Lettre d’outre-tombe du colonel Amirouche à Said Sadi
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Lettre d’outre-tombe du colonel Amirouche à Said Sadi
« Sache, mon grand, que je suis très content de toi ! Content d’apprendre, par ton acte historique, que je vis encore après deux morts! Une première, dans mon corps saigné dans sa chaire par un ennemi conventionnel et donc légitime mais interposé et, ensuite, une deuxième, dévié de la mémoire par mon squelette séquestrée dans un sarcophage improvisé, dans un sous sol gardé par un « frère» ennemi psychotique! Dans le monde où je suis maintenant paisible, je n’ai jamais compris les raisons de ma première mort fratricide et encore moins celles de ma deuxième mort toutes les deux perpétrées par Boukharoba et son aveugle vassal Bossouf. Il est vrai, même lui est maintenant mort foudroyé, parai-t-il,par un poison dans un lointain pays. Comme quoi on est jamais « bien servi » que par ses…!
Malheureusement, ici, il ne nous est pas permis de l’approcher ni lui ni Boussouf. Ils sont de l’autre côté de la barrière interdite. Tu sais, là où il fait horriblement chaud! Mais, un bel ami chrétien (ici il n’y a pas de barrières religieuses) du nom difficilement prononçable Alfred Hich…kok m’a révélé, en s’excusant, que c’était peut être son personnage Anthony Hopkins, pardon, Perkins, dans son film « Psychose » tourné dans les années de sa terreur qui lui avait tourné la tête. S’il y a un peu de vrai dans l’explication de mon ami, elle n’explique malheureusement pas tout.
Cette histoire me laisse toujours sur ma soif !
Ils font des cauchemars même après ma mort pourtant excessivement médiatisée par les Français avec des photos de soldats vainqueurs mais qui continuent à trembler même à la certitude de la vue de ma dépouille inerte. Les pauvres!
Tu viens de m’apprendre qu’il m’a déterré pour séquestré mes os pendant vingt ans! Pourquoi? Bizarre! N’a-t- il pas cru réellement à ma mort? Pour quelqu ‘un qui se proclame musulman, ne sait-il pas qu’après la mort, le brave se transforme en Mythe et que son enveloppe charnelle ne représente plus rien? Boukharouba est un « musulman » à un inconscient fortement bourré du paganisme qui le pervertit dans sa psychose de prendre ma dépouille pour Dieu. C’est-à-dire, il a peur de moi comme un fautif a peur de Dieu. Et le meilleur moyen d’éviter la colère et les châtiments de Dieu consiste à croire l’emprisonner en séquestrant mes os. Quelle belle idolâtrie Croyait-il que j’allais finir, dans le cimetière, par défaire la camisole de ma momie pour aller le détrôner de son Koursi et prendre sa place dans sa soif du pouvoir? Pauvre imbécile! Il n’a rien compris au combat du peuple algérien! Remarque, il n’a jamais connu l’enfer d’une atmosphère pleurant du napalm, de longues traversées hivernales pour un allé très souvent sans retours, des faims tellement atroces qu’elles vous poussent à transgresser même les règles du pêcher, en consommant du sanglier et autres animaux insolite, inconnus, rencontrés dans les aléas des sentiers du maquis menant vers la voie royale de l‘ancienne Algérie. Il ne vaut même pas le sabot d’un « aghyoul», avec tous mes respects et hommages au patriotisme de cette bête de somme car, il faut reconnaître, quand même, que même « l’âne algérien » a eu sa grande part de sacrifice dans le combat national et dont une grande partie est tombée, comme nous, au champs d’honneur avec des « achoiris » remplis d’arme et de punitions. Le nom des ânes algériens méritent vraiment mieux une place, et de choix, sur le fronton du panthéon de l’Histoire de la révolution algériennes que ces chevaliers de la dernière minute qui se pavanaient dans les palaces d’Oujda et les salons de Bourguiba.
