Entretien avec le Dr Kamal BOUAMARA, enseignant de littérature Amazighe “Le lecteur s’intéresse de plus en plus au livre amazigh”
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Entretien avec le Dr Kamal BOUAMARA, enseignant de littérature Amazighe “Le lecteur s’intéresse de plus en plus au livre amazigh”
Entretien avec le Dr Kamal BOUAMARA, enseignant de littérature Amazighe
“Le lecteur s’intéresse de plus en plus au livre amazigh”
Source : Liberté, Mercredi 24 Fevrier 2010
Kamal Bouamara, docteur ès lettres, enseigne la littérature amazighe à l’université de Béjaïa depuis 1995. Il est l’auteur de traductions remarquables et d’un recueil de nouvelles, Nekni d wiyid (nous et les autres). Il s’est penché sur l’étude du répertoire poétique du poète chanteur Si Lbachir Amellah dans le cadre de son mémoire de magistère et de doctorat dont une partie de cette thèse a été publiée aux éditions Talantikit (Béjaïa).
Liberté : Vous êtes enseignant de tamazight à l'université de Béjaïa. Pouvez-vous nous dresser un état des lieux sur l'enseignement de tamazight ?
ll Dr Kamal Bouamara : Pour dresser un état des lieux, il n’y a qu’au niveau de cette région où l’on peut vraiment parler d’expérience dans l’enseignement de tamazight. Commençons par l’aspect quantitatif. Les deux départements de langue et culture amazighes (DLCA), ouverts au début des années 1990, ont formé d’ores et déjà plusieurs centaines de licenciés, plusieurs dizaines de magistérants et plusieurs docteurs. À titre d’exemple, le DLCA de Bgayet compte en son sein plus de 1 500 étudiants en licence et deux à trois dizaines de post-graduants (magistère et doctorat) ; le nombre d’enseignants permanents qui y travaillent tourne autour de 30, dont
7 ou 8 sont titulaires d’un doctorat. Par ailleurs, parmi les licenciés formés par ces DLCA (en majorité) à l’enseignement, beaucoup ont été déjà recrutés par les différents paliers de l’éducation à titre permanent, contractuel ou vacataire.
Et à l'échelle internationale ?
ll À l’échelle internationale, on notera que depuis quelques années, la “réhabilitation” de cette langue au Maroc est effective. L’enseignement de cette langue dans ce pays est, en effet, prometteur. En France, mis à part ce qui se fait dans certaines universités, à l’instar de l’Inalco, de l’Ehess (Paris) et d’Aix-en-Provence, je ne sais s’il y a autre chose de nouveau. J’allais oublier que tamazight (kabyle et chleuh) constitue une épreuve facultative au bac français depuis quelques décennies déjà.
Vous êtes également écrivain en tamazight et traducteur. Étant, d'autre part, chercheur, vous êtes idéalement placé pour nous faire un autre état des lieux, celui de la littérature et de la poésie en tamazight…
ll Il est important de souligner qu’aujourd’hui beaucoup écrivent dans cette langue ; il y a un peu de tout : poésie, roman, nouvelle, théâtre, essais… D’autre part, les lecteurs s’intéressent de mieux en mieux au livre d’expression amazighe. Certains libraires de la ville de Béjaïa estiment que le livre d’expression amazighe s’achète mieux que les livres écrits en arabe et en français. Et je pense qu’il n’y a, de leur part, ni exagération ni excès de zèle. Au cours de la vente-dédicace de mon recueil de nouvelles, que les responsables des éditions Tira et la librairie du Pont – que je remercie au passage – ont conjointement organisée, j’ai signé, en quelques heures, entre 30 et 40 exemplaires. Aux dires de certains libraires, c’était là un exploit ! Par ailleurs, les éditeurs sont preneurs ; beaucoup en publient aujourd’hui, y compris les éditeurs publics comme l’Enag. J’en conclus donc que les conditions de production et de réception du livre d’expression amazighe, notamment ceux qui portent sur la littérature, s’améliorent d’année en année. Mais aux dires de certains professionnels du livre (amazigh), celui qui s’achète le plus est celui qui porte sur le vocabulaire et le lexique, en général.
Quels sont vos projets dans le domaine littéraire amazigh : création, traduction, manifestations culturelles, etc. ?
ll En parlant de lexique justement, j’ai un projet de publication d’un dictionnaire monolingue kabyle-kabyle qui sera mis en vente très bientôt. La version 2010 contient quelque 6 000 entrées, mais les éditions suivantes seront certainement plus étoffées et plus riches, aussi bien en informations linguistiques qu’iconographiques. C’est donc un grand projet, un projet programmatique ! C’est un ouvrage très important pour l’apprentissage et l’enseignement de cette langue, aussi bien en contexte qu’en dehors, mais également important pour l’édification de cette langue et sa mise en valeur.
