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Quand Chakib Khelil s'informait des enquêtes menées par le DRS sur la gestion de Sonatrach

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Message  Aokas Revolution Mar 25 Déc - 12:59

Evincé du gouvernement, Chakib Khelil, ex-ministre de l’Energie et des Mines, pourrait-il être entendu par la justice dans le cadre de l’affaire de malversations qui a ébranlé la compagnie Sonatrach? Sa responsabilité dans ce scandale est-elle engagée ? L’homme plaide l’ignorance. Pourtant, un faisceau de début de preuves plaide le contraire. Enquête.


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L’ex-ministre de l’Energie et des Mines, Chakib Khelil, ne dit certainement pas la vérité. Alors qu’il affirmait en janvier 2010, l’air franchement innocent, tout ignorer de ce scandale qui a ébranlé Sonatrach, des correspondances classées confidentielles attestent du contraire. Non seulement le ministre était constamment informé de la moindre transaction opérée par Sonatrach avec ses partenaires étrangers, mais il était mis au parfum des investigations menées depuis l’automne 2009 par le DRS (Département du renseignement et de la sécurité) sur la gestion de l’entreprise dirigée à l’époque par Mohamed Meziane, placé sous contrôle judiciaire le 14 janvier 2010 pour des affaires de corruption présumée au sein de l'entreprise pétrolière algérienne (125 000 salariés, 88 milliards de dollars de chiffres d’affaires en 2008)

Khelil trahi par une correspondance confidentielle.

On se doutait bien que le puissant ministre ne pouvait ignorer ce qui se passait au sein et en dehors de la compagnie pétrolière, mais il aura fallu attendre son renvoi du gouvernement le 28 mai dernier pour que des sources daignent livrer des éléments qui confirment aujourd’hui qu’il en était au parfum. Une note confidentielle révèle que Chakib Khelil a été informé sur le dossier relatif à la télésurveillance du groupe Sonatrach à travers une correspondance que lui avait adressée le 13 décembre 2009 Mr. Guerar, directeur de la Sécurité intérieur de Sonatrach (SIE). Ce dossier fait aujourd’hui l’objet d’une instruction par le tribunal d’Alger.

Le DRS enquête sur les marchés de la télésurveillance

Dans ce courrier dont DNA a obtenu une copie (Lire document en bas), ce responsable informait dans le détail l’ex-ministre sur les projets de télésurveillance pour lesquels trois sociétés étrangères étaient en concurrence. Dans la même correspondance, Guerar avisait également le ministre que des investigations étaient menées par le DRS lequel s’intéressait de très prés à ces dossiers. « J’ai l’honneur de vous transmettre ci-joint un état qui reprend l’historique du dossier télésurveillance du groupe Sonatrach en vous informant qu’il fait l’objet actuellement d’investigation par les services de sécurité (DRS) », notait M. Guerar en préambule de sa lettre accompagnant le volumineux dossier qu’il a transmis. En retour, Chakib Khelil annotait en haut de page de la même lettre, prenant soin d’entourer la mention «confidentiel» : « Faites une enquête sur ce qui se passe sur ces équipements de Télésurveillance et me rendre compte », a-t-il rédigé d’une écriture fine. L’annotation du ministre est datée du 14 décembre 2009, soit le lendemain de la réception du courrier. Pour un ministre qui affirme ne pas s’immiscer dans la gestion de Sonatrach, la rapidité avec laquelle il répond à la correspondance invite à penser le contraire.

