L’origine de l’affaire El Khabar : « Je veux contrôler ma machine »
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L’origine de l’affaire El Khabar : « Je veux contrôler ma machine »
MOHAMED BENCHICOU
L’origine de l’affaire El Khabar : « Je veux contrôler ma machine »
12:16 dimanche 15 mai 2016 | Par Mohamed Benchicou | Actualité
Sauf retournement spectaculaire, le juge chargé de l’affaire El Khabar rendra une décision allant dans le sens des demandes du ministre Hamid Grine. On oublie qu’Issad Rebrab a acquis, par cette transaction, un quotidien, des imprimeries et… une chaîne de télévision !
Une chaîne de télévision ! KBC a été lancée laborieusement à la faveur des quelques autorisations d’émettre accordées entre 2011 et 2012, à des affidés sous contrôle, c’est-à-dire des gens qui ne sont pas susceptibles de vous porter la contradiction ou de brouiller votre message et qui pourraient même servir d’auxiliaires de propagande. KBC était l’une des rares exceptions : elle n’était pas franchement labellisée proche du pouvoir. Mais ce dernier ne courait pas grand risque : tant que la chaîne KBC était entre les mains d’un groupe de journalistes à la fortune relative, en proie à des difficulté financières, qui a trop présumé de ses forces et qui réalisait chaque jour qu’il ne disposait pas des fonds nécessaires pour subvenir à sa dimension tentaculaire, elle ne dérangeait pas outre-mesure. La chaîne KBC demeurait dans la « zone de contrôle ». Elle dépendait du bon vouloir des gouvernants. Il suffisait d’appuyer sur la plaie, d’aggraver la précarité du « groupe », en réduisant la publicité par exemple ou en actionnant le fisc, pour que la télévision cesse d’émettre.
KBC restait dans les limites qui lui sont fixées, celles d’un média sans nuisance, toujours à la limite du déficit, émettant quand il le pouvait et, conscient de sa vulnérabilité, prenant garde à ne pas fâcher le pouvoir. La chaîne El-Watan l’a appris à ses dépens, en faisant parler Madani Mezrag.
Avec Rebrab, les données changeaient brutalement ! L’homme peut se passer de la publicité étatique. Il ne dépendait pas de l’humeur du roi. Il a les moyens de transformer KBC en une véritable chaîne de télévision concurrentielle. Il peut investir des milliards de dinars pour se doter d’une chaîne équivalente ou supérieure à l’ENTV. Il sortirait du « champ sous contrôle ». Il disposerait, lui qui n’est même pas de la Famille, de la possibilité quasi-divine de contrarier le monarque et la Cour ! Sous son nez !
L’opposition, interdite de télé, disposerait alors d’un puissant porte-voix qui bouleverserait la donne politique. C’était une déclaration de guerre intolérable ! Avant Rebrab, Khalifa avait lourdement payé l’insolence de vouloir disputer le monopole absolu de la petite lucarne à Bouteflika : démantèlement de son groupe (banques, compagnies aériennes, diverses entreprises…) traque judiciaire, emprisonnement des proches de Moumen et de certaines personnalités mêlées peu ou prou à Khalifa (à l’exception des proches du président), exil de Moumen puis emprisonnement de ce dernier…
C’est ce scénario qui pourrait se renouveler, inauguré par l’action en justice ordonnée par le ministre Grine, lui-même actionné par Said Bouteflika qui, lui, ne fait que suivre une vieille consigne de son frère aîné lequel obéit à une règle stricte de tout autocrate : la télévision, c’est comme le fusil, ça ne se partage pas. Du reste, la comparaison avec le fusil n’est pas fortuite : pour Bouteflika, la télévision n’est pas un média, pas même un engin de divertissement ou, accessoirement de culture et d’information. Pour le clan Bouteflika, la télévision est une arme de guerre. Un des principaux instruments d’exercice du pouvoir. Il en dispose pour influencer, pour émouvoir, pour endoctriner, pour divertir des vrais échecs…
Le pouvoir de Bouteflika ne reconnait à personne la prérogative de lui disputer le monopole de l’endoctrinement du peuple. Le discours adressé aux Algériens ne doit être porté que par une seule voix : celle du pouvoir ! Le mensonge n’admet aucune lueur de vérité.
