Evènements dans le Sud algérien : le gouvernement désemparé, Bouteflika silencieux
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Evènements dans le Sud algérien : le gouvernement désemparé, Bouteflika silencieux
« Il y a un seul pays, l'Algérie. On n'oppose pas le Nord et le Sud », a déclaré, samedi à Alger, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Dahou Ould Kablia, à la faveur d’une cérémonie d’installation de nouveaux walis. À qui répond le ministre ? Ce n’est pas clair. Personne n’a publiquement opposé le « Sud » au « Nord » de l’Algérie. Mais Dahou Ould Kablia paraît reprendre à son compte le discours de culpabilisation monté contre les jeunes chômeurs de Ouargla et de Laghouat, qui, depuis des mois, font entendre leur colère dans la rue.
Le jeudi 14 mars, les chômeurs du Sud envisagent d’organiser une « maliounia » (une marche d’un million de participants) à Ouargla pour dénoncer l’attitude méprisante du gouvernement à leur égard et à leurs revendications. « Notre premier objectif est de répondre aux déclarations de Abdelmalek Sellal, qui nous a traités, le 24 février dernier à In Amenas, de ‘‘cherdima’’, c'est-à-dire un groupe de malfaiteurs », a déclaré à TSA Tahar Belabès, porte-parole du CNDDC, organisateur de la manifestation du 14 mars. L’entourage de Abdelmalek Sellal dément que le Premier ministre ait utilisé ce mot. Mais l’initiative des jeunes du Sud montre l’étendue de la rupture entre la population et le pouvoir.
Il est évident que la levée de l’état d’urgence en 2011 n’a rien changé à la donne politique en Algérie. Il est toujours interdit - sans aucun fondement légal - de manifester pacifiquement dans la rue. À Alger, à Ouargla, à Batna ou à Saïda, la police ou la gendarmerie empêche à chaque fois les sorties dans la rue. Et les responsables politiques tentent à chaque fois de justifier l’interdit par des explications basées sur l’anathème et sur les accusations à l’emporte-pièce. Louisa Hanoune, leader du Parti des travailleurs, adepte permanente de « la théorie du complot », s’est, elle aussi, mêlée à l’expédition et a accusé les jeunes protestataires du Sud de vouloir « déstabiliser » le pays avec des appuis étrangers. Pas moins !
L’État et « eux » !
Pire, au lieu de calmer le jeu, Dahou Ould Kablia, lors de la même réunion de samedi, s’est permis cette malheureuse réflexion : « L'État fait le maximum pour eux. » Ce méprisant « eux » désigne bien les Algériens du Sud. « Au cours de nos dernières réunions, nous avons observé l'engagement des populations et des notables du Sud pour confirmer leur reconnaissance vis-à-vis de l'État et l'engagement à défendre les objectifs du gouvernement au profit de cette région », a soutenu le ministre. Les Algériens du Sud sont donc tenus, voire forcés, de « reconnaître » ce que l’État, qui est finalement leur État, fait pour « eux ». Sinon ? La répression (ou peut-être la manipulation) policière sera là pour répondre à « la révolte » programmée.
Dahou Ould Kablia ne s’arrête pas là. Il reconnaît implicitement qu’il a échoué à gérer la crise au Sud, en ajoutant ceci : « C'est le Premier ministre qui a demandé à promouvoir le dialogue avec les autorités locales. » Et que fait le ministre de l’Intérieur ? Rien, ou, mieux, il attend les ordres du Premier ministre. Et on remarque que le gouvernement « dialogue » avec les « autorités locales », pas avec la population, avec les jeunes protestataires et la société civile autonome. Que fait le Parlement ? Silence radio. Et qu’en est-il du président Abdelaziz Bouteflika, « président de tous les Algériens » ? Le locataire d’El Mouradia, qui consacre des heures à discuter avec des visiteurs français de troisième ordre, n’a eu aucun mot apaisant envers les populations du Sud.
Bouteflika, qui a autorisé les avions militaires français à survoler le territoire algérien pour bombarder le Mali, semble ignorer ou minimiser les enjeux de la déstabilisation de la zone sahélo-saharienne. Qu’est-ce qui empêche le chef de l’État de se déplacer au Sud, d’y réunir le Conseil des ministres et d’y prendre des décisions sérieuses, séance tenante ? A priori, rien. Mais le chef de l’État s’intéresse-t-il réellement à ce qui se passe en Algérie ? N’a-t-il pas pris plusieurs semaines avant de réagir à l’attaque terroriste d’In Amenas, puis au scandale de Sonatrach ?
Le ministre de l’Intérieur, qui avait déjà promis l’élaboration d’un plan spécial Sud en avril 2012 sans tenir ses promesses, a annoncé de nouvelles mesures pour le recrutement des jeunes par des sociétés pétrolières. Pourquoi alors avoir attendu tout ce temps avant de passer à l’action ? Et pourquoi avoir laissé ces multinationales déplacer du personnel étranger, même pour des petits travaux qui ne nécessitent pas une grande qualification, sans réagir ? Quel est le sens véritable de la souveraineté ?
Faisant preuve d’un haut degré de conscience politique, les jeunes chômeurs disent vouloir protester en appelant à la défense de l’unité nationale. À Alger, ni Dahou Ould Kablia ni Sellal ne semblent l’avoir compris. Bouteflika, lui, s’occupe d’autres choses… en attendant la présidentielle d’avril 2014. C’est dans presque une année !
