Amina Zoubir. Plasticienne et réalisatrice Les hommes et les femmes doivent vivre ensemble dans l’espace urbain
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Madona- Nombre de messages : 3426
Date d'inscription : 30/01/2009
Re: Amina Zoubir. Plasticienne et réalisatrice Les hommes et les femmes doivent vivre ensemble dans l’espace urbain
Dans Prends ta place, une série du webdocumentaire Un été à Alger, Amina Zoubir provoque l’ordre établi et se met en scène dans des situations «réservées aux hommes». Elle joue au hittiste, investit un café maure et entre, sourire aux lèvres, chez un coiffeur pour hommes pour lui demander un brushing. Au fil des vidéos, l’artiste questionne le rapport homme-femme dans la ville.
- Quel est votre rapport à la ville d’Alger ?
Etant donné que je suis une femme, il y avait un code qui s’appliquait dans cette ville. Je ne pouvais pas faire ce que je voulais, sortir à n’importe quelle heure. Le cliché de la femme au foyer est dépassé, puisque les Algériennes travaillent, mais la rue est un domaine masculin. Ce projet était aussi une manière de me réconcilier avec cet espace urbain, que je considérais violent. Je constate que les femmes se sont réapproprié la ville petit à petit. Sans la présence des femmes, les hommes s’autoriseraient plus d’insultes, de combats de rue. Elles assouplissent la violence.
- Quel est, selon vous, le rapport des Algériens à la ville d’Alger ?
Je pense que les Algériens ont envie de vivre. Après la décennie noire, la qualification de l’Algérie en Coupe du monde de football a rouvert la ville. Les gens sont descendus dans la rue. C’était un événement historique, le pays revenait sur la scène internationale. Dans les quartiers populaires comme dans le centre, les Algérois étaient beaucoup plus apaisés. Il y a sans doute plus de soif de vivre, donc la population est moins belliqueuse.
- Dans vos vidéos, vous prenez une place qui est traditionnellement occupée par des hommes, pourquoi ?
J’essaye de combattre l’immobilisme, de responsabiliser les gens, de leur prouver que tout est une question de mentalité. Je voulais aussi encourager les femmes algériennes qui font ça tous les jours. Il y a vraiment des femmes qui entrent dans ces cafés «pour hommes». Une de mes amies le fait, mais elle est gênée. Elle a l’impression de perturber une certaine intimité. C’est la même chose pour les femmes. Quand nous sommes chez l’esthéticienne, c’est un moment intime, on partage des choses entre filles, on chuchote. Si un homme arrive, il y aura un malaise.
- Vous provoquez la gêne autour de vous. Comment réagissent les personnes présentes ?
En réalité, il ne se passe pas grand-chose. Les gens sont surpris, il y a des regards amusés. Dans l’épisode où je me rends chez un coiffeur pour hommes, le coiffeur accepte de me coiffer. Il est un peu gêné par la technique du brushing, mais il n’a pas eu de réaction outrée. Il y a beaucoup d’autocensure de la part des femmes et de la part des hommes. Cette autocensure est quotidienne. En tant que femme, on n’a pas forcément envie d’entrer dans un café où il n’y a que des hommes, de supporter leurs regards, leurs réflexions, voire leurs agressions physiques. Mais pourquoi n’aurais-je pas le droit d’aller chez un coiffeur pour hommes et de lui demander un brushing ? Je ne lui demande pas la lune ! Je ne lui demande pas quelque chose qui va bouleverser les codifications sociales et religieuses.
- Comment vous est venue l’idée des six différentes scènes de votre film ?
Toutes ces performances font référence à des réflexions personnelles, des rêves. Je rêvais d’aller chez un coiffeur pour hommes et de lui demander un brushing. Je rêvais de faire le hittiste, de vendre des caleçons aux hommes, de jouer au foot. Je rêvais d’être un garçon en fait. J’avais observé que les garçons avaient la belle vie, qu’ils ne faisaient pas trop d’efforts, qu’ils glandaient pas mal dans les rues, qu’ils allaient torse nu à la plage ou qu’ils pouvaient prendre un café, entre hommes, jusqu’à pas d’heure. Toutes ces choses sont liées au plaisir. De leur côté, les femmes avaient d’autres divertissements que je trouvais moins drôles, comme les tâches ménagères ou le travail à l’extérieur.
- Vous dénoncez donc les inégalités…
Non, je ne veux pas critiquer. En tant qu’artiste, j’ai la responsabilité de questionner et de sensibiliser. J’essaye d’expliquer que les hommes et les femmes doivent pouvoir vivre ensemble en toute sérénité, sans exclusion, ni rapport falsifié. L’espace urbain est un espace commun.
