DE L’ÉCOLE SINISTRÉE À LA SINISTRE UNIVERSITÉ»
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DE L’ÉCOLE SINISTRÉE À LA SINISTRE UNIVERSITÉ»
DE L’ÉCOLE SINISTRÉE À LA SINISTRE UNIVERSITÉ»
Written by amamra | 3 December 2011 | 1
« J’ai été franchement, complètement groggy en lisant dans la presse cette semaine que M. BENBOUZID a décidé d’envoyer des commissions sur place au niveau de plusieurs wilayate, pour… tenter de comprendre pourquoi le niveau est tellement bas. Groggy, parce qu’en réalité, le niveau n’est pas aussi bas au niveau de quelques Wilayas seulement, mais il l’est à l’échelle nationale et depuis longtemps. Depuis que Nadia Greffou a remis en cause le système éducatif et ses multitudes réformes qui ne veulent pas prendre fin. Depuis qu’on a introduit l’école fondamentale (supprimant le cycle moyen) en pérorant de sa réussite totale, pour revenir ensuite à une autre réforme remettant en cause la « fawda mentale » et …. réintroduire le cycle moyen. De tergiversations en tergiversations, à base de « reformettes » stériles et nuisibles. Depuis que plusieurs hommes de science et même politiques ont qualifié notre école de sinistrée. Comme pour l’ensemble des autres secteurs, on continue à bricoler et à réformer, l’étudiant universitaire d’aujourd’hui ne sachant pas rédiger une lettre de motivation, encore moins, arriver à lire un article de BAI. Ne voila-t-il pas que, au bout de…16ans de règne, le Ministre constate qu’il faut passer à la qualité au détriment de la quantité dont l’objectif a été atteint. Belle manière transparente d’avouer ses crimes : «On a volontairement privilégié la quantité sur la qualité» Au bout de …16 ans, on constate –heureux – que « les premiers bourgeons des réformes (lesquelles ?) commencent à apparaître» A ce rythme là, la fleur ne s’épanouira qu’à partir de 2050 et le premier fruit cueilli probablement en 2100. Une seule satisfaction ; Benbouzid ne sera pas là. Dans ma dernière chronique, j’ai parlé de l’ère Boumédiène focalisant sur l’industrie et les libertés. Mais, rendons à César ce qui lui appartient : Boum aura construit un système éducatif des plus performants. Durant son règne, les universitaires algériens n’avaient besoin d’aucune équivalence pour accéder aux Universités étrangères pour une post-graduation ; mieux encore, ils étaient sollicités. Je me rappelle, qu’avec une licence, on pouvait s’inscrire directement pour un DEA et un Doctorat 3ème Cycle sans aucun problème. C’est depuis la disparition de Boum que les réformes ont commencé à générer les analphabètes trilingues. En effet, dans la volonté d’arabiser les différents cycles de scolarisation, on a fini par fabriquer des analphabètes. Grâce au génie d’Ahmed Taleb qui a régné sur le système scolaire lui imprégnant le cachet religieux d’abord au détriment de l’aspect scientifique et pédagogique. Pour un clin d’œil complice à l’islamisme naissant, on privilégia l’enseignement des « atrocités de la Géhenne qui attend chaque pervers» et «la priorité du djihad» pour chaque Musulman à nos chérubins hauts comme trois pommes, au détriment d’une leçon de morale qui nous enseignait comment respecter la personne âgée, le voisin, la patrie, les parents. Comment traverser dans un passage protégé, comment protéger les animaux et les aimer…. Les générations de scolarisés se sont succédé dans un système éducatif des plus aberrants, des plus incohérents, me rappelant la fable du fils du corbeau qui voulant imiter la marche élégante de la colombe, perdit la sienne : Le cycle primaire est arabisé totalement dans une première phase : Lorsque les élèves arrivent au moyen, ils trouvent alors un mode bilingue où ils peinent à suivre. La deuxième étape consistant à arabiser le cycle moyen, rend les lycéens déjà abrutis. C’est la troisième étape qui a enfoncé le clou puisque le cycle secondaire est arabisé et, arrivés à l’université, les jeunes sont complètement déboussolés par un mode hybride : certains cours magistraux en français, d’autres