Chantal Brunel : « Il faut protéger les prostituées »
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Chantal Brunel : « Il faut protéger les prostituées »
Alors qu'un groupe de travail a été mandaté au printemps à l'Assemblée nationale, entretien avec Chantel Brunel, députée UMP de Seine-et-Marne, favorable à la réouverture des bordels.
Rue89 : En mars dernier, vous avez publiquement suggéré la réouverture des maisons closes en France. Pourquoi ?
Chantal Brunel : J'ai émis une telle proposition comme un cadre d'étude face à un problème que nous ne pouvons pas ignorer : le déplacement et l'ancrage de la prostitution toujours plus loin du cœur des villes et du regard de la justice.
Un tel éloignement place les prostituées dans une clandestinité qui peut s'avérer très dangereuse, ne laissant plus aucune place, ni au travail des associations, ni à l'autorégulation qui existait entre les prostituées elles-mêmes. Nombre d'entre elles sont des victimes de la traite des femmes et voient leur situation aggravée par leur isolement.
Ma proposition vise à encadrer et protéger les prostituées en permettant aux associations et aux autorités compétentes de vérifier qu'aucune d'entre elles n'est l'objet de violences de la part des clients, ou encore le jeu du trafic des êtres humains.
N'est-ce pas banaliser la prostitution que de rouvrir les bordels ?
De tout temps la prostitution a existé. Je partage la vision des associations comme Le Nid ou d'autres, qui désirent l'avènement d'une société sans aucune prostitution. Elle est une forme de violence faite aux femmes : on ne peut qu'être d'accord.
Ce que je prétends, c'est qu'il est inutile de se voiler la face : la prostitution continuera encore d'exister. Tant que les mentalités ne changeront pas, il est impératif que ces filles soient au moins protégées.
Où en est le groupe de travail mandaté au printemps à l'Assemblée nationale pour plancher sur ce thème ?
Le groupe constitué à l'Assemblée est une mission d'étude sur le thème de la prostitution, mise en place par la commission des lois. Je n'ai pas de visibilité, ni sur les délais ni sur la forme du résultat auquel cette mission doit aboutir. On en saura plus dès que ses travaux auront débuté.
Des associations de défense des prostituées comme le Mouvement du Nid sont opposées à la réouverture des maisons closes sous prétexte qu'elles soumettent les femmes à de plus grandes violences...
Nos avis ne divergent pas sur l'objectif final mais sur la façon d'y parvenir. Le Nid veut pénaliser le client. Je crains qu'une telle mesure n'aggrave ce phénomène de clandestinité forcée.
En Allemagne, les prostituées sont considérées comme des travailleuses « indépendantes » depuis la loi de légalisation de 2002 : elles bénéficient ainsi d'une véritable couverture sociale, de points retraite... De telles dispositions légales pourraient-elles être mises en place en France ?
Le problème ne se pose pas tant en termes de possibilité matérielle ou juridique. Il est toujours possible de créer un contrat ! Il se pose davantage sur le plan des mentalités et de ce que les Français sont prêts -ou non- à cautionner. Ils sont nombreux à considérer que la réouverture de ces maisons serait un geste positif pour la protection des femmes. Mais de la simple expression de cet avis à sa conversion effective, il y a un pas considérable.
Alors que les enquêtes d'opinion témoignent d'une grande tolérance des Français à la question de la prostitution, pourquoi le personnel politique reste-t-il réticent à encadrer et réglementer le « Milieu », favorisant ainsi les activités mafieuses ou les réseaux de traite des femmes ?
C'est un sujet difficile pour les parlementaires, en particulier les parlementaires masculins dont l'intérêt pour le sujet peut prêter à ironie. Cette question déchaîne généralement une certaine émotivité qui freine la prise de position.
Par ailleurs, la réglementation de la prostitution est souvent associée, dans notre pays, à une régression des droits de l'homme. Comme s'il s'agissait de cautionner définitivement un asservissement. Que la prostitution soit une violence, c'est un fait. Mais encore une fois : avant que cela ne change, il faut protéger les prostituées.
http://www.rue89.com/rue69/2010/10/25/chantal-brunel-il-faut-proteger-les-prostituees-173139
Rue89 : En mars dernier, vous avez publiquement suggéré la réouverture des maisons closes en France. Pourquoi ?
Chantal Brunel : J'ai émis une telle proposition comme un cadre d'étude face à un problème que nous ne pouvons pas ignorer : le déplacement et l'ancrage de la prostitution toujours plus loin du cœur des villes et du regard de la justice.
Un tel éloignement place les prostituées dans une clandestinité qui peut s'avérer très dangereuse, ne laissant plus aucune place, ni au travail des associations, ni à l'autorégulation qui existait entre les prostituées elles-mêmes. Nombre d'entre elles sont des victimes de la traite des femmes et voient leur situation aggravée par leur isolement.
Ma proposition vise à encadrer et protéger les prostituées en permettant aux associations et aux autorités compétentes de vérifier qu'aucune d'entre elles n'est l'objet de violences de la part des clients, ou encore le jeu du trafic des êtres humains.
N'est-ce pas banaliser la prostitution que de rouvrir les bordels ?
De tout temps la prostitution a existé. Je partage la vision des associations comme Le Nid ou d'autres, qui désirent l'avènement d'une société sans aucune prostitution. Elle est une forme de violence faite aux femmes : on ne peut qu'être d'accord.
Ce que je prétends, c'est qu'il est inutile de se voiler la face : la prostitution continuera encore d'exister. Tant que les mentalités ne changeront pas, il est impératif que ces filles soient au moins protégées.
Où en est le groupe de travail mandaté au printemps à l'Assemblée nationale pour plancher sur ce thème ?
Le groupe constitué à l'Assemblée est une mission d'étude sur le thème de la prostitution, mise en place par la commission des lois. Je n'ai pas de visibilité, ni sur les délais ni sur la forme du résultat auquel cette mission doit aboutir. On en saura plus dès que ses travaux auront débuté.
Des associations de défense des prostituées comme le Mouvement du Nid sont opposées à la réouverture des maisons closes sous prétexte qu'elles soumettent les femmes à de plus grandes violences...
Nos avis ne divergent pas sur l'objectif final mais sur la façon d'y parvenir. Le Nid veut pénaliser le client. Je crains qu'une telle mesure n'aggrave ce phénomène de clandestinité forcée.
En Allemagne, les prostituées sont considérées comme des travailleuses « indépendantes » depuis la loi de légalisation de 2002 : elles bénéficient ainsi d'une véritable couverture sociale, de points retraite... De telles dispositions légales pourraient-elles être mises en place en France ?
Le problème ne se pose pas tant en termes de possibilité matérielle ou juridique. Il est toujours possible de créer un contrat ! Il se pose davantage sur le plan des mentalités et de ce que les Français sont prêts -ou non- à cautionner. Ils sont nombreux à considérer que la réouverture de ces maisons serait un geste positif pour la protection des femmes. Mais de la simple expression de cet avis à sa conversion effective, il y a un pas considérable.
Alors que les enquêtes d'opinion témoignent d'une grande tolérance des Français à la question de la prostitution, pourquoi le personnel politique reste-t-il réticent à encadrer et réglementer le « Milieu », favorisant ainsi les activités mafieuses ou les réseaux de traite des femmes ?
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http://www.rue89.com/rue69/2010/10/25/chantal-brunel-il-faut-proteger-les-prostituees-173139
femme libre- Nombre de messages : 651
Date d'inscription : 22/02/2009
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