Le jeudi 14 mars, les chômeurs du Sud envisagent d’organiser une « maliounia » (une marche d’un million de participants) à Ouargla pour dénoncer l’attitude méprisante du gouvernement à leur égard et à leurs revendications. « Notre premier objectif est de répondre aux déclarations de Abdelmalek Sellal, qui nous a traités, le 24 février dernier à In Amenas, de ‘‘cherdima’’, c'est-à-dire un groupe de malfaiteurs », a déclaré à TSA Tahar Belabès, porte-parole du CNDDC, organisateur de la manifestation du 14 mars. L’entourage de Abdelmalek Sellal dément que le Premier ministre ait utilisé ce mot. Mais l’initiative des jeunes du Sud montre l’étendue de la rupture entre la population et le pouvoir.
Il est évident que la levée de l’état d’urgence en 2011 n’a rien changé à la donne politique en Algérie. Il est toujours interdit - sans aucun fondement légal - de manifester pacifiquement dans la rue. À Alger, à Ouargla, à Batna ou à Saïda, la police ou la gendarmerie empêche à chaque fois les sorties dans la rue. Et les responsables politiques tentent à chaque fois de justifier l’interdit par des explications basées sur l’anathème et sur les accusations à l’emporte-pièce. Louisa Hanoune, leader du Parti des travailleurs, adepte permanente de « la théorie du complot », s’est, elle aussi, mêlée à l’expédition et a accusé les jeunes protestataires du Sud de vouloir « déstabiliser » le pays avec des appuis étrangers. Pas moins !
L’État et « eux » !
Pire, au lieu de calmer le jeu, Dahou Ould Kablia, lors de la même réunion de samedi, s’est permis cette malheureuse réflexion : « L'État fait le maximum pour eux. » Ce méprisant « eux » désigne bien les Algériens du Sud. « Au cours de nos dernières réunions, nous avons observé l'engagement des populations et des notables du Sud pour confirmer leur reconnaissance vis-à-vis de l'État et l'engagement à défendre les objectifs du gouvernement au profit de cette région », a soutenu le ministre. Les Algériens du Sud sont donc tenus, voire forcés, de « reconnaître » ce que l’État, qui est finalement leur État, fait pour « eux ». Sinon ? La répression (ou peut-être la manipulation) policière sera là pour répondre à « la révolte » programmée.
Dahou Ould Kablia ne s’arrête pas là. Il reconnaît implicitement qu’il a échoué à gérer la crise au Sud, en ajoutant ceci : « C'est le Premier ministre qui a demandé à promouvoir le dialogue avec les autorités locales. » Et que fait le ministre de l’Intérieur ? Rien, ou, mieux, il attend les ordres du Premier ministre. Et on remarque que le gouvernement « dialogue » avec les « autorités locales », pas avec la population, avec les jeunes protestataires et la société civile autonome. Que fait le Parlement ? Silence radio. Et qu’en est-il du président Abdelaziz Bouteflika, « président de tous les Algériens » ? Le locataire d’El Mouradia, qui consacre des heures à discuter avec des visiteurs français de troisième ordre, n’a eu aucun mot apaisant envers les populations du Sud.
Bouteflika, qui a autorisé les avions militaires français à survoler le territoire algérien pour bombarder le Mali, semble ignorer ou minimiser les enjeux de la déstabilisation de la zone sahélo-saharienne. Qu’est-ce qui empêche le chef de l’État de se déplacer au Sud, d’y réunir le Conseil des ministres et d’y prendre des décisions sérieuses, séance tenante ? A priori, rien. Mais le chef de l’État s’intéresse-t-il réellement à ce qui se passe en Algérie ? N’a-t-il pas pris plusieurs semaines avant de réagir à l’attaque terroriste d’In Amenas, puis au scandale de Sonatrach ?
Le ministre de l’Intérieur, qui avait déjà promis l’élaboration d’un plan spécial Sud en avril 2012 sans tenir ses promesses, a annoncé de nouvelles mesures pour le recrutement des jeunes par des sociétés pétrolières. Pourquoi alors avoir attendu tout ce temps avant de passer à l’action ? Et pourquoi avoir laissé ces multinationales déplacer du personnel étranger, même pour des petits travaux qui ne nécessitent pas une grande qualification, sans réagir ? Quel est le sens véritable de la souveraineté ?
Faisant preuve d’un haut degré de conscience politique, les jeunes chômeurs disent vouloir protester en appelant à la défense de l’unité nationale. À Alger, ni Dahou Ould Kablia ni Sellal ne semblent l’avoir compris. Bouteflika, lui, s’occupe d’autres choses… en attendant la présidentielle d’avril 2014. C’est dans presque une année !
Nouara- Nombre de messages : 1104
Date d'inscription : 31/01/2009
Re: Evènements dans le Sud algérien : le gouvernement désemparé, Bouteflika silencieux
http://www.tsa-algerie.com/politique/evenements-dans-le-sud-algerien-le-gouvernement-desempare-bouteflika-silencieux_24020.html
Nouara- Nombre de messages : 1104
Date d'inscription : 31/01/2009
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