Béjaia... la chaleureuse
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Béjaia... la chaleureuse
Béjaia... la chaleureuse
vendredi 9 janvier 2009, par Louenas H.
(...)
Si je tentais de dire Bejaia en termes simples, comment je décrirais ma balade avec Céline ? Comment je décrirais, de l’œil d’un revenant, une ville longtemps après que je l’eusse quittée ? Bejaia est belle. Bejaia est chaleureuse. On y sent partout la Méditerranée ; le cri, le geste, les odeurs, les senteurs, les gens n’y sont pas stressés ou pressés, le monde est tranquille, tout le monde connaît tout le monde, le monde semble sortir en ballade, de temps à autre une engueulade éclate, s’ensuit une petite escarmouche, mais pas plus, pas plus que c’est juste comme ça, une habitude irréfrénable, les âmes de soleil bouillonnent, le marchand de fruits qui, de son cri assourdissant, évoque Dieu et saints que sa marchandise est inégalable, le bourdonnement en chœur des mouches autour de la poissonnerie, le vendeur de sardines s’extrayant le gosier et froissant les billets d’argent comme des feuilles encombrantes, les rires en éclats, l’humour a foison, les vendeurs de cigarettes à l’unité, les encombrements des voitures et les policiers qui ont du mal, les piétons qui n’ont rien a cirer des rares feux rouges, les filles s’adonnant à des gloussements espiègles et attractifs, les cafés pleins a craquer à se poser la question qui construit cette ville ! Les vieux enturbannés ou en chapeaux de paille, aux marches nonchalantes et qui trouveront toujours a dire qu’il n’y a pas le feu ! Le sifflement admiratif de ce groupe de jeunes guindés au passage de cette femme à la démarche d’une miss et aux chaussures à talons aiguille. Plus loin, dans la venelle discrète, un bel homme qui réussit sa chasse, la belle femme lui gribouillait déjà, sur un papier froissé ou carrément sur sa main, son numéro de téléphone, le jeune peut maintenant bifurquer dans un café, ses amis l’y attendent, il ne manquera pas de se vanter et eux de lui tendre l’ouïe, la leçon sur la manière d’appâter le poisson est inévitablement à venir. Le commerçant grognard, qui en a ras le bol de ces mendiants qui empuantissent son commerce et qui font fuir les belles femmes et les riches en costumes, mais ils récidiveront quand même et, à nouveau, lorsque le ventripotent commerçant brandira son balai, il n’omettra pas de raconter à son client, encore là, que ces mendiants, en réalité, faisaient du business et qu’ils étaient parmi les plus riches de la région. Parfois c’est vrai, souvent c’est juste pour justifier sa radinerie. La vieille en haïk qui vendait illicitement de l’or et de l’argent et qui ameuta plusieurs autres vieilles, au passage du policier fit mine comme si de rien n’était. Il est 13 heures, les prix commencent à tomber. Les avares, c’est là qu’ils commencent leurs courses. Bientôt le muezzin appellera à la prière, vite pensent les commerçants, la course aux clients restants ! Le soleil est juste au-dessus, verticalement assommeur, il a léché toutes les ombres. Il fait chaud, le soleil est anormalement riant, en petites tenues, les garçons, les sacs a dos et les parasols, les filles, les jupes en froufrous, aujourd’hui la mer est étale, un immense bouillon inerte, c’est pour ça qu’il fait chaud, le plongeon rafraîchira, et pour les garçons le souhait de beaucoup de filles en maillots deux pièces et peut-être le début d’un petit amour d’été. Les amours sans regrets, sans promesses, les amours franches. Les vieux eux, les paupières déjà lourdes, une sieste ne fera que du bien. Allongés à l’ombre d’un figuier, olivier, noisetier, là où l’ombre est un doux parapluie, là où la brise de la mer ; elle humidifiera et accélérera le processus d’un évanescent oubli. La sieste en Méditerranée sonne comme un mode de vie. La ville est à nouveau calme, n’y erre que le silence. La ville s’en va en excursion. Mais l’excursion est courte. Le soleil commence à se noyer derrière la montagne. L’air est doux. Allégrement, les rues recommencent le spectacle. Maintenant il y a plus de filles et de femmes. La ville devient un immense mannequinât : les cliquetis, les lorgnades, les gloussements. Les regards s’échangent, peut être un regard qui ira se nicher aux fins fond de l’âme, comme une flèche messagère, et l’histoire commence. Une histoire de préférence clandestine pour qu’elle ait la succulence d’un mur fruit dérobé. Les mots sont choisis, vite il faut séduire avant la noyade finale du soleil derrière la montagne du Gouraya. La mer s’ensanglantera, les poètes c’est maintenant qu’ils sortiront. Le coucher est leur muse, les cœurs apaisés, le silence du coucher est une symphonie, ils y accrocheront, comme des bouteilles jetées à la mer, un poème, un souhait, une prière, les idéalistes fignolent les rêves ! Ensuite, ils céderont la nuit pour les fêtards, les ivrognes, les amours interdites. Bientôt, sur le grand rocher noirâtre, la petite île aux ressacs violents ou aux clapotis exquis, des petites lueurs brilleraient, un feu crépiterait, une musique égaillerait, et les jeunes y noieraient leurs amertumes dans une cuite fougueuse, et le cannabis les transporterait loin, loin derrière cette mer qu’ils n’apprécient qu’en haie insurmontable et qui les empêche d’explorer le paradis inatteignable Mais ils ne sont pas violents, ils ont tout juste mal : un amour irréalisé, une promesse non tenue, un job qui ne vient jamais. Alors, ils y riront, chanteront, danseront, fumeront, pour oublier, pour, au moins, atteindre les paradis artificiels.
source: http://www.kabyles.net/Bejaia-la-chaleureuse.html
vendredi 9 janvier 2009, par Louenas H.
