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ETUDIANTES LE JOUR, PROSTITUEES LA NUIT

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Message  laic-aokas Mer 24 Aoû - 16:06

ETUDIANTES LE JOUR, PROSTITUEES LA NUIT

Elles sont jeunes, belles, régulièrement inscrites dans les universités et Grandes écoles d'Abidjan. Mais face aux difficultés de la vie, elles ont choisit la voie de la facilité : la prostitution. Et après les cours, ces filles s'adonnent au plus vieux métier du monde, malgré tous les risques. Nous avons rencontré trois d'entre elles. Récit.

Université de Cocody. On est vendredi, dans une salle de T.D (travaux dirigés) de l'UFR des sciences juridiques, administratives et politiques. Nina (c'est son nom d'emprunt), 27 ans, étudiante en Licence de droit privé s'attelle à récupérer tous les cours qu'elle a manqués ces derniers jours pour en faire des photocopies…D'ailleurs, c'est une habitude pour elle de prévoir chaque fois de l'argent pour photocopier les cours. Depuis la première année, Nina n'assiste pas à tous les cours, surtout à ceux de vendredi soir et de samedi matin, à cause de son boulot…

Ce même vendredi, à 23 heures, on retrouve Nina à Biétry. Reconvertie en serveuse, elle s'active dans un bar huppé. Bottillons, jupe ultracourte, perruque jaune sur la tête, ongles rutilants…un look identique à celui de toutes les serveuses du coin. Entre deux services, elle prend le temps de se confier à nous : « C'est une copine qui m'a trouvé ce job. Je travaille dans ce bar depuis deux ans…Mon père travaille à l'intérieur du pays, il est là-bas avec ma mère et certains de mes frères. En tout, nous sommes 20 frères et sœurs. Ici, je vis dans la maison familiale. Mais depuis quelque temps, papa ne s'occupe plus de moi, il ne me donne presque plus d'argent, parce qu'il trouve que je suis déjà grande… » Et dans ce bar, elle semble trouver ce qu'elle cherche. « Chaque jour de travail, j'ai 2500 f comme prime de transport. J'ai aussi 500 f sur chaque verre que je fais prendre aux clients, et puis il y a les pourboires qui peuvent aller jusqu'à 15000 f, les samedis… Pour les cours, je me suis arrangée avec mon patron : Pendant l'année scolaire, je bosse les vendredis et les samedis à partir de 20heures. Pendant les vacances, c'est tous les jours, à partir de 16 heures ».

« Quand je vais en « busy », c'est minimum 35 000 F »

Mais, en réalité, ce ne sont pas les pourboires et autres primes qui constituent l'essentiel des revenus de Nina. Il y a aussi et surtout le « busy », c'est ainsi que Nina et ses collègues serveuses appellent le fait d'aller passer une nuit avec un client du bar contre de l'argent. « Toutes les filles ici ont fait au moins une fois le « busy ». Au début, moi, je ne voulais pas du tout aller avec quelqu'un que je ne connais pas. Mais toutes les autres le faisaient et ça se passait assez bien pour elles, alors un jour, j'ai essayé. Mon premier « busy », c'était avec un Blanc. Il a tellement apprécié que c'est moi qu'il choisit chaque fois qu'il vient…Le client qui veut une fille glisse un mot dans la corbeille au moment de payer l'addition. Si la fille est libre elle le lui signifie par un sourire. Et le client attend jusqu'à la fermeture du bar pour partir avec la fille. Moi, quand je vais en « busy », c'est minimum 35 000f. On me paye avant même que je ne quitte le bar…Le client peut faire tout ce qu'il veut toute la nuit, mais à 7 heures, il doit me déposer chez moi…Je ne vais pas en « busy » à la veille des examens, parce que l'an passé j'ai échoué à ma première session à cause de ça » Autre lieu, Marcory Mille maquis. C'est le nouvel épicentre de la prostitution à Abidjan. Samedi soir, il est 23 heures. A quelques pas des fêtards qui « descendent » des casiers de bière dans les maquis géants, de nombreuses prostituées déambulent. A intervalles très rapprochés, elles s'engouffrent avec leurs clients dans un hangar situé juste en bordure de la route. Pour faire leurs affaires. L'odeur âcre de l'urine, les dizaines de préservatifs usagés qui jonchent le sol et même les passants ne gênent ni les clients (généralement saouls) ni leurs belles de nuit.

