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Bgayet: quand l'homme dégrade ce que la nature offre

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Message  Azul Mar 17 Mai - 18:13

Bgayet: quand l'homme dégrade ce que la nature offre


S’il existe en Algérie une région où la beauté trouve toute sa signification, ce sera incontestablement la wilaya de Béjaïa avec ses différents sites paradisiaques, dont le mont de Gouraya, le pic des Singes, les grottes féeriques d’Aokas, la forêt d’Akfadou, les gorges de Chabet à Kherrata, la cascade magique de souk El Tenine ainsi que ses 450 merveilleuses plages.

Bref, cette région est gâtée par Dame Nature. Tous ses atouts font de cette wilaya touristique un vrai pôle d’attraction et une destination préférée pour les touristes qui viennent des quatre coins de ce vaste pays, mais aussi de l’étranger. Nos émigrés préfèrent, en effet, passer leurs vacances au bled, faisant de cette wilaya leur eldorado.

Bgayet reste ainsi l’une des plus belles villes d’Algérie, sinon comment expliquer ce rush d’estivants à chaque approche de la saison estivale. Les plages béjaouies accueillent de milliers d’estivants attirés par le charme de cette région. L’année précédente, elle avait enregistré plus d’un million de touristes, cette année elle devrait en recevoir un peu plus. Les plages bougiotes enregistrent durant les journées de la semaine et plus encore le vendredi une grande affluence.

Toutes les plages sont prises d’assaut à tel point que la circulation devient quasi impossible, vu le nombre de véhicules “débarqués” chaque jour sur cette ville, venus pour la plupart de Sétif, d’Alger, de Jijel, de Bouira, de Boumerdès et même d’Oran.

Devant ce rush des estivants, les autorités locales ont procédé à l’élargissement de certains chemins menant aux merveilleuses plages, dont la RN de Tichy, au niveau du tunnel d’Aokas, qui a connu, rappelons-le, un effondrement en 2006. Des élargissements qui avaient suscité l’approbation de tous les estivants. Reste que ces lieux touristiques sont le véritable poumon économique de cette wilaya, devant la pénurie des ressources et d’investissement dans d’autres secteurs.

Des sites touristique et historiques à la traîne

Située au cœur de l’espace méditerranéen, