Nassera Merah, sociologue : «Le jeûne tourne à l'obsession alimentaire»
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Nassera Merah, sociologue : «Le jeûne tourne à l'obsession alimentaire»
Nassera Merah, sociologue : «Le jeûne tourne à l'obsession alimentaire»
B M Le Temps d'Algérie : 11 - 08 - 2010
A l'avènement de chaque Ramadhan, le comportement alimentaire des Algériens change. Pourquoi exactement en cette période ? La sociologue Nassera Merrah a bien voulu répondre à cette question. Elle estime que «le jeûne tourne à l'obsession alimentaire». «Le bon sens voudrait que durant ce mois, on pense moins à la nourriture.
Or le jeûne tourne à l'obsession alimentaire», analyse la sociologue. Sur sa lancée, elle explique que «comme tous les interdits, ne pas manger obsède. La prohibition développe les ruses pour contourner les interdits. Dans ce cas, le religieux est sacré, on ne peut tromper Dieu. On se réfugie dans les fantasmes du repas. On achète et on ne parle que de recettes».
Nassera Merrah fera remarquer que «tout contribue à cet acharnement alimentaire». «Même les institutions rassurent des mois à l'avance la population sur les futures importations de nourriture et promettent la disponibilité des denrées», ajoute-t-elle.
Elle pense que «Ramadhan a été vidé de son sens historique. On occulte le fait que l'avènement du jeûne répondait à la nécessité de discipliner la société antéislamique, de la djahilia, qui festoyait sans retenue. Le jeûne était le moyen de les tester sur leurs capacités de résister et de respecter les préceptes religieux».
«Qu'en reste-t-il aujourd'hui ? Tout le contraire : l'obsession de la nourriture.» Par ailleurs, Mme Merrah se demande ce que peuvent faire d'autre les Algériens durant le mois de Ramadhan ? Aucune activité, pas de loisirs, pas d'échanges, pas de perspectives. «Si tout cela existait, les familles auraient, peut-être, fait des économies pour accéder à ces plaisirs. A défaut, la seule distraction reste, malheureusement, une table bien garnie, même si, le soir, on ne mange rien et qu'on refuse les restes le lendemain», explique-t-elle.
D'un autre côté, elle estime que l'amélioration du niveau de vie et la disponibilité des produits ont contribué à l'émergence de ces habitudes. «Il y a à peine 50 ans la société avait moins de moyens, et les nantis faisaient preuve de discrétion, car l'usage voulait que l'on partage avec les voisins. La société s'étant développée dans des structures non traditionnelles, l'anonymat contribue à l'étalage de la richesse», conclut-elle.
B M Le Temps d'Algérie : 11 - 08 - 2010
A l'avènement de chaque Ramadhan, le comportement alimentaire des Algériens change. Pourquoi exactement en cette période ? La sociologue Nassera Merrah a bien voulu répondre à cette question. Elle estime que «le jeûne tourne à l'obsession alimentaire». «Le bon sens voudrait que durant ce mois, on pense moins à la nourriture.
Or le jeûne tourne à l'obsession alimentaire», analyse la sociologue. Sur sa lancée, elle explique que «comme tous les interdits, ne pas manger obsède. La prohibition développe les ruses pour contourner les interdits. Dans ce cas, le religieux est sacré, on ne peut tromper Dieu. On se réfugie dans les fantasmes du repas. On achète et on ne parle que de recettes».
Nassera Merrah fera remarquer que «tout contribue à cet acharnement alimentaire». «Même les institutions rassurent des mois à l'avance la population sur les futures importations de nourriture et promettent la disponibilité des denrées», ajoute-t-elle.
Elle pense que «Ramadhan a été vidé de son sens historique. On occulte le fait que l'avènement du jeûne répondait à la nécessité de discipliner la société antéislamique, de la djahilia, qui festoyait sans retenue. Le jeûne était le moyen de les tester sur leurs capacités de résister et de respecter les préceptes religieux».
«Qu'en reste-t-il aujourd'hui ? Tout le contraire : l'obsession de la nourriture.» Par ailleurs, Mme Merrah se demande ce que peuvent faire d'autre les Algériens durant le mois de Ramadhan ? Aucune activité, pas de loisirs, pas d'échanges, pas de perspectives. «Si tout cela existait, les familles auraient, peut-être, fait des économies pour accéder à ces plaisirs. A défaut, la seule distraction reste, malheureusement, une table bien garnie, même si, le soir, on ne mange rien et qu'on refuse les restes le lendemain», explique-t-elle.
D'un autre côté, elle estime que l'amélioration du niveau de vie et la disponibilité des produits ont contribué à l'émergence de ces habitudes. «Il y a à peine 50 ans la société avait moins de moyens, et les nantis faisaient preuve de discrétion, car l'usage voulait que l'on partage avec les voisins. La société s'étant développée dans des structures non traditionnelles, l'anonymat contribue à l'étalage de la richesse», conclut-elle.
fatima- Nombre de messages : 1074
Date d'inscription : 28/02/2009
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