« La passe à 1000 F ou 1500 F, ça ne m'arrange pas »

Un peu à l'écart de tout ce « bazar », se tient Betty (c'est son nom d'emprunt), 23 ans, étudiante en année préparatoire de BTS communication. Nous l'avons rencontrée quelques jours plus tôt dans une Grande école au Plateau. Son pantalon jean (taille basse), sa chaîne à la hanche et surtout sa plastique de mannequin attirent des clients. Elle les envoie balader sans ménagement. « Je ne « gère » pas (Traduisez : je ne fais pas l'amour) avec ceux qui sortent des maquis. Ils sont saouls et en général, c'est pour fatiguer les gens », expliquera-t-elle. « Et puis moi, Je ne viens ici que les vendredis et les samedis. La passe à 1000 F ou 1500 F, ça ne m'arrange pas… » Un instant après, une voiture s'arrête à son niveau. Betty semble bien connaître le conducteur. Elle monte à bord et la voiture disparaît.

Environ deux heures plus tard, elle revient. Seule, sans l'homme qui l'avait emmenée.

« C'est un homme marié, il m'appelle et il passe me chercher ici quand il a besoin de moi. Il paye bien… », raconte-t-elle. « Je vis avec ma grande sœur qui ne travaille pas. Nos parents sont au village. Je ne peux pas mentir, chaque fois que je vais les voir, ils me donnent de l'argent pour mes études. Je n'ai pas eu le Bac alors je dois payer mes cours. L'argent de mes parents suffit à peine à payer la scolarité…Or, je dois m'habiller, je dois manger…C'est ma meilleure amie, aujourd'hui décédée, qui m'a montré comment faire. Je l'ai accompagnée un jour en Zone 4… », poursuit-elle. « Ma sœur ne sait pas que je fais ça. Si elle l'apprend, c'est sûr qu'elle va me chasser de la maison. Les jours où je ne rentre pas, je lui dis tout simplement que j'étais avec mon gars… »
Peu après, une autre voiture s'approche et klaxonne. Betty se dirige vers le conducteur. Après négociation, elle monte à bord. Mais cette fois, elle ne reviendra pas.

Le lendemain dimanche, dans l'après-midi, quelque part à Yopougon, Betty est sagement assise dans l'appartement où elle vit avec sa sœur. Revenue dans sa peau d'étudiante, elle révise ses leçons. Tranquillement. Presque aucune trace de la nuit dernière, sauf des yeux un peu rougis par l'alcool et la nuit quelque peu mouvementée. Dès qu'elle nous aperçoit, elle vient à notre rencontre. « Ma sœur est là, je ne peux pas vous recevoir à la maison, elle va me poser trop de questions », s'empresse-t-elle de dire. Alors nous nous retirons sous un hangar non loin. Là, nous parlons pendant de longues minutes. Et, sur notre demande, Betty nous résume la suite de sa nuit. « Hier, la deuxième voiture dans laquelle je suis montée, c'étaient des jeunes qui voulaient se défouler, nous nous sommes entendus sur 25 000 F, comme ils étaient deux… »

Elles donnent dans la cyberprostitution

Si Nina et Betty ont du mal à s'avouer à elles-mêmes et aux autres qu'elles se prostituent, ce n'est pas le cas de Solange K. (c'est son vrai nom). A 29 ans, Solange vient de s'inscrire dans un institut de beauté après plusieurs années sans aller à l'école. Une cigarette toujours au bec, elle n'a aucune gêne à avouer qu'il y a longtemps qu'elle gagne sa vie en vendant les charmes de son corps.

