La tragédie du M’zab et le silence criminel d'Alger

Aujourd'hui, la vallée du M'zab compte ses morts dans un silence assourdissant du gouvernement qui n'a rien vu, rien entendu et n'a douté de rien.

Autrement, serait-ce croyable qu'un Etat qui a réussi à stopper trois millions de manifestants soit incapable de mettre hors d'état de nuire une clique de quelques voyous de la pire espèce qui sèment le trouble et la haine jusqu'à provoquer la mort de plusieurs dizaines de jeunes Mozabites, dans l'impunité totale et sous les yeux des services de sécurité ? Comment expliquer l'incapacité ces fonctionnaires de sécurité devenus spectateurs ? En haut-lieu, manifestement les calculs sont au laisser-faire.

Le premier ministre, Sellal et son ministre de lIntérieur n'ont jamais cessé de promettre d’arrêter ce déluge humain sans que rien ne soit apporté sur le terrain. Pire, la situation s'est envenimée avec les morts de ces derniers jours.

En d'autre circonstances, la réaction du pouvoir est telle que tout rassemblement est vite contenu pour être dispersé en un rien de temps dans la violence la plus inouie. Dans la vallée du M'zab, il en est autrement.

Ceci me rappelle un certain 10 janvier 1990, à Batna, lorsque le RCD, dans un défi lancé aux intégristes du FIS, avait décidé d'organiser une marche dans cette ville que l'islamisme voulait interdire au courant démocratique. Chose faite, des militants démocrates arrivèrent ce jour-là de très bonne heure pour organiser leur marche. A peine avaient-ils entamé leur procession que des barbus en kamis les attaquèrent à coups de bâtons, de pierres, de sabres, sous leurs cris d'"Allah ouakbar". Les services de sécurité, plutôt de se contrer ces intégristes déchaînés, avaient préféré se mettre en retrait pour laisser faire et permettre aux agresseurs sans foi d'interdire Batna à d'autres Algériens.

C'est dans cet esprit ségrégationniste, dans une réponse à Saïd Sadi, que le ministre de l'intérieur de l'époque, Mohammedi, eut cette réaction à la limite de la perversion: "Mais pourquoi aller à Batna"?

En Kabylie, en 2001 et 2002, 126 jeunes sont assassinés dans l'indifférence totale des autorités. Aujourd'hui, Ghardaia est à feu et à sang et le gouvernement se complaît dans son silence, un silence assassin, car ce silence autorise, permet, encourage et dope des assassins à semer la mort.

Ce gouvernement est responsable, continuer à se taire serait passible devant la cour pénale internationale de non-assistance à population en danger d'extermination.

Comme si son silence n'était pas suffisant, le voilà à réprimer, ce matin, un rassemblement pacifique, tenu à Alger pour dénoncer la mort de mozabites à Ghardaia!Le gouvernement algérien vient de prendre effet et cause dans un conflit qu'il a ignoblement créé, nourri, entretenu, alimenté et couvert.