Amina Zoubir prend sa place dans la culture algérienne
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Amina Zoubir prend sa place dans la culture algérienne
Dans le cadre des diffusions d’un Été à Alger nous avons rencontré Amina Zoubir auteure des actions documentaires » Prends ta place » .
Avez vous réalisé des courts métrages et comment avez-vous rencontré les réalisatrices d’un Été à Alger ?
J’ai été contactée par Caroline Gillet et Aurélie Charon dont l’idée originale, de créer un webdocumentaire, permetterai à quatre jeunes réalisateurs d’exprimer par des images leur regard sur la ville d’Alger. Je suis artiste vidéaste et j’ai réalisé quelques vidéos en collaborations artistiques avec des structures de production, dont mon premier court métrage Prends le bus et regarde, une action documentaire tournée dans des bus d’Alger en 2006. J’ai également participé à plusieurs festivals et biennales favorisant la diffusion de mes productions vidéographiques.
Qu’est ce qui vous intéresse dans ce travail de rencontre avec les gens dans la rue ?
Dans mon travail, j’aime interroger cette dimension sociale. L’artiste a toujours sa part de responsabilité dans la société. Je ne défends pas d’enjeux politiques mais je me demande en permanence ce que je pourrais apporter à la société algérienne. Dans mon travail artistique j’interroge ce rapport hommes/femmes et le rapport entre les différentes générations. Ce type d’actions filmées restent inédites en Algérie.
Dans le cadre du cinquantenaire de l’indépendance, quelle image de la jeunesse vouliez vous donner ?
Je n’ai pas voulu m’exprimer à la place des jeunes, les Algériens sont très présents sur la toile et savent véhiculer leurs idées. Ce que j’ai voulu comprendre c’est cette nostalgie du passé que j’explique par une crise de sens. Elle est présente dans tous les domaines artistiques; cinéma, théâtre, arts visuels et plastiques. Il y a un grand vide culturel, de nombreux évènements viennent glorifier ce passé de nos martyrs, de l’indépendance. La raison pour laquelle on reste encore ancré dans cela c’est qu’on arrive pas à dépasser, à digérer ce lourd passé frappé encore par la deuxième guerre en Algérie, dix années de terrorisme qui ont été fatales pour pas mal d’intellectuels algériens. L’intégrisme islamique n’a pas encouragé la pensée et a entrainé les mentalités vers un encrage dans le passé jugé plus apaisant. Les jeunes ont besoin d’apaisement et de vivre la normalité à laquelle ils ont été privés pendant ces dix années. Il y a énormément d’obstacle pour les jeunes de se projeter dans l’avenir qui à mon sens sont des obstacles sociaux. La solution pourrait être de créer des structures politiques et culturelles dynamiques pour engager à régler ce type de problèmes qui rongent notre société.
La place de la femme est prépondérante dans votre oeuvre, pensez vous être féministe ?
Effectivement, la place de la femme algérienne est très importante dans mon oeuvre mais également l’état féminin en soi. Ce qui m’intéresse plus c’est la place féminine dans le monde. La domination masculine est universelle et s’exprime par différentes manières en fonction des sociétés. J’ai voulu étudier comment était perçu le rapport homme/femme afin d’examiner la manière avec laquelle il était établi en Algérie. Je me considère féministe dans une certaine mesure. Mes nombreuses observations et constatations m’ont incitée à partir au combat. Ce rapport est déséquilibré et revêt une forme d’injustice. Néanmoins mon travail n’est pas de condamner mais d’interroger et de comprendre. Pourquoi il n’y a que des cafés réservés aux hommes ? Lorsque j’ai questionné certains hommes ils ont évoqué le poids de la tradition. La société a évolué mais nous restons dans un état d’esprit du siècle dernier, voila en quoi réside l’ancrage au passé : on arrive pas à dépasser les mentalités. En tant qu’artiste, je suis consciente de ma responsabilité et du message à faire passer.Je me demande ce que je pourrai faire pour mon pays et non pas ce que mon pays pourrait faire pour moi. il s’agit d’être conscient de sa responsabilité.
On vous voit très souvent à l’écran, pourquoi ce désir de vous mettre en scène ?
Je me suis filmée en train d’observer la société qui m’entoure (hitiste, coiffeur, cafés pour hommes…). Sur l’ensemble des épisodes Prends ta place du webdocumentaire Un été à Alger, c’est moi qui effectue les actions car il m’a été difficile de convaincre des femmes de passer devant ma caméra et d’aborder les thèmes sociales que je développe sur les six épisodes. C’est aussi ma manière personnelle de m’impliquer dans le projet, j’ai donc voulu marquer une singularité à travers mes actions filmées que j’ai documenté avec les paroles des algériens.
Que pensez vous de la place de la culture en Algérie ?
Je trouve que l’on ne valorise pas assez notre patrimoine artistique et culturel. La place de l’artiste est vouée à l’étouffement. Les lieux culturels ont tous fermé les uns après les autres sans qu’il n’y ait un espace de remplacement et les espaces d’art comme les galeries sont restreints et peu visible. Il y a une grande Cinémathèque Algérienne cependant elle ne fait pas la promotion de l’ensemble du cinéma algérien, je parle de l’absence de diffusion des nouvelles productions cinématographiques. Je déplore ces faits non accomplis car il y a des structures qui perdurent en Algérie mais elles ne sont pas assez exploitées, assez aidées par une politique culturelle qui les encourage.
