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Arrestation du maire de Zéralda: Les dessous d’une affaire

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Arrestation du maire de Zéralda: Les dessous d’une affaire Empty Arrestation du maire de Zéralda: Les dessous d’une affaire

Message  Zhafit Lun 11 Juil - 11:04

Hadjer Guenanfa




Depuis mercredi, le maire de Zéralda, Mouhib Khatir, est en prison. Placé sous mandat de dépôt, il est accusé d’escroquerie et de diffamation. Il a comparu jeudi devant le tribunal de Hadjout. Pour beaucoup de proches du maire, et notamment ses soutiens qui ont organisé deux rassemblements vendredi avant et après la prière, c’est la conséquence des efforts de Mouhib Khatir pour lutter contre la corruption dans sa commune. Lui‑même avait déjà, à plusieurs reprises, fait part de ses craintes. Récemment, TSA l’avait rencontré. Et il prévenait déjà : « je suis très vulnérable ».

Car Mouhib Khatir a eu « le tort », selon lui, de s’intéresser d’un peu trop près à la gestion de son prédécesseur à la tête de l’APC de Zéralda. Dans un premier temps, constatant plusieurs dossiers suspects il dépose une vingtaine de plaintes entre 2007, date de son arrivée à la mairie, et aujourd’hui. « Dès que j'ai été installé, j'ai remarqué des anomalies dans le compte de l'APC qui était bloqué. La commune avait contracté un crédit auprès de la Cnep pour construire un centre d'affaires en 1994 et ne l'avait toujours pas remboursé. J'ai déposé plainte notamment contre l'ancien président de l'APC qui est actuellement vice‑président et j'ai informé ma tutelle, la wilaya, de tous ces dépassements et ces dilapidations et le manque à gagner pour la commune – il se compte en terme de milliards – que j'ai constatés »,racontait‑il dans cet entretien.

On aurait pu penser la justice satisfaite de l’activisme du maire contre ces malversations présumées, mais bizarrement, c’est tout le contraire qui se passe. Quelques temps après, une plainte est déposée contre lui pour négligence et complicité dans la mauvaise gestion de la gare routière de Zéralda. « Les gens qui ont été convoqués comme témoins étaient déjà impliqués dans le dossier de la plainte que j'avais déposée », s’étonnait ainsi le maire.

Les déboires du maire ne se sont par arrêtés là. Il va encore une fois constater son isolement lorsqu’il tente de faire fermer un hôtel, un cabaret et une salle des fêtes dans le centre d’affaires de la ville, parce que, selon lui, ils ne sont pas en conformité avec la loi. Là encore, expliquait‑il, ses décisions seront systématiquement contrecarrées par d’autres responsables locaux. « Les habitants se plaignaient depuis 2003 que ce cabaret était déjà ouvert sans autorisation. Mais il fonctionnait toujours grâce à la complicité des responsables locaux. Mon avis était alors défavorable, c'était au début 2008 », détaillait‑il.

Un rapport de la Cour des comptes lui parvient confirmant ses doutes. « Après avoir vu le rapport, j'ai demandé au chef de sûreté de mener une enquête ». M. Khatir demande aussi des documents aux élus pour compléter son enquête. Ils lui seront refusés. « Je demande au chef de sûreté de voir si le cabaret et la salle de spectacle ont des autorisations », expliquait‑il. Le responsable le lui confirme et lui envoie un rapport signé. « J'envoie ensuite sur place une équipe de l'APC pour l’hygiène. Je signe après un arrêté de fermeture que j'envoie au chef de sûreté pour exécution », continuait‑il. Le même chef de sûreté lui envoie alors un autre rapport, complètement opposé au précédent, lui affirmant que ni le cabaret, ni la salle n'avaient d'autorisations.

« On a tenté de me corrompre »
Le maire de Zéralda, sceptique, fait dès lors un rapport détaillé au wali, au ministère de l'Intérieur et au procureur général de Blida, pour dénoncer ces dysfonctionnements. Il dépose aussi une nouvelle plainte contre les gérants, les associés et l'ancien P/APC pour dilapidation, signature de faux contrats et falsification. Le wali signe l'arrêté de fermeture le 6 juillet 2008. Mais le cabaret, l'hôtel et le bar du centre d'affaires sont toujours ouverts. Pour Mouhib Khatir, les gérants bénéficient de la complaisance des autorités, dont plusieurs responsables fréquentent selon lui l’établissement. « On a même tenté de me corrompre », affirmait‑il, tantôt par l'argent et tantôt par des garanties et des promesses pour un nouveau mandat. En 2008, il avait déjà déposé plusieurs plaintes sans qu'aucune n'aboutisse. Ce ne sera pas le cas des plaintes déposées contre lui.

Fin décembre 2008, la gérante de l'hôtel porte plainte contre Mouhib Khatir, l'accusant de lui avoir demandé de l'argent. Quelques temps après, une autre convocation lui parvient du tribunal de Blida pour détournement, dilapidation et signature de faux contrats. D'autres plaintes seront déposées contre lui par la suite. S’étonnant de l'évolution de l'affaire, M. Khatir envoie une lettre au procureur de Blida lui demandant la raison pour laquelle les plaintes que lui a déposées n'ont toujours pas été instruites.

L’affaire prend une nouvelle tournure lorsqu’un habitant de la commune fait une requête concernant la distribution de logements sociaux. Le maire étudie le dossier et tombe sur la demande de logement du frère du procureur de Blida. Il aurait selon lui bénéficié d’un logement social à Zéralda alors qu’il n’est ni natif ni résident dans la commune. Le maire constate alors qu’« un acte de résidence (dont TSA détient une copie) a été falsifié avec comme adresse le siège de la commune ». Il dépose alors une plainte contre le procureur général de Blida et son adjoint, parent d’un élu de la commune de Zéralda, que le maire soupçonne d’avoir organisé la fraude.

Au moment de notre entretien, Mouhib Khatir affirmait qu’à l’issue de ce dépôt de plainte, il avait été menacé de mort à plusieurs reprises. Mouhib Khatir venait également d’initier un mouvement pour la défense des droits des maires. Il avait avec quelques élus locaux élaboré une liste de revendications et menacé de marcher dans la capitale. Une menace qui lui en a valu plusieurs autres en retour. Quelques semaines avant son incarcération, il affirmait ainsi être harcelé pour son militantisme et s’inquiétait de ce qui pouvait lui arriver.



Zhafit
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