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Lettre de rappel du MAK au Gouvernement algérien.

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Lettre de rappel du MAK au Gouvernement algérien. Empty Lettre de rappel du MAK au Gouvernement algérien.

Message  aokas-aitsmail Mer 10 Mar - 19:59

Azul

Voici la lettre de rappel du MAK adressée au Gouvernement algérien et remise à Bruxelles avec l'ensemble du Mémorandum joint en pièce annexe.

Bonne lecture

TIMANIT I TMURT N YEQVAYLIYEN
MOVMENT FOR AUTONOMY OF KABYLIA
MOUVEMENT POUR L’AUTONOMIE DE LA KABYLIE








A LA PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE ALGERIENNE

AU GOUVERNEMENT ET AU PARLEMENT ALGERIENS



Copie : A M. Ban Ki moon, Secrétaire Général de l’ONU

Aux membres du Conseil de Sécurité de l’ONU

Aux membres de l’Union Européenne

A l’Union Africaine



Le 05/06/2008, notre Mouvement vous a adressé une demande officielle d’un statut d’autonomie régionale pour la Kabylie, avec copie aux instances internationales.

Plus de vingt (20) mois plus tard, n’ayant reçu nulle réponse de votre part, nous vous envoyons ce nouveau courrier pour vous signaler l’urgence qu’il y a à satisfaire cette légitime revendication.

Le M.A.K. estime qu’au nom de la raison et du bon sens, il lui faut une réponse autre que le mépris, le silence et la répression qui jusqu’ici ont caractérisé votre attitude.

A la veille du 30è anniversaire du Printemps d’avril 80 et du 9è anniversaire du « Printemps noir » d’avril 2001, la Kabylie est en droit d’espérer sa reconnaissance officielle et définitive par l’État algérien.

Cela couronnera tant de décennies d’épreuves que, vous et vos devanciers, lui avez infligées souvent de manière cruelle et sanglante depuis 1962. Cette reconnaissance sera aussi la plus belle manière de rendre hommage à toutes celles et à tous ceux qui sont tombés pour la liberté de la Kabylie, à toutes celles et à tous ceux qui ont sacrifié leur vie pour elle.

Ainsi, en a-t-il été avec tant de générations de Kabyles.

- De Fadma N Summer (1857), à Chikh Amar (1956), Amirouche et Abderrahmane Oumira (1959) ;

- De Ameqran (Mokrani) et Chikh Aheddad (1871) à Abane Ramdane (1957) ;

- D’Amar Imache (1960) à Bessaoud Mohand Arav (2002) ;

- De Mbarek At Mangellat, Amar At Hammuda et Bennaï Ouali (1956) à Krim Belkacem (1971) ;

- De Mouloud Feraoun(1962) à Mouloud Mammeri (1989) ;

- De Said Mekbel (1994) à Matoub Lounès (1998) ;

- Des 400 hommes tués par l’ANP dans les rangs du FFS en 1963-65 aux 127 jeunes tués par la Gendarmerie algérienne en 2001-2003 ;

- Des intellectuels comme Tahar Djaout, Mahfoud Boucebci ou Smail Yefsah aux militants politiques comme Rachid Tigziri, Djaffer Ouahioune, Mbarek Mahiout ou Achour Belghezli (années 93-94)

- De Me Ali Mecili (1987) à Ameziane Mehenni (2004) assassinés en France.

D’Ait Medri (1964) à Mohand Ouharoun (1996) et tant d’autres encore qui avaient moisi dans les prisons algériennes, qui y ont été humiliés, violentés, torturés par le régime algérien pour lequel le nom de Kabyle résonne toujours comme un ennemi…

Aujourd’hui, la Kabylie aspire au recouvrement de son propre droit à l’existence, droit reconnu par les lois internationales et dont la République Algérienne est, je le rappelle, signataire.

Le 20 avril 2010 doit être le jour de la liberté du peuple kabyle.

Son attente est si forte qu’une nouvelle déception lui serait intolérable.

Vive la Kabylie libre et autonome !

Vive l’Algérie plurielle



Pour le MAK,

Ferhat Mehenni

Bruxelles, le 25 février 2010.














