Les Kabyles à l'assaut de la laïcité

Les kabyles et la laïcité en Algérie

Les médias rendent compte du combat courageux et légitime mené à Tizi Ouzou (ville algérienne jusqu'à preuve du contraire) pour la laïcité, un combat récurrent qui revient périodiquement à l'occasion du Ramadan, un combat vieux comme l'Algérie post-coloniale, lorsque dans les années 60, l'élite algérienne et les cadres supérieurs de l'Etat se retrouvaient dans quelques restaurants bon chic bon genre où on servait une charcuterie à base de marcassins quasi ''hallelisée'', considéré plus comme gibier que comme une cochonaille ordinaire, et on buvait du bon vin du crû, tout cela sur des sites stratégiques. autour de la Faculté d'Alger, pas loin du Palais du Gouvernement. L'on faisait ripaille entre hommes le midi en plein mois de carême pendant que d'autres algériens, tous aussi respectables, s'adonnaient comme d'habitude, discrètement et paisiblement à leur prière de la mi journée, qui dans leurs bureaux, qui à leur domicile ou dans les mosquées. Il n'y avait pas alors de pétrole, mais qu'est-ce qu'il faisait bon vivre dans un esprit de tolérance et du savoir-vivre, du bien-vivre ensemble. Les algériens alors fiers de leur combat victorieux pour leur indépendance œuvraient collectivement et solidairement à la construction de leur pays dans l'unité et dans la fraternité. Aujourd'hui ils s'occupent à s'approprier individuellement, par familles, par régions ou par ethnies la rente pétrolière, quitte à transformer leur pays en bazar où tout se vend et s'achète et où rien ne se produit. La religion est instrumentalisée comme facteur de haine et de division alors qu'elle a joué un rôle de lien, de solidarité et de mobilisation durant la période coloniale et les premières décennies après l'Indépendance.
Est-il besoin de rappeler que ce combat pour la liberté de faire ou ne pas faire le Ramadan a été mené avec courage et abnégation dans ces années 60 par Bourguiba en Tunisie, ce grand leader africain qui a montré en ce domaine les enjeux de la laïcité pour donner l'exemple et montrer le chemin à ses compatriotes.
Ce qui gène dans la façon dont est médiatisé le mouvement pour la laïcité et la liberté de culte c'est qu'en le focalisant sur la Kabylie, une région motrice pour l'Algérie et au-delà de par la qualité et le dynamisme de ses ressources humaines, on donne l'impression que ce combat légitime est un combat identifié et focalisé sur la seule frange des Kabyles non musulmans, aussi courageux et respectables soient-ils, alors que cela devrait être un combat de tous les algériens et des algériennes surtout, sans considération de leur confession et de leur région ou de leur ethnie. Il est et devrait être commun à l'ensemble de l'Algérie dans et hors de ses frontières.
Sauf à vouloir s'inscrire dans une démarche de création et de saisie de toutes opportunités pour déstabiliser un pouvoir algérien moribond en suscitant des alliances de circonstance au regard des événements qui se passent sous nos yeux au Mali ou en Syrie ou en Libye. Mais là nous entrons dans un autre débat !
En tout état de cause, renommé ces échanges en ''laïcité en Algérie'' serait peut-être plus mobilisateur même si le combat est porté par les fiers fils (et filles ?) de la fière et indomptable Kabylie.
Par avance, Bonne fête de Laïd aux musulmans pratiquants en Kabylie, en Algérie, au Maghreb, en France et de par le monde

http://blogs.mediapart.fr/blog/autre-onu-pour-autre-monde/040813/les-kabyles-lassaut-de-la-laicite