Affaire des «non-jeûneurs» : Hocine, un des deux prévenus, témoigne : «Je ne jeûne pas, j'assume! »
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Affaire des «non-jeûneurs» : Hocine, un des deux prévenus, témoigne : «Je ne jeûne pas, j'assume! »
Hocine Hocini et Sallem Fellak ont été arrêtés le 12 août dernier à Ain El Hammam, une localité de Kabylie, au motif qu’ils n’observaient pas le rituel du ramadan, le mois sacré chez les musulmans. Inculpés pour offense à l’Islam, les deux hommes devront comparaitre le 21 septembre prochain. DNA a enquêté sur cette affaire. Pour la première fois, Hocine ainsi que l’avocat des deux prévenus livrent leurs témoignages. (Photo : Hocine Hocini). Lire également : Me Mohamed Aït Mimoun, avocat des deux prévenus : « Rompre le jeûne ne constitue pas un délit »
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Jeudi 12 août, Hocine Hocini, 44 ans et Sallem Fellak , 34 ans viennent d’achever leur demi-journée de travail sur un chantier appartenant à un privé dans la ville de Ain Al Hammam (ex-Michelet), à 50 kms au sud-est de Tizi-Ouzou. Les deux hommes font une pause pour se désaltérer et déjeuner. Nous sommes au deuxième jour du mois de ramadan, rituel sacré chez les musulmans. Mais Hocine et Salem ne s’en sentent pas concernés. Convertis depuis quelques années au christianisme évangélique, ces deux travailleurs saisonniers n’observent donc pas le carême.
Un policier : « Pourquoi vous ne faites pas le ramadan ? »
Alors que Hocine et Salem déjeunent tranquillement, deux policiers, roulant dans un véhicule à proximité de la maison en construction, arrivent sur les lieux et entrent dans le chantier pourtant clôturé. «Vous ne faites pas carême?», demande un policier aux deux hommes. «Pourquoi vous ne faites pas le ramadan?», insiste-t-il. Hocine finissait de manger son couscous et Salem grillait une cigarette. Décontenancés par le fait que les deux «malotrus» n’observent pas le rituel musulman, les policiers procèdent à leur interpellation. Direction le commissariat de police de la ville située à un jet de pierre du chantier. Joint par téléphone, Hocine, technicien en informatique de gestion, père d’une fille née récemment, accepte de témoigner pour DNA. «Nous avons été surpris au moment du déjeuner dans un chantier qui est, au vu de la loi, un domicile privé, de plus entouré par une clôture», confie-t-il.
Document photo. A droite, le bâtiment en construction dans lequel se trouvaient les deux prévenus, abrités derrière le mur de briques .A gauche, le commissariat de police.
L'avocat : «Dès que mes clients divulguent leur confession, les policiers commencent à leur donner des leçons sur le sujet.»
A l’intérieur de la brigade, leur arrestation ne fait pas l’unanimité parmi les agents présents. «Laissez-les tranquilles, maugrée un policier. Ils ne font pas carême ? Et alors !? C’est leur affaire après tout…» Mais des collègues ne l’entendent de cette oreille. Après une heure d’attente, les deux hommes subissent un interrogatoire. Séparément. Au cours de leurs interrogatoires respectifs, Hocine et Salem révèlent devant les éléments de la sureté de daïra de Ain El Hammam qu’ils ne sont pas de confession musulmane mais qu’ils sont plutôt chrétiens. Les policiers tombent des nues. Non musulman, chrétien et bouffeur de carême…Ah la belle affaire ! Devant une telle révélation, les agents de la sureté décident de pousser l’interrogatoire. Doublé d’une leçon de morale. «Dès que mes clients divulguent leur confession, les policiers commencent à leur donner des leçons sur le sujet», explique l’avocat des deux prévenus. En revanche, celui-ci atteste que ses deux clients n’ont pas été maltraités.
Hocine : «J'ai mangé du couscous...»
