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Le Maghreb des états d’âme

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Le Maghreb des états d’âme Empty Le Maghreb des états d’âme

Message  laic-aokas Mar 21 Juin - 17:11

Le Maghreb des états d’âme


L’essentiel de ce que je connais sur le Maghreb, je le dois à la lecture d’un livre intitulé « Notre Ami le Roi ». Un livre hautement lèse-majesté, publié par un journaliste socialiste français, vers la fin des années 80. L’auteur Gilles Perrault, est allé trop loin dans l’intimité du royaume au point d’agiter, pour une bonne période, les bonnes relations entre Rabat et le Quai D’Orsay. Mitterrand, très embarrassé, devait trouver un impossible compromis entre ses intérêts au Maroc et la liberté d’expression. Il finira dans l’un de ses discours, par inviter l’occident, y compris la France, à cesser de soutenir les dictatures et lança, en l’occasion, pour la première fois, sa fameuse expression politique de « l’ingérence positive ».



Mœurs royales

L’auteur a “révélé” entre autre, qu’Hassan II n’était pas le fils de son père et que ses traits négroïdes lui seraient venus d’un père génétique assez éloigné de la famille royale. En plus de sa femme légitime Lalla Latifa Hammou, une berbère de la tribu des zaiane, destinée en premier lieu à fournir des ovules au sperme royal pour perpétuer en toute “halalité” la lignée du prophète, il disposait d’une trentaine de concubines chargées d’entretenir son concombre. Elles étaient logées et nourries, chacune dans sa villa, par les taxes affectées aux bas- ventre royal à la barbe du contribuable marocain. Son divertissement sexuel ne s’arrêtait pas là : En bon roi qui se disait de la lignée chérifienne du prophète, c’était dans sa générosité d’honorer autant de beautés possibles, parmi lesquelles dans le secret de Polichinelle, Fatima, la très belle femme de son valeureux général Oufkir. Un général berbère qui s’est illustré comme vaillant commandant, dans les rangs français lors de la guerre du Vietnam. Doté d’un physique impressionnant, il était, avant de s’engager dans l’armée française, un brigand au sud du Maroc, qui s’adonnait à depouiller les caravanes de leurs biens, parfois, après leur avoir infligé de terribles supplices. Ce sadisme se manifestera en lui plus tard dans la gestion des affaires du royaume.
L’Opération Oufkir ou l’Opération « O » qui l’a rendu célèbre lors de la guerre du Vietnam est inscrite dans le livre peu épais de l’héroïsme militaire français. Concernant les relations charnelles entre sa femme et le roi, Il n’était pas le dernier à le savoir, mais il fermait les yeux, sans doute, pour des raisons promotionnelles. Après tout, dit-on, un roi ne déshonore jamais une femme, au contraire, il l’honore. Dans les milieux bureaucratiques brésiliens, on appelle ce genre de promo “la promotion canapé”.

Sa fille aînée, Lalla Meriem, elle aussi, aimait se taper tous les beaux mecs de cette Mecque libidineuse que lui était l’atmosphère royale. C’est le festin de fesses à Fès et à Meknès aimait dire un copain de l’Ouest qui aimait faire du tourisme sexuel au Maroc dans le cadre, disait-il, des amours de vacances. L’autre belle Chanson de Mohamed Ghafour, intitulée « Zine El Fassi » (beauté à Fès) sonne comme une invitation indirecte à une escale à Fès. Ces 2 villes réputées pour leur Histoire, leur culture et leur spiritualisme, ont, pour notre vacancier insolite, changé de réputation. Ââr Aâlikoum ya rdjal Meknes (honte à vous, hommes de Meknes) aimait-il chanter quand son humeur le lui permettait.

