Printemps arabe: les partis démocratiques nourrissent-ils l’islamisme?
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Printemps arabe: les partis démocratiques nourrissent-ils l’islamisme?
Les partis démocratiques et républicains nourrissent-ils, à la faveur du Printemps arabe et maghrébin, l’hydre islamiste à leur corps défendant par manque de vigilance ou de culture politique. Le cas algérien est le plus parlant...
C’est, d’évidence le représentant d’un parti islamiste de la coalition gouvernementale, et donc de Bouteflika qui, après s’être félicité de la victoire de son ami Rached Ghannouchi à la constituante tunisienne, annonce, le vent en poupe, que l’heure de la gouvernance islamiste est arrivée. Les effets d’annonce de la part des islamistes se font toujours des ailes dite « modérées » ou lovées, tactiquement, au sein du pouvoir qui pour être hétéroclite de nature, favorise ces parades. Si les regards sont entièrement braqués sur la victoire aux urnes des islamistes en Tunisie, au Maroc, en Egypte dans un contexte électoral trouble et peu enclin à en favoriser les enjeux politiques des contours d’un projet de société soumis à l’urne, les partis de l’opposition démocratique ne semblent pas intéresser l’opinion. Sortis, eux aussi, des années de répression, comme c’est le cas en Tunisie, la chute de la dictature semble être à leurs yeux, la fin qui justifie les moyens. Ceux ayant eu des sièges à la constituante nse se sont pas inquiétés outre mesure que le parti Ennahda dirige le gouvernement provisoire, saluant même son caractère " modéré ", allant même jusqu’à soutenir que la chute de Ben Ali a révélé les véritables réalités politiques de la société tunisienne auparavant policées. Dans le même temps, la lune de miel semble tourner en nuit de cauchemars. Le même parti Ennahdha, cette fois, officiel, à la tête du gouvernement de transition, lance ses premières mesures révélatrices de sa vraie nature inquisitrice : la séparation des sexes, l’imposition du Hidjab…etc. Aveuglés sans doute par l’euphorie d’une Tunisie libérée de la dictature, les partis démocratiques et républicains voient cela d’un oeil complaisant. Des personnalités de l’opposition anti-Ben comme la journaliste et militante des Droits de l’Homme Sihem Bensedrine ou encore l’écrivain-journaliste Tewfiq Ben Brik n’ont pas fait de déclarations aussi virulentes à l’endroit des violences commises par les activistes islamistes comme elles le furent contre le régime de Ben Ali. Porte-parole du Conseil national pour les libertés en Tunisie et rédactrice en chef de Radio Kalima, interdite par le régime, Siham Bensedrine dans un entretien accordé à l’Humanité.fr du 22 janvier 2011 et à la questions de savoir sur quelles forces politiques s’appuyer pour gouverner la pays post-Ben Ali, n’ pas un mot sur le danger islamiste : " Notre peuple est éduqué. Il est informé. Il réagit sur Facebook, dans la rue. Il dit ce qu’il veut. Tant qu’il y aura cet esprit chez les citoyens, dans notre jeunesse, ce sera la barrière contre toute confiscation de notre révolution. Pour reconstruire ce pays, il faut s’appuyer sur ce peuple qui est éduqué, qui sait ce qu’il veut, et qui a eu le courage d’affronter les balles traîtresses de ce dictateur mafieux."
Le langage tenu par la mouvance démocratique se veut surtout non partisane. Elle considère que l’après Ben Ali exige toutes les énergies du peuple tunisien et, du fait que c’est la victoire du peuple, ce serait indécent de comptabiliser les voix des urnes. Pourtant, ils furent contraints à cette réalité.
La même logique au Maroc. Le PJD sorti vainqueur des législatives se voulant aussi rassurants sur sa " nature islamiste " n’a pas inquiété les partis démocratiques du Royaume du Commandeur des Croyants. Ils ont même exploité l’attentat sanglant de Marrakech le présentant comme une tentative de bloquer les réformes initiées par le Roi en ne condamnant pas d’une manière claire et ferme l’islamisme politique et ses bras armés fédérés dans l’Aqmi post-Ben Laden. Le même parti de la mouvance islamiste marocaine, longtemps satellite gravitant autour de la cour du Roi n’a pas un mot critique sur ce dernier, ni sur le système politique dans son ensemble dans la mesure où celui-ci exploite l’islam comme identité de l’Etat, ciment du peuple et références culturelles ; un terreau qui favorise, on ne peut mieux, le PJD. Les réactions anti-réformes ne sont pas venues des islamistes. Ils se gardent bien d’être les plus discrets que possible car et la nature des réformes et la situation sociale explosive les donnent favoris dans toute entreprise électorale. Non qu’ils sont ancrés dans la société ou qu’ils n’ont jamais gouverné mais parce que, en situation de troubles, les menaces sont telles que la voix des urnes est trompeuse et peu rassurante.