en arabe classique et examens bilingues au choix. Même l’arabisation s’est faite sur des bases administratives et d’injonctions. Les moyens devant l’accompagner n’ont pas été mis en place : Ni enseignants formés, ni bibliographies, et donc ni manuels…. Mais, le nivellement par le bas a commencé réellement dans les années 70-80 quand on a décidé d’orienter les élèves ayant échoué au baccalauréat, vers l’enseignement pour former des PEM (Professeurs d’Enseignement Moyen) et des PES (Professeurs d’Enseignement Secondaire) Comment peut-on former des enseignants capables de faire réussir des élèves, à partir de personnes n’ayant pas pu réussir eux-mêmes ? La situation sociale vécue par les enseignants tous cycles confondus fit le reste. Les salaires dérisoires, le manque de logement.. les ont contraints à instituer les cours supplémentaires. Chaque enseignant aménagea la cuisine de son appartement pour en faire une classe accessoire pour ses élèves, parce qu’ils sont incapables de suivre les cours à l’école, car soit, ils sont trop nombreux, soit les classes ne sont pas chauffées… L’enseignant arrondissait ses fins de mois, les parents avaient la conscience tranquille d’avoir rempli leurs devoirs. Je passerais sur l’indiscipline qui règne dans tous les paliers de l’enseignement (agressions des prof,drogue…) A la faveur du crédit automobile et grâce aux œuvres sociales, la plupart des enseignants ont pu se doter d’un véhicule qui permit à ceux qui n’avaient pas la chance de faire les cours supplémentaires, de se faire un peu de blé par le recours au taxi clandestin dès la fin de leurs cours, y compris les week-end. Au niveau université, les piètres conditions sociales aidant, les modules commencent à se vendre en euros, en services et pire…. en chair ! Voilà où nous ont menés les réformes. Et cela continue. Au niveau de l’université, on décide de passer à une autre réforme; l’institution du LMD (Licence-Master-Doctorat). C’est beau, c’est pompeux, et puis c’est ce qui se fait ailleurs. Mais instituer un LMD sans préparer les bases de sa réussite, c’est aller vers l’échec. En effet, un LMD sans l’implication des acteurs concernés (les opérateurs économiques) demeure un leurre. Le LMD doit former pour les besoins de l’économie nationale à la demande des industriels. Alors, comment interpréter le fait que le LMD lancé depuis 7ans en vase-clos, alors que la majorité des opérateurs qu’ils soient publics ou privés, ne se sentent même pas concernés ? A ma connaissance, il se trouve un seul industriel privé qui aurait conclu une convention avec l’Université et Sonatrach pour le secteur public. Dire qu’aux USA même les sportifs professionnels (base-ball, basket et soccer) sont pris en charge par les universités, grâce à des bourses financées par les entreprises. Que des Sénateurs s’inquiètent -maintenant – «que l’Etat Civil renferme un personnel non qualifié» me désarçonne complètement. Ils étaient où ces sénateurs ? Vivent-ils en Algérie ? Savent-ils, qu’à l’institution de l’Extrait de Naissance S12, la majorité des citoyens ont été obligés de recourir à la justice pour corriger des fautes de transcription de leurs noms ou prénoms ou ceux de leurs ascendants, parce que justement le personnel de l’Etat-Civil, ne sait même pas recopier ce qui est écrit par les services de naissances (hôpital, maternité…) Par ailleurs, même pour les rares qui arrivent à émerger, le marché de l’emploi en dehors de l’administration, continue à fonctionner en français, sans compter les Sociétés étrangères qui n’offrent de l’emploi qu’à ceux qui maîtrisent les langues française et anglaise. C’est pourquoi, on retrouve dans tous les CV la mention : (Test Français CCF réussi niveau 3 ou 4 ou parfois 5) Voilà où l’on a mené l’école et l’université algériennes, parce qu’on a privilégié la défense d’un système au lieu de bâtir une génération, parce qu’on a politisé l’enseignement pour qu’il réponde à des besoins du système et non à ceux d’une Société.
