La philosophie pour protéger la démocratie
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La philosophie pour protéger la démocratie
La philosophie pour protéger la démocratie
Pour que la philosophie cesse d’être une chasse gardée des professionnels et une activité superflue dont on peut se passer, il faut tout d’abord redéfinir ce que veut dire philosophie aujourd’hui et à quoi sert-elle. Et cette tâche doit être l’œuvre de tous ceux qui croient que philosopher n’est pas un acte exclusivement réservé à une catégorie de gens érudits; mais bien au contraire un acte humain à la portée de toute personne qui veut comprendre sa propre nature et la nature extérieure, en inventant ses questions et ses réponses à la manière des sophistes dans leur relativisme et Socrate dans sa rigueur. Car actuellement l’homme est appelé à être non seulement un animal politique mais aussi un animal qui philosophe, et un tel retour à l’inventivité permet aux citoyens de se libérer du conformisme et des stéréotypes et ainsi du dogmatisme qui les empêchent de devenir des individus autonomes, capables de critiquer et de penser librement.
Et si la politique dans la société moderne est omniprésente au point que rien ne lui échappe en ce qui concerne le quotidien des hommes de tous âges, il est indispensable que la philosophie intervienne à ce niveau afin de les préparer à remettre en question la légitimité et l’hégémonie de la politique , c’est- à-dire la primauté de l’esprit du groupe sur l’esprit d’initiative individuelle, et de les préparer à désacraliser l’ordre établi que la politique défend fortement, car selon
Marc Sautet « le philosophe n’as pas d’objet propre. Il part des idées reçues, des opinions du sens commun, des idéologies dominantes, des révélations religieuses, des réponses données par la science pour les soumettre à l’examen .Tout est donc objet de sa réflexion ».
C’est de cette façon que Socrate, le premier philosophe, a vécu et mourut pour la philosophie, alors qu’il n’a même pas essayé de rapporter ses méditations dans des livres afin de servir de référence théorique pour les professionnels de la philosophie; il a exercé la sagesse et exprimé son amour pour la vérité en discutant avec ses contemporains sur des sujets qui touchent la vie humaine, il a réussi à orienté l’effort intellectuel vers l’univers de l’homme en faisant de ce dernier le sujet et l’objet de la connaissance, car il a abordé des sujets qui concernent ses valeurs, sa fin dernière, son bonheur suprême , et son rapport au monde ainsi qu’à ses semblables. Or, ces discussions étaient très importantes, car elles ont soulevé des questionnements qui embarrassaient les gardiens de l’ordre établi et provoquaient des réflexions raisonnables, libres et critiques qui ont coûté la vie à leur initiateur.
L’importance de ces discussions ne réside pas dans les réponses qu’elles produisent mais dans les questions qu’elles osent poser et ainsi dans la méthode avec laquelle Socrate accouchait les esprits de ses interlocuteurs pendant les débats qu’il anima et que l’on nomme La maïeutique. C’est en se sens que Russell dit « la philosophie doit être étudiée, non pour le prix qu’auraient quelques réponses précises sur les questions qu’elle pose (…) plutôt pour le prix de ces questions elles-mêmes ».
Il n’est pas fortuit qu’aujourd’hui des défenseurs de la philosophie pour les enfants initiée par Mattew Lipman développent une méthode d’enseignement de la philosophie fondée sur le principe de la maïeutique[1]. Et la caractéristique fondamentale de cette méthode est que son objectif pédagogique ne consiste pas à fournir aux enfants des réponses préconçus, mais à susciter chez eux un questionnement qui les conduit à construire leur propre réponse d’une façon rationnelle et logique, en mettant en valeur leurs expériences et leurs conceptions des choses. En effet, l’enfant grâce à cette méthode devient un acteur qui participe activement aux cours en étant récepteur et émetteur à la fois, et l’enseignant se transforme en un guide et animateur.