Assassinats d’Oufkir et de Ben Barka

Après avoir attribué au roi, la mort du socialiste Ben Barka et du général Oufkir qui aurait été derrière la tentative d’attentat de 1972 qui a failli coûté la vie au roi, l’auteur a révélé au monde les geôles de Tazmamart où se trouvaient détenus, jusqu’à l’oubli, des prisonniers politiques parmi lesquels les enfants d’Oufkir pour avoir tout simplement eu le malheur d’être les progénitures de leurs pères. Dénoncées par Gilles Perrault dans son livre, puis niées par le royaume, ces prisons ont été plus tard confirmées par les différentes ligues et organisations internationales des droits de l’homme, ce qui conduira à leur fermeture sous la pression de la communauté internationale.
Mehdi Ben Barka surnommé le Che Guevara marocain avait été enlevé à Paris en 1965 sans, parait-il, être retrouvé à ce jour. Il avait 45 ans. Il a été accusé en 1962 de comploter pour le renversement d’Hassan II. En 1963 il a été condamné à l’exil après avoir lancé un appel aux soldats marocains de refuser de prendre les armes contre les algériens lors de la Guerre des Sables à travers laquelle Hassan II avait tenté de récupérer Bechar et Tindouf dans son concept fou du Grand Maroc aui devait inclure le Sahara Occidental, toute la Mauritanie et une bonne partie du Mali. Un article paru dans le magazine Time en 1975 avait révélé que 3 agents marocains dont l’ex ministre de l’intérieur Mohammed Oufkir était derrière cet enlèvement avec la complicité de la CIA et du Mossad. La mort d’Oufkir survenue après l’echec de l’attentat a été attribuée, quant à elle, au suicide.

La France, sa colonie et ses protectorats.

A l’époque du Maghreb colonial, le Maroc et la Tunisie jouissaient de la part de la France d’un certain égard de noblesse qui leur donnait le relativement respectable statut de protectorat, tandis que l’Algérie avait le statut pas du tout reluisant de colonie. Une sorte de no man’s land entre la Tunisie et le Maroc qui faisait naturellement la continuité de Marseille pour le compte d’une France tant rêvée de ses généraux et qui s’étendrait de Dunkerque à Tamanrasset. Une sorte de Manifest Destiny qui compléterait le bonheur de la France. Une Terra Nulus habitée par des homo nulus, autrement dit, une terre à conquérir, habitée pour rien par un peuple à soumettre. En sous-entendu, c’est à peu près ça une colonie.

Ce titre de noblesse (le protectorat) basé sur la féodalité alaouite des systèmes de castes dans lequel les peuples subissaient sans rechigner les taxes du Makhzen acquis au harem royal, ne semble pas, outre mesure, intimider le peuple algérien qui décida par la voie révolutionnaire, de pousser la France à un égard plus honorable, en l’occurrence le respect.

Partout dans le Maghreb, des événements indépendantistes avaient eu sporadiquement lieu, mais la France les a férocement réprimés. Elle avait encore dans sa tête cette révolte des années 20 menée par le rifain Abdelkrim Hattabi et qui a fait en 2 ans 27 000 morts au sein de l’armée française. Soit, 5000 soldats de plus que ce que la guerre d’Algérie fera officiellement perdre à la France !

En 1951 la Libye donne le premier coup d’envoi à la libération de l’Afrique après sa victoire sur l’Italie. En 1980, avec l’indépendance du Zimbabwe, toute l’Afrique était libre. …

En 1954, la France vaincue au Vietnam après son ultime défaite à Dien Bien Phu concédée au communiste Ho Chi Minh, devait rapatrier ses forces à destination de l’Algérie pour étouffer dans l’œuf la révolution algérienne. Pour se concentrer sur sa colonie rebelle, la France a préféré lâcher ses 2 protectorats du Maghreb mais pas tous les territoires qu’ils réclamaient. La France a en effet élargi selon ses besoins la superficie de sa colonie aux dépens de celles du Maroc et de la Tunisie qu’elle avait réduites à 2 peaux de chagrin. Ces 2 pays avaient fait semblant d’accepter le partage de la France mais, entre-temps, dans les coulisses, ils avaient conclu un marché avec le FLN dans lequel il était convenu qu’ils fourniraient toute l’aide nécessaire à l’Algérie pour obtenir son indépendance et, que celle-ci, une fois indépendante leur rendrait leurs territoires annexés par la France. Le Maroc avait abrité le clan d’Oujda composé principalement du trio Boumediene-Bouteflika-Medeghri connu sous le nom des 3 mousquetaires d’Oujda, que rejoindra Ben Bella après l’indépendance. La Tunisie de son coté avait abrité le clan Le Bec Du Canard au sein duquel se trouvait celui qui sera notre 3-fois-ex président Chadli dont le manque d’autorité affiché tout au long de son règne, finira par réduire au titre de simple mari de H’lima.

Tout allait pour le mieux dans le meilleur monde des mondes de la révolution, mais à l’indépendance les choses se sont passées autrement : Profitant d’une loi Onusienne qui stipulait que les frontières de tout nouveau pays sont celles tracées par le colon, l’Algérie s’accrocha à cette loi et refusa d’honorer ses engagements vis-à-vis de ses 2 voisins qui considéreront cette décision algérienne comme un coup de poignard dans leurs dos.

