Un journaliste agressé par un député du FFS à Alger ? Paroles de l'un contre celles de l'autre

Un journaliste agressé par un député d’un parti démocrate naguère lui aussi journaliste, voila une affaire qui agite des rédactions en cette caniculaire journée du mardi 7 août. Kamel Lakhdar Chaouch, journaliste au quotidien francophone L’Expression, affirme avoir été agressé dans la soirée du lundi 06 août 2012 au siège du Front des forces socialistes (FFS) ou il s’y est rendu pour couvrir une conférence. Le député dément et défie le journaliste de présenter des preuves. Nous les avons contactés. Voici leurs versions des faits.

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Kamel Lakhdar Chaouch : « Lundi soir, je suis parti avec deux journalistes au siège national du FFS pour couvrir la conférence-débat sur « la situation des droits de l’homme en Algérie ».

Sur place, je suis interpellé par le député Sadague Abderrahmene qui était avec le député Karim Balloul et d’autres militants. On me lance : «Eh toi, tu es indésirable par là. On ne veut pas de toi. Il faut quitter lieux dans l’immédiat. On ne travaille pas avec Fattani (directeur de L’Expression, NDLR) ».

Je réponds qu’étant journaliste, je suis venu couvrir la conférence. D’autant plus que ma rédaction est invitée. Mes collègues journalistes me demandent de rester. J’y reste. Au bout d’un moment, le député Chafaa Bouaiche vient pour me demander, avec des mots vulgaires, de quitter les lieux. Je lui demande de soigner son langage.

En une infraction de seconde, je me retrouve entouré d’une dizaine de militants. Alors Bouaiche et Rachid Chaïbi, un militant du parti, m’insultent et me traitent de tous les noms. Puis Chaffaa me donne deux coups de pieds dans mes parties intimes avant de passer aux menaces. « Je te chasserais d’Alger. Dis à Zenati ou à Khellil de te trouver où habiter », crie-t-il devant la foule.

Il aura fallu l’intervention de plusieurs militants pour le retenir avant qu’ils me conduisent vers la sortie. La scène s’est déroulée en présence de certains cadres de la ligue proches du FFS, mais aussi de journaliste. Des témoins, j’en ai. »

La version du député


Contacté par DNA, Chafaa Bouaiche, député de Béjaia, dément l’agression physique et verbale et met au défi le journaliste d’apporter des preuves ou des témoignages.

Chafaa Bouaiche : « Nous connaissons M. Lakhdar Chaouach qui est un militant du FFS. Il a déposé sa candidature pour les législatives de mai 2012, mais celle-ci n’a pas été retenue. Depuis, il s’acharne sur le FFS allant même jusqu’à qualifier la direction du parti de « nazie. » Hier (lundi soir), il est donc venu pour assister à la conférence puisque nous avions invité son journal.

Nous lui avons refusé l’accès au siège en le priant de quitter les lieux. Compte tenu de ses écrits, nous lui avons expliqué qu’il n’était pas le bienvenu. Il n’a jamais été agressé ni physiquement ni verbalement. Il a quitté tout seul le siège. Je le mets au défi de ramener une preuve de cette agression imaginaire ou un seul témoin parmi les journalistes qui étaient présent à la conférence. »

Le communiqué du SNJ


Dans la journée du mardi, le SNJ (syndicat national des journalistes) a rendu public un communiqué violent pour dénoncer cette agression et s’en prend au député qualifié de « sinistre individu » et dont l’attitude est assimilée à « un comportement de voyou.

« Notre confrère sera ainsi pris à partie par des membres de la direction du parti, dont trois sont des députés qui le couvrent d’injures, avant que, le plus zélé d’entre eux, l’actuel chargé à la communication du parti, n’en ajoute l’agression physique devant des collègues du parti complices, écrit le SNJ sous la plume de son SG Kamel Amarni. Ce sinistre individu, dont de nombreux confrères ont déjà eu à souffrir des agissements maléfiques dont il s’est spécialisé sur la toile depuis qu’il a rejoint le FFS venant du FLN et de l’organisation estudiantine, l’UNEA, n’en est pas à sa première dérive du genre.

Le syndicat qui dit condamner « avec la plus vigoureuse des fermetés, ce comportement de voyou, indigne d’un parti politique » affirme son intention de porter l’affaire devant les tribunaux.


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