Donc le rôle pédagogique de l’enseignant selon cette méthode est de faciliter la tâche aux enfants dans l’élaboration des questions et d’orienter la discussion ou le débat vers une issue productive, c’est-à-dire objective et rationnelle vidée de toute charge émotionnelle suscitée par la confrontation des arguments et des points de vue divers des enfants qui font l’expérience du débat philosophique et démocratique. Il est bien évident que cette manière d’initier les enfants à la pensée philosophique renforcera leur esprit critique et créatif, développera chez eux une aptitude à la tolérance et à l’acceptation de l’autre.
Ce qu’il faut préciser ici c’est que la philosophie pour enfants telle quelle est présentée par Mattew Lipman est loin de l’approche de l’enseignement classique qui consiste à apprendre aux élèves presque adultes les différentes doctrines philosophiques et à citer des philosophes que l’histoire de la pensée humaine a connu pour les inciter à les appendre par cœur, et par conséquent au lieu de les initier à remettre en cause les connaissances et les relativiser , on les nourrit de l’illusion que les connaissances sont des vérités absolues et éternelles. Tandis que cette nouvelle méthode apprend aux enfants, en intervenant à un âge précoce et opportun, tout d’abord à philosopher et la philosophie après, car « Il s’agit non pas d’une pédagogie de la réponse, mais d’une pédagogie de la question »[2].
Pour que la philosophie occupe tous les espaces publics, s’interroge sur tout les sujets qui touchent de prés ou de loin la vie humaine dans la cité en tant qu’individu autonome ou membre d’une communauté, il faut qu’elle s’ouvre sur le quotidien des citoyens en étant à l’écoute de ses interrogations, de ses doutes, de ses préoccupations et de ses aspirations. C’est dans se sens que le philosophe des lumières D’Alembert dit « la philosophie n’est autre chose que l’application de la raison aux différents objets sur lesquels elle peut s’exercer.»
À mon sens, cela ne peut se réaliser sans développer la pensée critique inhérente à l’acte de philosopher à tous les niveaux de l’enseignement et dans toutes les disciplines, c’est-a-dire que la philosophie devienne une méthode de réflexion et non seulement une discipline théorique qui ne sert qu’à distraire les esprits avides de spéculation, et c’est dans ce contexte que Marc Sautet dit que la philosophie : « ce n’est pas une « matière » à enseigne ni un champs à cultiver, c’est un état d’esprit, une manière de faire usage de son intellect »p 35. Il est indispensable que la philosophie devienne aujourd’hui une méthode qui contribue à créer une culture scolaire nouvelle porteuse des valeurs des lumières telles que la liberté, l’égalité et la tolérance qui ne peuvent proliférer, en réalité, que dans un état démocratique et laïc.
À cause des effets indésirables du progrès, que la modernité a produits , il est incontestable que la philosophie retrouve sa légitimité après l’avoir perdu à cause de l’hégémonie de l’esprit positiviste qui a imposé des sciences performantes qui l’ont privé de beaucoup de domaines de recherche, en la forçant à n’être plus qu’une simple discipline parasite, voire encombrante, dont la pensée humaine peut se passer sans aucun problème.
Mattew Lipman au mileu d’un groupe d’enfants
Par ailleurs, c’est indiscutablement grâce à ces sciences et l’esprit positiviste lui-même que la philosophie a pu trouver une nouvelle légitimité dans de multiples aspects de la civilisation que le progrès a imposés. À cet égard, on ne peut pas nier que le progrès a soulevé des problèmes et des questions d’ordre éthique et politique qui méritent d’être examinées d’une manière philosophique. C’est de cette façon que la philosophie peut contribuer à l’éducation socio-politique des futurs citoyens.
Ali Kaidi
[1]- Selon Wikipedia, la Maïeutique consiste entre autres à faire accoucher les esprits de leurs connaissances.
[2]- in article de Wikipédia, l’encyclopédie libre.
