Voyage au coeur de la nébuleuse d’Ennahdha
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Voyage au coeur de la nébuleuse d’Ennahdha
Très bon article sur la nébuleuse d’ennahdha.
Source de l’article
Pour séduire, s’imposer et se protéger des mauvaises langues, le parti islamiste tunisien enfile aujourd’hui la cape de l’Akp, son équivalent au pouvoir en Turquie, et se dit ouvert à tout…
Même si vous n’avez pas l’adresse exacte du parti Ennahdha, vous ne risquez ni de tourner en rond à l’entrée du quartier huppé de Montplaisir, au coeur de la capitale, ni de vous perdre. Il suffit de poser la question à n’importe quel passant qui vous conduira à l’ancien immeuble de Tunisie Telecom: un building moderne de plusieurs étages fraîchement peint en blanc, aux portes et fenêtres en verre fumé.
L’autre gros détail: à l’entrée, une affiche géante en forme de couronne, estampillée du slogan de ce parti qui a survécu, des décennies dans la clandestinité, et qui tente aujourd’hui d’occuper une bonne place dans le prochain gouvernement.
Un accueil digne de foi
Portes vitrées, parterre marbré, plantes vertes et des mots de bienvenue écrits sur deux panneaux, en arabe, en anglais, en français et en italien. A gauche de l’ascenseur, tout est indiqué comme si on était dans un ministère ou autre établissement officiel. Pour tel étage, tel service et tout semble dans l’ordre et minutieusement organisé. Tout parait nickel, et partout, ça sent le propre. Des va et viens, des hommes et des femmes s’affairent en silence. Un silence religieux interrompu par «Assalamou Alaykom» à chaque fois où quelqu’un passe.
Les hommes qui peuplent le siège ne sont pas barbus. Pas un seul. Au contraire, tous bien rasés. Et les femmes! Les unes sont voilées, les autres non. Plusieurs sont en pantalons et en jean mais se font discrètes. Pas de petits hauts choquants ou de tee-shirts échancrés.
A l’accueil: un jeune au grand sourire. Ce bachelier est tout content de décrocher ce travail et ne le cache pas. Content aussi d’avoir un salaire de 500 dinars dès le premier mois. Dans la salle d’attente, deux autres jeunes diplômés, originaires de la banlieue sud de Tunis. Eux aussi attendent de signer leur contrat de travail au sein du parti. Ils sont heureux d’être au service d’Ennahdha et d’avoir un boulot. A leur côté, un militant quinquagénaire attend d’être reçu par le bureau exécutif. Un autre, beaucoup plus jeune, demande le formulaire pour s’adhérer à Ennahdha.
«J’ai assisté à plusieurs meetings. Là, je suis décidé. Je suis musulman et moderne et ce parti se veut moderne et tolérant. Là, ça me convient», raconte, à Kapitalis, Marouane, un caissier dans un restaurant au centre-ville.
Des dons et des millions
Au bureau des décideurs, la vue qui donne sur Tunis est imprenable. Tout est neuf: meubles, ordinateurs, outils de travail et autres équipements. L’un des deux jeunes que nous avons croisés en bas en train d’attendre d’être embauchés, nous sert un café qui sent bon. C’est du 100% arabica servi dans une tasse d’un goût très raffiné.
Alors que Hamadi Jebali, porte-parole du parti, est réuni, mercredi, avec quatre ou cinq membres du bureau exécutif, Ajmi Lourimi, 48 ans, un éternel étudiant (et membre du bureau exécutif) nous a consacré un peu de son temps. L’homme à la casquette est resté à l’ombre 17 ans et demi. Son délit était d’appartenir au parti islamiste. Ajmi Lourimi est philosophe de formation, un élève de l’éminent Mohamed Abed Al-Jabri. Ce qui ne lui a pas évité d’avoir été «trimbalé» dans presque toutes les prisons du pays de Bizerte à Kasserine en passant par 9-Avril de Tunis, aujourd’hui détruit, Borj Erroumi, près de Bizerte, Grombalia, Sfax, Monastir, avant de le libérer le 24 juillet 2007.
Sur cette période noire de sa vie, l’homme se veut plutôt discret. Cinq minutes après, arrive Zied Daoulatli, un docteur en pharmacie qui n’a jamais exercé sa profession a lui aussi a connu les geôles et l’asile.
Ce qui fait bruit aujourd’hui dans la cité, c’est le financement d’Ennahdha, qu’en pense le pharmacien? M. Daoulatli dit que tout revient aux militants. «C’est grâce aux dons de nos militants. Chacun selon ses moyens. Il y a ceux qui donnent cent dinars et plus. Il y a des personnes qui ont mis dans les caisses du parti un million d’un seul coup», a-t-il dit sans oublier ceux qui sont mobilisés volontairement et qui donnent de leur temps et de leur personne.