Je veux te charger aussi de dire à mon fils Noreddine que je suis très content de lui. Il est vrai qu’il est plus têtu que moins instruit que toi. Mais je suis fier de son courage. Dis-lui de faire quand même attention et à bien trier ses fréquentations. Je ne voudrais pas qu’il lui arrive la même chose que nous autres Pères Fondateurs. Ils sont tous là, à côté de moi: Abbane, Ben Mhidi, Ben Boulaid, Si Lhoues,… et même Krim. Dieu a jugé que, malgré tout, Krim mérite sa place ici, parmi nous, que de l’autre côté de la barrière interdite. Il y a même dans notre famille, Djaout, Boucebsi, le brave Matoub (il me plait bien ce petit; je ne sais pas pourquoi mais il me rappelle bien ma jeunesse)… et même un certain Mouloud Mammeri avec lesquels Abbane aime bien discuter. Celui-ci n’a pas vraiment beaucoup changé. Mort, il est toujours aussi concentré sur ses théories que vivant dans les montagnes de la Soummam. Il n’a jamais accepté sa mort et ne désespère toujours pas de revenir un jour en Algérie. Comment? Je ne saurai le dire! Mais il compte bien, au moment voulu, nous faire une invitation au voyage. Trimbalant toujours le même ulcère, il sermonne cet idéo de Krim avec toujours la même rigueur kabyle d’un frère aîné.
En 56 et 57, j’ai eu tort, moi aussi, de le laisser me polluer, dans mon pauvre esprit, en préférant son intellectualisme paysan à celui, plus savant, de Remdane. Ah, si je n’avais pas trop écouté les divagations de mon frère Krim, bien de choses auraient connu des fins heureuses!
A ce propos justement, Abbane, qui lit tous les livres de l’Algérie « indépendante», me charge de te demander si, au fond, « Amirouche, une vie, deux morts, un testament » n’est pas le tome II de « Bouteflika, une imposture algérienne ». En d’autres termes, si le nom de Said Saadi n’est pas le pseudonyme de Mohamed Benchicou et vice versa. C’est-à-dire, un seul homme, un seul combat. J’espère que j’ai bien traduit sa pensée. Sinon, il me dit de te dire que ton livre efface, dix ans après, largement tes erreurs mortelles contenues dans ta « Lettre à mes amis de la presse » et que Benchicou, en bon démocrate et fou de son pays, comme nous le fûmes tous, saura trouver la force nécessaire pour pardonner dans l’intérêt d’une seule et même cause.
Veuillez bien passer un grand azul, Salam et bonjours à tous les enfants de l’Algérie.
Bien éternellement,
Le Colonel Amirouche. »
Par Madih
http://www.lematindz.net/news/3100-lettre-doutre-tombe-du-colonel-amirouche-a-said-sadi.html
Malheureusement, ici, il ne nous est pas permis de l’approcher ni lui ni Boussouf. Ils sont de l’autre côté de la barrière interdite. Tu sais, là où il fait horriblement chaud! Mais, un bel ami chrétien (ici il n’y a pas de barrières religieuses) du nom difficilement prononçable Alfred Hich…kok m’a révélé, en s’excusant, que c’était peut être son personnage Anthony Hopkins, pardon, Perkins, dans son film « Psychose » tourné dans les années de sa terreur qui lui avait tourné la tête. S’il y a un peu de vrai dans l’explication de mon ami, elle n’explique malheureusement pas tout.
Cette histoire me laisse toujours sur ma soif !
Ils font des cauchemars même après ma mort pourtant excessivement médiatisée par les Français avec des photos de soldats vainqueurs mais qui continuent à trembler même à la certitude de la vue de ma dépouille inerte. Les pauvres!