Cette chronique publiée en 2010 demeure d’actualité. Car tout ce qui se passe actuellement en terme de scandales qui monopolisent l’actualité au sein de BAI, n’est que le fruit de tous ces dysfonctionnements, de la perversion d’un système. Ce n’est donc pas en sanctionnant des lampistes –même responsables et auteurs des dérives – que l’on va pour autant régler le problème.
djillali@bel-abbes.info
Written by amamra | 3 December 2011 | 1
« J’ai été franchement, complètement groggy en lisant dans la presse cette semaine que M. BENBOUZID a décidé d’envoyer des commissions sur place au niveau de plusieurs wilayate, pour… tenter de comprendre pourquoi le niveau est tellement bas. Groggy, parce qu’en réalité, le niveau n’est pas aussi bas au niveau de quelques Wilayas seulement, mais il l’est à l’échelle nationale et depuis longtemps. Depuis que Nadia Greffou a remis en cause le système éducatif et ses multitudes réformes qui ne veulent pas prendre fin. Depuis qu’on a introduit l’école fondamentale (supprimant le cycle moyen) en pérorant de sa réussite totale, pour revenir ensuite à une autre réforme remettant en cause la « fawda mentale » et …. réintroduire le cycle moyen. De tergiversations en tergiversations, à base de « reformettes » stériles et nuisibles. Depuis que plusieurs hommes de science et même politiques ont qualifié notre école de sinistrée. Comme pour l’ensemble des autres secteurs, on continue à bricoler et à réformer, l’étudiant universitaire d’aujourd’hui ne sachant pas rédiger une lettre de motivation, encore moins, arriver à lire un article de BAI. Ne voila-t-il pas que, au bout de…16ans de règne, le Ministre constate qu’il faut passer à la qualité au détriment de la quantité dont l’objectif a été atteint. Belle manière transparente d’avouer ses crimes : «On a volontairement privilégié la quantité sur la qualité» Au bout de …16 ans, on constate –heureux – que « les premiers bourgeons des réformes (lesquelles ?) commencent à apparaître» A ce rythme là, la fleur ne s’épanouira qu’à partir de 2050 et le premier fruit cueilli probablement en 2100. Une seule satisfaction ; Benbouzid ne sera pas là. Dans ma dernière chronique, j’ai parlé de l’ère Boumédiène focalisant sur l’industrie et les libertés. Mais, rendons à César ce qui lui appartient : Boum aura construit un système éducatif des plus performants. Durant son règne, les universitaires algériens n’avaient besoin d’aucune équivalence pour accéder aux Universités étrangères pour une post-graduation ; mieux encore, ils étaient sollicités. Je me rappelle, qu’avec une licence, on pouvait s’inscrire directement pour un DEA et un Doctorat 3ème Cycle sans aucun problème. C’est depuis la disparition de Boum que les réformes ont commencé à générer les analphabètes trilingues. En effet, dans la volonté d’arabiser les différents cycles de scolarisation, on a fini par fabriquer des analphabètes. Grâce au génie d’Ahmed Taleb qui a régné sur le système scolaire lui imprégnant le cachet religieux d’abord au détriment de l’aspect scientifique et pédagogique. Pour un clin d’œil complice à l’islamisme naissant, on privilégia l’enseignement des « atrocités de la Géhenne qui attend chaque pervers» et «la priorité du djihad» pour chaque Musulman à nos chérubins hauts comme trois pommes, au détriment d’une leçon de morale qui nous enseignait comment respecter la personne âgée, le voisin, la patrie, les parents. Comment traverser dans un passage protégé, comment protéger les animaux et les aimer…. Les générations de scolarisés se sont succédé dans un système éducatif des plus aberrants, des plus incohérents, me rappelant la fable du fils du corbeau qui voulant imiter la marche élégante de la colombe, perdit la sienne : Le cycle primaire est arabisé totalement dans une première phase : Lorsque les élèves arrivent au moyen, ils trouvent alors un mode bilingue où ils peinent à suivre. La deuxième étape consistant à arabiser le cycle moyen, rend les lycéens déjà abrutis. C’est la troisième étape qui a enfoncé le clou puisque le cycle secondaire est arabisé et, arrivés à l’université, les jeunes sont complètement déboussolés par un mode hybride : certains cours magistraux en français, d’autres en arabe classique et examens bilingues au choix. Même l’arabisation s’est faite sur des bases