En Tunisie, le face-à-face des laïques et des islamistes
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En Tunisie, le face-à-face des laïques et des islamistes
Des milliers de manifestants pro-islamistes ont convergé samedi 3 décembre devant le siège de l'Assemblée constituante à Tunis, où campent depuis trois jours des centaines de personnes dont de nombreux sympathisants de gauche. Les deux camps se faisaient face à face, séparés tant bien que mal par des barrières et des policiers, mais des altercations se sont produites et les insultes fusaient de part et d'autre.
Les deux courants s'affrontent depuis le début du "printemps des peuples arabes", qui a débuté en Tunisie en décembre et a porté au pouvoir les islamistes modérés d'Ennahda à la suite des premières élections libres depuis l'indépendance en 1956.
La dispute qui couvait a été relancée par l'occupation par un groupe d'islamistes conservateurs d'un campus universitaire des environs de Tunis pour exiger la ségrégation des sexes pendant les cours et le droit des femmes à porter le "niqab".
"LA TUNISIE MUSULMANE N'EST PAS LAÏQUE !"
''Nous sommes arabes, notre religion est l'islam, le peuple tunisien a choisi Ennahda'', dit la pancarte de cette manifestante, à Tunis, samedi 3 décembre.
Quelque 3 000 islamistes, parmi lesquels des salafistes, se sont rassemblés samedi devant l'Assemblée constituante, qui siège au palais du Bardo. Un cordon de policiers les sépare d'un millier de contre-manifestants laïques.
Les manifestants islamistes brandissaient des banderoles sur lesquelles on pouvait lire notamment "Nous soutenons la légitimité de la majorité", "La Tunisie musulmane n'est pas laïque !" et "Non à l'extrémisme laïque". Nourdine Machfer, un manifestant islamiste, a expliqué à Reuters : "C'est bizarre. Nous vivons aujourd'hui en Tunisie dans un régime de dictature de la minorité. Ils devraient respecter la volonté du peuple, qui a fait connaître ses desiderata [par les urnes en octobre]".
Le parti islamiste Ennahda, qui pilote un gouvernement de coalition après sa large victoire électorale le 23 octobre, a publié un communiqué pour se désolidariser de la manifestation islamiste du Bardo. Son porte-parole, Nourredine Bhiri, est allé parler aux manifestants pour tenter de calmer la tension.
"COUP D'ETAT CONTRE LA DÉMOCRATIE"
Une Tunisienne participe à une manifestation du camp laïque, samedi 3 décembre, à Tunis.
En face, les "modernistes", minoritaires, criaient "Liberté, travail et dignité". Certains d'entre eux, en particulier des chômeurs de la région minière de Gafsa, dans le centre du pays, ont commencé un sit in devant l'Assemblée depuis mercredi. "Nous sommes ici parce qu'il y a dans le pays des urgences sociales que l'Assemblée doit voir, et régler", a déclaré Ines Ben Othman, désignée "porte-parole" des sit-inneurs. "Les gens qui ont été élus par le peuple doivent avoir une position claire, notamment sur ce qui se passe aujourd'hui", a-t-elle dit, affirmant que les participants au sit in avaient été attaqués physiquement vendredi soir par des islamistes.
Certains manifestants soupçonnent le parti islamiste Ennahda de vouloir en réalité mettre en place un Etat islamiste en sous-main. "Les islamistes (...) veulent utiliser la Constitution pour s'emparer du pouvoir et faire un coup d'Etat contre la démocratie", à en croire l'un des manifestants, Raja Dali. "Ils veulent accorder tous les pouvoirs au premier ministre", a-t-elle ajouté en faisant allusion à Hamadi Jebali, secrétaire général d'Ennahda désigné par son parti pour diriger le gouvernement de coalition.
APPELS AU CALME
Afin d'éviter l'escalade, l'Assemblée constituante "appelle au respect de la suprématie de la loi et rejette totalement le recours à la violence", selon un communiqué publié à l'issue d'une réunion convoquée samedi par son président, Mustapha Ben Jaafar. "La Tunisie passe par une phase sensible et décisive où la priorité est accordée à l'instauration d'un nouveau régime démocratique, d'un système économique équitable, ce qui exige d'éviter les sources de tension et d'insécurité qui menacent la stabilité du pays", selon le communiqué.
Ces manifestations rivales sont les premières du genre depuis la chute, le 14 janvier, du président Zine ben Ali. Cet accès de fièvre risque de compliquer les efforts en cours entrepris par Ennahda et ses deux formations laïques alliées pour former un gouvernement de coalition.
Les députés de l'Assemblée constituante élue ont conclu vendredi un accord sur le partage et l'organisation future des pouvoirs, après plus d'une semaine de tractations laborieuses. Ennahda, qui dirigera le prochain gouvernement, a été accusé, y compris par ses partenaires de gauche CPR et Ettakatol de vouloir s'arroger les pleins pouvoirs. L'accord doit être soumis dans les prochains jours à l'Assemblée en séance pléniaire. Son adoption devrait permettre l'élection du président de la République et la désignation d'un exécutif.
La Tunisie s'attend à une croissance zéro en 2011
La Tunisie réalisera un taux de croissance nul à la fin de l'année 2011, a indiqué samedi le gouverneur de la Banque centrale, Mustapha Kamel Nabli, lors d'un colloque à Tunis.
