Celles par qui le scandale arrive.
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Celles par qui le scandale arrive.
La prostitution est trop souvent vécue dans son aspect attentatoire à la morale. Et la protestation contre ce phénomène prend des formes de plus en plus violentes. En l’absence d’état de droit et de société civile organisée, la violence de tous contre tous, qui tient lieu de fil directeur de la vie publique, trouve sans peine dans les prostituées le plus consensuel des boucs-émissaires.
Début juillet, une cité du quartier de Cheblia dans la ville de M’sila est prise d’assaut par des dizaines de jeunes en colère. Les journaux disent qu’ils étaient plus de 400 à s’attaquer aux appartements dans lesquels logent des femmes présentées comme des prostituées. Au terme d’une nuit de terreur et d’incendie, ces femmes sont chassées du quartier. Qui sont-elles ? D’où viennent-elles ? Où vont-elles aller ? Quelles sont leurs histoires personnelles ? Cela n’intéresse personne. Tout ce qui leur est demandé est de disparaitre et de ne plus souiller par leur présence la réputation des lieux. Cette descente punitive contre des femmes accusées de s’adonner à la prostitution est la deuxième en moins d’un mois dans la ville de M’sila. Les jeunes des quartiers de la ville mettent un point d’honneur à renvoyer hors de « chez eux » jusqu’à la dernière de ces filles dont certaines avaient été déjà chassées de la région de Béjaïa. Pour bien montrer qu’ils ont, eux aussi, le sens de l’honneur. Dans un pays où la violence a été érigée en mode de gestion des affaires publiques et privées, le phénomène n’a rien d’exceptionnel. Par delà ce qui fait scandale, pour les uns et les autres, tant dans l’ampleur prise par le phénomène de la prostitution que par la multiplication des expéditions punitives, ce qui choque le plus est la posture de spectateurs que prennent des pouvoirs publics qu’on peut légitimement soupçonner de laisser pourrir les situations pour venir ensuite proposer des solutions toutes prêtes. Comme l’ouverture d’établissements destinés à une prostitution légale. Dans la logique prédatrice et anti populaire qui est la sienne ce système est tout à fait prêt à légaliser et encadrer la prostitution. Pour ce faire, comme en d’autres occasions, il se contente de laisser s’envenimer des situations inextricables qui n’auraient jamais pris une telle ampleur si l’état avait fait des choix politiques et économiques ayant le souci de la dignité de la personne humaine.
Le résultat d’une politique.
La prostitution et la traite des êtres humains sont les résultats des politiques publiques avant d’être des questions de mœurs privées. Ce n’est pas par hasard que les prostituées viennent dans leur écrasante majorité de milieux démunis et que les « cabaretiers-proxénètes » se recrutent dans les clientèles du pouvoir. Pour certains la prostitution est un marché et pour d’autres une des modalités d’exploitation et de contrôle de la population. Tout comme la violence. La drogue. La délinquance. Et tous les autres maux sociaux par lesquels les uns s’enrichissent et les autres se maintiennent au pouvoir. Les deux s’entendent à dominer les plus fragiles au sein de la société. Quitte à construire en parallèle la plus grande des mosquées. Ouvrir des musées, organiser des festivals culturels et instaurer un quota de participation politique…pour les femmes aussi.
Terrorisme et bouleversements sociaux.
En 2008, l’Institut Abassa avait fait fuiter des informations sur une enquête selon laquelle il y aurait plus d’un million de prostituées dans le pays. Dans un séminaire national consacré à la protection de l’enfant une responsable d’association avait annoncé à Aïn Témouchent en février 2007 que plus de 10.000 filles avaient été victimes de viols durant les années 90. Avec pour conséquence une stigmatisation sociale qui allait conduire certaines d’entre elles vers la prostitution. En dehors du caractère forcément fantaisiste que prennent les chiffres dans un contexte où l’on se soucie peu de leur véracité et malgré la difficulté à accéder à des statistiques à la fois officielles et fiables, il est évident que le phénomène a connu ces dernières années une explosion probablement inédite dans l’histoire du pays.