Recevant une journaliste de France Culture, en septembre 2000, le président déclarait, solennel : « Il n’y aura qu’une seule chaîne de télévision. Et il n’y aura pas d’autres chaînes de radio. Je veux contrôler ma machine ! ». La journaliste commet la maladresse d’insister : « Est-ce que vous ne pensez pas urgent qu’il y ait un débat dans l’audiovisuel algérien pour que se renoue ce débat démocratique algérien ? » demande-t-elle candidement. À cette question, le président voit rouge : « Ecoutez, le problème de la stratégie en Algérie c’est mon problème, ce n’est pas le vôtre. Je sais exactement ce que je dois faire et quand je dois le faire. Vous êtes en train de me dicter une démarche. Ce n’est pas à vous, journalistes français, de me dire ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire. Je ferai les choses à l’algérienne et en fonction des intérêts supérieurs de l’Algérie. »
Khalida Messaoudi, alors ministre de la Communication, retint la leçon. « Le contrôle de l’ENTV n’est pas des prérogatives juridiques du ministère », avoue-t-elle à l’Assemblée nationale.
Tout est alors dit. On ne badine pas avec la « machine » !
L’affaire Rebrab ne fait que commencer. L’homme d’affaires est à portée… de fusil.
L’origine de l’affaire El Khabar : « Je veux contrôler ma machine »
12:16 dimanche 15 mai 2016 | Par Mohamed Benchicou | Actualité
Sauf retournement spectaculaire, le juge chargé de l’affaire El Khabar rendra une décision allant dans le sens des demandes du ministre Hamid Grine. On oublie qu’Issad Rebrab a acquis, par cette transaction, un quotidien, des imprimeries et… une chaîne de télévision !
Une chaîne de télévision ! KBC a été lancée laborieusement à la faveur des quelques autorisations d’émettre accordées entre 2011 et 2012, à des affidés sous contrôle, c’est-à-dire des gens qui ne sont pas susceptibles de vous porter la contradiction ou de brouiller votre message et qui pourraient même servir d’auxiliaires de propagande. KBC était l’une des rares exceptions : elle n’était pas franchement labellisée proche du pouvoir. Mais ce dernier ne courait pas grand risque : tant que la chaîne KBC était entre les mains d’un groupe de journalistes à la fortune relative, en proie à des difficulté financières, qui a trop présumé de ses forces et qui réalisait chaque jour qu’il ne disposait pas des fonds nécessaires pour subvenir à sa dimension tentaculaire, elle ne dérangeait pas outre-mesure. La chaîne KBC demeurait dans la « zone de contrôle ». Elle dépendait du bon vouloir des gouvernants. Il suffisait d’appuyer sur la plaie, d’aggraver la précarité du « groupe », en réduisant la publicité par exemple ou en actionnant le fisc, pour que la télévision cesse d’émettre.
KBC restait dans les limites qui lui sont fixées, celles d’un média sans nuisance, toujours à la limite du déficit, émettant quand il le pouvait et, conscient de sa vulnérabilité, prenant garde à ne pas fâcher le pouvoir. La chaîne El-Watan l’a appris à ses dépens, en faisant parler Madani Mezrag.
Avec Rebrab, les données changeaient brutalement ! L’homme peut se passer de la publicité étatique. Il ne dépendait pas de l’humeur du roi. Il a les moyens de transformer KBC en une véritable chaîne de télévision concurrentielle. Il peut investir des milliards de dinars pour se doter d’une chaîne équivalente ou supérieure à l’ENTV. Il sortirait du « champ sous contrôle ». Il disposerait, lui qui n’est même pas de la Famille, de la possibilité quasi-divine de contrarier le monarque et la Cour ! Sous son nez !