TIMANIT I TMURT N YEQVAYLIYEN
MOVMENT FOR AUTONOMY OF KABYLIA
MOUVEMENT POUR L’AUTONOMIE DE LA KABYLIE

DEMANDE OFFICIELLE D’UN STATUT D’AUTONOMIE REGIONALE POUR LA KABYLIE


La question kabyle empoisonne le climat politique en Algérie depuis que celle-ci a accédé à son indépendance. Au bout de quarante-cinq ans de confrontation, les relations tendues entre le pouvoir algérien et la Kabylie ont structuré, de part et d’autre, des réflexes de défiance mutuelle qui, au fil du temps, n’ont fait que radicaliser leurs positions respectives. Leurs rapports sont minés par ce qu’il convient d’appeler le principe de la « rivalité mimétique », ceux d’ennemis irréductibles. L’avenir, selon cette logique et le processus enclenché par la rébellion armée de la Kabylie en 1963 ayant abouti à la révolte du « printemps noir » (2001-2003) en passant par le « printemps berbère » de 1980, est très gros de risques si, du moins, la Kabylie n’a pas son gouvernement autonome.

Car, entre la Kabylie et le pouvoir algérien, il n’y a pas qu’un malentendu, il y a un abîme.

D’un côté, la Kabylie qui avait son organisation propre avant la colonisation française de 1830[9] et contre laquelle butait déjà la Régence Turque d’Alger, croyait soit en un nouvel État algérien basé sur l’autonomie des Wilayas[10] de la guerre d’indépendance, soit en une Algérie confédérale dans laquelle la citoyenneté serait aux antipodes des « deux collèges » de la période coloniale qui discriminait les « indigènes » au profit des Européens. Bref, elle croyait en un possible recouvrement, ne serait-ce que partiel, de sa souveraineté perdue face à la France.

La guerre d’indépendance lancée le 1er novembre 1954 et sa Déclaration étaient davantage dictées par l’urgence historique qu’il y avait à mettre fin au système colonial que par la restauration d’un mythique État algérien. C’est en son nom que les berbéro nationalistes de 1949 furent sacrifiés et que la question de l’identité algérienne fut évacuée ; et c’est encore en son nom qu’ont étés commis les premiers assassinats politiques avec ceux de Bennai Ouali, Mbarek Ait-Manguellat et Amar Ould Hamouda[11]. Suivront ceux de Abane puis de Krim et de bien d’autres encore…

L’avenir de liberté était mal défini. Pire ! Il n’a été à aucun moment discuté entre les rédacteurs de la Déclaration du 1er novembre 1954 qui n’énumère que des principes généraux susceptibles d’entraîner le reste des régions du pays autres que la Kabylie et les Aurès qui étaient déjà prêts. L’essentiel était de déclencher un processus de violence armée devant mener, à terme, à l’indépendance de l’Algérie.

Les problèmes politiques internes étaient différés sine die. Le Congrès de la Soummam, tenu en Kabylie en pleine guerre et sur initiative d’un kabyle, Abane Ramdane, était préoccupé par les mêmes urgences et il fut contesté dans son fond comme dans sa forme par les adversaires déjà déclarés de la Kabylie et dont certains, même après avoir accédé à la magistrature suprême, en récusent à ce jour l’esprit et les termes.

Cette opposition n’avait pas empêché la Kabylie de s’engager corps et âme dans la guerre d’indépendance jusqu’à son terme, le 19 mars 1962.

C’était à ce moment-là que les responsables politico-militaires kabyles, ayant survécu à plus de sept ans de guerre, réalisèrent que leur idéal de liberté pour lequel la Kabylie avait tant donné, était en train de leur échapper. Ils engagèrent une nouvelle guerre contre le nouvel État algérien sous la bannière du FFS et de son leader charismatique Hocine Ait Ahmed, et sont qualifiés, par les tenants du régime, comme les berbéristes de 1949, de « sécessionnistes » et de « séparatistes ».

Après leur défaite face au régime d’Alger, les Kabyles ne se sont jamais reconnus dans l’État algérien qui se confond avec son pouvoir et seront toujours étiquetés comme « ennemis intérieurs », séparatistes, sécessionnistes, voire même « agents du colonialisme ». Quel triste et amère constat quand on connaît le sacrifice auquel a consenti la Kabylie pour la libération de l’Algérie.