Difficile, cependant pour le Maroc et la Tunisie de réussir à coller une étiquette de trahison à une Algérie qui venait aux yeux du monde entier de faire preuve d’un héroïsme et d’une bravoure exemplaires. Leurs revendications aussi moralement légitimes qu’elles puissent paraître, étaient dissoutes dans l’euphorie et le vacarme de la fête.

Exacerbés, les marocains passent à l’attaque. En 1963, ils envahissent une bonne partie du Sud-ouest algérien. Ils seront immédiatement repoussés par les 2 illustres colonels Chaabani et Mohand Oulhadj.

On raconte que la Tunisie, de son coté avait envoyé, plus tard, ses tracteurs labourer “ses terres” du coté d’Annaba. Le président Boumediene les confisqua en remerciant ironiquement les tunisiens pour leur involontaire générosité, pour avoir participé à leurs dépens au jeu de tel-est-pris-qui-croyait-prendre. C’était, sans doute, le prix à payer par les tunisiens pour comprendre la leçon de La Fontaine…Mal prend aux voléreaux de faire les voleurs…

Et lorsque le président Bourguiba et sa presse tunisienne ont commencé à verser dans leur harrissa médiatique pas du tout du goût de notre dictateur, celui-ci ferma catégoriquement la centrale électrique algérienne qui alimentait la Tunisie. Ce qui aurait conduit Bourguiba, El Moudjahed el Akbar à sa célèbre phrase “qoulna klima 3achina fi dlima” (on a dit un petit mot, on s’est retrouvé dans l’obscurité). Le deal s’était finalement achevé sur un goût d’inachevé, coté tunisien: La rouverture de la centrale électrique algérienne contre la fermeture de la gueule tunisienne.

L’Algérie de Boumediene, en temps que puissance pétrolière dans le Maghreb, surarmée par les soviétiques, avait imposé dans la région une sorte de paix à l’algérienne dans laquelle le mythe héroïque s’est érigé en philosophie d’état. Si les tunisiens avaient étouffé leur mécontentement dans un silence à la tunisienne, les marocains, par contre, n’ont pas cessé d’exprimer ouvertement le leur, à la moindre occasion.

Etats-Unis, Maghreb Des Etats : 2 peuples semblables opposés par les sommets.

Mohamed Oufkir (1920-1972)

Ainsi donc, le Maghreb exclu de ses peuples, aura à sa tête un carré de dictateurs égaux 2 à 2 au service des peuples semblables, opposés par les sommets. Un quatuor que l’Algérien Saïd Saadi qualifiera de syndicat de chefs d’états. Deux siècles auparavant, les Yankees Doodle Dundee, ces fellagas d’outre-Atlantique, s’inscrivant dans la haute philosophie des siècles des lumières, avaient réussi l’incroyable pari d’unir des peuples venus de partout, de toutes les religions, de toutes les cultures, de toutes les couleurs en un seul peuple grand et fort pour former une seule nation : Celle des Etats-Unis d’Amérique. Aujourd’hui, à l’opposée, notre Maghreb Désuni continue à patauger dans l’étroitesse de nos politiciens qui continuent, chacun, à gérer son pays, façon tribu. Leur vision de faible portée s’efface dans l’étendue. Ils n’arrivent pas à se hisser à un niveau supérieur pour étaler leur champ de vision sur ce que demande l’union des peuples pourtant si naturellement rapprochés. Plus haut, ils pourront découvrir au loin, plus loin que leur champ de vision, sous l’éclairage d’autres lumières venues d’ailleurs, les bienfaits de cette formidable maxime bouddhiste de l’unification des peuples : Unir sans confondre, distinguer sans opposer. Si on dit que l’Amérique a choisi d’être voltairienne et la France cartésienne, le Maghreb des Etats a choisi d’être tout simplement arabo-musulman. Si l’Amérique a choisi d’unir ses peuples autour des valeurs universelles dites valeurs classiques américaines qui s’appellent Hard Work (Le travail dur) l’Entreprise et La communauté, le Maghreb lui s’efforce d’unir ses peuples autour des constantes nationales, genre Islamité, Arabité. Des constantes qui engendrent plutôt de l’exclusion que de l’union, des constantes qui, dérivées dans le temps, donnent tout simplement une valeur mathématique nulle, autrement dit, un état stationnaire qui échappe à la loi de l’évolution.



