Quand Chihab perd son sang-froid
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Quand Chihab perd son sang-froid
Par : Mustapha Hammouche
Seddik Chihab a illustré, hier, au cours du meeting du RND à la Maison du peuple, un de ces morbides effets de la fraude électorale. N’ayant pas éprouvé le chemin de croix qui mène aux responsabilités politiques, les dirigeants parvenus au pouvoir par la voie de la cooptation et de l’obédience finissent par croire que leurs positions leur sont vraiment dues et qu’elles les autorisent à mépriser, du haut de leur strapontin, ceux qui ont choisi le difficile du combat de conviction.
Pour faire carrière dans notre système, il n’a jamais été exigé autre chose que d’être dépourvu de convictions politiques. Les symboles de la révolution populaire, dont le peuple a justement été exproprié dès le lendemain de l’indépendance, tiennent lieu de capital militant légitimant l’emprise d’une caste sur une rente providentielle. Au milieu de naïfs abusés qui servent de “base”, des armées d’opportunistes et d’intrigants, organisées en clans, en régions et en cliques, se relaient et se pressent autour de cette rente dans une curée qui n’en finit pas.
Le sigle détourné leur tient lieu de faire-valoir.
Au milieu des années 1990, des circonstances particulières ont fait que le FLN, globalement déserté, pour cause de chute de prix du baril et de sécurité individuelle, l’État rentier ne pouvait plus compter sur des fonctionnaires attachés au budget nourricier. Croyant que la fuite du FLN épouvanté par un FIS conquérant le condamnait à la disgrâce, ils se créèrent un appareil de rechange. Pour être né dans l’enceinte du pouvoir, le RND a hérité de la culture du FLN et faute d’alibi révolutionnaire, ses “militants” se décrétèrent un monopole du “nationalisme” et en firent une identité qu’ils n’ont même pas à argumenter.
Et voici comment Chihab, parvenu aux responsabilités en enfourchant un appareil créé par décision administrative, remet en cause la légitimité de l’existence du RCD. Un parti, dont l’émergence s’est naturellement imposée, comme expression de convergences de luttes multiples, dans les campus, les usines, les places publiques, les clandestinités et… les prisons, est remis en cause par un membre d’un parti monté au cours d’une réunion ! Pour les créateurs du RCD, même l’amalgame du FIS n’a rien d’infamant : celui n’étant pas contestable dans sa représentativité, mais dans l’antihumanisme de son projet.
Mais quand on fait de la politique dans un contexte où l’on ignore qui décide de la politique qu’on défend, on ne peut qu’être dérangé par d’authentiques expériences de luttes humaines. L’existence d’étalons de lutte politique est la pire des gênes pour les indus occupants des fonctions d’autorité. On a vu comment, en 1962, et même avant, les véritables héros du combat furent décimés par les chasseurs de pouvoir pour qu’ils puissent faire place nette à leurs illégitimes ambitions.
C’est vrai que le boycott, s’il s’étend, empêche de frauder en rond. C’est vrai que le “changement” à la tunisienne constitue un acte historique inaugural d’une nouvelle ère dans le monde dit arabe, une ère sans dictateurs inéluctablement. Un acte qui vaut mieux que des insultes à nos voisins tunisiens ! Cela devient simplement dangereux, quand on confond des expériences historiques avec des témoins gênants. Surtout pour celui qui n’a pas les moyens intellectuels de garder son sang-froid.
musthammouche@yahoo.fr
M. H.
Seddik Chihab a illustré, hier, au cours du meeting du RND à la Maison du peuple, un de ces morbides effets de la fraude électorale. N’ayant pas éprouvé le chemin de croix qui mène aux responsabilités politiques, les dirigeants parvenus au pouvoir par la voie de la cooptation et de l’obédience finissent par croire que leurs positions leur sont vraiment dues et qu’elles les autorisent à mépriser, du haut de leur strapontin, ceux qui ont choisi le difficile du combat de conviction.
Pour faire carrière dans notre système, il n’a jamais été exigé autre chose que d’être dépourvu de convictions politiques. Les symboles de la révolution populaire, dont le peuple a justement été exproprié dès le lendemain de l’indépendance, tiennent lieu de capital militant légitimant l’emprise d’une caste sur une rente providentielle. Au milieu de naïfs abusés qui servent de “base”, des armées d’opportunistes et d’intrigants, organisées en clans, en régions et en cliques, se relaient et se pressent autour de cette rente dans une curée qui n’en finit pas.
Le sigle détourné leur tient lieu de faire-valoir.
Au milieu des années 1990, des circonstances particulières ont fait que le FLN, globalement déserté, pour cause de chute de prix du baril et de sécurité individuelle, l’État rentier ne pouvait plus compter sur des fonctionnaires attachés au budget nourricier. Croyant que la fuite du FLN épouvanté par un FIS conquérant le condamnait à la disgrâce, ils se créèrent un appareil de rechange. Pour être né dans l’enceinte du pouvoir, le RND a hérité de la culture du FLN et faute d’alibi révolutionnaire, ses “militants” se décrétèrent un monopole du “nationalisme” et en firent une identité qu’ils n’ont même pas à argumenter.
Et voici comment Chihab, parvenu aux responsabilités en enfourchant un appareil créé par décision administrative, remet en cause la légitimité de l’existence du RCD. Un parti, dont l’émergence s’est naturellement imposée, comme expression de convergences de luttes multiples, dans les campus, les usines, les places publiques, les clandestinités et… les prisons, est remis en cause par un membre d’un parti monté au cours d’une réunion ! Pour les créateurs du RCD, même l’amalgame du FIS n’a rien d’infamant : celui n’étant pas contestable dans sa représentativité, mais dans l’antihumanisme de son projet.
Mais quand on fait de la politique dans un contexte où l’on ignore qui décide de la politique qu’on défend, on ne peut qu’être dérangé par d’authentiques expériences de luttes humaines. L’existence d’étalons de lutte politique est la pire des gênes pour les indus occupants des fonctions d’autorité. On a vu comment, en 1962, et même avant, les véritables héros du combat furent décimés par les chasseurs de pouvoir pour qu’ils puissent faire place nette à leurs illégitimes ambitions.
C’est vrai que le boycott, s’il s’étend, empêche de frauder en rond. C’est vrai que le “changement” à la tunisienne constitue un acte historique inaugural d’une nouvelle ère dans le monde dit arabe, une ère sans dictateurs inéluctablement. Un acte qui vaut mieux que des insultes à nos voisins tunisiens ! Cela devient simplement dangereux, quand on confond des expériences historiques avec des témoins gênants. Surtout pour celui qui n’a pas les moyens intellectuels de garder son sang-froid.
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M. H.
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Date d'inscription : 03/06/2011
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