Hocine raconte encore : «Lorsque le policier m’ demandé si j’avais rompu le jeûne je lui ai bien précisé que j’ai mangé du couscous que j’avais ramené de ma maison. Une fois l’interrogatoire terminé, le policier m’a mis sous les yeux le procès –verbal d’audience pour la signature. En parcourant le texte, j’ai noté qu’ils ont mentionné « endroit public » pour situer le lieu de notre interpellation. J’ai refusé de signer le document en expliquant aux policiers que nous avons été arrêtés sur un chantier appartenant à un privé et que le chantier était cerné par une clôture. Il ne s’agissait pas donc d’un endroit public, mais privé. Sur ce, ils ont refait le PV. C’est alors que j’ai décidé de le signer. »
Le procureur adjoint : « Ici, nous sommes dans un pays musulman, si vous êtes chrétiens, vous devez changer de pays !»
Au bout de deux heures d’audition, Hocine et Salem sont alors déférés devant le tribunal d’Ain El Hammam. Dans le bureau de la procureur adjoint, ils auront, une fois de plus, droit à une nouvelle leçon de morale. Doublé d’une mise en examen, cette fois-ci. Hocine raconte : « La procureur adjoint nous dit : «Ici, nous sommes dans un pays musulman, si vous êtes chrétiens, vous devez changer de pays!» Devant la procureur-adjoint qui multiplie les admonestations, les deux «casseurs» de jeûne ne se démontent pas. Hocine et Salem assument leur foi chrétienne et revendiquent crânement leur droit de ne pas observer le ramadan. Au bout de quelques minutes d’audition, ils quittent l’enceinte du tribunal avec une inculpation : dénigrement et offense à l’un des préceptes et dogmes de l’Islam. Les deux prévenus sont convoqués devant le juge pour répondre de leur méfait. Le procès est programmé pour mercredi 18 août.
Le procès est reporté au 21 septembre
Mais voila. L’arrestation et l’inculpation de Hocine et Salem ne passent pas inaperçue dans la ville. Aussitôt leur affaire connue, de nombreux citoyens se mobilisent pour apporter leur soutien et leur solidarité aux deux prévenus. Mercredi, jour du procès, des dizaines de personnes se sont présentées devant le tribunal pour observer un sit-in de protestation. Certains amis de Hocine et Salem ont même prévu de s’y rendre dans l’enceinte du tribunal munis de «sandwichs» afin de manifester leur désapprobation. Devant cette mobilisation citoyenne, les magistrats préfèrent ajourner le procès au 21 septembre prochain.
L’avocat : « Rompre le jeûne ne peut pas constituer un fait incriminé, aux yeux de la loi »
Depuis son éclatement, l’affaire des «non-jeûneurs» a pris une dimension internationale. Des pétitions circulent sur le net pour dénoncer une atteinte à la liberté de culte. Associations, intellectuels, ONG ou simples citoyens multiplient les actions pour interpeller les autorités algériennes pour qu’elles veillent au respect des droits de l’homme et des libertés individuelles garanties par la Constitution. Ne pas observer le ramadan dans un pays où l’Islam est religion d’Etat peut-il constituer une infraction, un délit ? Dans un pays ou la Constitution garantit la liberté d’opinion et de conscience des citoyens peuvent-ils jouir de cette liberté sans être interpellés par des agents de la police et traduits devant les tribunaux de la République ? Dans cette affaire, l’avocat de Salem et Hocine est clair : Non seulement l’arrestation et l’inculpation relève d’un vice de procédure mais elles constituent une violation flagrante de la loi fondamentale. «Rompre le jeûne ne peut pas constituer un fait incriminé, aux yeux de la loi, notamment l’article 144 bis 2, explique l’avocat. Car, pour dénigrer l’un des préceptes de l’Islam, c’est plutôt l’offenser ou l’insulter. Rompre le jeûne est un phénomène tout à fait naturel chez une personne qui n’est pas musulmane.»
Hocine et Salem restent sereins. Bien qu’ils ne souhaitent pas donner davantage de publicité à leur affaire, ils affirment assumer jusqu’au bout leur acte. «Nous n’avons commis aucun délit, soutient Hocine. Nous sommes Algériens et Chrétiens et nous avons le droit de pratiquer notre religion comme des citoyens libres.»