«Nos militants ont tous été formés au principe du volontariat. Puis, nous avons bien sûr les cartes d’adhérents», a-t-il ajouté. La carte d’adhésion dans le parti Ennahdha est à 30 dinars. «Le parti est aujourd’hui présent partout. C’est-à-dire dans les 265 délégations du pays», précise M. Daoulatli. Un petit calcul, ça doit chiffrer
Pas de financement de l’étranger ? «Pas un centime», affirme M. Daoulatli.
Un Islam à la Turque
Des années 1980, les Tunisiens gardent un mauvais souvenir des exactions commises par le parti. L’incendie provoqué dans la cellule du Rcd, l’ex-parti au pouvoir, à Bab Souika, qui a fait deux morts, reste une tache noire dans l’histoire d’Ennahdha. Beaucoup de Tunisiens pensent qu’il s’agit d’un mouvement violent et ne font pas confiance à son pacifisme affiché actuellement. On lui reproche toujours le double-langage. A ces soupçons, M. Daoulatli répond qu’aujourd’hui, les éléments les plus durs se sont détachés du parti. «Même dans les mosquées, ils nous prennent pour des athées. Notre orientation est claire aujourd’hui, et notre modèle c’est un Islam à la Turque. Et notre devise, c’est l’alliance entre tous les partis contre la dictature et pour la démocratie, qu’elle qu’en soit la forme», plaide-t-il. Et de préciser qu’à chaque fois qu’il y a crise, il y a toujours un courant extrémiste qui naît et se développe. «Tout comme la montée de Le Pen en France», dit-il. Et de souligner: «Nous ne partageons pas l’extrémisme de certains partis se réclamant de l’islamisme».
A entendre M. Daoulatli, Ennahdha cherche à ce que tous les partis cohabitent ensemble pour instaurer une vraie démocratie. «Nous sommes en contact avec le Fdtl de Mustapha Ben Jaâfar, le Cpr de Moncef Marzouki et même avec l’Ugtt», affirme M. Daoulatli. Et de préciser que les Tunisiens ont besoin aujourd’hui de faire la paix entre eux afin de tourner la page et essayer de construire leur démocratie.
«La Tunisie a besoin d’un gouvernement parlementaire qui mettra les bouchées doubles pour trouver un plan d’urgence et mettre en place rapidement l’infrastructure nécessaire au développement des régions et à la résorption du chômage, notre principal défi», explique M. Daoulatli.
Est-ce possible? Est-ce faisable! Réponse du pharmacien: «Actuellement, nous sommes capables de réaliser une croissance de 8 à 9%. Oui, c’est faisable. Il nous faut seulement une constitution pluraliste. De notre côté, nous n’écartons aucun parti et la parole doit revenir à toutes les familles intellectuelles», promet le dirigeant islamiste.
Modérément vôtre
Les bars et l’alcool, les droits de la femme, la liberté du culte , qu’en dites-vous? «Chacun est libre. Ça ne nous dérange pas de voir des gens qui boivent et qui fréquentent les bars. D’ailleurs, j’habite à Kheïreddine et je vois des choses dans la banlieue notamment des couples sur les plages. Mais à chacun sa vie qui n’appartient qu’à lui», répond M. Daoulatli.
Qu’est ce qui aujourd’hui vous dérange le plus? «Le dictateur est parti, mais son système est encore là. Il nous faut quatre, peut-être cinq ans pour nous débarrasser de cet héritage et construire enfin un pays sur des bases démocratiques. Les secteurs comme la magistrature, les médias, la sécurité nationale doivent être mis au service du peuple et pas détournés au profit de quelques individus», répond Ajmi Lourimi. Selon lui, plusieurs institutions ont besoin aujourd’hui d’être réformées et dotées de l’indépendance nécessaire.
Le cheikh Mourou est-il encore membre d’Ennahdha? «Oui», répond M. Lourimi. Pour le moment, le parti Ennahdha n’a pas encore dévoilé le nom de son leader. Il a un porte-parole, Hamadi Jebali, un leader historique, Rached Ghannouchi, un orateur hors pair, Abdelfattah Mourou, mais pas encore de candidat à la prochaine présidentielle. Le parti va-t-il récupérer la couleur mauve de ses listes aux législatives de 1989, sachant que cette couleur est devenue emblématique de l’ancien dictateur? «Non surtout pas !», répond fermement M. Daoulatli. Il sait que les Tunisiens ont horreur de cette couleur qui ne leur a porté que malheur!