Cette croissance zéro devrait entraîner une baisse du rythme de la création d'emploi et une hausse du taux de chômage qui devrait dépasser les 18 %, a ajouté M. Nabli, cité par l'agence tunisienne TAP. Les dernières prévisions de croissance du gouvernement tunisien s'établissaient entre 0,2 % et 1 % pour 2011
Les deux courants s'affrontent depuis le début du "printemps des peuples arabes", qui a débuté en Tunisie en décembre et a porté au pouvoir les islamistes modérés d'Ennahda à la suite des premières élections libres depuis l'indépendance en 1956.
La dispute qui couvait a été relancée par l'occupation par un groupe d'islamistes conservateurs d'un campus universitaire des environs de Tunis pour exiger la ségrégation des sexes pendant les cours et le droit des femmes à porter le "niqab".
"LA TUNISIE MUSULMANE N'EST PAS LAÏQUE !"
''Nous sommes arabes, notre religion est l'islam, le peuple tunisien a choisi Ennahda'', dit la pancarte de cette manifestante, à Tunis, samedi 3 décembre.
Quelque 3 000 islamistes, parmi lesquels des salafistes, se sont rassemblés samedi devant l'Assemblée constituante, qui siège au palais du Bardo. Un cordon de policiers les sépare d'un millier de contre-manifestants laïques.
Les manifestants islamistes brandissaient des banderoles sur lesquelles on pouvait lire notamment "Nous soutenons la légitimité de la majorité", "La Tunisie musulmane n'est pas laïque !" et "Non à l'extrémisme laïque". Nourdine Machfer, un manifestant islamiste, a expliqué à Reuters : "C'est bizarre. Nous vivons aujourd'hui en Tunisie dans un régime de dictature de la minorité. Ils devraient respecter la volonté du peuple, qui a fait connaître ses desiderata [par les urnes en octobre]".
Le parti islamiste Ennahda, qui pilote un gouvernement de coalition après sa large victoire électorale le 23 octobre, a publié un communiqué pour se désolidariser de la manifestation islamiste du Bardo. Son porte-parole, Nourredine Bhiri, est allé parler aux manifestants pour tenter de calmer la tension.
"COUP D'ETAT CONTRE LA DÉMOCRATIE"
Une Tunisienne participe à une manifestation du camp laïque, samedi 3 décembre, à Tunis.
En face, les "modernistes", minoritaires, criaient "Liberté, travail et dignité". Certains d'entre eux, en particulier des chômeurs de la région minière de Gafsa, dans le centre du pays, ont commencé un sit in devant l'Assemblée depuis mercredi. "Nous sommes ici parce qu'il y a dans le pays des urgences sociales que l'Assemblée doit voir, et régler", a déclaré Ines Ben Othman, désignée "porte-parole" des sit-inneurs. "Les gens qui ont été élus par le peuple doivent avoir une position claire, notamment sur ce qui se passe aujourd'hui", a-t-elle dit, affirmant que les participants au sit in avaient été attaqués physiquement vendredi soir par des islamistes.
Certains manifestants soupçonnent le parti islamiste Ennahda de vouloir en réalité mettre en place un Etat islamiste en sous-main. "Les islamistes (...) veulent utiliser la Constitution pour s'emparer du pouvoir et faire un coup d'Etat contre la démocratie", à en croire l'un des manifestants, Raja Dali. "Ils veulent accorder tous les pouvoirs au premier ministre", a-t-elle ajouté en faisant allusion à Hamadi Jebali, secrétaire général d'Ennahda désigné par son parti pour diriger le gouvernement de coalition.
APPELS AU CALME
Afin d'éviter l'escalade, l'Assemblée constituante "appelle au respect de la suprématie de la loi et rejette totalement le recours à la violence", selon un communiqué publié à l'issue d'une réunion convoquée samedi par son président, Mustapha Ben Jaafar. "La Tunisie passe par une phase sensible et décisive où la priorité est accordée à l'instauration d'un nouveau régime démocratique, d'un système économique équitable, ce qui exige d'éviter les sources de tension et d'insécurité qui menacent la stabilité du pays", selon le communiqué.
Ces manifestations rivales sont les premières du genre depuis la chute, le 14 janvier, du président Zine ben Ali. Cet accès de fièvre risque de compliquer les efforts en cours entrepris par Ennahda et ses deux formations laïques alliées pour former un gouvernement de coalition.
Les députés de l'Assemblée constituante élue ont conclu vendredi un accord sur le partage et l'organisation future des pouvoirs, après plus d'une semaine de tractations laborieuses. Ennahda, qui dirigera le prochain gouvernement, a été accusé, y compris par ses partenaires de gauche CPR et Ettakatol de vouloir s'arroger les pleins pouvoirs. L'accord doit être soumis dans les prochains jours à l'Assemblée en séance pléniaire. Son adoption devrait permettre l'élection du président de la République et la désignation d'un exécutif.
La Tunisie s'attend à une croissance zéro en 2011
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Madona- Nombre de messages : 3426
Date d'inscription : 30/01/2009
Re: En Tunisie, le face-à-face des laïques et des islamistes
http://www.lemonde.fr/tunisie/article/2011/12/03/en-tunisie-le-face-a-face-des-laiques-et-des-islamistes_1613146_1466522.html
Madona- Nombre de messages : 3426
Date d'inscription : 30/01/2009
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