Bio express :
A 29 ans, Amina Zoubir est diplômée de l’Ecole supérieure des beaux-arts d’Alger et de l’université Paris 8. Plasticienne de formation, elle réalise son premier court métrage, Khod etroli wa choff en 2006, lors du workshop Bledi in progress. Amina Zoubir travaille autour de la condition de la femme arabe. Elle a exposé en France, en Algérie et en Espagne.
Yasmine Saïd
- Quel est votre rapport à la ville d’Alger ?
Etant donné que je suis une femme, il y avait un code qui s’appliquait dans cette ville. Je ne pouvais pas faire ce que je voulais, sortir à n’importe quelle heure. Le cliché de la femme au foyer est dépassé, puisque les Algériennes travaillent, mais la rue est un domaine masculin. Ce projet était aussi une manière de me réconcilier avec cet espace urbain, que je considérais violent. Je constate que les femmes se sont réapproprié la ville petit à petit. Sans la présence des femmes, les hommes s’autoriseraient plus d’insultes, de combats de rue. Elles assouplissent la violence.
- Quel est, selon vous, le rapport des Algériens à la ville d’Alger ?
Je pense que les Algériens ont envie de vivre. Après la décennie noire, la qualification de l’Algérie en Coupe du monde de football a rouvert la ville. Les gens sont descendus dans la rue. C’était un événement historique, le pays revenait sur la scène internationale. Dans les quartiers populaires comme dans le centre, les Algérois étaient beaucoup plus apaisés. Il y a sans doute plus de soif de vivre, donc la population est moins belliqueuse.
- Dans vos vidéos, vous prenez une place qui est traditionnellement occupée par des hommes, pourquoi ?
J’essaye de combattre l’immobilisme, de responsabiliser les gens, de leur prouver que tout est une question de mentalité. Je voulais aussi encourager les femmes algériennes qui font ça tous les jours. Il y a vraiment des femmes qui entrent dans ces cafés «pour hommes». Une de mes amies le fait, mais elle est gênée. Elle a l’impression de perturber une certaine intimité. C’est la même chose pour les femmes. Quand nous sommes chez l’esthéticienne, c’est un moment intime, on partage des choses entre filles, on chuchote. Si un homme arrive, il y aura un malaise.
- Vous provoquez la gêne autour de vous. Comment réagissent les personnes présentes ?
En réalité, il ne se passe pas grand-chose. Les gens sont surpris, il y a des regards amusés. Dans l’épisode où je me rends chez un coiffeur pour hommes, le coiffeur accepte de me coiffer. Il est un peu gêné par la technique du brushing, mais il n’a pas eu de réaction outrée. Il y a beaucoup d’autocensure de la part des femmes et de la part des hommes. Cette autocensure est quotidienne. En tant que femme, on n’a pas forcément envie d’entrer dans un café où il n’y a que des hommes, de supporter leurs regards, leurs réflexions, voire leurs agressions physiques. Mais pourquoi n’aurais-je pas le droit d’aller chez un coiffeur pour hommes et de lui demander un brushing ? Je ne lui demande pas la lune ! Je ne lui demande pas quelque chose qui va bouleverser les codifications sociales et religieuses.
- Comment vous est venue l’idée des six différentes scènes de votre film ?
Toutes ces performances font référence à des réflexions personnelles, des rêves. Je rêvais d’aller chez un coiffeur pour hommes et de lui demander un brushing. Je rêvais de faire le hittiste, de vendre des caleçons aux hommes, de jouer au foot. Je rêvais d’être un garçon en fait. J’avais observé que les garçons avaient la belle vie, qu’ils ne faisaient pas trop d’efforts, qu’ils glandaient pas mal dans les rues, qu’ils allaient torse nu à la plage ou qu’ils pouvaient prendre un café, entre hommes, jusqu’à pas d’heure. Toutes ces choses sont liées au plaisir. De leur côté, les femmes avaient d’autres divertissements que je trouvais moins drôles, comme les tâches ménagères ou le travail à l’extérieur.
- Vous dénoncez donc les inégalités…
Non, je ne veux pas critiquer. En tant qu’artiste, j’ai la responsabilité de questionner et de sensibiliser. J’essaye d’expliquer que les hommes et les femmes doivent pouvoir vivre ensemble en toute sérénité, sans exclusion, ni rapport falsifié. L’espace urbain est un espace commun.
Bio express :
A 29 ans, Amina Zoubir est diplômée de l’Ecole supérieure des beaux-arts d’Alger et de l’université Paris 8. Plasticienne de formation, elle réalise son premier court métrage, Khod etroli wa choff en 2006, lors du workshop Bledi in progress. Amina Zoubir travaille autour de la condition de la femme arabe. Elle a exposé en France, en Algérie et en Espagne.
Yasmine Saïd
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Re: Amina Zoubir. Plasticienne et réalisatrice Les hommes et les femmes doivent vivre ensemble dans l’espace urbain
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