(...)
Si je tentais de dire Bejaia en termes simples, comment je décrirais ma balade avec Céline ? Comment je décrirais, de l’œil d’un revenant, une ville longtemps après que je l’eusse quittée ? Bejaia est belle. Bejaia est chaleureuse. On y sent partout la Méditerranée ; le cri, le geste, les odeurs, les senteurs, les gens n’y sont pas stressés ou pressés, le monde est tranquille, tout le monde connaît tout le monde, le monde semble sortir en ballade, de temps à autre une engueulade éclate, s’ensuit une petite escarmouche, mais pas plus, pas plus que c’est juste comme ça, une habitude irréfrénable, les âmes de soleil bouillonnent, le marchand de fruits qui, de son cri assourdissant, évoque Dieu et saints que sa marchandise est inégalable, le bourdonnement en chœur des mouches autour de la poissonnerie, le vendeur de sardines s’extrayant le gosier et froissant les billets d’argent comme des feuilles encombrantes, les rires en éclats, l’humour a foison, les vendeurs de cigarettes à l’unité, les encombrements des voitures et les policiers qui ont du mal, les piétons qui n’ont rien a cirer des rares feux rouges, les filles s’adonnant à des gloussements espiègles et attractifs, les cafés pleins a craquer à se poser la question qui construit cette ville ! Les vieux enturbannés ou en chapeaux de paille, aux marches nonchalantes et qui trouveront toujours a dire qu’il n’y a pas le feu ! Le sifflement admiratif de ce groupe de jeunes guindés au passage de cette femme à la démarche d’une miss et aux chaussures à talons aiguille. Plus loin, dans la venelle discrète, un bel homme qui réussit sa chasse, la belle femme lui gribouillait déjà, sur un papier froissé ou carrément sur sa main, son numéro de téléphone, le jeune peut maintenant bifurquer dans un café, ses amis l’y attendent, il ne manquera pas de se vanter et eux de lui tendre l’ouïe, la leçon sur la manière d’appâter le poisson est inévitablement à venir. Le commerçant grognard, qui en a ras le bol de ces mendiants qui empuantissent son commerce et qui font fuir les belles femmes et les riches en costumes, mais ils récidiveront quand même et, à nouveau, lorsque le ventripotent commerçant brandira son balai, il n’omettra pas de raconter à son client, encore là, que ces mendiants, en réalité, faisaient du business et qu’ils étaient parmi les plus riches de la région. Parfois c’est vrai, souvent c’est juste pour justifier sa radinerie. La vieille en haïk qui vendait illicitement de l’or et de l’argent et qui ameuta plusieurs autres vieilles, au passage du policier fit mine comme si de rien n’était. Il est 13 heures, les prix commencent à tomber. Les avares, c’est là qu’ils commencent leurs courses. Bientôt le muezzin appellera à la prière, vite pensent les commerçants, la course aux clients restants ! Le soleil est juste au-dessus, verticalement assommeur, il a léché toutes les ombres. Il fait chaud, le soleil est anormalement riant, en petites tenues, les garçons, les sacs a dos et les parasols, les filles, les jupes en froufrous, aujourd’hui la mer est étale, un immense bouillon inerte, c’est pour ça qu’il fait chaud, le plongeon rafraîchira, et pour les garçons le souhait de beaucoup de filles en maillots deux pièces et peut-être le début d’un petit amour d’été. Les amours sans regrets, sans promesses, les amours franches. Les vieux eux, les paupières déjà lourdes, une sieste ne fera que du bien. Allongés à l’ombre d’un figuier, olivier, noisetier, là où l’ombre est un doux parapluie, là où la brise de la mer ; elle humidifiera et accélérera le processus d’un évanescent oubli. La sieste en Méditerranée sonne comme un mode de vie. La ville est à nouveau calme, n’y erre que le silence. La ville s’en va en excursion. Mais l’excursion est courte. Le soleil commence à se noyer derrière la montagne. L’air est doux. Allégrement, les rues recommencent le spectacle. Maintenant il y a plus de filles et de femmes. La ville devient un immense mannequinât : les cliquetis, les lorgnades, les gloussements. Les regards s’échangent, peut être un regard qui ira se nicher aux fins fond de l’âme, comme une flèche messagère, et l’histoire commence. Une histoire de préférence clandestine pour qu’elle ait la succulence d’un mur fruit dérobé. Les mots sont choisis, vite il faut séduire avant la noyade finale du soleil derrière la montagne du Gouraya. La mer s’ensanglantera, les poètes c’est maintenant qu’ils sortiront. Le coucher est leur muse, les cœurs apaisés, le silence du coucher est une symphonie, ils y accrocheront, comme des bouteilles jetées à la mer, un poème, un souhait, une prière, les idéalistes fignolent les rêves ! Ensuite, ils céderont la nuit pour les fêtards, les ivrognes, les amours interdites. Bientôt, sur le grand rocher noirâtre, la petite île aux ressacs violents ou aux clapotis exquis, des petites lueurs brilleraient, un feu crépiterait, une musique égaillerait, et les jeunes y noieraient leurs amertumes dans une cuite fougueuse, et le cannabis les transporterait loin, loin derrière cette mer qu’ils n’apprécient qu’en haie insurmontable et qui les empêche d’explorer le paradis inatteignable Mais ils ne sont pas violents, ils ont tout juste mal : un amour irréalisé, une promesse non tenue, un job qui ne vient jamais. Alors, ils y riront, chanteront, danseront, fumeront, pour oublier, pour, au moins, atteindre les paradis artificiels.