Lire l'article original : Affaire des «non-jeûneurs» : Hocine, un des deux prévenus, témoigne : «Je ne jeûne pas, j'assume! » | DNA - Dernières nouvelles d'Algérie
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Jeudi 12 août, Hocine Hocini, 44 ans et Sallem Fellak , 34 ans viennent d’achever leur demi-journée de travail sur un chantier appartenant à un privé dans la ville de Ain Al Hammam (ex-Michelet), à 50 kms au sud-est de Tizi-Ouzou. Les deux hommes font une pause pour se désaltérer et déjeuner. Nous sommes au deuxième jour du mois de ramadan, rituel sacré chez les musulmans. Mais Hocine et Salem ne s’en sentent pas concernés. Convertis depuis quelques années au christianisme évangélique, ces deux travailleurs saisonniers n’observent donc pas le carême.
Un policier : « Pourquoi vous ne faites pas le ramadan ? »
Alors que Hocine et Salem déjeunent tranquillement, deux policiers, roulant dans un véhicule à proximité de la maison en construction, arrivent sur les lieux et entrent dans le chantier pourtant clôturé. «Vous ne faites pas carême?», demande un policier aux deux hommes. «Pourquoi vous ne faites pas le ramadan?», insiste-t-il. Hocine finissait de manger son couscous et Salem grillait une cigarette. Décontenancés par le fait que les deux «malotrus» n’observent pas le rituel musulman, les policiers procèdent à leur interpellation. Direction le commissariat de police de la ville située à un jet de pierre du chantier. Joint par téléphone, Hocine, technicien en informatique de gestion, père d’une fille née récemment, accepte de témoigner pour DNA. «Nous avons été surpris au moment du déjeuner dans un chantier qui est, au vu de la loi, un domicile privé, de plus entouré par une clôture», confie-t-il.
Document photo. A droite, le bâtiment en construction dans lequel se trouvaient les deux prévenus, abrités derrière le mur de briques .A gauche, le commissariat de police.
L'avocat : «Dès que mes clients divulguent leur confession, les policiers commencent à leur donner des leçons sur le sujet.»
A l’intérieur de la brigade, leur arrestation ne fait pas l’unanimité parmi les agents présents. «Laissez-les tranquilles, maugrée un policier. Ils ne font pas carême ? Et alors !? C’est leur affaire après tout…» Mais des collègues ne l’entendent de cette oreille. Après une heure d’attente, les deux hommes subissent un interrogatoire. Séparément. Au cours de leurs interrogatoires respectifs, Hocine et Salem révèlent devant les éléments de la sureté de daïra de Ain El Hammam qu’ils ne sont pas de confession musulmane mais qu’ils sont plutôt chrétiens. Les policiers tombent des nues. Non musulman, chrétien et bouffeur de carême…Ah la belle affaire ! Devant une telle révélation, les agents de la sureté décident de pousser l’interrogatoire. Doublé d’une leçon de morale. «Dès que mes clients divulguent leur confession, les policiers commencent à leur donner des leçons sur le sujet», explique l’avocat des deux prévenus. En revanche, celui-ci atteste que ses deux clients n’ont pas été maltraités.
Hocine : «J'ai mangé du couscous...»
Hocine raconte encore : «Lorsque le policier m’ demandé si j’avais rompu le jeûne je lui ai bien précisé que j’ai mangé du couscous que j’avais ramené de ma maison. Une fois l’interrogatoire terminé, le policier m’a mis sous les yeux le procès –verbal d’audience pour la signature. En parcourant le texte, j’ai noté qu’ils ont mentionné « endroit public » pour situer le lieu de notre interpellation. J’ai refusé de signer le document en expliquant aux policiers que nous avons été arrêtés sur un chantier appartenant à un privé et que le chantier était cerné par une clôture. Il ne s’agissait pas donc d’un endroit public, mais privé. Sur ce, ils ont refait le PV. C’est alors que j’ai décidé de le signer. »
Le procureur adjoint : « Ici, nous sommes dans un pays musulman, si vous êtes chrétiens, vous devez changer de pays !»
