L’écrivain Rachid Oulebsir à Souk El Tenine le 16 janvier
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L’écrivain Rachid Oulebsir à Souk El Tenine le 16 janvier
L’écrivain Rachid Oulebsir à Souk El Tenine le 16 janvier
Littérature. La librairie de Souk El Tenine organise une conférence débat avec l'écrivain Rachid Oulebsir le 16 janvier 2016 à 14 heures au niveau du CSP.
L’invité de cette charmante commune de la côte-est de Béjaïa est un universitaire, diplômé de Paris Sorbonne, qui a longtemps été journaliste au Matin.
Mais Rachid Oulebsir est aussi connu pour être un essayiste et écrivain apprécié d’un lectorat averti. Venons-en à l’homme de culture et à tout ce qu’il pourrait dire de son expérience dans notamment le domaine de la réflexion et de la création.
Natif de Kabylie une année avant le déclenchement de la guerre de libération, le romancier évoque dans ses deux romans une enfance terrible marquée par le règne de la mort, de la peur , la haine, mais aussi de l’espoir d’une délivrance et d’une quiétude futures.
On dit que notre enfance ne nous quitte jamais réellement, en tout cas elle refait surface très souvent dans les œuvres littéraires. Les écrivains commencent souvent leur parcours par des productions plutôt autobiographies.
Ce à quoi notre romancier, qui n’en dit d’ailleurs pas assez, revient sur les circonstances qui fait de lui l’homme et l’écrivain qu’il est.
« Je suis né en 1953, un peu plus d’un an avant le déclenchement de la guerre de Libération. J’ai grandi à la campagne sous le bruit des bottes et le tonnerre terrifiant des canons.
Mes plus lointains souvenirs sont des images d’enfants qui pleurent, de sang répandu, de maisons qui croulent sous les bombardements, d’enterrements et de déménagements incessants. Mes désirs les plus refoulés sont des envies de satiété. Manger à ma faim et étancher des soifs lointaines.
Je vécus captif, reclus et protégé parmi les femmes battues et violées par les soldats français et les harkis kabyles.
Les hommes étaient partis, certains en ville pour échapper à la mort programmée, d’autres au combat, au maquis et sur les frontières à harceler l’ennemi colonialiste. J’apprenais la haine et la peur dans ce halo pollué de profondes déchirures.
Je jouais avec mes camarades malgré l’enfer. Nous mimions les adultes avec des fusils de bois et des menottes en fil de fer. J’étais, dans mes ocres cauchemars, le héros de troubles batailles ensanglantées, où je n’avais que mes urines pour éteindre les profonds brasiers entretenus par des bûcherons criminels. Je savais à peine marcher quand ma campagne fut déclarée zone interdite.
Le précaire village de regroupement avala ma famille et l’école coloniale, forte ogresse en rut, ramassa les petits d’un coup d’aile et les aligna comme de tendres eunuques à sacrifier pour le dieu du savoir.
Nous étions parqués dans de grandes salles austères, assis à des tables de gros bois noir, face à un tableau noir et des adultes qui ne savaient pas rire. Je ne comprenais pas pourquoi je devais apprendre la langue incompréhensible de l’ennemi.
L’instituteur était parmi ceux-là même qui nous brutalisaient, terrorisaient et pourchassaient nos papas sur la lointaine montagne en fumée.
Je ne saurai jamais par quel miracle toutes les parties alors ennemies à mort, s’étaient liguées pour faire endurer aux enfants le cruel supplice de l’école. Pourquoi donc nous contraindre à écouter et obéir à cet adulte en vareuse kaki, alors que jouer était si agréable.
Je m’étais révolté. Mes brumeux projets d’évasion, de fugue matinale prolongée avaient avorté faute d’allié sûr. Même ma mère d’habitude si indulgente avait rallié le triste camp de la conspiration ».
Un récit s’il en est, pour retracer un vécu enfoui au plus profond de son être avant d’en déborder les bornes et se répandre en de belles pages à lire. Et à faire lire…
Hafit Zaouche
Littérature. La librairie de Souk El Tenine organise une conférence débat avec l'écrivain Rachid Oulebsir le 16 janvier 2016 à 14 heures au niveau du CSP.