Dualité Hassan II Boumedienne

Dans un livre intitulé Un Algérien nomme Boumediene, écrit par 2 journalistes communistes français de la revue

Mehdi Ben Barka (1920-1965)

manifestement pro algérienne Afrique-Asie, Boumediene avait exprimé de façon hautaine son mécontentement vis-à-vis de Hassan II qui avait, selon lui, traité les algériens “d’ex bergers marocains”. Aux yeux de l’extravagant Hassan qui disposait, dit-on, de 36 châteaux au Maroc et d’un terrain de golfe de renommée mondiale, Boumediene n’était qu’un pèquenaud qui satisfaisait parfaitement bien à la thèse khaldounienne de la « companiardisation » qui conduit au désordre (Idha 3uribat khurribat). Boumediene qui avait horreur qu’on le taquine, voyait en Hassan II un monarque de paille complètement acquis à la botte de l’Occident. Ce qui explique selon lui son silence sur les villes espagnoles du Maroc à savoir Ceuta et Melilla pour ne citer que celles-là. Boumediene poussa le bouchon plus loin encore dans le sens du désarroi d’Hassan en aidant à créer à la barbe de la Monarchie marocaine, le problème du Sahara Occidental. Un clou de Boumediene dans tant de plaies déjà douloureuses de Hassan. De l’état de rage le Maroc passe à l’état de guerre et envahit en 1975 une bonne partie du Sahara Occidental. Boumediene et son bras droit El Kadhafi, discrètement mais sûrement, fournissaient une aide vitale à la résistance du Front Polisario. Le président Mokhtar Ould Dada qui avait pourtant abandonné sa part dans le Rio d’Oro aux marocains, se mêla du coté du roi dans cette affaire. Ce qui lui a valu d’être traité par notre Zaim lésé de « cet âne de la fable oranaise qui répond à nos caresses par des coups de sabots ». Dans le même discours, Boumediene a rapporté que Sa Majesté le Roi avait promis aux marocains que le jour viendra où il ira prendre sa tasse de thé à Tlemcen la marocaine. A cette menace de Hassan, Boumediene mettra en gageure ses vibris d’honneur en l’occurrence sa moustache :”Si jamais ya si Lhassen, ce jour là viendra, je te t’offrirai mes moustaches en guise de menthe.” …

Hommage à nos portés disparus (missing in action) à travers Brahmi Louenes.

Si à Tlemcen, les Algériens n’avaient pas senti la menthe, Aokas, ce jour là se sentira directement concernée par cette

1932-1978

guerre silencieuse qu’elle croyait, jusque là, se dérouler loin d’elle. Pour nos villageois, le malheur ça n’arrive qu’aux autres, surtout quand il rode à un millier de kilomètres de chez eux. C’était trop naïf pour être vrai, c’était compter sans l’enthousiasme de grand homme de notre président à vie, Boumediene, qui a dû sous-estimer les forces marocaines en présence. Selon les murmures politiques de bouche à oreille ou plutôt de bouche dans l’oreille, il avait envoyé des milliers de jeunes appelés affronter directement dans le désert, une armée marocaine composée d’éléments beaucoup plus expérimentés. Résultat : Des centaines de tués et des centaines faits prisonniers dans les rangs algériens parmi lesquels notre cher home boy… Brahmi Louenas. Pour les siens qui avaient l’âge pour une mémoire suffisamment développée, ils ne peuvent en aucun cas oublier ce petit blond de notre CEM mixte. A peine 18 ans, il a été appelé pour faire son service national…pour ne plus revenir.

A chaque fois que l’image de lui me revient, elle demeure associée en permanence à un sourire permanent. On raconte de lui qu’il a été ramené à sa famille dans un cercueil par un mini cortège plus glacial que funèbre composé de quelques militaires, avec autour de lui, loin de l’ange de la mort, la sinistre SM (Sécurité Militaire) qui veillait au grain sur l’insécurité des algériens. Une SM destinée non pas à assurer la sécurité des citoyens mais la sécurité des officiels, des citoyens. Deux mondes qui communiquaient par les bruits des couloirs. Le dit cercueil que personne n’avait le droit d’ouvrir, qui, sans doute contenait un objet inanimé qui n’a jamais connu d’âme, ira droit sans commentaires dans une tombe creusée par des militaires. Pendant une bonne période, les agents de la SM rodaient à l’improviste autour du cimetière pour vérifier que « leur cercueil » n’a pas été déterré.