Pour que la philosophie cesse d’être une chasse gardée des professionnels et une activité superflue dont on peut se passer, il faut tout d’abord redéfinir ce que veut dire philosophie aujourd’hui et à quoi sert-elle. Et cette tâche doit être l’œuvre de tous ceux qui croient que philosopher n’est pas un acte exclusivement réservé à une catégorie de gens érudits; mais bien au contraire un acte humain à la portée de toute personne qui veut comprendre sa propre nature et la nature extérieure, en inventant ses questions et ses réponses à la manière des sophistes dans leur relativisme et Socrate dans sa rigueur. Car actuellement l’homme est appelé à être non seulement un animal politique mais aussi un animal qui philosophe, et un tel retour à l’inventivité permet aux citoyens de se libérer du conformisme et des stéréotypes et ainsi du dogmatisme qui les empêchent de devenir des individus autonomes, capables de critiquer et de penser librement.
Et si la politique dans la société moderne est omniprésente au point que rien ne lui échappe en ce qui concerne le quotidien des hommes de tous âges, il est indispensable que la philosophie intervienne à ce niveau afin de les préparer à remettre en question la légitimité et l’hégémonie de la politique , c’est- à-dire la primauté de l’esprit du groupe sur l’esprit d’initiative individuelle, et de les préparer à désacraliser l’ordre établi que la politique défend fortement, car selon
Marc Sautet « le philosophe n’as pas d’objet propre. Il part des idées reçues, des opinions du sens commun, des idéologies dominantes, des révélations religieuses, des réponses données par la science pour les soumettre à l’examen .Tout est donc objet de sa réflexion ».
C’est de cette façon que Socrate, le premier philosophe, a vécu et mourut pour la philosophie, alors qu’il n’a même pas essayé de rapporter ses méditations dans des livres afin de servir de référence théorique pour les professionnels de la philosophie; il a exercé la sagesse et exprimé son amour pour la vérité en discutant avec ses contemporains sur des sujets qui touchent la vie humaine, il a réussi à orienté l’effort intellectuel vers l’univers de l’homme en faisant de ce dernier le sujet et l’objet de la connaissance, car il a abordé des sujets qui concernent ses valeurs, sa fin dernière, son bonheur suprême , et son rapport au monde ainsi qu’à ses semblables. Or, ces discussions étaient très importantes, car elles ont soulevé des questionnements qui embarrassaient les gardiens de l’ordre établi et provoquaient des réflexions raisonnables, libres et critiques qui ont coûté la vie à leur initiateur.
L’importance de ces discussions ne réside pas dans les réponses qu’elles produisent mais dans les questions qu’elles osent poser et ainsi dans la méthode avec laquelle Socrate accouchait les esprits de ses interlocuteurs pendant les débats qu’il anima et que l’on nomme La maïeutique. C’est en se sens que Russell dit « la philosophie doit être étudiée, non pour le prix qu’auraient quelques réponses précises sur les questions qu’elle pose (…) plutôt pour le prix de ces questions elles-mêmes ».
Il n’est pas fortuit qu’aujourd’hui des défenseurs de la philosophie pour les enfants initiée par Mattew Lipman développent une méthode d’enseignement de la philosophie fondée sur le principe de la maïeutique[1]. Et la caractéristique fondamentale de cette méthode est que son objectif pédagogique ne consiste pas à fournir aux enfants des réponses préconçus, mais à susciter chez eux un questionnement qui les conduit à construire leur propre réponse d’une façon rationnelle et logique, en mettant en valeur leurs expériences et leurs conceptions des choses. En effet, l’enfant grâce à cette méthode devient un acteur qui participe activement aux cours en étant récepteur et émetteur à la fois, et l’enseignant se transforme en un guide et animateur.