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Pour séduire, s’imposer et se protéger des mauvaises langues, le parti islamiste tunisien enfile aujourd’hui la cape de l’Akp, son équivalent au pouvoir en Turquie, et se dit ouvert à tout…
Même si vous n’avez pas l’adresse exacte du parti Ennahdha, vous ne risquez ni de tourner en rond à l’entrée du quartier huppé de Montplaisir, au coeur de la capitale, ni de vous perdre. Il suffit de poser la question à n’importe quel passant qui vous conduira à l’ancien immeuble de Tunisie Telecom: un building moderne de plusieurs étages fraîchement peint en blanc, aux portes et fenêtres en verre fumé.
L’autre gros détail: à l’entrée, une affiche géante en forme de couronne, estampillée du slogan de ce parti qui a survécu, des décennies dans la clandestinité, et qui tente aujourd’hui d’occuper une bonne place dans le prochain gouvernement.
Un accueil digne de foi
Portes vitrées, parterre marbré, plantes vertes et des mots de bienvenue écrits sur deux panneaux, en arabe, en anglais, en français et en italien. A gauche de l’ascenseur, tout est indiqué comme si on était dans un ministère ou autre établissement officiel. Pour tel étage, tel service et tout semble dans l’ordre et minutieusement organisé. Tout parait nickel, et partout, ça sent le propre. Des va et viens, des hommes et des femmes s’affairent en silence. Un silence religieux interrompu par «Assalamou Alaykom» à chaque fois où quelqu’un passe.
Les hommes qui peuplent le siège ne sont pas barbus. Pas un seul. Au contraire, tous bien rasés. Et les femmes! Les unes sont voilées, les autres non. Plusieurs sont en pantalons et en jean mais se font discrètes. Pas de petits hauts choquants ou de tee-shirts échancrés.
A l’accueil: un jeune au grand sourire. Ce bachelier est tout content de décrocher ce travail et ne le cache pas. Content aussi d’avoir un salaire de 500 dinars dès le premier mois. Dans la salle d’attente, deux autres jeunes diplômés, originaires de la banlieue sud de Tunis. Eux aussi attendent de signer leur contrat de travail au sein du parti. Ils sont heureux d’être au service d’Ennahdha et d’avoir un boulot. A leur côté, un militant quinquagénaire attend d’être reçu par le bureau exécutif. Un autre, beaucoup plus jeune, demande le formulaire pour s’adhérer à Ennahdha.
«J’ai assisté à plusieurs meetings. Là, je suis décidé. Je suis musulman et moderne et ce parti se veut moderne et tolérant. Là, ça me convient», raconte, à Kapitalis, Marouane, un caissier dans un restaurant au centre-ville.
Des dons et des millions
Au bureau des décideurs, la vue qui donne sur Tunis est imprenable. Tout est neuf: meubles, ordinateurs, outils de travail et autres équipements. L’un des deux jeunes que nous avons croisés en bas en train d’attendre d’être embauchés, nous sert un café qui sent bon. C’est du 100% arabica servi dans une tasse d’un goût très raffiné.
Alors que Hamadi Jebali, porte-parole du parti, est réuni, mercredi, avec quatre ou cinq membres du bureau exécutif, Ajmi Lourimi, 48 ans, un éternel étudiant (et membre du bureau exécutif) nous a consacré un peu de son temps. L’homme à la casquette est resté à l’ombre 17 ans et demi. Son délit était d’appartenir au parti islamiste. Ajmi Lourimi est philosophe de formation, un élève de l’éminent Mohamed Abed Al-Jabri. Ce qui ne lui a pas évité d’avoir été «trimbalé» dans presque toutes les prisons du pays de Bizerte à Kasserine en passant par 9-Avril de Tunis, aujourd’hui détruit, Borj Erroumi, près de Bizerte, Grombalia, Sfax, Monastir, avant de le libérer le 24 juillet 2007.
Sur cette période noire de sa vie, l’homme se veut plutôt discret. Cinq minutes après, arrive Zied Daoulatli, un docteur en pharmacie qui n’a jamais exercé sa profession a lui aussi a connu les geôles et l’asile.
Ce qui fait bruit aujourd’hui dans la cité, c’est le financement d’Ennahdha, qu’en pense le pharmacien? M. Daoulatli dit que tout revient aux militants. «C’est grâce aux dons de nos militants. Chacun selon ses moyens. Il y a ceux qui donnent cent dinars et plus. Il y a des personnes qui ont mis dans les caisses du parti un million d’un seul coup», a-t-il dit sans oublier ceux qui sont mobilisés volontairement et qui donnent de leur temps et de leur personne.