L’invité de cette charmante commune de la côte-est de Béjaïa est un universitaire, diplômé de Paris Sorbonne, qui a longtemps été journaliste au Matin.
Mais Rachid Oulebsir est aussi connu pour être un essayiste et écrivain apprécié d’un lectorat averti. Venons-en à l’homme de culture et à tout ce qu’il pourrait dire de son expérience dans notamment le domaine de la réflexion et de la création.
Natif de Kabylie une année avant le déclenchement de la guerre de libération, le romancier évoque dans ses deux romans une enfance terrible marquée par le règne de la mort, de la peur , la haine, mais aussi de l’espoir d’une délivrance et d’une quiétude futures.
On dit que notre enfance ne nous quitte jamais réellement, en tout cas elle refait surface très souvent dans les œuvres littéraires. Les écrivains commencent souvent leur parcours par des productions plutôt autobiographies.
Ce à quoi notre romancier, qui n’en dit d’ailleurs pas assez, revient sur les circonstances qui fait de lui l’homme et l’écrivain qu’il est.
« Je suis né en 1953, un peu plus d’un an avant le déclenchement de la guerre de Libération. J’ai grandi à la campagne sous le bruit des bottes et le tonnerre terrifiant des canons.
Mes plus lointains souvenirs sont des images d’enfants qui pleurent, de sang répandu, de maisons qui croulent sous les bombardements, d’enterrements et de déménagements incessants. Mes désirs les plus refoulés sont des envies de satiété. Manger à ma faim et étancher des soifs lointaines.
Je vécus captif, reclus et protégé parmi les femmes battues et violées par les soldats français et les harkis kabyles.
Les hommes étaient partis, certains en ville pour échapper à la mort programmée, d’autres au combat, au maquis et sur les frontières à harceler l’ennemi colonialiste. J’apprenais la haine et la peur dans ce halo pollué de profondes déchirures.
Je jouais avec mes camarades malgré l’enfer. Nous mimions les adultes avec des fusils de bois et des menottes en fil de fer. J’étais, dans mes ocres cauchemars, le héros de troubles batailles ensanglantées, où je n’avais que mes urines pour éteindre les profonds brasiers entretenus par des bûcherons criminels. Je savais à peine marcher quand ma campagne fut déclarée zone interdite.
Le précaire village de regroupement avala ma famille et l’école coloniale, forte ogresse en rut, ramassa les petits d’un coup d’aile et les aligna comme de tendres eunuques à sacrifier pour le dieu du savoir.
Nous étions parqués dans de grandes salles austères, assis à des tables de gros bois noir, face à un tableau noir et des adultes qui ne savaient pas rire. Je ne comprenais pas pourquoi je devais apprendre la langue incompréhensible de l’ennemi.
L’instituteur était parmi ceux-là même qui nous brutalisaient, terrorisaient et pourchassaient nos papas sur la lointaine montagne en fumée.
Je ne saurai jamais par quel miracle toutes les parties alors ennemies à mort, s’étaient liguées pour faire endurer aux enfants le cruel supplice de l’école. Pourquoi donc nous contraindre à écouter et obéir à cet adulte en vareuse kaki, alors que jouer était si agréable.
Je m’étais révolté. Mes brumeux projets d’évasion, de fugue matinale prolongée avaient avorté faute d’allié sûr. Même ma mère d’habitude si indulgente avait rallié le triste camp de la conspiration ».
Un récit s’il en est, pour retracer un vécu enfoui au plus profond de son être avant d’en déborder les bornes et se répandre en de belles pages à lire. Et à faire lire…
Hafit Zaouche
Azul- Nombre de messages : 29959
Date d'inscription : 09/07/2008
Re: L’écrivain Rachid Oulebsir à Souk El Tenine le 16 janvier
http://www.lacitedz.net/content/l%E2%80%99%C3%A9crivain-rachid-oulebsir-%C3%A0-souk-el-tenine-le-16-janvier
Azul- Nombre de messages : 29959
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laic-aokas- Nombre de messages : 14024
Date d'inscription : 03/06/2011
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