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Salafistes à Tunis : « Ils nous attaquent avec des sabres »

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Salafistes à Tunis : « Ils nous attaquent avec des sabres » Empty Salafistes à Tunis : « Ils nous attaquent avec des sabres »

Message  Zhafit Lun 26 Mar - 21:08

Des affrontements ont eu lieu entre étudiants
islamistes et progressistes à la fac de lettres de Tunis. Une
enseignante raconte les violences, illustrées par une vidéo.



Les tensions causées par des étudiants islamistes à l'université de la Manouba, en banlieue de Tunis, ont franchi ces derniers jours un nouveau palier.

Alors qu'un petit groupe de personnes d'obédience salafiste tient un sit-in depuis le 28 novembre en revendiquant le droit pour les étudiantes de porter le niqab, la traduction de six étudiants devant le conseil de discipline
de cette université de lettres et sciences humaines accueillant 13 000
étudiants, le 2 mars, a provoqué une escalade de violence.

Mardi 6 mars en fin de journée, le bureau du doyen a été saccagé par une étudiante sanctionnée pour avoir porté le niqab.

Un drapeau retiré, le président Marzouki proteste


Mercredi 7 mars au matin, un groupe plus nombreux de salafistes a
manifesté devant les grilles de l'université, avant d'envahir le campus.

Des salafistes ont retiré le drapeau national tunisien. Le président de la République Moncef Marzouki a qualifié cet acte
de « lâche et condamnable ». Depuis novembre, les progressistes
accusent le gouvernement tunisien, issu d'une majorité islamiste, de
passivité dans cette affaire.

A l'intérieur du campus, des affrontements violents ont eu lieu. La
police ne serait intervenue que tardivement. Selon le témoignage d'un
enseignant rapporté par le site algérien L'Expression, un étudiant français en journalisme aurait été molesté, et sa caméra cassée.




Des salafistes envahissent la faculté de la Manouba
Tunis, le 7 mars

A la même source, une professeure de français a déclaré :

<blockquote>« Depuis novembre, il y a eu des incidents tous les
jours. Mais ça empire. En tout et pour tout il y a peut être sept ou
huit filles en niqab et quelques barbus dans la fac, mais on voit bien
qu'ils ont du renfort extérieur. »

</blockquote>
Rue89 publie ci-dessous le récit de cette journée par Amina Azouz,
enseignante à l'Institut de presse et des sciences de l'information
(Ipsi), mitoyen de la fac de lettres. (Les intertitres sont de la rédaction.)

Augustin Scalbert

Vers 14h30, nous entendons des cris étranges


« Ce matin en arrivant à l'Ipsi vers 10h30, une vision qui nous est
familière à la Manouba m'a accueillie à deux pas de ma fac : devant la
fac de lettres, une vingtaine de salafistes drapeaux à la main se
préparaient à l'action.

Peu importe, nous sommes habitués et n'ayant pas de mounaqaba [jeune
femme portant le niqab, ndlr] ni de salafistes violents à l'Ipsi, nous
n'avons jamais eu de problèmes et aucun cours n'a jamais été annulé.

Je donne donc cours jusqu'à 13h30 dans une atmosphère bon enfant.
A 14 heures, je m'installe dans une salle de classe avec cinq collègues
(quatre femmes et un homme) pour assurer en heures sup la commission
d'examens.

Vers 14h30, nous entendons des cris étranges, mais personne ne
réagit. Puis les hurlements se font de plus en plus inquiétants. Je
décide donc de sortir pour voir ce qui se passe.

“Ils nous attaquent avec des sabres”


Et là, je suis accueillie par une vision d'horreur : des étudiants et
des étudiantes effrayés qui courent partout en pleurs, les yeux fous
comme quelqu'un qui a échappé à la mort.

Un garçon par terre le visage jaune et le corps tremblant attire mon
attention ; je vais le voir et lui demande ce qu'il se passe. Il me
dit :

<blockquote>“Madame, ils nous attaquent avec des sabres et des couteaux.”

</blockquote>
Je vois que sa veste est déchirée. Je lui demande qui l'a attaqué, il me répond :

<blockquote>“Les salafistes, et la police n'est pas là. On ne sait pas où aller.”

</blockquote>
D'autres étudiant me rejoignent autour de lui pour l'aider à se relever. Je les laisse pour alerter mes collègues.

On nous demande de nous enfermer


Je rentre donc dans la salle et leur raconte ce qui se passe. Mais
nous ne sommes pas encore en état de panique et nous continuons de
travailler.

Dix minutes plus tard les cris qui s'étaient calmés repartent de plus
belle et un responsable de l'administration nous rejoint avec la clé de
la salle. Il nous demande de nous enfermer de l'intérieur, d'éteindre
la lumière et de plus faire de bruit.

Nous suivons ses instructions et tout le monde appelle parents, mari,
etc. Puis, au bout d'un moment, encore plus de cris et des gens qui
essayent d'ouvrir la porte. Une collègue et moi montons sur une des
tables pour voir l'extérieur par une vitre au dessus de la porte. On
voit des étudiants en panique qui courent partout.

Au bout d'une vingtaine de minutes, nous décidons de sortir et là, la
cour de l'Ipsi est pleine d'étudiants de l'institut et d'autres de la
fac de lettres venus se réfugier.

Pas l'ombre d'un agent de police


Personne ne peut quitter la fac et pas l'ombre d'un agent de police.
Un état de siège au quel personne n'était préparé, sauf les attaquants.

Au bout d'un moment, un camion des urgences vient évacuer quelqu'un –
je ne sais pas qui ni ce qui lui est arrivé. Cela fait reculer les
attaquants, et une collègue et moi-même décidons de partir.

On court à la voiture et on emmène avec nous trois étudiants de la
fac de lettres (deux filles et un garçon) dans un état à faire pleurer :
les yeux rouges, le teint pâle, à peine capables de parler.

Là je vois d'autres étudiants et, cette fois, des étudiants de ma
classe. Je leur dis de rentrer parce que les salafistes sont tout
proches (on les voit clairement) et sont en train de bouger vers nous.

Aujourd'hui, j'ai cru mourir


A cause de la panique, ils ne savaient que faire et comptaient se
réfugier dans la fac. Je leur dis de prendre un taxi pour rentrer parce
qu'il n'y a pas de police pour les protéger. Je les vois partir et nous
démarrons.

Une heure et demie après mon retour chez moi, il paraît que la police
est intervenue. Trop tard ! Cette fois nous n'avons pas été égorgés,
juste effrayés. Des scènes que personne n'oubliera. Et la prochaine
fois ?

Aujourd'hui, j'ai cru mourir. Demain, je reviendrai donner cours sans peur. »
Zhafit
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Message  Zhafit Lun 26 Mar - 21:08

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