Un contrat à 142 millions de dollars

La filiale Algérie de la société allemande Contel-Funkwerk Plettac, spécialisée dans la télésurveillance, a fini par obtenir le marché pour un montant global de 142 millions de dollars. On sait maintenant que cette société avait comme associés un certain Réda Meziane, fils du PDG de Sonatrach ainsi que l’ancien directeur du CPA (Crédit populaire d’Algérie). Arrêtés au mois de janvier 2010, ces derniers ainsi que d’autres cadres de la firme pétrolière ont été inculpés dans le cadre d’une affaire de malversations présumées. Trois dossiers composent cette affaire qui a provoqué un séisme : Le contrat de 142 millions de dollars pour la télésurveillance, le marché déroché par l’entreprise pétrolière italienne, Saipem, pour la réalisation d’un système de transport par canalisation de gaz naturel (GK3) pour un montant de 580 millions de dollars et enfin la rénovation du 10éme étage du siège à Ghermoul (Alger), marché obtenu par CCIC (Consolidated Contractors International Compagny).

« Je ne connais du dossier que ce qu’en a donné la presse… »

Cette correspondance constitue, à priori, une preuve que Chakib Khelil était au courant aussi bien des négociations engagées sur des marchés par les dirigeants de Sonatrach que des enquêtes lancées par les services de renseignements algériens. Ces révélations tranchent radicalement avec l’attitude affichée jusque là par l’ex-ministre. Depuis l’éclatement du scandale, ce proche parmi les proches du chef de l’Etat, avait adopté la position de celui qui ignore tout. En janvier 2010, il s’exprimait ainsi devant un parterre de journalistes : « Je ne peux pas préciser les motifs des inculpations car je ne connais du dossier que ce qu’en a donné la presse. Je suis au même niveau d’information (que la presse). Je n’ai été informé par aucune institution. Je suis surpris comme vous…» Donc Khelil ne savait rien…

Ministre influent régnant sur un puissant département

Nommé ministre en décembre 1999 après sa retraite anticipée à la Banque Mondiale, Chakib Khelil avait la haute main sur le secteur de l’Energie. Bénéficiant de la confiance du chef de l’Etat, cet ingénieur formé au Texas était l’un des grands ordonnateurs de la stratégie énergétique de l’Algérie. Ministre et véritable patron de Sonatrach (il en était le PDG entre 2001 et 2003), Chakib Khelil faisait et défaisait les carrières au sein de la compagnie. Au cours des dix dernières années, il avait presque totalement remanié le staff de Sonatrach en y injectant des cadres qui lui obéissaient au doigt et à l’oeil. « Rien ne se faisait sans l’aval de Khelil », témoignent plusieurs cadres de la boîte. Pouvait-il donc être tenu à l’écart de ces milliers de contrats que Sonatrach avait signés avec ses partenaires étrangers ainsi qu’avec les dizaines d’entreprises nationales qui commerçaient avec la compagnie ? Pouvait-il ignorer que certains de ces contrats avaient été négociés et signés dans des conditions suspicieuses ? Difficile à croire lorsqu’on sait l’influence et le contrôle que Chakib Khelil exerçait sur la gestion et le management de Sonatrach.

Meziane : « Je ne suis rien devant Khelil… »

Les investigations déclenchées à l’automne 2009 par les officiers du DRS autour de certains marchés confiés par cette dernière à des entreprises étrangères faisaient remonter systématiquement le nom du ministre. Lors de leurs nombreuses auditions devant les officiers des renseignements, les responsables Sonatrach ne manquaient pas de charger directement Chakib Khelil. « Nous avons travaillé sur instructions de Khelil… », ont-ils répété. Au cours de l’une de ses auditions par le DRS, l’ex- PDG, Mohamed Meziane, au bord des larmes, aurait lui aussi dégagé sa responsabilité dans ces marchés qui font aujourd’hui l’objet d’une instruction au tribunal d’Alger avant d’accabler son ministre de tutelle. Aux questions des enquêteurs qui l’interrogeaient sur sa passivité, il aurait rétorqué : « Moi je ne suis rien devant Khelil…J’ai eu peur. Il a la confiance du numéro 1…» Les autres responsables auditionnés par le DRS auraient également indiqué que leur ministre de tutelle donnait ses avis, ses recommandations et ses instructions aussi bien de manières verbales qu’écrites.