source: http://www.kabyles.net/Bejaia-la-chaleureuse.html
Zhafit- Admin
- Nombre de messages : 13508
Date d'inscription : 26/04/2008
Re: Béjaia... la chaleureuse
reponse(s) a cet article
Béjaia... la chaleureuse 10 janvier 01:10
Il y a une faute d’orthographe assez récurrente : Bejaia Vgayet ou Bougie conviendrait mieux
Béjaia... la chaleureuse 10 janvier 01:10
Il y a une faute d’orthographe assez récurrente : Bejaia Vgayet ou Bougie conviendrait mieux
Zhafit- Admin
- Nombre de messages : 13508
Date d'inscription : 26/04/2008
Bgayet telha !
Bien sûr, Bgayet telha, mais uniquement chez les poètes et dans la fameuse chanson de Cherif Kheddam. C'est dire que Bgayet, cette ville à laquelle la bougie doit son nom, ses habitants, j'allais dire ses indus occupants, sont indignes de ce qu'elle peut receler comme atouts à tous les niveaux, atouts qui font d'elle une valeur sûre dans le concert des villes historiques et touristiques. Autrement dit, Bgayet, Béjaïa, Bougie, aurait pu être une vraie bougie si à la tête de ses institutions et de ses instances étatiques étaient des hommes compétents et intègres, soucieux du développement durable de leur région, de leur ville. Car il ne suffit pas d'avoir un potentiel naturel, il faut aussi savoir le gérer, le pérenniser. Il ne suffit pas, non plus, de bâtir des deumeures cossues et des hôtels***** pour faire de sa ville une ville accueillante ; il faut aussi avoir l'intelligence de concevoir des rues et des trottoirs bien finis et qui n'usent pas les chaussures les plus solides, il faut aussi savoir mettre un terme aux odeurs nauséabondes qui accueillent le visiteur dès qu'il arrive aux portes de la ville. Ayen-nnid'en d asefru.
ama- Nombre de messages : 6
Date d'inscription : 30/01/2009
Devine !
Fellag a fait dire à un de ses personnages : "Allez ! Devine !"
J'ai bien apprécié le style dans lequel tu as écrit "Bgayet la chaleureuse". J'ai répondu à la remarque sur l'orthographe.
Présentement, c'est un message personnel que je voudrais t'adresser, ô Zhafit ! Je ne sais pas si tu peux te souvenir de l'école primaire d'Aweqqas, au CM1. Moi, je me souviens parfaitement et surtout des séances de lecture avec l'instituteur Saadi Hocine, je me souviendrai toujours de ta diction nonchalante, sur un ton monocorde mais ô combien berceur ! Je me souviens aussi du fait que contre vents et marées tu avais un bon coeur ! (rien à voir avec : "contre mauvais fortune bon coeur").
Te souviens-tu du fameux "cheval" qui sautait les classes ?
J'ai bien apprécié le style dans lequel tu as écrit "Bgayet la chaleureuse". J'ai répondu à la remarque sur l'orthographe.
Présentement, c'est un message personnel que je voudrais t'adresser, ô Zhafit ! Je ne sais pas si tu peux te souvenir de l'école primaire d'Aweqqas, au CM1. Moi, je me souviens parfaitement et surtout des séances de lecture avec l'instituteur Saadi Hocine, je me souviendrai toujours de ta diction nonchalante, sur un ton monocorde mais ô combien berceur ! Je me souviens aussi du fait que contre vents et marées tu avais un bon coeur ! (rien à voir avec : "contre mauvais fortune bon coeur").
Te souviens-tu du fameux "cheval" qui sautait les classes ?
ama- Nombre de messages : 6
Date d'inscription : 30/01/2009
Re: Béjaia... la chaleureuse
je crois que tu me confonds avec une autre personne ay Amdakel : je n'ai jamais eu Saadi Hocine comme enseignant de français
Zhafit- Admin
- Nombre de messages : 13508
Date d'inscription : 26/04/2008
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