Au bout de deux heures d’audition, Hocine et Salem sont alors déférés devant le tribunal d’Ain El Hammam. Dans le bureau de la procureur adjoint, ils auront, une fois de plus, droit à une nouvelle leçon de morale. Doublé d’une mise en examen, cette fois-ci. Hocine raconte : « La procureur adjoint nous dit : «Ici, nous sommes dans un pays musulman, si vous êtes chrétiens, vous devez changer de pays!» Devant la procureur-adjoint qui multiplie les admonestations, les deux «casseurs» de jeûne ne se démontent pas. Hocine et Salem assument leur foi chrétienne et revendiquent crânement leur droit de ne pas observer le ramadan. Au bout de quelques minutes d’audition, ils quittent l’enceinte du tribunal avec une inculpation : dénigrement et offense à l’un des préceptes et dogmes de l’Islam. Les deux prévenus sont convoqués devant le juge pour répondre de leur méfait. Le procès est programmé pour mercredi 18 août.
Le procès est reporté au 21 septembre
Mais voila. L’arrestation et l’inculpation de Hocine et Salem ne passent pas inaperçue dans la ville. Aussitôt leur affaire connue, de nombreux citoyens se mobilisent pour apporter leur soutien et leur solidarité aux deux prévenus. Mercredi, jour du procès, des dizaines de personnes se sont présentées devant le tribunal pour observer un sit-in de protestation. Certains amis de Hocine et Salem ont même prévu de s’y rendre dans l’enceinte du tribunal munis de «sandwichs» afin de manifester leur désapprobation. Devant cette mobilisation citoyenne, les magistrats préfèrent ajourner le procès au 21 septembre prochain.
L’avocat : « Rompre le jeûne ne peut pas constituer un fait incriminé, aux yeux de la loi »
Depuis son éclatement, l’affaire des «non-jeûneurs» a pris une dimension internationale. Des pétitions circulent sur le net pour dénoncer une atteinte à la liberté de culte. Associations, intellectuels, ONG ou simples citoyens multiplient les actions pour interpeller les autorités algériennes pour qu’elles veillent au respect des droits de l’homme et des libertés individuelles garanties par la Constitution. Ne pas observer le ramadan dans un pays où l’Islam est religion d’Etat peut-il constituer une infraction, un délit ? Dans un pays ou la Constitution garantit la liberté d’opinion et de conscience des citoyens peuvent-ils jouir de cette liberté sans être interpellés par des agents de la police et traduits devant les tribunaux de la République ? Dans cette affaire, l’avocat de Salem et Hocine est clair : Non seulement l’arrestation et l’inculpation relève d’un vice de procédure mais elles constituent une violation flagrante de la loi fondamentale. «Rompre le jeûne ne peut pas constituer un fait incriminé, aux yeux de la loi, notamment l’article 144 bis 2, explique l’avocat. Car, pour dénigrer l’un des préceptes de l’Islam, c’est plutôt l’offenser ou l’insulter. Rompre le jeûne est un phénomène tout à fait naturel chez une personne qui n’est pas musulmane.»
Hocine et Salem restent sereins. Bien qu’ils ne souhaitent pas donner davantage de publicité à leur affaire, ils affirment assumer jusqu’au bout leur acte. «Nous n’avons commis aucun délit, soutient Hocine. Nous sommes Algériens et Chrétiens et nous avons le droit de pratiquer notre religion comme des citoyens libres.»
Lire l'article original : Affaire des «non-jeûneurs» : Hocine, un des deux prévenus, témoigne : «Je ne jeûne pas, j'assume! » | DNA - Dernières nouvelles d'Algérie
Taremant.Ighil.Alemmas- Nombre de messages : 562
Date d'inscription : 17/08/2011
Re: Affaire des «non-jeûneurs» : Hocine, un des deux prévenus, témoigne : «Je ne jeûne pas, j'assume! »
http://www.dna-algerie.com/reportage/affaire-des-non-jeuneurs-hocine-un-des-deux-prevenus-temoigne-je-ne-jeune-pas-j-assume-2
Taremant.Ighil.Alemmas- Nombre de messages : 562
Date d'inscription : 17/08/2011
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