Ces algériens civilisés: un livre à la main, main dans la main! AOKAS 29 JUILLET 2017

Djemila Benhabib ▬
♦Solidaires avec #Aokas
nous l'étions, hier, à Montréal. Et nous le resterons. Parce que Aokas c'est un peu notre fierté retrouvée et renouvelée.
Sortir dans la rue pour les livres n'est jamais un geste banal. Se mobiliser pour revendiquer la liberté de dire c'est le début de toutes les autres libertés. Vous vous souvenez certainement du 10 mars 1980? Le pouvoir algérien interdisaient une conférence de Mouloud Mammeri sur la poésie kabyle à l’université de Tizi-Ouzou. C'était le début de quelque chose de grandiose. Le printemps berbère.
Parce que Aokas nous fouette, nous rappelle subtilement ces glorieuses années de luttes et de revendications, nous sort de notre paresse et nous extirpe de notre confort pour nous ramener à l'essentiel. La liberté. Ces luttes pour la condition humaine ne sont jamais vaines. Allez, debout citoyens!
Aokas, je t'ai connue adolescente alors que je m'initiais aux luttes politiques dans l'Algérie des années quatre-vingt dix. J'ai tout de suite eu le coup de foudre pour toi! Et tu n'étais pas insensible à mon charme. Avec de nombreux militants du PAGS venant de tous les coins d'Algérie nous avions tenu notre école d'été sur les magnifiques plages de la région de Bougie. Quel moment inoubliable les amis!
Kateb Yacine nous soufflait à l'oreille: l'amour et la révolution. C'était exactement ça. C'est ce que nous faisions du matin au soir. Du soir au matin. Nous voulions être libres de croire ou de ne pas croire, de dire, d'exister, d'agir, de s'embrasser. Oui, libres...simplement! Cette liberté pour laquelle tant d'Algériennes et d'Algériens sont tombés sous les balles assassines des islamistes et de leurs armées.
C'est donc d'une façon naturelle, spontanée, que j'ai accepté, hier, l'invitation de mon ami Ali Kaidi, (le grand manitou de ce regroupement), à me joindre à ce rassemblement devant le consulat d'Algérie de Montréal pour protester contre la décision des autorités d'étouffer (encore fois) la liberté d'expression en censurant les activités du Café littéraire de Aokas. Cette censure me répugne. Me dégoûte. Ce pouvoir est à vomir. Beurk!
Nous avons suivi, tout au long de la journée d'hier, les exploits du Comité citoyens de Aokas à l'origine de cette incroyable mobilisation. Nous vous disons BRAVO. Chapeau! Lorsque surviennent des moments de blocage politique, on vit toujours avec l'espoir qu'un jour la dictature tombe. On attend juste le moment. Le bon moment. On ne sait jamais quand cela va survenir. Ni où. Ni comment. Ni pourquoi. Oui, je veux comprendre pourquoi Aokas?
De Montréal, nous avons vibré à votre rythme avec l'élan du cœur et la tendresse d'une solidarité sincère et émouvante. Nous pensons à vous. Ne lâchez rien ! Nous sommes avec vous !
Merci à l'ensemble des participants montréalais. Mea culpa. Oui, je sais tout ça s'est fait très vite et l'info n'a pas très bien circulé. Désolée. Mais rassurez-vous, nous aurons encore la possibilité de nous revoir très bientôt.
Car la censure n'est pas là pour disparaître. Et les gens de Aokas ont besoin de nous. Et nous d'eux. Dignité! Fierté! Livres! Liberté d'expression!
https://www.facebook.com/djemila.benhabib.3/posts/469755233407649