Aussi, depuis l’indépendance de l’Algérie, la Kabylie tourne délibérément le dos au pouvoir algérien et à ses institutions oppressives. Luttant pour son identité, sa langue et sa culture dans un nouveau pays qui la nie et dans lequel elle est minoritaire, elle aspire à la démocratie et au respect des droits humains susceptibles de lui garantir un minimum d’espace de survie. C’est ainsi que la Kabylie a porté les coups de boutoirs les plus décisifs au parti unique à travers le « printemps berbère »[12] d’avril 1980 et la création de la 1ère Ligue Algérienne de Défense des Droits de l’Homme[13].

Après 1989, la Kabylie est de nouveau isolée et son rêve de fraterniser avec une Algérie ouverte et démocratique s’envole en fumées de feux de pneus et de barricades, de grèves générales, de sit-in, de matraques et de cette répression permanente qui la marque au fer pour, au moins, un siècle encore.

La Kabylie refuse de se dissoudre, dans une Algérie raciste, intégriste se définissant comme Arabe, antichambre d’une Algérie fasciste et arabo-islamiste à laquelle on arrive ces derniers temps. Ce refus s’est manifesté par la marche du 25 janvier 1990, le boycott scolaire de 1994/95, la révolte ayant suivi l’assassinat de Matoub Lounès le 25/06/1998, le massacre du « printemps noir » de 2001[14] et la marche historique du 14 juin 2001 qui a regroupé pas moins de deux millions de kabyles. Depuis près de 20 ans maintenant, la Kabylie manifeste son désaccord politique avec Alger par le BOYCOTT SYSTEMATIQUE DE TOUTES LES ELECTIONS (Référendums, présidentielles, législatives ou élections générales).

Du côté de l’État algérien, les actes sont plus graves. En héritant de l’État colonial français, le régime algérien en a prolongé les pratiques, les méthodes, les visions jacobines et les réflexes colonialistes, du moins envers les Kabyles dont l’identité, la langue et la culture sont déclarées subversives[15] et sont férocement combattues.

Le pouvoir algérien s’est donné pour objectif leur extinction définitive en mettant en place une politique de génocide culturel à travers l’arabisation de leur école qui n’a entr’ouvert ses portes (à la langue « amazighe » et non pas à la langue kabyle) que depuis 1996. La Constitution algérienne ne l’a intégrée qu’en 2002 en tant que « langue nationale » et non officielle, sans que cela ne se traduise par un changement réel de la situation linguistique[16] dans les institutions.

Bien au contraire, il y a un véritable Apartheid séparant des super-Algériens et des infra-Algériens. La loi discriminatoire et coloniale portant sur la généralisation de la langue arabe à l’exclusion formelle de notre langue naturelle et légitime, le kabyle, est en soi un exemple édifiant.

La politique de discrimination des « deux collèges » sur la base de l’identité culturelle tant décriée pendant la période coloniale est ainsi largement reconduite depuis 1962. Les Kabyles sont des sous-citoyens sur leur propre terre. Ils sont, emprisonnés, torturés, surveillés, provoqués, insultés, rackettés, assassinés et désignés à la vindicte nationale pour leur attachement à leur personnalité exclue de l’identité algérienne.

Jusqu’ici, tous ceux qui ont eu à présider aux destinées de l’Algérie ont poursuivi inlassablement une politique de dépersonnalisation de la Kabylie pour en finir avec son identité millénaire à travers une arabisation toujours recommencée et toujours plus sophistiquée. Ils n’ont jamais hésité à réprimer, assassiner, emprisonner et torturer des opposants ou des manifestants attachés à leur identité kabyle.

La résistance insoupçonnée de la Kabylie à ces assauts décuple à chaque fois la hargne des gouvernants à frapper plus fort, à aller plus loin dans leur hostilité et leur volonté de détruire les structures économiques, sociales et culturelles kabyles. Même leurs oliveraies n’y échappent pas et sont volontairement incendiées chaque été au napalm par l’armée algérienne.

Depuis une dizaine d’années, nous en sommes arrivés au quadrillage militaire de la Kabylie. Est-ce pour prévenir des intentions qu’elle n’a pas ou pour les susciter ? Quoi qu’il en soit, le pouvoir algérien, son armée et sa gendarmerie seront les seuls responsables de toute nouvelle flambée de violence en Kabylie.

