mais un intégriste de pure souche. Sa femme refusa même qu’on publie sa photo dans un journal qui l’avait interviewée, il y a quelques jours.
Fatima Ismaïl, de son vrai nom Fatouma, qui a confirmé sa décision de présenter sa candidature aux prochaines élections législatives, a préféré qu’on mette la photo de son époux à la place de la sienne. Elle qui a accompagné son mari dans le militantisme pour l’instauration d’une république islamique depuis les années 1970, en faisant la prédication pour le port du voile, compte bien, toujours à visage non découvert, «concentrer sa campagne électorale sur la femme algérienne». L’intégrisme est, visiblement, depuis longtemps une affaire de famille.
En reprenant ses anciens partis, Ennahda et El Islah ainsi que Nabni créé par une frange de ses anciens lieutenants, devenus formations minuscules sans aucun ancrage, Abdallah Djaballah voudrait bien retrouver son lustre d’antan. Pourra-t-il le faire, lui qui a préféré hiberné depuis l’élection présidentielle de 2004, en astreignant son activité à la mise en place d’un autre parti politique qui est El Adala ? L’islam orthodoxe des premiers califes qu’il prône trouvera-t-il preneur ? Djaballah, auquel on ne connaît aucun parcours professionnel, n’ayant paraît-il jamais travaillé, n’est pas un enfant de chœur.
Il surfe sur le vent de la contestation qui souffle sur le pays, en voulant se donner une façade d’opposant islamiste fréquentable, en fréquentant une fois la CLTD lors de sa création en 2013 à Mazafran, mais sa vraie nature finit toujours par le trahir. Djaballah reproche à son alter ego tunisien, Rached Ghannouchi, d’avoir abandonné la charia. En réalité, ce qui diffère Djaballah de Ali Benhadj ou de l’autre salafiste Hamadache, c’est la pratique politique. Le premier préfère la sobriété, et les deux autres la politique spectacle.
Said Rabia
laic-aokas- Nombre de messages : 14024
Date d'inscription : 03/06/2011
Re: Figure de l’islamisme radical : La face cachée de Djaballah
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laic-aokas- Nombre de messages : 14024
Date d'inscription : 03/06/2011
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