KIOSQUE ARABE Méfiance, les «Ex» reviennent !
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KIOSQUE ARABE Méfiance, les «Ex» reviennent !
Par Ahmed Halli
halliahmed@hotmail.com
Entre vendre des cafés ou des boniments moulus à la télévision, l'un des journalistes vedettes de la chaîne Al Jazeera, Ghassan Bendjeddou, a finalement fait le choix du petit écran. Au moins à la télévision, on ne casse pas la vaisselle, le breuvage est décaféiné, et donc pas de risque d'insomnie. L'année dernière, Ghassan Bendjeddou avait claqué la porte d'Al Jazeera pour incompatibilité d'humeur et d'amour, face aux évènements de Syrie.
Il avait donc annoncé, à notre grand soulagement, qu'il quittait la profession pour exercer un métier plus noble, celui de cafetier. Sans hésitation, et sans le brin de rancune d'usage, nous lui avions souhaité beaucoup de succès dans son nouveau sacerdoce. Rien ne me réconforte autant que des adieux à des confrères, avec l'assurance de pouvoir les nommer en tant qu’«Ex»(1). Bendjeddou avait d'autres atouts, puisqu'il était parti, avec la chaude bénédiction de Karadhaoui qui ne regarde jamais à la dépense sur ce chapitre. Seulement, le matois avait décidé d'écourter la joie des adieux et de jouer les revenants, camouflé dans un drapeau iranien. Il y a quelques mois, le rusé(2) Bendjeddou a annoncé le lancement d'une chaîne de télévision satellitaire privée Al-Mayadine, émettant à partir de Beyrouth, sa ville d'adoption. Survenant après l'ouverture du champ audiovisuel, proclamée par notre hermétique pouvoir, jadis révolutionnaire aujourd'hui révoltant, la nouvelle a laissé libre cours aux supputations. On a commencé par un plan large incluant les amis et les sympathisants de l'Iran, dont le barbu que vous savez, pour finir par quelques titres de presse susceptibles de pactiser avec le diable. Or, dans ce cas précis et dans ce cas seulement, il était inutile de diaboliser des «investisseurs» nationaux, ces derniers ayant d'autres chats à fouetter, si l'audace est permise. Je vous rassure donc tout de suite : il n'y a aucune preuve, absolument aucune, qu'un promoteur national ait été associé, de près ou de loin, au grand projet télévisuel du cafetier repenti. Restons vigilants malgré tout, quoique du point de vue de nos futurs «Ex» la chose ne serait pas impossible, même si elle paraît un peu fort de café, si l'expression est de mise dans le sillage de Bendjeddou. Samedi dernier donc, le journal électronique Middle East Transparency (http://www.metransparent.com/) a annoncé que la télé du vire-voltant Ghassane, qui devait diffuser à la mi-mars, risquait de ne jamais voir le jour. Et c'est là que l'histoire devient intéressante : la raison du report ou annulation du projet serait le tarissement brutal des sources de financement. D'abord, précise le journal, c'est Bahdjat Suleïmane, le fils de l'ancien chef des services de renseignements syriens, qui aurait fermé la pompe à fric, comme on dit. Dans la foulée, les autorités iraniennes qui auraient donné leur aval et le chèque qui va avec, au projet du dribbleur Bendjeddou, auraient procédé au réexamen de leur participation financière. Les Iraniens, non contents d'entretenir le Hezbollah et ses dépendances, financent en effet la chaîne de propagande Al-Alam. Les dirigeants d'Al-Alam ont été ennuyés par l'arrivée imminente d'une chaîne de la même obédience, mais concurrente. Ils ont protesté auprès de Téhéran et ont fait valoir que le lancement de la chaîne Al Mayadine ne servirait qu'à gêner Al-Alam. Sans compter que le sieur Ghassane pouvait être un adorateur de Bachar, mais n'en restait pas moins la brebis égarée (susceptible d'être une taupe) de Karadhaoui. Or, ce dernier qui a lorgné un moment vers le Hezbollah, lorsqu'il guerroyait à corps libanais défendant contre Israël, vient de se raviser. Comme l'Iran et son subrogé libanais le Hezbollah continuent à soutenir, contre vents et marées printanières, le régime de Bachar, par ailleurs combattu par Karadhaoui, la cassure était fatale. Le maître-confesseur de la chaîne Al Jazeera vient de débaptiser le Hezbollah en Hezbollati, remettant ainsi le sort du supposé fer de lance arabe face à Israël, entre les mains impuissantes de la déesse de la Djahilia, Al-At. On peut donc se demander si la nouvelle enseigne octroyée par le chef d'antenne du Qatar au Hezbollah ne serait pas étrangère aux malheurs