« Ça a commencé au lycée. J'étais encore à l'intérieur du pays. Et dans le foyer où je vivais, toutes les filles avaient plusieurs gars qui s'occupaient d'elles. Je suis tombée dedans… Mon père était très déçu de moi, il voulait me renier quand il a appris que je faisais ça…Mais maintenant, je pense qu'il m'a acceptée comme je suis. Je sais que dans le quartier où je vis, les gens me critiquent, ils chuchotent sur mon passage parce que je découche très souvent. Ce n'est jamais la même voiture qui vient me déposer. Ça me fait mal quand j'entends certains propos sur mon compte, mais c'est ce que je fais pour payer ma maison, me nourrir, payer mes études… » En plus d'écumer les grands hôtels où elle prétend avoir des contacts, Solange est aussi parmi celles qui donnent dans la cyberprostitution. Son champ d'action, c'est parfois internet, et les liens du chat. « Souvent, quand je n'ai pas de « mouvements » et que je dois régler un problème urgent, je vais sur le net pour me « dépanner ». Je propose mes services et celui qui est intéressé discute avec moi, on s'entend sur le prix avant de se croiser, parce que je n'ai pas de temps à perdre. Jamais en dessous de 30 000 F. Quand on se rencontre, il me donne mon argent avant tout… »

« Ma meilleure amie a été sauvagement assassinée dans un hôtel… on a tiré son sang »

Nina et Betty se disent en marge des réseaux de proxénètes. Elles « travaillent » en free lance, selon elles. Aussi, développent-elles individuellement un système de protection. « Moi, je ne passe jamais la nuit dans un hôtel avec un gars. S'il veut passer la nuit avec moi, c'est chez lui à la maison et pas ailleurs… J'ai peur, Il y a deux ans, ma meilleure amie a été sauvagement assassinée par un homme avec qui elle était partie passer la nuit dans un hôtel…on a tiré son sang, on a enlevé son sexe … » explique Betty.

Quant à Nina, c'est surtout contre le SIDA qu'elle se prémunit. « Je vais toujours en « busy » avec mes préservatifs. J'ai des caries dentaires, j'ai les gencives qui saignent tout le temps alors je n'embrasse jamais les clients, je ne fais pas la fellation, c'est trop risqué. Le Sida rode, il y a trop de filles que je connais qui en sont mortes. Je ne veux pas sacrifier mon avenir… »

Justement, parlant d'avenir, comment voient-elles le leur ? Plutôt lucide, Nina confie : « L'an dernier j'ai échoué à mon examen à cause du boulot… Je sais que je ne peux pas construire une vie dans les bars, c'est passager…Je veux avoir la Maîtrise, un bon boulot, une maison, un mari et des enfants… ». Betty ne dit pas autre chose : « En ce moment, au niveau des études, je fais ce que je peux. Souvent, je suis obligée de « tirer » les cours. Mais, je vais arrêter tout ça quand je serai en année de BTS, pour me concentrer sur l'examen. Quand j'aurai mon diplôme, je vais chercher du boulot, plus tard je compte faire un cycle ingénieur ». Solange est encore plus explicite : « J'ai un fils de 4 ans qui vit pour le moment avec son père. Ma belle- famille n'a pas voulu que mon ex vive avec moi à cause de mon passé… Quand mon fils sera grand, je ne veux pas qu'on lui dise que sa mère est une pute. Si je suis retournée à l'école, c'est pour apprendre un métier et abandonner ça. »

A entendre ces filles, vendre les charmes de leur corps n'est qu'une simple étape dans leur vie. Une étape dont elles espèrent sortir quand elles le décideront. Sauf que la prostitution est un engrenage dont on ne sort presque jamais sans séquelles.

© abidjan.us

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Message  azemour Mer 24 Aoû - 16:59

qui poussent toutes les filles du monde à la prostitution??

qui tire les ficelles de la prostitution?
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