La Leçon d’Aokas .
par :Hacen Ouali .
Edito El Watan du Lundi 31 juillet 2017.
" Des livres brandis pour braver l’interdit et désarmer la matraque. Une belle image d’un sursaut citoyen. Des centaines de personnes se sont mobilisées pour défendre le droit à la culture, au débat intellectuel et à la pensée autonome. Sous l’étendard de la liberté, la petite localité d'Aokas a remporté hier une extraordinaire bataille et à forte charge symbolique. Celle du savoir, de l’intelligence et de la raison contre l’ignorance imposée. Choqués par l’absurdité de la répression policière et l’interdiction violente de la tenue d’une conférence, des militants associatifs, politiques, des élus, des universitaires et des citoyens de la région se sont élevés contre les velléités brimantes de l’administration. Une barricade dressée contre l’avancée ravageuse de la désertification culturelle.
C’est l’expression de la conscience en mouvement. Une re-prise de conscience citoyenne face à la régression en marche. Signe d’une vitalité politique et intellectuelle que l’on cherche à étouffer. Face à l’incurie générale et l’indigence nationale érigée en culture dominante, Aokas élève la voix. Montre la voie à suivre. Celle de la pensée libre et du triomphe de la raison. Elle est le phare scintillant dans un pays livré au dogmatisme religieux et autres archaïsmes. Ce qui se passe dans cette petite ville côtière n’est pas un acte isolé. Encore moins un fait banal. Il est révélateur d’une crise profonde qui maintient la société dans une pensée sclérosée, figée et stérilisante. A travers ses appareils idéologiques, le pouvoir politique multiplie les laboratoires à formater le cerveau national. L’état de l’université algérienne en est l’illustration parfaite. Toute initiative citoyenne invitant à la réflexion autonome sur les sujets de société est jugée au mieux suspecte et au pire subversive. Sur ce terrain, il rivalise avec les tenants de l’islamisme partisans d’une société passéiste. Dans un partage de rôle sournois, ils se liguent contre les idées novatrices, modernes et progressistes. La collusion est manifeste.
C’est leur programme commun. Quand ce n’est pas l’interdiction administrative et policière, ce sont les sirènes des fatwas des ayatollahs de la haine qui sonnent. Combien d’écrivains, artistes et intellectuels persécutés, intimidés et interdits. Des animateurs et militants associatifs voués aux gémonies. Et c’est pour cela qu'Aokas et les rares collines de la pensée libre dérangent. Leur existence rappelle l’ampleur du désastre culturel infligé à la société. Dans cette belle cité coincée entre la mer et la montagne se joue une partie de l’avenir du pays. Briser «les clôtures dogmatiques» et rompre avec «l’ignorance sacrée». La mobilisation d’hier exprime un puissant désir de culture. Loin d’être un luxe, elle est une nécessité sociale et sociétale. Une urgence politique. Une demande démocratique. Elle est surtout l’antidote contre tous les archaïsmes. C’est la leçon d’Aokas."
par :Hacen Ouali .
Edito El Watan du Lundi 31 juillet 2017.

Mahrez Bouich



Un grand respect à tous ceux qui ont participé et soutenu la marche du 29 juillet 2017 d'AOKAS, une marche historique un livre à la main.
La liberté est la mère de toutes les vertus, la dignité est son âme de toujours.
Mahrez BOUICH
Le 30 Juillet 2017
Nice, Boulevard Carlone, 17H48

https://www.youtube.com/watch?feature=share&v=cLJYB5HNveY&app=desktop

https://www.youtube.com/watch?feature=share&v=cLJYB5HNveY&app=desktop

https://www.youtube.com/watch?v=FTdwzpD-LZg

Une marche citoyenne sous le slogan « Livre à la main, main dans la main » s’est tenue, ce samedi 29 juillet après-midi à Aokas, dans la wilaya de Béjaïa, à l’initiative de l’association Azday Adelsan pour dénoncer les interdictions de cafés littéraires dans cette localité....la culture ne se marchande pas !!!

مظاهرة بالكتب، مظاهرة بالعلم، مظاهرة بالثقافة وللثقافة.. ثم يأتيك أحدهم ويبدأ طعنا في الوعي السياسي والثقافي في منطقة القبائل!
ما نشاهده في منطقة القبائل هو مثال يحتذى به، هذه القدرة على الدفاع عن قضايا ذات أهمية كحرية التعبير والوعي الثقافي وعدم الاستسلام أمام مافيا السلطة هي ما تخيف النظام الحاكم، وهي ما تجعله يحاول القضاء على أي وعي سياسي ينشط في هذه المنطقة.
صرت موقنا بأن آخر نضال ومعركة ضد هذا النظام البائس سينطلق من وعي هذه المنطقة.
تحياتي من القلب إلى كل من شارك في هذه الحركة الثقافية والتي تقف في وجه الاستبداد الذي يستعمله النظام، الجزائر فعلا لم ولن تعقم! كم أتمنى لو كنت الآن في أرض الوطن للتنقل والمشاركة ضد هذه القيود على حرية التعبير ودكتاتورية النظام، كوني في المهجر لا يتيح لي إلا أن أقول برافو، وشكراً لكم.
*Zine Labidine Ghebou