de l'ancien directeur du bureau d'Al Jazeera au Liban. En attendant que la bonne nouvelle (celle du maintien de Bendjeddou en cafétéria) se confirme, on peut constater que la crise avec Dubaï ne semble pas favoriser les desseins de Karadhaoui. Si ses desseins prophétiques sont quelque peu contrariés, le titre d'imam suprême octroyé par ses fidèles est déjà d'un effet revigorant pour le sénescent homme de Dieu et accessoirement de l'émir. Alors que le chef de la police l'a déjà lâché pour s'en prendre à un autre prédicateur du même sérail, Karadhaoui peut constater que ses anciens concitoyens égyptiens ne le suivent pas en tout et partout. C'est le cas de l'acteur Adel Imam qui s'accroche mordicus à sa lubie d'un Bachar Assad, «ultime rempart» contre l'hégémonisme sioniste. Tout comme Karadhaoui, Adel Imam a ses raisons d'aimer ou de haïr, de se soumettre ou non aux injonctions du «Vatican» arabe domicilié à Doha. L'acteur comique et cible préférée des islamistes est sûr d'une chose au moins : s'il a été condamné à trois ans de prison pour «atteinte à la religion», c'est parce qu'il a proclamé son soutien au régime de Damas. En ce moment, il n'est pas très bon en Égypte de s'opposer à Karadhaoui, éminence grise du mouvement des Frères musulmans. Un mouvement qui semble avoir signé, comme en 1952, une alliance tactique avec le système qui a engendré Moubarak et qui lui cherche un autre successeur, susceptible de lui assurer quelques décennies de répit.
A. H.
(1) Ce qui me rappelle le cas de ce confrère qui s'était qualifié d'ex-journaliste, dans un moment de lucidité, et qui est revenu dans la partie, parce ce que le journalisme on peut y entrer et en sortir au gré des situations et des opportunités. Le journalisme, pour peu que vous sachiez manœuvrer et sauter les obstacles, peut vous mener loin, et même juste à côté, sur les bancs de l'APN. Béni soit le RND, la providence des ambitions contrariées !
(2) Il y a des personnes dont la physionomie chafouine, même refaite ou ravalée, vous lance des signaux avertisseurs, semblables à ces bips de la censure en usage sur le petit écran. Malheureusement, il faut du temps et beaucoup de batailles perdues pour être en mesure de capter ces messages.
halliahmed@hotmail.com
Entre vendre des cafés ou des boniments moulus à la télévision, l'un des journalistes vedettes de la chaîne Al Jazeera, Ghassan Bendjeddou, a finalement fait le choix du petit écran. Au moins à la télévision, on ne casse pas la vaisselle, le breuvage est décaféiné, et donc pas de risque d'insomnie. L'année dernière, Ghassan Bendjeddou avait claqué la porte d'Al Jazeera pour incompatibilité d'humeur et d'amour, face aux évènements de Syrie.
Il avait donc annoncé, à notre grand soulagement, qu'il quittait la profession pour exercer un métier plus noble, celui de cafetier. Sans hésitation, et sans le brin de rancune d'usage, nous lui avions souhaité beaucoup de succès dans son nouveau sacerdoce. Rien ne me réconforte autant que des adieux à des confrères, avec l'assurance de pouvoir les nommer en tant qu’«Ex»(1). Bendjeddou avait d'autres atouts, puisqu'il était parti, avec la chaude bénédiction de Karadhaoui qui ne regarde jamais à la dépense sur ce chapitre. Seulement, le matois avait décidé d'écourter la joie des adieux et de jouer les revenants, camouflé dans un drapeau iranien. Il y a quelques mois, le rusé(2) Bendjeddou a annoncé le lancement d'une chaîne de télévision satellitaire privée Al-Mayadine, émettant à partir de Beyrouth, sa ville d'adoption. Survenant après l'ouverture du champ audiovisuel, proclamée par notre hermétique pouvoir, jadis révolutionnaire aujourd'hui révoltant, la nouvelle a laissé libre cours aux supputations. On a commencé par un plan large incluant les amis et les sympathisants de l'Iran, dont le barbu que vous savez, pour finir par quelques titres de presse susceptibles de pactiser avec le diable. Or, dans ce cas précis et dans ce cas seulement, il était inutile de diaboliser des «investisseurs» nationaux, ces derniers ayant d'autres chats à fouetter, si l'audace est permise. Je vous rassure donc tout de suite : il n'y a aucune preuve, absolument aucune, qu'un promoteur national ait été associé, de près ou de loin, au grand projet télévisuel du cafetier repenti. Restons vigilants malgré tout, quoique du point de vue de nos futurs «Ex» la chose ne serait pas impossible, même