Procédure judiciaire compliquée

Aujourd’hui que l’instruction sur les trois dossiers avance progressivement, Chakib Khelil pourrait-il être entendu par la justice de son pays ? La procédure est délicate. Une probable audition de l’ex-ministre relève d’abord d’une décision politique. Certes, Chakib Khelil est justiciable comme n’importe quel autre citoyen algérien, mais il n’en demeure pas moins qu’il a été un des fidèles du chef de l’Etat. Bien qu’il ait été lâché et évincé du gouvernement, il fait toujours partie de cette caste de ministres qui ont toujours bénéficié de la confiance du président. A ce titre, on le dit intouchable ! Jusqu’à quand ? Le chef de l’Etat qui aura tout de même mis six mois avant de « lâcher » son poulain, consentirait-il à le lâcher davantage en donnant son feu vert à une action en justice? L’opinion publique n’est pas dupe. Elle sait qu’en matière de justice, le régime algérien a souvent pesé de son poids pour bloquer ou orienter le déroulement d’une enquête, usé de son influence pour freiner une instruction ou pour peser sur le jugement d’une affaire qui pourrait se révéler compromettante pour des hommes bénéficiant de certaines protections. Ce l’est d’autant plus évident pour les affaires qui touchent les plus hauts cadres de l’Etat. L’exemple a été donné l’affaire du procès Khalifa tenu au mois d’avril et mars 2007 lorsque de hauts cadres de la République, pourtant dument confondus par divers témoignages accablants, ont été soustraits aux poursuites judiciaires.



Khelil un cas politique

Dans cette affaire de Sonatrach, il faudrait un jour ou l’autre trancher sur le cas Khelil. Donner le feu vert pour qu’il soit mis à la disposition de la justice équivaudrait non seulement à lâcher définitivement l’un des plus proches collaborateurs du président, mais également assumer les responsabilités politiques qui en découleraient. Opposer un véto à son éventuelle audition, tenter d’une manière ou d’une autre de lui épargner les convocations dans le bureau du juge d’instruction, reviendraient à faire de Chakib Khelil un citoyen au dessus de la loi. Mais au delà des contingences politiques, il y a la procédure judiciaire…

Si la justice souhaite entendre Chakib Khelil, elle devrait se conformer à une démarche particulière. Selon le code de procédures, un juge d’instruction ne peut auditionner un haut cadre de l’Etat en sa qualité de témoin car celui-ci bénéficie du privilège de juridiction. Le juge doit donc constituer un complément d’enquête dans lequel il demande la mise en examen de hauts responsables impliqués dans l’enquête en cours. Afin que ces derniers puissent être inculpés, le président de la Cour Suprême doit à son tour désigner un magistrat comme juge instructeur pour ouvrir une enquête et transformer les compléments d’enquête en une affaire en instruction.






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L’affaire BRC est passée par là

Ce n’est pas une première pour Khelil. Lorsque « l'affaire BRC » avait éclaté en 2006, il avait plaidé l’ignorance des faits. « Je ne suis pas au courant », répétait-il. Dans cette affaire, Sonatrach avait octroyé 27 contrats faramineux à la joint-venture algéro-américaine BRC (Brown-Roots & Condor) en adoptant systématiquement la formule de gré à gré. Une enquête de l’IGF (Inspection générale des finances), lancée à la demande du chef du gouvernement de l'époque, Ahmed Ouyahia, avait conclu à de très graves dérives dans la passation des marchés accordés à BRC par Sonatrach et le ministère de la Défense qui avait de son côté accordé 14 contrats à BRC. Alors que l’on s’attendait à l’ouverture d’une information judiciaire, l’affaire a été mystérieusement étouffée. Résultats : BRC a été absorbée au mois d’août 2007, ses parts rachetée par Sonatrach et le rapport vite enterré. Pourtant, avant de disparaitre, BRC a empoché 2,8 milliards de dollars de contrats.




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Enquête : Farid Alilat, Hamid Merabet, Sihem Balhi et Yacine Mediani


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Message  Aokas Revolution Mar 25 Déc - 12:59

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