Tu viens de m’apprendre qu’il m’a déterré pour séquestré mes os pendant vingt ans! Pourquoi? Bizarre! N’a-t- il pas cru réellement à ma mort? Pour quelqu ‘un qui se proclame musulman, ne sait-il pas qu’après la mort, le brave se transforme en Mythe et que son enveloppe charnelle ne représente plus rien? Boukharouba est un « musulman » à un inconscient fortement bourré du paganisme qui le pervertit dans sa psychose de prendre ma dépouille pour Dieu. C’est-à-dire, il a peur de moi comme un fautif a peur de Dieu. Et le meilleur moyen d’éviter la colère et les châtiments de Dieu consiste à croire l’emprisonner en séquestrant mes os. Quelle belle idolâtrie Croyait-il que j’allais finir, dans le cimetière, par défaire la camisole de ma momie pour aller le détrôner de son Koursi et prendre sa place dans sa soif du pouvoir? Pauvre imbécile! Il n’a rien compris au combat du peuple algérien! Remarque, il n’a jamais connu l’enfer d’une atmosphère pleurant du napalm, de longues traversées hivernales pour un allé très souvent sans retours, des faims tellement atroces qu’elles vous poussent à transgresser même les règles du pêcher, en consommant du sanglier et autres animaux insolite, inconnus, rencontrés dans les aléas des sentiers du maquis menant vers la voie royale de l‘ancienne Algérie. Il ne vaut même pas le sabot d’un « aghyoul», avec tous mes respects et hommages au patriotisme de cette bête de somme car, il faut reconnaître, quand même, que même « l’âne algérien » a eu sa grande part de sacrifice dans le combat national et dont une grande partie est tombée, comme nous, au champs d’honneur avec des « achoiris » remplis d’arme et de punitions. Le nom des ânes algériens méritent vraiment mieux une place, et de choix, sur le fronton du panthéon de l’Histoire de la révolution algériennes que ces chevaliers de la dernière minute qui se pavanaient dans les palaces d’Oujda et les salons de Bourguiba.
Je veux te charger aussi de dire à mon fils Noreddine que je suis très content de lui. Il est vrai qu’il est plus têtu que moins instruit que toi. Mais je suis fier de son courage. Dis-lui de faire quand même attention et à bien trier ses fréquentations. Je ne voudrais pas qu’il lui arrive la même chose que nous autres Pères Fondateurs. Ils sont tous là, à côté de moi: Abbane, Ben Mhidi, Ben Boulaid, Si Lhoues,… et même Krim. Dieu a jugé que, malgré tout, Krim mérite sa place ici, parmi nous, que de l’autre côté de la barrière interdite. Il y a même dans notre famille, Djaout, Boucebsi, le brave Matoub (il me plait bien ce petit; je ne sais pas pourquoi mais il me rappelle bien ma jeunesse)… et même un certain Mouloud Mammeri avec lesquels Abbane aime bien discuter. Celui-ci n’a pas vraiment beaucoup changé. Mort, il est toujours aussi concentré sur ses théories que vivant dans les montagnes de la Soummam. Il n’a jamais accepté sa mort et ne désespère toujours pas de revenir un jour en Algérie. Comment? Je ne saurai le dire! Mais il compte bien, au moment voulu, nous faire une invitation au voyage. Trimbalant toujours le même ulcère, il sermonne cet idéo de Krim avec toujours la même rigueur kabyle d’un frère aîné.
En 56 et 57, j’ai eu tort, moi aussi, de le laisser me polluer, dans mon pauvre esprit, en préférant son intellectualisme paysan à celui, plus savant, de Remdane. Ah, si je n’avais pas trop écouté les divagations de mon frère Krim, bien de choses auraient connu des fins heureuses!
A ce propos justement, Abbane, qui lit tous les livres de l’Algérie « indépendante», me charge de te demander si, au fond, « Amirouche, une vie, deux morts, un testament » n’est pas le tome II de « Bouteflika, une imposture algérienne ». En d’autres termes, si le nom de Said Saadi n’est pas le pseudonyme de Mohamed Benchicou et vice versa. C’est-à-dire, un seul homme, un seul combat. J’espère que j’ai bien traduit sa pensée. Sinon, il me dit de te dire que ton livre efface, dix ans après, largement tes erreurs mortelles contenues dans ta « Lettre à mes amis de la presse » et que Benchicou, en bon démocrate et fou de son pays, comme nous le fûmes tous, saura trouver la force nécessaire pour pardonner dans l’intérêt d’une seule et même cause.
Veuillez bien passer un grand azul, Salam et bonjours à tous les enfants de l’Algérie.
Bien éternellement,
Le Colonel Amirouche. »
Par Madih
http://www.lematindz.net/news/3100-lettre-doutre-tombe-du-colonel-amirouche-a-said-sadi.html
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Date d'inscription : 22/02/2009
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