si elle paraît un peu fort de café, si l'expression est de mise dans le sillage de Bendjeddou. Samedi dernier donc, le journal électronique Middle East Transparency (http://www.metransparent.com/) a annoncé que la télé du vire-voltant Ghassane, qui devait diffuser à la mi-mars, risquait de ne jamais voir le jour. Et c'est là que l'histoire devient intéressante : la raison du report ou annulation du projet serait le tarissement brutal des sources de financement. D'abord, précise le journal, c'est Bahdjat Suleïmane, le fils de l'ancien chef des services de renseignements syriens, qui aurait fermé la pompe à fric, comme on dit. Dans la foulée, les autorités iraniennes qui auraient donné leur aval et le chèque qui va avec, au projet du dribbleur Bendjeddou, auraient procédé au réexamen de leur participation financière. Les Iraniens, non contents d'entretenir le Hezbollah et ses dépendances, financent en effet la chaîne de propagande Al-Alam. Les dirigeants d'Al-Alam ont été ennuyés par l'arrivée imminente d'une chaîne de la même obédience, mais concurrente. Ils ont protesté auprès de Téhéran et ont fait valoir que le lancement de la chaîne Al Mayadine ne servirait qu'à gêner Al-Alam. Sans compter que le sieur Ghassane pouvait être un adorateur de Bachar, mais n'en restait pas moins la brebis égarée (susceptible d'être une taupe) de Karadhaoui. Or, ce dernier qui a lorgné un moment vers le Hezbollah, lorsqu'il guerroyait à corps libanais défendant contre Israël, vient de se raviser. Comme l'Iran et son subrogé libanais le Hezbollah continuent à soutenir, contre vents et marées printanières, le régime de Bachar, par ailleurs combattu par Karadhaoui, la cassure était fatale. Le maître-confesseur de la chaîne Al Jazeera vient de débaptiser le Hezbollah en Hezbollati, remettant ainsi le sort du supposé fer de lance arabe face à Israël, entre les mains impuissantes de la déesse de la Djahilia, Al-At. On peut donc se demander si la nouvelle enseigne octroyée par le chef d'antenne du Qatar au Hezbollah ne serait pas étrangère aux malheurs de l'ancien directeur du bureau d'Al Jazeera au Liban. En attendant que la bonne nouvelle (celle du maintien de Bendjeddou en cafétéria) se confirme, on peut constater que la crise avec Dubaï ne semble pas favoriser les desseins de Karadhaoui. Si ses desseins prophétiques sont quelque peu contrariés, le titre d'imam suprême octroyé par ses fidèles est déjà d'un effet revigorant pour le sénescent homme de Dieu et accessoirement de l'émir. Alors que le chef de la police l'a déjà lâché pour s'en prendre à un autre prédicateur du même sérail, Karadhaoui peut constater que ses anciens concitoyens égyptiens ne le suivent pas en tout et partout. C'est le cas de l'acteur Adel Imam qui s'accroche mordicus à sa lubie d'un Bachar Assad, «ultime rempart» contre l'hégémonisme sioniste. Tout comme Karadhaoui, Adel Imam a ses raisons d'aimer ou de haïr, de se soumettre ou non aux injonctions du «Vatican» arabe domicilié à Doha. L'acteur comique et cible préférée des islamistes est sûr d'une chose au moins : s'il a été condamné à trois ans de prison pour «atteinte à la religion», c'est parce qu'il a proclamé son soutien au régime de Damas. En ce moment, il n'est pas très bon en Égypte de s'opposer à Karadhaoui, éminence grise du mouvement des Frères musulmans. Un mouvement qui semble avoir signé, comme en 1952, une alliance tactique avec le système qui a engendré Moubarak et qui lui cherche un autre successeur, susceptible de lui assurer quelques décennies de répit.
A. H.
(1) Ce qui me rappelle le cas de ce confrère qui s'était qualifié d'ex-journaliste, dans un moment de lucidité, et qui est revenu dans la partie, parce ce que le journalisme on peut y entrer et en sortir au gré des situations et des opportunités. Le journalisme, pour peu que vous sachiez manœuvrer et sauter les obstacles, peut vous mener loin, et même juste à côté, sur les bancs de l'APN. Béni soit le RND, la providence des ambitions contrariées !
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laic-aokas- Nombre de messages : 14024
Date d'inscription : 03/06/2011
Re: KIOSQUE ARABE Méfiance, les «Ex» reviennent !
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2012/03/19/article.php?sid=131719&cid=8
laic-aokas- Nombre de messages : 14024
Date d'inscription : 03/06/2011
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