Pour une bonne majorité d’Aokassiens, Louenes nous a quittés pour toujours sauf pour sa mère dont l’existence demeure sans-cesse assujettie à un fil d’espoir. L’espoir que la mort se soit trompée de mort. Un mort sans cadavre et sans témoin pour lequel l’ange de la mort n’y était pour rien. Le chanteur local Azzedine a immortalisé le disparu dans la mémoire du village en consacrant une chanson à sa mémoire. Une chanson pleine d’émotion, intitulée “Irouh Louenes Oud itsoughal” (Louenes est bien parti pour ne plus revenir).

Plus d’une quinzaine d’années plus tard, comme un fantôme venu de l’Opéra, une nouvelle sans tintamarre, a surgi de quelque part pour se jeter comme un pavé dans la mare dans ce qui mériterait désormais d’être connu sous le nom de l’affaire Louenes : il a été rapporté qu’un Kabyle d’un village à peine mnémonique de la petite Kabylie, ex prisonnier, lui aussi, dans une prison marocaine, a été libéré, dans le cadre d’un échange de prisonniers entre l’Algérie et le Maroc. Il avait rencontré des gens d’Aokas auxquels il avait affirmé avec force, que Louenes n’est pas mort. Il l’avait vu, a-t-il dit, en chair et en os, et bel et bien vivant dans son lieu de détention au Maroc. Il se pouvait, disait-il, que les anciens prisonniers déclarés morts à leurs familles dans cette guerre secrète, n’étaient pas inclus dans les accords d’échange.

Et voila qu’on enterre et qu’on déterre au gré de la rumeur et des humeurs, une âme sortie de sa maman, qu’on a tuée loin d’elle et qu’on a enterrée sans elle. Sous son ciel, les étoiles ne peuvent désormais être belles. Elles sont à jamais noyées dans un nuage qui n’a rien à voir avec le temps. Un nuage lié à la disparition « suspectable » d’un être aimé à la fleur de l’âge. “Je vois, je crois” disait ST Thomas. Une personne trop aimée pour être oubliée. Il restait à la maman des yeux pour pleurer sinon pour voir qui ? Un seul être lui manque et tout est dépeuplé, pour reprendre Lamartine qui avait lui aussi perdu son amour Elvire, l’être le plus cher au monde, sans qui le soleil ne brille plus pour éclairer. En voyageur disparu dont elle attend désespérément le retour, Lounes a laissé dans sa vie un vide que personne n’osait occuper. Le deuil, seul, désormais est sa félicité, elle a dû faire du désespoir son ultime façon de vivre.

Messieurs de l’autorité, vous par qui, sous notre ciel, on ne compte plus sur ces bonnes étoiles que vous avez transférées sur vos epaules, c’est avec un cœur lourd que sa maman se serait adressée à vous pour vous demander clairement et simplement, de quel droit avez-vous usé pour lui interdire de voir ce que vous disiez être le cadavre de son fils ? Si, Louenes c’était assuré le paradis sous l’ombre des blindés, vous, vous avez profané celui qui se trouvait sous les pieds de sa mère. Une mère que vous avez tourmentée à jamais, pourquoi et pour qui ? Son extrême tourmente pèserait-elle moins que votre ignoble secret, le secret du Maghreb de vos Etats d’Ame.



Conclusions

J’ai abordé ce sujet d’un point de vue pop culture, c’est pour cela que j’ai pris la précaution ou peut-être le subterfuge

Habib Bourguiba (1903-2000)

de ne pas l’insérer dans la rubrique « histoire ». Je ne fais ,d’une certaine façon, que provoquer le débat; en temps que non-historien je ne peux me permettre une étude des faits rigoureusement historique.

Grâce à l’information très disponible aujourd’hui, j’ai appris que tout au long de son règne, Hassan II a échappé à 2 attentats, l’un au 1970 attribué aux libyens, l’autre en 1972 attribué au ministre de la défense, le général Oufkir. Que la reine Lalla Latifa Hammou a été, elle aussi, emprisonnée, quelque part, après que son frère le général Hammou, eut été inculpé et exécuté dans sa tentative d’attentat de 1970.

