ARME ET ALARME
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ARME ET ALARME
ARME ET ALARME
La rafle est une arrestation en masse faite à l’improviste par l’armée coloniale. Elle est pratiquée en ville comme en campagne. Sur renseignements, indices, dénonciation ou aveux sous la torture, la rafle est toujours exécutée inopinément. Elle permettait de grosses prises parmi les moussebline, partisans sans armes et néanmoins très actifs dans le mouvement de libération.
Aït Aïssa. Début de la Révolution. Sous le grand frêne qui poussait au bord d’une placette appelée Adardar Elmahdi, des moussebline se retrouvaient, tantôt le matin, tantôt le soir, pour faire leur rapport au chef de zone qui leur transmettait à son tour les ordres reçus par les responsables de l’organisation révolutionnaire.
Un jour, vers neuf heures du matin, l’armée française se déploya en deux groupes dans le douar pour prendre en étau les moussebline qui se trouvaient comme par hasard dans ce point déterminé, but de l’opération militaire. La rafle sentait la dénonciation !
Guemat Ali, Kaïdi Saïdi, Berkouk Yahia, Abdelli Abdellah et Smaïl Ali ben Amar furent arrêtés en tant que civils et conduits manu militari au poste militaire construit à Afras Oubjaoui, au point kilométrique numéro 30. Là, l’adjudant Lagali, un soldat à la physionomie austère mais au cœur apparemment tendre, qui parlait remarquablement le Kabyle, interrogea les captifs.
« Nous savons que votre douar a reçu la visite des fellagas. Ces gens mangent votre nourriture et troublent vos esprits. Qui sont-ils ? D’où viennent-ils ? »
« Nous ignorons de quoi vous vous voulez parler. Nous n’avons vu personne. » répondit Abdellah en français, langue qu’il maîtrisait parfaitement.
Puis, sans attendre la réflexion de l’adjudant, il ajouta :
« Mais, nous vous le promettons chef, si un jour ces fellagas se montrent dans les parages, nous vous en informerons immédiatement. »
Devant une telle soumission, l’indulgent sous-officier jugea bon de libérer les jeunes gens ; par cet acte de bienveillance et leur promesse, peut-être deviendraient-ils de précieux collaborateurs de l’armée française ?
Le soir commençait à tomber. Sur le chemin du retour, arrivés à Taazibt, à l’emplacement où se trouvait le garage de Kerkar Kaci, Yahia, l’un des moussebline, arrêta ses compagnons, leva un pan de sa veste, et leur montra un objet noir coincé dans sa ceinture. C’était une arme à feu ! Un pistolet de calibre 7,65 !
Les camarades de Yahia restèrent médusés devant cette découverte. Heureusement que les soldats ne les avaient pas fouillés !
Ils l’avaient échappé belle.
A partir de ce jour-là, les cinq moussebline ne descendront plus au village. Ils iront grossir les rangs de l’ALN. Le maquis sera leur demeure, la patrie sera leur idéal, l’indépendance sera leur objectif. Un rêve qui se réalisera grâce à la volonté de tout un peuple. Un peuple digne et fier.
La rafle est une arrestation en masse faite à l’improviste par l’armée coloniale. Elle est pratiquée en ville comme en campagne. Sur renseignements, indices, dénonciation ou aveux sous la torture, la rafle est toujours exécutée inopinément. Elle permettait de grosses prises parmi les moussebline, partisans sans armes et néanmoins très actifs dans le mouvement de libération.
Aït Aïssa. Début de la Révolution. Sous le grand frêne qui poussait au bord d’une placette appelée Adardar Elmahdi, des moussebline se retrouvaient, tantôt le matin, tantôt le soir, pour faire leur rapport au chef de zone qui leur transmettait à son tour les ordres reçus par les responsables de l’organisation révolutionnaire.
Un jour, vers neuf heures du matin, l’armée française se déploya en deux groupes dans le douar pour prendre en étau les moussebline qui se trouvaient comme par hasard dans ce point déterminé, but de l’opération militaire. La rafle sentait la dénonciation !
Guemat Ali, Kaïdi Saïdi, Berkouk Yahia, Abdelli Abdellah et Smaïl Ali ben Amar furent arrêtés en tant que civils et conduits manu militari au poste militaire construit à Afras Oubjaoui, au point kilométrique numéro 30. Là, l’adjudant Lagali, un soldat à la physionomie austère mais au cœur apparemment tendre, qui parlait remarquablement le Kabyle, interrogea les captifs.
« Nous savons que votre douar a reçu la visite des fellagas. Ces gens mangent votre nourriture et troublent vos esprits. Qui sont-ils ? D’où viennent-ils ? »
« Nous ignorons de quoi vous vous voulez parler. Nous n’avons vu personne. » répondit Abdellah en français, langue qu’il maîtrisait parfaitement.
Puis, sans attendre la réflexion de l’adjudant, il ajouta :
« Mais, nous vous le promettons chef, si un jour ces fellagas se montrent dans les parages, nous vous en informerons immédiatement. »
Devant une telle soumission, l’indulgent sous-officier jugea bon de libérer les jeunes gens ; par cet acte de bienveillance et leur promesse, peut-être deviendraient-ils de précieux collaborateurs de l’armée française ?
Le soir commençait à tomber. Sur le chemin du retour, arrivés à Taazibt, à l’emplacement où se trouvait le garage de Kerkar Kaci, Yahia, l’un des moussebline, arrêta ses compagnons, leva un pan de sa veste, et leur montra un objet noir coincé dans sa ceinture. C’était une arme à feu ! Un pistolet de calibre 7,65 !
Les camarades de Yahia restèrent médusés devant cette découverte. Heureusement que les soldats ne les avaient pas fouillés !
Ils l’avaient échappé belle.
A partir de ce jour-là, les cinq moussebline ne descendront plus au village. Ils iront grossir les rangs de l’ALN. Le maquis sera leur demeure, la patrie sera leur idéal, l’indépendance sera leur objectif. Un rêve qui se réalisera grâce à la volonté de tout un peuple. Un peuple digne et fier.
laic-aokas- Nombre de messages : 14024
Date d'inscription : 03/06/2011
Re: ARME ET ALARME
source:
AOKAS : Histoire et faits d'armes (livre édité par l'association "Aokas mémoires") . un livre très intéressant à lire assurément !
AOKAS : Histoire et faits d'armes (livre édité par l'association "Aokas mémoires") . un livre très intéressant à lire assurément !
laic-aokas- Nombre de messages : 14024
Date d'inscription : 03/06/2011
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