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«Celui qui n'a pas de tribu sur laquelle s'appuyer, qu'il crève!» par Belaïd Abdesselam

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«Celui qui n'a pas de tribu sur laquelle s'appuyer, qu'il crève!» par Belaïd Abdesselam Empty «Celui qui n'a pas de tribu sur laquelle s'appuyer, qu'il crève!» par Belaïd Abdesselam

Message  azemour Mar 27 Sep - 19:02

«Celui qui n'a pas de tribu sur laquelle s'appuyer, qu'il crève!» lançait Belaïd Abdesselam, à la veille du premier tour des élections législatives de décembre 1991, à des gens qui lui reprochaient de s'être présenté dans son village d'origine, près de Sétif. En rupture de ban avec son parti, le Front de libération nationale (FLN), qui ne l'avait pas retenu sur ses listes, il s'était présenté en candidat indépendant. Belaïd Abdesselam n'était pas le seul à être revenu au bercail à l'occasion de ces premières élections démocratiques algériennes. Tous les candidats, du gouvernement ou de l'opposition (islamistes ou démocrates), étaient partis à la recherche de leurs racines. Abdelaziz Bouteflika l'a compris aussi. Lui qui ne se réclame d'aucune attache tribale a ressenti, en 1999 et en 2004, le besoin de s'adosser à un fief. Il s'est alors tourné vers les zaouïas, dont il savait qu'elles étaient très fortement liées aux tribus, sans toutefois commettre l'erreur d'en favoriser une plus que d'autres. Les jeunes émeutiers de Kabylie ont également compris l'importance symbolique de la tribu le jour où il leur a fallu se structurer. Ils ont dénommé leur coordination les «arouch» (tribus). Du temps du parti unique, déjà, le pouvoir, si solide fût-il, se gardait bien de heurter les sensibilités tribales. Ainsi, le choix des maires, des députés et autres représentants du peuple se faisait dans le strict respect des équilibres tribaux. Lors du dernier découpage administratif, en 1984, alors que les autorités gouvernementales devaient ériger de nouvelles wilayas (préfectures), elles ont dû, dans certaines régions où les tribus sont très puissantes, faire abstraction de la logique économique. Par exemple, dans les Aurès, Oum el-Bouaghi a été choisie, quand toutes les conditions plaidaient en faveur d'Aïn Beïda ou d'Aïn Mlila. De même, dans le Sud oranais, on a opté pour Naama, une bourgade inconnue à l'époque, afin de ne pas exciter les jalousies entre Aïn Sefra et Mecheria, pourtant mieux placées pour accueillir un grand centre urbain. Cette anecdote racontée par un sociologue illustre bien la situation: «Aïn Sefra et Mecheria sont aujourd'hui les deux villes les mieux loties d'Algérie en matière d'équipements. Les autorités locales ont tellement peur de provoquer des drames entre les tribus des deux villes que, dès qu'un équipement est apporté à l'une des villes, le même est aussitôt fourni à l'autre.»
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