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Faut-il rouvrir les maisons closes ?

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Faut-il rouvrir les maisons closes ? Empty Faut-il rouvrir les maisons closes ?

Message  femme libre Dim 11 Déc - 17:53

Plusieurs députés de l’UMP ont récemment évoqué l’idée d'autoriser à nouveau les bordels. La loi Sarko (Loi sur la Sécurité Intérieure), qui réprime depuis 2003 l’exercice de la prostitution, va-t-elle enfin être abrogée? Mais par quelles nouvelles lois le gouvernement veut-il remplacer la LSI?

Dans une tribune du Monde, le 21 janvier 2010, Chantal Brunel -députée UMP de Seine et Marne- évoque la possibilité que l’on rouvre à nouveau les maisons closes. Elle vient de publier un livre sur les violences faites aux femmes et propose “que soit mis à l'étude un cadre qui permettrait une réouverture minutieusement contrôlée des maisons closes (protection médicale, judiciaire, financière, cadre juridique…), tout en contrôlant par ailleurs l'achat de services sexuels”. Son avis n’est pas isolé. A sein de l’UMP, deux autres députés examinent favorablement la question des bordels. Interviewé dans Le Midi Libre, Elie Aboud, -député UMP de l’Hérault, explique: “Quand c’est encadré dans un lieu déterminé, les assistantes sociales peuvent agir. Il faut trouver un cadre juridique à la prostitution pour permettre tous les contrôles.” Dans un communiqué de presse envoyé le 2 février, le STRASS (Syndicat des travailleurs(ses) du sexe) s’alarme: “Nous savons que les députés Elie Aboud et Véronique Vasseur sont actuellement en charge d’un rapport parlementaire sur les politiques à mener concernant la prostitution.”

On sait déjà que ce rapport parlementaire dressera le constat d’échec de la loi Sarkozy, qui empêche les prostituées d’exercer leur métier et les condamne à la clandestinité (donc à l’exploitation). Mais la nouvelle loi ira-t-elle dans le sens d’une meilleure intégration des prostituées, d’une reconnaissance de leur statut? Les autorités accepteront-elles, enfin, d’accorder aux prostituées la liberté d’exercer, ainsi que de meilleures conditions d’existence (droits sociaux, sécurité)? Au sein du STRASS, l’inquiétude règne: "A quelle sauce allons-nous êtres mangées? Nos hommes et femmes politiques continuent de véhiculer les habituels poncifs, d’ignorer les revendications des travailleurs du sexe, et notre existence même en tant que mouvement social. Il faudrait leur rappeler que les travailleurs et travailleuses du sexe s’expriment depuis au moins 1975, époque de l’occupation des églises à Lyon et dans plusieurs villes de France."

Le STRASS a envoyé une demande de rendez vous aux deux parlementaires UMP chargés du rapport et… attend toujours leur réponse.
”Si nous sommes inquiets, c’est que ce qui ressort jusqu’à présent des interviews de nos représentants nationaux est une volonté plus grande de contrôle: contrôle médical, contrôle fiscal et contrôle migratoire. Personne ne veut de leurs maisons closes. Nous aimerions qu’ils et elles comprennent que nous sommes autre chose qu’une masse informe et clandestine de migrantes envahisseuses, transmetteuses de maladies, et échappant au fisc. Nous sommes des êtres humains.
Ils devraient savoir que la plupart d’entre nous paient déjà des impôts, que nous sommes souvent les meilleures actrices de prévention, et les mieux placées pour lutter contre la traite des êtres humains encore et toujours confondue avec l’immigration. Nous exigeons de rencontrer ces parlementaires.
Nous ne sommes pas le problème. Nous faisons partie de la solution.”

La question des maisons closes est complexe. Pour beaucoup de prostitué(e)s, c’est peut-être la possibilité de travailler en “famille”, avec des ami(e)s, dans le confort et la sécurité. En Suisse, par exemple, de nombreux établissements fonctionnent sans travail forcé, sans violence: chaque prostituée loue sa chambre, payant un forfait au mois qui peut représenter entre 50 et 20% de son revenu, selon qu’il/elle reçoit 2 ou 10 clients par jour. Les prostituées sont déclarées et la police vient régulièrement vérifier qu'elles vont bien. Mais toutes les maisons closes ne sont pas des hâvres de paix. La majorité de celles qui existaient en France jusqu’en 1945 (date de leur suppression) étaient des usines à abattage, des fermes industrielles bondées de poules soumises aux pires cadences. Les hommes/femmes politiques en faveur des bordels ne sont pas forcément des humanistes. “On se souvient de la sortie de Christine Boutin qui s’est rétractée le jour d’après face aux remontrances des organisations anti-prostitution” rappelle Tiphaine, porte-parole du Strass.