«Nos militants ont tous été formés au principe du volontariat. Puis, nous avons bien sûr les cartes d’adhérents», a-t-il ajouté. La carte d’adhésion dans le parti Ennahdha est à 30 dinars. «Le parti est aujourd’hui présent partout. C’est-à-dire dans les 265 délégations du pays», précise M. Daoulatli. Un petit calcul, ça doit chiffrer
Pas de financement de l’étranger ? «Pas un centime», affirme M. Daoulatli.
Un Islam à la Turque
Des années 1980, les Tunisiens gardent un mauvais souvenir des exactions commises par le parti. L’incendie provoqué dans la cellule du Rcd, l’ex-parti au pouvoir, à Bab Souika, qui a fait deux morts, reste une tache noire dans l’histoire d’Ennahdha. Beaucoup de Tunisiens pensent qu’il s’agit d’un mouvement violent et ne font pas confiance à son pacifisme affiché actuellement. On lui reproche toujours le double-langage. A ces soupçons, M. Daoulatli répond qu’aujourd’hui, les éléments les plus durs se sont détachés du parti. «Même dans les mosquées, ils nous prennent pour des athées. Notre orientation est claire aujourd’hui, et notre modèle c’est un Islam à la Turque. Et notre devise, c’est l’alliance entre tous les partis contre la dictature et pour la démocratie, qu’elle qu’en soit la forme», plaide-t-il. Et de préciser qu’à chaque fois qu’il y a crise, il y a toujours un courant extrémiste qui naît et se développe. «Tout comme la montée de Le Pen en France», dit-il. Et de souligner: «Nous ne partageons pas l’extrémisme de certains partis se réclamant de l’islamisme».
A entendre M. Daoulatli, Ennahdha cherche à ce que tous les partis cohabitent ensemble pour instaurer une vraie démocratie. «Nous sommes en contact avec le Fdtl de Mustapha Ben Jaâfar, le Cpr de Moncef Marzouki et même avec l’Ugtt», affirme M. Daoulatli. Et de préciser que les Tunisiens ont besoin aujourd’hui de faire la paix entre eux afin de tourner la page et essayer de construire leur démocratie.
«La Tunisie a besoin d’un gouvernement parlementaire qui mettra les bouchées doubles pour trouver un plan d’urgence et mettre en place rapidement l’infrastructure nécessaire au développement des régions et à la résorption du chômage, notre principal défi», explique M. Daoulatli.
Est-ce possible? Est-ce faisable! Réponse du pharmacien: «Actuellement, nous sommes capables de réaliser une croissance de 8 à 9%. Oui, c’est faisable. Il nous faut seulement une constitution pluraliste. De notre côté, nous n’écartons aucun parti et la parole doit revenir à toutes les familles intellectuelles», promet le dirigeant islamiste.
Modérément vôtre
Les bars et l’alcool, les droits de la femme, la liberté du culte , qu’en dites-vous? «Chacun est libre. Ça ne nous dérange pas de voir des gens qui boivent et qui fréquentent les bars. D’ailleurs, j’habite à Kheïreddine et je vois des choses dans la banlieue notamment des couples sur les plages. Mais à chacun sa vie qui n’appartient qu’à lui», répond M. Daoulatli.
Qu’est ce qui aujourd’hui vous dérange le plus? «Le dictateur est parti, mais son système est encore là. Il nous faut quatre, peut-être cinq ans pour nous débarrasser de cet héritage et construire enfin un pays sur des bases démocratiques. Les secteurs comme la magistrature, les médias, la sécurité nationale doivent être mis au service du peuple et pas détournés au profit de quelques individus», répond Ajmi Lourimi. Selon lui, plusieurs institutions ont besoin aujourd’hui d’être réformées et dotées de l’indépendance nécessaire.
Le cheikh Mourou est-il encore membre d’Ennahdha? «Oui», répond M. Lourimi. Pour le moment, le parti Ennahdha n’a pas encore dévoilé le nom de son leader. Il a un porte-parole, Hamadi Jebali, un leader historique, Rached Ghannouchi, un orateur hors pair, Abdelfattah Mourou, mais pas encore de candidat à la prochaine présidentielle. Le parti va-t-il récupérer la couleur mauve de ses listes aux législatives de 1989, sachant que cette couleur est devenue emblématique de l’ancien dictateur? «Non surtout pas !», répond fermement M. Daoulatli. Il sait que les Tunisiens ont horreur de cette couleur qui ne leur a porté que malheur!
femme libre- Nombre de messages : 651
Date d'inscription : 22/02/2009
Re: Voyage au coeur de la nébuleuse d’Ennahdha
http://www.rap125.com/tag/terroriste/page/2/
femme libre- Nombre de messages : 651
Date d'inscription : 22/02/2009
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