administratives et d’injonctions. Les moyens devant l’accompagner n’ont pas été mis en place : Ni enseignants formés, ni bibliographies, et donc ni manuels…. Mais, le nivellement par le bas a commencé réellement dans les années 70-80 quand on a décidé d’orienter les élèves ayant échoué au baccalauréat, vers l’enseignement pour former des PEM (Professeurs d’Enseignement Moyen) et des PES (Professeurs d’Enseignement Secondaire) Comment peut-on former des enseignants capables de faire réussir des élèves, à partir de personnes n’ayant pas pu réussir eux-mêmes ? La situation sociale vécue par les enseignants tous cycles confondus fit le reste. Les salaires dérisoires, le manque de logement.. les ont contraints à instituer les cours supplémentaires. Chaque enseignant aménagea la cuisine de son appartement pour en faire une classe accessoire pour ses élèves, parce qu’ils sont incapables de suivre les cours à l’école, car soit, ils sont trop nombreux, soit les classes ne sont pas chauffées… L’enseignant arrondissait ses fins de mois, les parents avaient la conscience tranquille d’avoir rempli leurs devoirs. Je passerais sur l’indiscipline qui règne dans tous les paliers de l’enseignement (agressions des prof,drogue…) A la faveur du crédit automobile et grâce aux œuvres sociales, la plupart des enseignants ont pu se doter d’un véhicule qui permit à ceux qui n’avaient pas la chance de faire les cours supplémentaires, de se faire un peu de blé par le recours au taxi clandestin dès la fin de leurs cours, y compris les week-end. Au niveau université, les piètres conditions sociales aidant, les modules commencent à se vendre en euros, en services et pire…. en chair ! Voilà où nous ont menés les réformes. Et cela continue. Au niveau de l’université, on décide de passer à une autre réforme; l’institution du LMD (Licence-Master-Doctorat). C’est beau, c’est pompeux, et puis c’est ce qui se fait ailleurs. Mais instituer un LMD sans préparer les bases de sa réussite, c’est aller vers l’échec. En effet, un LMD sans l’implication des acteurs concernés (les opérateurs économiques) demeure un leurre. Le LMD doit former pour les besoins de l’économie nationale à la demande des industriels. Alors, comment interpréter le fait que le LMD lancé depuis 7ans en vase-clos, alors que la majorité des opérateurs qu’ils soient publics ou privés, ne se sentent même pas concernés ? A ma connaissance, il se trouve un seul industriel privé qui aurait conclu une convention avec l’Université et Sonatrach pour le secteur public. Dire qu’aux USA même les sportifs professionnels (base-ball, basket et soccer) sont pris en charge par les universités, grâce à des bourses financées par les entreprises. Que des Sénateurs s’inquiètent -maintenant – «que l’Etat Civil renferme un personnel non qualifié» me désarçonne complètement. Ils étaient où ces sénateurs ? Vivent-ils en Algérie ? Savent-ils, qu’à l’institution de l’Extrait de Naissance S12, la majorité des citoyens ont été obligés de recourir à la justice pour corriger des fautes de transcription de leurs noms ou prénoms ou ceux de leurs ascendants, parce que justement le personnel de l’Etat-Civil, ne sait même pas recopier ce qui est écrit par les services de naissances (hôpital, maternité…) Par ailleurs, même pour les rares qui arrivent à émerger, le marché de l’emploi en dehors de l’administration, continue à fonctionner en français, sans compter les Sociétés étrangères qui n’offrent de l’emploi qu’à ceux qui maîtrisent les langues française et anglaise. C’est pourquoi, on retrouve dans tous les CV la mention : (Test Français CCF réussi niveau 3 ou 4 ou parfois 5) Voilà où l’on a mené l’école et l’université algériennes, parce qu’on a privilégié la défense d’un système au lieu de bâtir une génération, parce qu’on a politisé l’enseignement pour qu’il réponde à des besoins du système et non à ceux d’une Société.
Cette chronique publiée en 2010 demeure d’actualité. Car tout ce qui se passe actuellement en terme de scandales qui monopolisent l’actualité au sein de BAI, n’est que le fruit de tous ces dysfonctionnements, de la perversion d’un système. Ce n’est donc pas en sanctionnant des lampistes –même responsables et auteurs des dérives – que l’on va pour autant régler le problème.
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