On le voit, les suspicions et les méfiances mutuelles sont l’expression d’un compagnonnage mortifère où l’engrenage de la défiance a mené les deux parties à un point de non-retour. Le pouvoir algérien veut en découdre avec la Kabylie.

Les Kabyles n’ont plus confiance en l’État algérien quelles que puissent être ses déclarations qui sont immédiatement contredites par ses actes.

On n’effacera pas d’un coup d’éponge tant de décennies de souffrance, de discrimination, de meurtre et d’injustice à l’encontre d’un peuple.

Un peuple a toujours une mémoire. La nôtre, encore fraîchement meurtrie, nous interdit d’oublier les crimes commis contre la Kabylie de 1949 à 2001, en passant par 1963 et 1980. Rien ne pourra résoudre le problème kabyle sans justice et réparation pour tous les crimes commis contre la Kabylie.

La cicatrisation, elle, ne se fera que le jour où la Kabylie accédera à sa liberté.

Il est vital d’éviter l’usage de la force et les dérives de la violence pour résoudre dans le sens de l’Histoire et des droits reconnus à chaque peuple, la question kabyle.

Aussi, devant l’opinion nationale et internationale, au nom du Mouvement pour l’Autonomie de la Kabylie (M.A.K), nous proposons :

1 – La reconnaissance par l’État algérien, du peuple kabyle

2 – l’application d’un statut de large autonomie pour la Kabylie.

Les textes internationaux ratifiés par l’Algérie font, normalement, obligation à cette dernière d’accéder à cette demande officielle émanant d’une organisation kabyle se réclamant du principe des droits des peuples à disposer d’eux-mêmes.

En cas de doutes sur l’aspiration de la Kabylie à prendre en main son destin, nous proposons la tenue, le plus tôt possible, d’un référendum précédé d’un débat dans tous les villages et cités de la Région. Pour tout démocrate, le verdict des urnes est la seule façon de connaître la volonté d’un peuple.

Pour le MAK,

Ferhat MEHENNI ;Kabylie, Adekkar le 05/06/2008




[1] La crise berbériste de 1949 posa le problème de la définition de l’identité de la future république algérienne et surtout de la place de la berbérité dans cette future république.


[2] Déclenchement de la guerre de libération algérienne, le 1ier novembre 1954.


[3] Déclenchement par le Front des Forces Socialistes (F.F.S.) de l’insurrection armée kabyle contre la dictature installée à la tête du pays.


[4] Révolte Kabyle de 2001 à 2003 durant laquelle 126 jeunes kabyles furent assassinés par la gendarmerie algérienne.


[5] Le printemps berbère de 1980, « Tafsut Imazighen », est le premier mouvement populaire d’opposition à l(Etat algérien depuis 1962. ce mouvement populaire kabyle réclamait l’officialisation de la langue amazighe (berbère) ainsi que la reconnaissance et la promotion de la culture berbère en Algérie


[6] Berbères (en kab.) : fond civilisationnel, culturel et linguistique commun à l’ensemble des peuples d’Afrique du Nord.


[7] Pendant la guerre de libération algérienne, la Kabylie, alors Wilaya III, et les Aurès, qui constituent le cœur de la résistance au colonialisme français, seront les plus touchés par la répression coloniale.


[8] Ière et 2ième guerres mondiale


[9] Il est à noter que la Kabylie a fait l’objet de plusieurs expéditions coloniales et fut conquise en 1857 après la défaite de Fadhma N Soumer, soit 27 ans après Alger.


[10] Départements administratifs.


[11] Premiers assassinats politiques ordonnés par la direction politique du F.L.N. en 1956


[12] Voir note n°5.


[13] Créée en juin 1985, la plupart de ses fondateurs sont issus du Mouvement Culturel berbère


[14] Le massacre du Printemps Noir de 2001 a occasionné 127 victimes pour lesquelles une plainte sera adressée à la Cour Pénale Internationale, le Rapport Issad, pourtant accablant contre la gendarmerie algérienne, n’ayant eu aucune suite.


[15] Discours du président Chadli Benjedid au lendemain du 20 avril 1980 où il définissait la question kabyle comme un « vestige des pères blancs » et une création du colonialisme français.


[16] La langue kabyle est strictement interdite d’usage dans tous les domaines : administratifs, juridiques, scolaires etc.

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