Une décennie de terrorisme et de violences de grande ampleur additionnées à une gestion désastreuse et à des choix politiques irréfléchis ont eu des conséquences dramatiques sur des milliers de familles algériennes et ont bouleversé en profondeur les rapports sociaux. En Algérie comme ailleurs dans le monde, les troubles politiques et la misère ont été mis à profit pour l’exploitation sexuelle des êtres humains.
« Selon l’Onu, 4 millions de femmes et de jeunes-filles sont achetées et vendues chaque année dans le monde. Parmi elles, 7000 népalaises contraintes de travailler comme sex workers dans les maisons de Delhi ou de Bombay, et deux tiers des 55.000 prostituées du Cambodge recrutées de force. Selon l’association Empower, le tourisme sexuel rapporte annuellement 1 milliard de dollars à la Thaïlande. On estime que, chaque année, environ 200.000 femmes en provenance des pays de l’Est tombent entre les mains des proxénètes européens. Selon Mme Larysa Kobelanska, responsable de la ligue féminine de Kiev « 100.000 ukrainiennes ont été en quelques années victimes des réseaux criminels de l’industrie du sexe. » Au total, la prostitution mondiale générerait un chiffre d’affaires annuel compris entre 5 milliards et 7 milliards de dollars. »
Même dans des pays riches et démocratiques comme le Canada la prostitution reste une des activités les plus dangereuses. Elle présente un taux de mortalité 40 fois supérieur à la normale nationale, on y risque 20 fois plus l’assassinat. Les prostituées sont 60 à 120 fois plus souvent victimes d’agressions physiques et d’assassinat que tout autre groupe social. On y relève également les taux de suicide et de tentatives de suicide les plus élevés du pays toutes catégories sociales confondues.
Dans tous les pays du monde, des citoyens et des citoyennes se mobilisent pour lutter contre la prostitution. Tous en dénoncent le caractère abject et attentatoire à la dignité humaine.
Mais toutes les mobilisations ne se ressemblent pas. Là où les libertés sont garanties par un Etat de droit les associations se mobilisent pour l’abolition de la prostitution et la pénalisation des clients des prostitués. Comme dans le trafic de drogue, le trafiquant et le client sont tous deux condamnables.
Là où il n’ya pas de libertés publiques… il n’ya que la violence.
http://www.lanation.info/Celles-par-qui-le-scandale-arrive_a185.html
Début juillet, une cité du quartier de Cheblia dans la ville de M’sila est prise d’assaut par des dizaines de jeunes en colère. Les journaux disent qu’ils étaient plus de 400 à s’attaquer aux appartements dans lesquels logent des femmes présentées comme des prostituées. Au terme d’une nuit de terreur et d’incendie, ces femmes sont chassées du quartier. Qui sont-elles ? D’où viennent-elles ? Où vont-elles aller ? Quelles sont leurs histoires personnelles ? Cela n’intéresse personne. Tout ce qui leur est demandé est de disparaitre et de ne plus souiller par leur présence la réputation des lieux. Cette descente punitive contre des femmes accusées de s’adonner à la prostitution est la deuxième en moins d’un mois dans la ville de M’sila. Les jeunes des quartiers de la ville mettent un point d’honneur à renvoyer hors de « chez eux » jusqu’à la dernière de ces filles dont certaines avaient été déjà chassées de la région de Béjaïa. Pour bien montrer qu’ils ont, eux aussi, le sens de l’honneur. Dans un pays où la violence a été érigée en mode de gestion des affaires publiques et privées, le phénomène n’a rien d’exceptionnel. Par delà ce qui fait scandale, pour les uns et les autres, tant dans l’ampleur prise par le phénomène de la prostitution que par la multiplication des expéditions punitives, ce qui choque le plus est la posture de spectateurs que prennent des pouvoirs publics qu’on peut légitimement soupçonner de laisser pourrir les situations pour venir ensuite proposer des solutions toutes prêtes. Comme l’ouverture d’établissements destinés à une prostitution légale. Dans la logique prédatrice et anti populaire qui est la sienne ce système est tout à fait prêt à légaliser et encadrer la prostitution. Pour ce faire, comme en d’autres occasions, il se contente de laisser s’envenimer des situations inextricables qui n’auraient jamais pris une telle ampleur si l’état avait fait des choix politiques et économiques ayant le souci de la dignité de la personne humaine.
Le résultat d’une politique.