L’idée de rouvrir les maisons closes n’a donc rien d’innocent et soulève des questions épineuses. Dans une société idéale, il est certain que la prostitution ne devrait pas exister. Mais voilà. Il y a des personnes qui préfèrent se prostituer que travailler dans un supermarché. Il y en a d'autres qui préfèrent fréquenter des prostituées plutôt que de se soumettre au diktat de l’amour conjugal. Il y a aussi des hommes et des femmes qui fantasment sur la prostitution et qui trouvent beaucoup plus excitant/gratifiant de payer ou d’être payé. Ils/elles ne pensent pas que l’argent soit sale. Tout travail mérite salaire, surtout le travail qui touche à l’intime. Pour toutes ces raisons (et bien d’autres), il est presque impossible d’abolir la prostitution. Elle existera toujours. Comment faire pour limiter les dégâts?

Comment faire des prostituées autre chose que des victimes? C’est toute la question d’un documentaire qui sort justement sur les grands écrans ce mois-ci: Les Travailleuses du sexe. Réalisé par Jean-Michel Carré, ce documentaire –diffusé sur Arte en 2009- est maintenant projeté au cinéma, accompagné de débats-rencontres à travers toute la France dans le but d’alerter l’opinion publique sur les lois que le gouvernement nous prépare en catimini.
“Depuis les lois Sarkozy sur la sécurité intérieure de 2003, les prostitué(e)s n'ont plus droit de cité, plus droit de visibilité, passible du délit extrêmement violent de racolage passif. Si ces dispositions font disparaitre ces travailleuses du sexe hors de notre vision, c'est pour les retrouver dans les périphéries, à la merci de violences et d'oppressions multiples.

Jean-Michel Carré a décidé d'écouter et de recueillir la parole des travailleuses sexuels, fières de leur métier qui désirent plus que tout obtenir le droit à exercer leur activité avec les droits et les devoirs qui l'accompagnent.

C'est pour nous un documentaire très important, qui aborde de manière sensible et transgressive la question de notre morale dans notre société et de la violence qui en émane. Ces mots et ces individu(e)s posent ainsi la question de la place du sexe et de sa marchandisation dans notre société qui a bien du mal à résoudre ses contradictions profondes. Libéralisation totale de la pornographie et violente répression du travail prostitué... Des témoignages profonds et touchants, révoltés et révoltants.”

Si vous voulez en savoir plus, rendez-vous dimanche 7, jeudi 11, lundi 15, jeudi 18 et dimanche 21 février pour des débats-rencontres avec le réalisateur, des membres du STRASS, Camille Cabral du PASST, une association de “clients”, Gabrielle Partenza de l'A.N.A, Philippe Caubère, le psychanalyste Christophe Dejours, etc. Le film Les travailleuses du sexe fait bien plus que dévoiler les dessous d’un métier pas comme les autres. Il remet en question toutes nos idées reçues.

LES PROCHAINS DEBATS AUTOUR DE LA PROSTITUTION
Au cinéma Espace St Michel, à Paris

Dimanche 7 février 2010 :
Débat à l’issue de la projection de 20h : Les travailleuses du sexe s'organisent: le STRASS, un syndicat.
En présence de membres du STRASS

Jeudi 11 février 2010 :
Débat à l’issue de la projection de 20H: le travail du sexe et la recherche : En quoi le travail du sexe est un travail?
En présence de Christophe Dejours, psychanalyste, phycho dynamicien du travail, de Françoise Gil chercheuse, Tiphaine Bernard, chercheuse et membre du STRASS et le réalisateur

Lundi 15 février 2010 :
Débat à l’issue de la projection de 20h : Les clients des prostitutées
en présence de Philippe Caubère, Leia, Mickael, et une nouvelle association de clients

Jeudi 18 février 2010 :
Débat à l’issue de la projection de 20H : Transidentités, prostitution de rues, vieillir prostitutée
en présence de Gabrielle Partenza de l'A.N.A, et Camille Cabral du PASTT.

Dimanche 21 février 2010 : prostitution et féminisme
en présence de Cadyne et Tiphaine du STRASS

Paris, Cinéma Espace St Michel, place Saint-Michel 75005. M° St.Michel. Tél : 01 44 07 20 49

A Toulouse : débat le 8 février 2010 à l'Utopia Tournefeuille
en présence de Isabelle Schweiger de l'association Grisélidis

Programmation du film en cours : Lyon, Clermont ferrand, Avignon, Montpellier, St ouen l'aumone, St Etienne, Nancy, Metz, Bayonne, Achères, Nantes, Rennes, Lille, Dijon, Grenoble, Strasbourg, Nimes, Perpignan, Tours, Rouen, Niort, Angers, etc.

Illustration : dessin de Von Gotha. J'en profite pour annoncer la sortie de ses dernières bandes dessinées, aux éditions La Musardine (coll Dynamite) : Les malheurs de Janice, tome 3 et 4.

Pour en savoir plus sur la prostitution : Pute Pride : fières de l'être (dossier complet avec une interview de prostituée) + C'est quoi la vie d'une pute ? (pourquoi les politiques abolitionnistes ne mènent qu'à l'échec) + Une pétition pour décriminaliser les putes (la LSI décortiquée : tout ce que la loi autorise et tout ce qu'elle interdit en matière de prostitution en France).
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Message  femme libre Dim 11 Déc - 17:54

http://www.sexes.blogs.liberation.fr/agnes_giard/2010/02/fautil-réouvrir-les-maisons-closes-.html
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