Cannes: "L'Apollonide", ou la vie au bordel entre copines
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Cannes: "L'Apollonide", ou la vie au bordel entre copines
Cannes: "L'Apollonide", ou la vie au bordel entre copines
On vit au bordel comme dans un pensionnat de jeunes filles avec "L'Apollonide, souvenirs de la maison close", troisième film français en compétition lundi à Cannes, visite sociologique et picturale dans l'univers de la prostitution.
Baignée d'une lumière empruntée aux tableaux d'Ingres ou de Degas, la maison parisienne du quartier de l'Opéra, en pleine réforme haussmanienne, abrite une douzaine de belles que visitent au soir tombé des consommateurs de passage et quelques réguliers qui y ont noué des attaches.
Le réalisateur Bertrand Bonello s'introduit dans ce monde clos sur le point de basculer au tournant du 19e siècle, alors qu'apparaissent l'électricité et les premières voies du métro: "On sait d'emblée que la maison va fermer et on l'accompagne", résumait-il lundi devant la presse.
Solidaires et bonnes amies, les pensionnaires n'y sont pas maltraitées: Madame (Noémie Lvovsky) prodigue de judicieux conseils et veille à leur santé, elles se préparent en riant entre copines, nouant les corsets des unes et maquillant les autres, même si la plupart sont prisonnières de leurs dettes qui les enchaînent à la maison sans grand espoir d'en sortir.
Vivant à moitié nues comme les odalisques des Orientalistes, les filles boivent le champagne sur les genoux des visiteurs, plus toujours très verts pour les plus assidus et pas toujours bienveillants pour les plus jeunes.
L'une des filles, surnommée la "Femme au sourire", se fait d'ailleurs salement esquinter le sien au canif par un pervers qu'elle pensait être un ami de coeur.
Ne serait-ce l'irruption de cette violence, tout est doux et paisible dans cet univers étouffant, sourd à la marche extérieure du monde qui ne rentre que par bouffées, au travers des contacts avec la préfecture.
Bonello, dont c'est le cinquième film, a réuni un casting d'actrices pour la plupart méconnues, à l'exception de Hafsia Herzi, 24 ans, déjà primée à la Mostra de Venise et aux César (Meilleur espoir) pour sa prestation dans "La Graine et le mulet".
"On était comme en famille", a-t-elle expliqué à propos de la nudité. "C'est difficile à expliquer mais il n'y a pas eu de pudeur, on en rigolait. On était toutes dans le même cas et on n'aurait pas fait le film si on avait eu un problème avec ça".
Le plus difficile, a jugé Bonello, "était de déterminer l'ambiance des salons: je voulais absolument éviter le côté un peu folklore, Moulin Rouge, qui m'aurait ramené à des choses que je déteste au cinéma. Quand on commence à feutrer à peu près tout, ça donne un côté presque église qui ne marche plus avec une maison close".
Le cinéaste défend également son parti pris d'hyper-esthétisme, des costumes aux décors -pratiquement que des scènes d'intérieur- avec une photo signée de son épouse, Josée Deshaies, soucieuse de réalisme dans la restitution de l'époque.
"On peut avoir un objet esthétique et parler de la prostitution, ce n'est pas antinomique", estime-t-il.
Son film s'achève sur des images de prostituées contemporaines postées aux portes de Paris: nostalgie des maisons closes disparues ? Il a refusé d'entrer dans ce débat.
Par Anne CHAON
http://www.lesechos.fr/culture-loisirs/infos-generales/culture/afp_00344595-cannes-l-apollonide-ou-la-vie-au-bordel-entre-copines-163790.php
On vit au bordel comme dans un pensionnat de jeunes filles avec "L'Apollonide, souvenirs de la maison close", troisième film français en compétition lundi à Cannes, visite sociologique et picturale dans l'univers de la prostitution.
Baignée d'une lumière empruntée aux tableaux d'Ingres ou de Degas, la maison parisienne du quartier de l'Opéra, en pleine réforme haussmanienne, abrite une douzaine de belles que visitent au soir tombé des consommateurs de passage et quelques réguliers qui y ont noué des attaches.
Le réalisateur Bertrand Bonello s'introduit dans ce monde clos sur le point de basculer au tournant du 19e siècle, alors qu'apparaissent l'électricité et les premières voies du métro: "On sait d'emblée que la maison va fermer et on l'accompagne", résumait-il lundi devant la presse.
Solidaires et bonnes amies, les pensionnaires n'y sont pas maltraitées: Madame (Noémie Lvovsky) prodigue de judicieux conseils et veille à leur santé, elles se préparent en riant entre copines, nouant les corsets des unes et maquillant les autres, même si la plupart sont prisonnières de leurs dettes qui les enchaînent à la maison sans grand espoir d'en sortir.
Vivant à moitié nues comme les odalisques des Orientalistes, les filles boivent le champagne sur les genoux des visiteurs, plus toujours très verts pour les plus assidus et pas toujours bienveillants pour les plus jeunes.
L'une des filles, surnommée la "Femme au sourire", se fait d'ailleurs salement esquinter le sien au canif par un pervers qu'elle pensait être un ami de coeur.
Ne serait-ce l'irruption de cette violence, tout est doux et paisible dans cet univers étouffant, sourd à la marche extérieure du monde qui ne rentre que par bouffées, au travers des contacts avec la préfecture.
Bonello, dont c'est le cinquième film, a réuni un casting d'actrices pour la plupart méconnues, à l'exception de Hafsia Herzi, 24 ans, déjà primée à la Mostra de Venise et aux César (Meilleur espoir) pour sa prestation dans "La Graine et le mulet".
"On était comme en famille", a-t-elle expliqué à propos de la nudité. "C'est difficile à expliquer mais il n'y a pas eu de pudeur, on en rigolait. On était toutes dans le même cas et on n'aurait pas fait le film si on avait eu un problème avec ça".
Le plus difficile, a jugé Bonello, "était de déterminer l'ambiance des salons: je voulais absolument éviter le côté un peu folklore, Moulin Rouge, qui m'aurait ramené à des choses que je déteste au cinéma. Quand on commence à feutrer à peu près tout, ça donne un côté presque église qui ne marche plus avec une maison close".
Le cinéaste défend également son parti pris d'hyper-esthétisme, des costumes aux décors -pratiquement que des scènes d'intérieur- avec une photo signée de son épouse, Josée Deshaies, soucieuse de réalisme dans la restitution de l'époque.
"On peut avoir un objet esthétique et parler de la prostitution, ce n'est pas antinomique", estime-t-il.
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laic-aokas- Nombre de messages : 14024
Date d'inscription : 03/06/2011
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