Le cas de l’Egypte est le plus symptomatique. Bien que des violences entre musulmans et coptes aient entachés l’Egypte de l’après Hosni Mobarek, c’est une polémique dangereuse qui fait oublier aux partis démocratiques égyptiens le véritable enjeu politique d’un projet de société. Les Frères musulmans, représentés aux élections législatives égyptiennes
par le Parti de la liberté et de la justice (PLJ) et le parti salafiste Al Nour mènent une guéguerre idéologique tactique sur fond de rivalités électoralistes ente le Bloc égyptien, coalition de partis libéraux, et d’autres libéraux.
Les partis démocratiques et républicains nourrissent-ils à la faveur du Printemps arabe et maghrébin l’hydre islamiste à leur corps défendant par manque de vigilance ou de culture politique. Le cas algérien est le plus parlant. Rappelons deux dates : Dès après l’arrêt du processus électoral de 1991 donnant le Fis victorieux, le FFS et des personnalités de premier rang dans la défense des Droits de l’Homme ont pactisé avec les chefs du FIS pour le contrat de Saint Egidio pour soi-disant « sauver l’Algérie ». En 2001, c’est le parti du RCD qui applaudit et soutient la politique de concorde civile accordant l’impunité aux terroristes et, conséquemment, à leurs chefs politiques qui reviennent en force, à la faveur de la montée en puissance, par, toujours la voie des urnes, des chefs islamistes. Le rôle historique des partis démocratiques en ces heures décisives dans la reconstruction idéologique des pays arabes et maghrébins semble être minimisée par les observateurs qui se prennent au jeu des islamistes « modérés » ou pas. Et ils se trouvent encore parmi les « démocrates » à croire que les massacres terroristes en Algérie ne sont qu’une histoire d’urnes et non due à la vraie nature exterminatrice de l’islamisme politique. C’est sans doute en raison du manque flagrant de clairvoyance politique des partis démocratiques algériens minés par leur propre contradiction, à l’exemple de l’éclatement en " ailerons " du MDS depuis le décès de Hachemi Cherif que les islamistes rebondissent et mènent autour de Bouteflika une guéguerre partisane au sein de leur mouvance. A l’appel de Bouguerra Soltani à l’union des islamistes, son pseudo rival, Abdallah Djaballah, fondateur des mouvements En Nahda et El Islah vient d’en refuser l’offre : " Les affaires de ces gens ne me concernent pas dans ces circonstances ", soulignant que ce qui l'intéresse pour le moment, c'est l'agrément de son nouveau parti, le Front pour la justice et le développement (FJD). Un moyen comme un autre de semer la diversion au sein des partis démocratiques d'une opposition pourtant "coalisée" à Bouteflika.
R.M
C’est, d’évidence le représentant d’un parti islamiste de la coalition gouvernementale, et donc de Bouteflika qui, après s’être félicité de la victoire de son ami Rached Ghannouchi à la constituante tunisienne, annonce, le vent en poupe, que l’heure de la gouvernance islamiste est arrivée. Les effets d’annonce de la part des islamistes se font toujours des ailes dite « modérées » ou lovées, tactiquement, au sein du pouvoir qui pour être hétéroclite de nature, favorise ces parades. Si les regards sont entièrement braqués sur la victoire aux urnes des islamistes en Tunisie, au Maroc, en Egypte dans un contexte électoral trouble et peu enclin à en favoriser les enjeux politiques des contours d’un projet de société soumis à l’urne, les partis de l’opposition démocratique ne semblent pas intéresser l’opinion. Sortis, eux aussi, des années de répression, comme c’est le cas en Tunisie, la chute de la dictature semble être à leurs yeux, la fin qui justifie les moyens. Ceux ayant eu des sièges à la constituante nse se sont pas inquiétés outre mesure que le parti Ennahda dirige le gouvernement provisoire, saluant même son caractère " modéré ", allant même jusqu’à soutenir que la chute de Ben Ali a révélé les véritables réalités politiques de la société tunisienne auparavant policées. Dans le même temps, la lune de miel semble tourner en nuit de cauchemars. Le même parti Ennahdha, cette fois, officiel, à la tête du gouvernement de transition, lance ses premières mesures révélatrices de sa vraie nature inquisitrice : la séparation des sexes, l’imposition du Hidjab…etc. Aveuglés sans doute par l’euphorie d’une Tunisie libérée de la dictature, les partis démocratiques et républicains voient cela d’un oeil complaisant. Des personnalités de l’opposition anti-Ben comme la journaliste et militante des Droits de l’Homme Sihem Bensedrine ou encore l’écrivain-journaliste Tewfiq Ben Brik n’ont pas fait de déclarations aussi virulentes à l’endroit des violences commises par les activistes islamistes comme elles le furent contre le régime de Ben Ali. Porte-parole du Conseil national pour les libertés en Tunisie et rédactrice en chef de Radio Kalima, interdite par le régime, Siham Bensedrine dans un entretien accordé à l’Humanité.fr du 22 janvier 2011 et à la questions de savoir sur quelles forces politiques s’appuyer pour gouverner la pays post-Ben Ali, n’ pas un mot sur le danger islamiste : " Notre peuple est éduqué. Il est informé. Il réagit sur Facebook, dans la rue. Il dit ce qu’il veut. Tant qu’il y aura cet esprit chez les citoyens, dans notre jeunesse, ce sera la barrière contre toute confiscation de notre révolution. Pour reconstruire ce pays, il faut s’appuyer sur ce peuple qui est éduqué, qui sait ce qu’il veut, et qui a eu le courage d’affronter les balles traîtresses de ce dictateur mafieux."