L’opposition, interdite de télé, disposerait alors d’un puissant porte-voix qui bouleverserait la donne politique. C’était une déclaration de guerre intolérable ! Avant Rebrab, Khalifa avait lourdement payé l’insolence de vouloir disputer le monopole absolu de la petite lucarne à Bouteflika : démantèlement de son groupe (banques, compagnies aériennes, diverses entreprises…) traque judiciaire, emprisonnement des proches de Moumen et de certaines personnalités mêlées peu ou prou à Khalifa (à l’exception des proches du président), exil de Moumen puis emprisonnement de ce dernier…
C’est ce scénario qui pourrait se renouveler, inauguré par l’action en justice ordonnée par le ministre Grine, lui-même actionné par Said Bouteflika qui, lui, ne fait que suivre une vieille consigne de son frère aîné lequel obéit à une règle stricte de tout autocrate : la télévision, c’est comme le fusil, ça ne se partage pas. Du reste, la comparaison avec le fusil n’est pas fortuite : pour Bouteflika, la télévision n’est pas un média, pas même un engin de divertissement ou, accessoirement de culture et d’information. Pour le clan Bouteflika, la télévision est une arme de guerre. Un des principaux instruments d’exercice du pouvoir. Il en dispose pour influencer, pour émouvoir, pour endoctriner, pour divertir des vrais échecs…
Le pouvoir de Bouteflika ne reconnait à personne la prérogative de lui disputer le monopole de l’endoctrinement du peuple. Le discours adressé aux Algériens ne doit être porté que par une seule voix : celle du pouvoir ! Le mensonge n’admet aucune lueur de vérité.
Recevant une journaliste de France Culture, en septembre 2000, le président déclarait, solennel : « Il n’y aura qu’une seule chaîne de télévision. Et il n’y aura pas d’autres chaînes de radio. Je veux contrôler ma machine ! ». La journaliste commet la maladresse d’insister : « Est-ce que vous ne pensez pas urgent qu’il y ait un débat dans l’audiovisuel algérien pour que se renoue ce débat démocratique algérien ? » demande-t-elle candidement. À cette question, le président voit rouge : « Ecoutez, le problème de la stratégie en Algérie c’est mon problème, ce n’est pas le vôtre. Je sais exactement ce que je dois faire et quand je dois le faire. Vous êtes en train de me dicter une démarche. Ce n’est pas à vous, journalistes français, de me dire ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire. Je ferai les choses à l’algérienne et en fonction des intérêts supérieurs de l’Algérie. »
Khalida Messaoudi, alors ministre de la Communication, retint la leçon. « Le contrôle de l’ENTV n’est pas des prérogatives juridiques du ministère », avoue-t-elle à l’Assemblée nationale.
Tout est alors dit. On ne badine pas avec la « machine » !
L’affaire Rebrab ne fait que commencer. L’homme d’affaires est à portée… de fusil.
moi- Nombre de messages : 8760
Date d'inscription : 30/01/2009
Re: L’origine de l’affaire El Khabar : « Je veux contrôler ma machine »
http://www.tsa-algerie.com/20160515/lorigine-de-laffaire-el-khabar-veux-controler-machine/
moi- Nombre de messages : 8760
Date d'inscription : 30/01/2009
Re: L’origine de l’affaire El Khabar : « Je veux contrôler ma machine »
on vous invite à lire cette chronique de Benchicou. le journal Le Matin et son directeur Benchicou ont payé trés cher leur ligne éditoriale.
on vous invite à lire cette chronique de Benchicou et vous allez comprendre beaucoup de chose. nous aussi, on est convaincu que sans une forte mobilisation populaire, le groupe El Khabar et Cevital seront fermés et leurs hauts cadres seront emprisonnés...
on vous invite à lire cette chronique de Benchicou et vous allez comprendre beaucoup de chose. nous aussi, on est convaincu que sans une forte mobilisation populaire, le groupe El Khabar et Cevital seront fermés et leurs hauts cadres seront emprisonnés...
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