Propos recueillis par Myriama Mokdahi
Avez vous réalisé des courts métrages et comment avez-vous rencontré les réalisatrices d’un Été à Alger ?
J’ai été contactée par Caroline Gillet et Aurélie Charon dont l’idée originale, de créer un webdocumentaire, permetterai à quatre jeunes réalisateurs d’exprimer par des images leur regard sur la ville d’Alger. Je suis artiste vidéaste et j’ai réalisé quelques vidéos en collaborations artistiques avec des structures de production, dont mon premier court métrage Prends le bus et regarde, une action documentaire tournée dans des bus d’Alger en 2006. J’ai également participé à plusieurs festivals et biennales favorisant la diffusion de mes productions vidéographiques.
Qu’est ce qui vous intéresse dans ce travail de rencontre avec les gens dans la rue ?
Dans mon travail, j’aime interroger cette dimension sociale. L’artiste a toujours sa part de responsabilité dans la société. Je ne défends pas d’enjeux politiques mais je me demande en permanence ce que je pourrais apporter à la société algérienne. Dans mon travail artistique j’interroge ce rapport hommes/femmes et le rapport entre les différentes générations. Ce type d’actions filmées restent inédites en Algérie.
Dans le cadre du cinquantenaire de l’indépendance, quelle image de la jeunesse vouliez vous donner ?
Je n’ai pas voulu m’exprimer à la place des jeunes, les Algériens sont très présents sur la toile et savent véhiculer leurs idées. Ce que j’ai voulu comprendre c’est cette nostalgie du passé que j’explique par une crise de sens. Elle est présente dans tous les domaines artistiques; cinéma, théâtre, arts visuels et plastiques. Il y a un grand vide culturel, de nombreux évènements viennent glorifier ce passé de nos martyrs, de l’indépendance. La raison pour laquelle on reste encore ancré dans cela c’est qu’on arrive pas à dépasser, à digérer ce lourd passé frappé encore par la deuxième guerre en Algérie, dix années de terrorisme qui ont été fatales pour pas mal d’intellectuels algériens. L’intégrisme islamique n’a pas encouragé la pensée et a entrainé les mentalités vers un encrage dans le passé jugé plus apaisant. Les jeunes ont besoin d’apaisement et de vivre la normalité à laquelle ils ont été privés pendant ces dix années. Il y a énormément d’obstacle pour les jeunes de se projeter dans l’avenir qui à mon sens sont des obstacles sociaux. La solution pourrait être de créer des structures politiques et culturelles dynamiques pour engager à régler ce type de problèmes qui rongent notre société.
La place de la femme est prépondérante dans votre oeuvre, pensez vous être féministe ?
Effectivement, la place de la femme algérienne est très importante dans mon oeuvre mais également l’état féminin en soi. Ce qui m’intéresse plus c’est la place féminine dans le monde. La domination masculine est universelle et s’exprime par différentes manières en fonction des sociétés. J’ai voulu étudier comment était perçu le rapport homme/femme afin d’examiner la manière avec laquelle il était établi en Algérie. Je me considère féministe dans une certaine mesure. Mes nombreuses observations et constatations m’ont incitée à partir au combat. Ce rapport est déséquilibré et revêt une forme d’injustice. Néanmoins mon travail n’est pas de condamner mais d’interroger et de comprendre. Pourquoi il n’y a que des cafés réservés aux hommes ? Lorsque j’ai questionné certains hommes ils ont évoqué le poids de la tradition. La société a évolué mais nous restons dans un état d’esprit du siècle dernier, voila en quoi réside l’ancrage au passé : on arrive pas à dépasser les mentalités. En tant qu’artiste, je suis consciente de ma responsabilité et du message à faire passer.Je me demande ce que je pourrai faire pour mon pays et non pas ce que mon pays pourrait faire pour moi. il s’agit d’être conscient de sa responsabilité.
On vous voit très souvent à l’écran, pourquoi ce désir de vous mettre en scène ?
Je me suis filmée en train d’observer la société qui m’entoure (hitiste, coiffeur, cafés pour hommes…). Sur l’ensemble des épisodes Prends ta place du webdocumentaire Un été à Alger, c’est moi qui effectue les actions car il m’a été difficile de convaincre des femmes de passer devant ma caméra et d’aborder les thèmes sociales que je développe sur les six épisodes. C’est aussi ma manière personnelle de m’impliquer dans le projet, j’ai donc voulu marquer une singularité à travers mes actions filmées que j’ai documenté avec les paroles des algériens.
Que pensez vous de la place de la culture en Algérie ?
Je trouve que l’on ne valorise pas assez notre patrimoine artistique et culturel. La place de l’artiste est vouée à l’étouffement. Les lieux culturels ont tous fermé les uns après les autres sans qu’il n’y ait un espace de remplacement et les espaces d’art comme les galeries sont restreints et peu visible. Il y a une grande Cinémathèque Algérienne cependant elle ne fait pas la promotion de l’ensemble du cinéma algérien, je parle de l’absence de diffusion des nouvelles productions cinématographiques. Je déplore ces faits non accomplis car il y a des structures qui perdurent en Algérie mais elles ne sont pas assez exploitées, assez aidées par une politique culturelle qui les encourage.
Propos recueillis par Myriama Mokdahi
Madona- Nombre de messages : 3426
Date d'inscription : 30/01/2009
Re: Amina Zoubir prend sa place dans la culture algérienne
http://www.algerie-focus.com/blog/2012/09/03/interview-amina-zoubir/
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Date d'inscription : 30/01/2009
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