Si les américains admettent que leur indépendance acquise après 8 ans de guerre contre l’Angleterre n’aurait jamais été possible sans l’aide de la France, serons nous tentés un jour de questionner l’histoire sur le destin de notre révolution contre la France sans l’aide du Maroc et de la Tunisie. Leur aide à la révolution algérienne relevait-t-elle du seul éventuel acte de sympathie ? Ne serait-ce pas trop sympa pour être vrai ? Pourquoi auraient-ils pris le risque de s’investir dans notre guerre au point de déplaire à la France et de se faire attaquer (Sakiet Sidi Yousef) ? Nous-aimaient-ils vraiment à ce point pour le faire gratuitement ? L’histoire montre bien que non. La vérité semble que nos 2 voisins avaient profité des conditions de faiblesse algérienne pour nous pousser à faire la guerre à leur place. Vue l’importance de la parole à cette époque, un marché sur parole semble, vraisemblablement, avoir eu lieu, mais l’Algérie avait trouvé un moyen de le déjouer pour se délivrer de la mauvaise situation “du dindon de la farce”. (Le vilain calculateur se fait toujours avoir par le menteur) ou, comme disait La Fontaine, il n’est pas mal aisé de tromper le trompeur.

C’est, d’apparence, ce qui explique pourquoi l’Algérie est environ 3 fois supérieure en surface au Maroc et à la Tunisie réunis, pourquoi le Maroc nous a attaqués en 1963, pourquoi la Tunisie et, surtout, le Maroc nous en veulent à ce point. Selon Gilles Perrault, la paix entre l’Algérie et le Maroc est assujettie à un rapport de force. Le Maroc attaquera dés qu’il aura le dessus.

Pourquoi Mohand Oulhadj et Chaabani émergent dans nos discussions comme les héros de la contre-offensive algérienne contre le Maroc alors que l’histoire ne leur reconnait pas de mérite à la hauteur de leur réputation ou de leur engagement révolutionnaire ? Cela s’explique peut-être qu’en l’absence d’une histoire crédible, manipulée par les officiels, c’est la pop culture qui prend le relai. Elle décide alors intuitivement de choisir ses acteurs parmi les hommes tombés sous la disgrâce des falsificateurs de l’histoire. Les hommes au pouvoir avaient joué un rôle secondaire durant la guerre, se sentant embarrassés de citer les vrais héros auxquels ils avaient ravi, ou la vie ou la vedette, préférant les remplacer par la notion plus subjective de peuple qu’ils avaient domestiqué à leur convenance à coup de violence et de propagande. Le peuple privé de toute forme d’opposition qui le renseignerait sur d’éventuelles dérives du pouvoir n’avait qu’un seul message à entendre : celui des putschistes incultes et sans scrupules qui ont doté la locomotive Algérie d’un moteur qui cale à chaque coin de rue incapable de participer aucunement à la légende des siècles.
Notre histoire est trop jeune pour raconter la vérité. Il faut que l’évènement soit suffisamment fermenté pour que les puanteurs dégagées n’atteignent pas leurs auteurs… qui font déjà partie de l’autre monde. C’est une façon propre à l’histoire de protéger ceux qui la font. Elle a horreur de parler au passé de ses hommes qui vivent au présent.

Livres sur la famille d’Oufkir

Dernièrement, Malika Oufkir, dans ses 2 livres, intitulés, respectivement, l’étrangère et la prisonnière, et son frère Raouf, dans son livre intitulé Les Invités, ont exposé au monde l’horreur des geôles de Tazmamart et le traitement inhumain, dans le silence du Sahara, des détenus politiques du régime alaouite; ils y avaient passé 20 ans d’une vie volée avec 8 longues années dans l’obscurité totale. Le sort réservé à la famille d’Oufkir avait aussi intrigué la diva américaine de la chaine ABC Oprah Winfrey qui a eu la louable initiative d’inviter en 2001 , dans son show Oprah Winfrey’s Book Club, l’écrivaine Malika Oufkir.

Par la force du verbe se creent des guerres et des paix

Je tiens à mettre en évidence la force du verbe portée par la plume de Gilles Perrault, qui a abouti à la liberté de tout ce monde et à la fermeture définitive des sinistres geôles de Tazmamart. Cela me rappelle, aussi, la cabine de l’oncle tom , écrit par Harriet Beecher Stowe, une petite femme blanche américaine sur l’injustice des blancs envers les noirs, que jusque là, les américains blancs attribuaient inconsciemment à l’ordre des choses. L’auteur avait dépeint les noirs autrement, de façon à leur donner un profil humain, parvenant ainsi à changer, inexorablement, le regard des blancs à leur égard. Vers la fin de la guerre de sécession, le président Lincoln, du haut de ses 2 mètres, rencontrant cette petite écrivaine, lui dira, en lui serrant la main : « Alors, c’est toi, donc, cette petite dame qui a provoqué la guerre civile ».

Rachid C.


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Message  laic-aokas Mar 21 Juin - 17:12

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