Par : abdelaziz Yessad
“Le lecteur s’intéresse de plus en plus au livre amazigh”
Source : Liberté, Mercredi 24 Fevrier 2010
Kamal Bouamara, docteur ès lettres, enseigne la littérature amazighe à l’université de Béjaïa depuis 1995. Il est l’auteur de traductions remarquables et d’un recueil de nouvelles, Nekni d wiyid (nous et les autres). Il s’est penché sur l’étude du répertoire poétique du poète chanteur Si Lbachir Amellah dans le cadre de son mémoire de magistère et de doctorat dont une partie de cette thèse a été publiée aux éditions Talantikit (Béjaïa).
Liberté : Vous êtes enseignant de tamazight à l'université de Béjaïa. Pouvez-vous nous dresser un état des lieux sur l'enseignement de tamazight ?
ll Dr Kamal Bouamara : Pour dresser un état des lieux, il n’y a qu’au niveau de cette région où l’on peut vraiment parler d’expérience dans l’enseignement de tamazight. Commençons par l’aspect quantitatif. Les deux départements de langue et culture amazighes (DLCA), ouverts au début des années 1990, ont formé d’ores et déjà plusieurs centaines de licenciés, plusieurs dizaines de magistérants et plusieurs docteurs. À titre d’exemple, le DLCA de Bgayet compte en son sein plus de 1 500 étudiants en licence et deux à trois dizaines de post-graduants (magistère et doctorat) ; le nombre d’enseignants permanents qui y travaillent tourne autour de 30, dont
7 ou 8 sont titulaires d’un doctorat. Par ailleurs, parmi les licenciés formés par ces DLCA (en majorité) à l’enseignement, beaucoup ont été déjà recrutés par les différents paliers de l’éducation à titre permanent, contractuel ou vacataire.
Et à l'échelle internationale ?
ll À l’échelle internationale, on notera que depuis quelques années, la “réhabilitation” de cette langue au Maroc est effective. L’enseignement de cette langue dans ce pays est, en effet, prometteur. En France, mis à part ce qui se fait dans certaines universités, à l’instar de l’Inalco, de l’Ehess (Paris) et d’Aix-en-Provence, je ne sais s’il y a autre chose de nouveau. J’allais oublier que tamazight (kabyle et chleuh) constitue une épreuve facultative au bac français depuis quelques décennies déjà.
Vous êtes également écrivain en tamazight et traducteur. Étant, d'autre part, chercheur, vous êtes idéalement placé pour nous faire un autre état des lieux, celui de la littérature et de la poésie en tamazight…
ll Il est important de souligner qu’aujourd’hui beaucoup écrivent dans cette langue ; il y a un peu de tout : poésie, roman, nouvelle, théâtre, essais… D’autre part, les lecteurs s’intéressent de mieux en mieux au livre d’expression amazighe. Certains libraires de la ville de Béjaïa estiment que le livre d’expression amazighe s’achète mieux que les livres écrits en arabe et en français. Et je pense qu’il n’y a, de leur part, ni exagération ni excès de zèle. Au cours de la vente-dédicace de mon recueil de nouvelles, que les responsables des éditions Tira et la librairie du Pont – que je remercie au passage – ont conjointement organisée, j’ai signé, en quelques heures, entre 30 et 40 exemplaires. Aux dires de certains libraires, c’était là un exploit ! Par ailleurs, les éditeurs sont preneurs ; beaucoup en publient aujourd’hui, y compris les éditeurs publics comme l’Enag. J’en conclus donc que les conditions de production et de réception du livre d’expression amazighe, notamment ceux qui portent sur la littérature, s’améliorent d’année en année. Mais aux dires de certains professionnels du livre (amazigh), celui qui s’achète le plus est celui qui porte sur le vocabulaire et le lexique, en général.
Quels sont vos projets dans le domaine littéraire amazigh : création, traduction, manifestations culturelles, etc. ?
ll En parlant de lexique justement, j’ai un projet de publication d’un dictionnaire monolingue kabyle-kabyle qui sera mis en vente très bientôt. La version 2010 contient quelque 6 000 entrées, mais les éditions suivantes seront certainement plus étoffées et plus riches, aussi bien en informations linguistiques qu’iconographiques. C’est donc un grand projet, un projet programmatique ! C’est un ouvrage très important pour l’apprentissage et l’enseignement de cette langue, aussi bien en contexte qu’en dehors, mais également important pour l’édification de cette langue et sa mise en valeur.
Par : abdelaziz Yessad
Azul- Nombre de messages : 29959
Date d'inscription : 09/07/2008
aokas-aitsmail- Nombre de messages : 1819
Date d'inscription : 01/03/2010
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