La prostitution et la traite des êtres humains sont les résultats des politiques publiques avant d’être des questions de mœurs privées. Ce n’est pas par hasard que les prostituées viennent dans leur écrasante majorité de milieux démunis et que les « cabaretiers-proxénètes » se recrutent dans les clientèles du pouvoir. Pour certains la prostitution est un marché et pour d’autres une des modalités d’exploitation et de contrôle de la population. Tout comme la violence. La drogue. La délinquance. Et tous les autres maux sociaux par lesquels les uns s’enrichissent et les autres se maintiennent au pouvoir. Les deux s’entendent à dominer les plus fragiles au sein de la société. Quitte à construire en parallèle la plus grande des mosquées. Ouvrir des musées, organiser des festivals culturels et instaurer un quota de participation politique…pour les femmes aussi.
Terrorisme et bouleversements sociaux.
En 2008, l’Institut Abassa avait fait fuiter des informations sur une enquête selon laquelle il y aurait plus d’un million de prostituées dans le pays. Dans un séminaire national consacré à la protection de l’enfant une responsable d’association avait annoncé à Aïn Témouchent en février 2007 que plus de 10.000 filles avaient été victimes de viols durant les années 90. Avec pour conséquence une stigmatisation sociale qui allait conduire certaines d’entre elles vers la prostitution. En dehors du caractère forcément fantaisiste que prennent les chiffres dans un contexte où l’on se soucie peu de leur véracité et malgré la difficulté à accéder à des statistiques à la fois officielles et fiables, il est évident que le phénomène a connu ces dernières années une explosion probablement inédite dans l’histoire du pays.
Une décennie de terrorisme et de violences de grande ampleur additionnées à une gestion désastreuse et à des choix politiques irréfléchis ont eu des conséquences dramatiques sur des milliers de familles algériennes et ont bouleversé en profondeur les rapports sociaux. En Algérie comme ailleurs dans le monde, les troubles politiques et la misère ont été mis à profit pour l’exploitation sexuelle des êtres humains.
« Selon l’Onu, 4 millions de femmes et de jeunes-filles sont achetées et vendues chaque année dans le monde. Parmi elles, 7000 népalaises contraintes de travailler comme sex workers dans les maisons de Delhi ou de Bombay, et deux tiers des 55.000 prostituées du Cambodge recrutées de force. Selon l’association Empower, le tourisme sexuel rapporte annuellement 1 milliard de dollars à la Thaïlande. On estime que, chaque année, environ 200.000 femmes en provenance des pays de l’Est tombent entre les mains des proxénètes européens. Selon Mme Larysa Kobelanska, responsable de la ligue féminine de Kiev « 100.000 ukrainiennes ont été en quelques années victimes des réseaux criminels de l’industrie du sexe. » Au total, la prostitution mondiale générerait un chiffre d’affaires annuel compris entre 5 milliards et 7 milliards de dollars. »
Même dans des pays riches et démocratiques comme le Canada la prostitution reste une des activités les plus dangereuses. Elle présente un taux de mortalité 40 fois supérieur à la normale nationale, on y risque 20 fois plus l’assassinat. Les prostituées sont 60 à 120 fois plus souvent victimes d’agressions physiques et d’assassinat que tout autre groupe social. On y relève également les taux de suicide et de tentatives de suicide les plus élevés du pays toutes catégories sociales confondues.
Dans tous les pays du monde, des citoyens et des citoyennes se mobilisent pour lutter contre la prostitution. Tous en dénoncent le caractère abject et attentatoire à la dignité humaine.
Mais toutes les mobilisations ne se ressemblent pas. Là où les libertés sont garanties par un Etat de droit les associations se mobilisent pour l’abolition de la prostitution et la pénalisation des clients des prostitués. Comme dans le trafic de drogue, le trafiquant et le client sont tous deux condamnables.
Là où il n’ya pas de libertés publiques… il n’ya que la violence.
http://www.lanation.info/Celles-par-qui-le-scandale-arrive_a185.html
Zhafit- Admin
- Nombre de messages : 13508
Date d'inscription : 26/04/2008
Re: Celles par qui le scandale arrive.
seule la polygamie réglera de maniére efficace et en respectant les préceptes de notre religion ce probléme de la prostitution.
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