Le langage tenu par la mouvance démocratique se veut surtout non partisane. Elle considère que l’après Ben Ali exige toutes les énergies du peuple tunisien et, du fait que c’est la victoire du peuple, ce serait indécent de comptabiliser les voix des urnes. Pourtant, ils furent contraints à cette réalité.
La même logique au Maroc. Le PJD sorti vainqueur des législatives se voulant aussi rassurants sur sa " nature islamiste " n’a pas inquiété les partis démocratiques du Royaume du Commandeur des Croyants. Ils ont même exploité l’attentat sanglant de Marrakech le présentant comme une tentative de bloquer les réformes initiées par le Roi en ne condamnant pas d’une manière claire et ferme l’islamisme politique et ses bras armés fédérés dans l’Aqmi post-Ben Laden. Le même parti de la mouvance islamiste marocaine, longtemps satellite gravitant autour de la cour du Roi n’a pas un mot critique sur ce dernier, ni sur le système politique dans son ensemble dans la mesure où celui-ci exploite l’islam comme identité de l’Etat, ciment du peuple et références culturelles ; un terreau qui favorise, on ne peut mieux, le PJD. Les réactions anti-réformes ne sont pas venues des islamistes. Ils se gardent bien d’être les plus discrets que possible car et la nature des réformes et la situation sociale explosive les donnent favoris dans toute entreprise électorale. Non qu’ils sont ancrés dans la société ou qu’ils n’ont jamais gouverné mais parce que, en situation de troubles, les menaces sont telles que la voix des urnes est trompeuse et peu rassurante.
Le cas de l’Egypte est le plus symptomatique. Bien que des violences entre musulmans et coptes aient entachés l’Egypte de l’après Hosni Mobarek, c’est une polémique dangereuse qui fait oublier aux partis démocratiques égyptiens le véritable enjeu politique d’un projet de société. Les Frères musulmans, représentés aux élections législatives égyptiennes
par le Parti de la liberté et de la justice (PLJ) et le parti salafiste Al Nour mènent une guéguerre idéologique tactique sur fond de rivalités électoralistes ente le Bloc égyptien, coalition de partis libéraux, et d’autres libéraux.
Les partis démocratiques et républicains nourrissent-ils à la faveur du Printemps arabe et maghrébin l’hydre islamiste à leur corps défendant par manque de vigilance ou de culture politique. Le cas algérien est le plus parlant. Rappelons deux dates : Dès après l’arrêt du processus électoral de 1991 donnant le Fis victorieux, le FFS et des personnalités de premier rang dans la défense des Droits de l’Homme ont pactisé avec les chefs du FIS pour le contrat de Saint Egidio pour soi-disant « sauver l’Algérie ». En 2001, c’est le parti du RCD qui applaudit et soutient la politique de concorde civile accordant l’impunité aux terroristes et, conséquemment, à leurs chefs politiques qui reviennent en force, à la faveur de la montée en puissance, par, toujours la voie des urnes, des chefs islamistes. Le rôle historique des partis démocratiques en ces heures décisives dans la reconstruction idéologique des pays arabes et maghrébins semble être minimisée par les observateurs qui se prennent au jeu des islamistes « modérés » ou pas. Et ils se trouvent encore parmi les « démocrates » à croire que les massacres terroristes en Algérie ne sont qu’une histoire d’urnes et non due à la vraie nature exterminatrice de l’islamisme politique. C’est sans doute en raison du manque flagrant de clairvoyance politique des partis démocratiques algériens minés par leur propre contradiction, à l’exemple de l’éclatement en " ailerons " du MDS depuis le décès de Hachemi Cherif que les islamistes rebondissent et mènent autour de Bouteflika une guéguerre partisane au sein de leur mouvance. A l’appel de Bouguerra Soltani à l’union des islamistes, son pseudo rival, Abdallah Djaballah, fondateur des mouvements En Nahda et El Islah vient d’en refuser l’offre : " Les affaires de ces gens ne me concernent pas dans ces circonstances ", soulignant que ce qui l'intéresse pour le moment, c'est l'agrément de son nouveau parti, le Front pour la justice et le développement (FJD). Un moyen comme un autre de semer la diversion au sein des partis démocratiques d'une opposition pourtant "coalisée" à Bouteflika.
R.M
laic-aokas- Nombre de messages : 14024
Date d'inscription : 03/06/2011
Re: Printemps arabe: les partis démocratiques nourrissent-ils l’islamisme?
http://www.lematindz.net/news/6501-printemps-arabe-les-partis-democratiques-nourrissent-ils-lislamisme.html
laic-aokas- Nombre de messages : 14024
Date d'inscription : 03/06/2011
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