Donc le rôle pédagogique de l’enseignant selon cette méthode est de faciliter la tâche aux enfants dans l’élaboration des questions et d’orienter la discussion ou le débat vers une issue productive, c’est-à-dire objective et rationnelle vidée de toute charge émotionnelle suscitée par la confrontation des arguments et des points de vue divers des enfants qui font l’expérience du débat philosophique et démocratique. Il est bien évident que cette manière d’initier les enfants à la pensée philosophique renforcera leur esprit critique et créatif, développera chez eux une aptitude à la tolérance et à l’acceptation de l’autre.
Ce qu’il faut préciser ici c’est que la philosophie pour enfants telle quelle est présentée par Mattew Lipman est loin de l’approche de l’enseignement classique qui consiste à apprendre aux élèves presque adultes les différentes doctrines philosophiques et à citer des philosophes que l’histoire de la pensée humaine a connu pour les inciter à les appendre par cœur, et par conséquent au lieu de les initier à remettre en cause les connaissances et les relativiser , on les nourrit de l’illusion que les connaissances sont des vérités absolues et éternelles. Tandis que cette nouvelle méthode apprend aux enfants, en intervenant à un âge précoce et opportun, tout d’abord à philosopher et la philosophie après, car « Il s’agit non pas d’une pédagogie de la réponse, mais d’une pédagogie de la question »[2].
Pour que la philosophie occupe tous les espaces publics, s’interroge sur tout les sujets qui touchent de prés ou de loin la vie humaine dans la cité en tant qu’individu autonome ou membre d’une communauté, il faut qu’elle s’ouvre sur le quotidien des citoyens en étant à l’écoute de ses interrogations, de ses doutes, de ses préoccupations et de ses aspirations. C’est dans se sens que le philosophe des lumières D’Alembert dit « la philosophie n’est autre chose que l’application de la raison aux différents objets sur lesquels elle peut s’exercer.»
À mon sens, cela ne peut se réaliser sans développer la pensée critique inhérente à l’acte de philosopher à tous les niveaux de l’enseignement et dans toutes les disciplines, c’est-a-dire que la philosophie devienne une méthode de réflexion et non seulement une discipline théorique qui ne sert qu’à distraire les esprits avides de spéculation, et c’est dans ce contexte que Marc Sautet dit que la philosophie : « ce n’est pas une « matière » à enseigne ni un champs à cultiver, c’est un état d’esprit, une manière de faire usage de son intellect »p 35. Il est indispensable que la philosophie devienne aujourd’hui une méthode qui contribue à créer une culture scolaire nouvelle porteuse des valeurs des lumières telles que la liberté, l’égalité et la tolérance qui ne peuvent proliférer, en réalité, que dans un état démocratique et laïc.
À cause des effets indésirables du progrès, que la modernité a produits , il est incontestable que la philosophie retrouve sa légitimité après l’avoir perdu à cause de l’hégémonie de l’esprit positiviste qui a imposé des sciences performantes qui l’ont privé de beaucoup de domaines de recherche, en la forçant à n’être plus qu’une simple discipline parasite, voire encombrante, dont la pensée humaine peut se passer sans aucun problème.
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Par ailleurs, c’est indiscutablement grâce à ces sciences et l’esprit positiviste lui-même que la philosophie a pu trouver une nouvelle légitimité dans de multiples aspects de la civilisation que le progrès a imposés. À cet égard, on ne peut pas nier que le progrès a soulevé des problèmes et des questions d’ordre éthique et politique qui méritent d’être examinées d’une manière philosophique. C’est de cette façon que la philosophie peut contribuer à l’éducation socio-politique des futurs citoyens.
Ali Kaidi
[1]- Selon Wikipedia, la Maïeutique consiste entre autres à faire accoucher les esprits de leurs connaissances.
[2]- in article de Wikipédia, l’encyclopédie libre.
laic-aokas- Nombre de messages : 14024
Date d'inscription : 03/06/2011
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laic-aokas- Nombre de messages : 14024
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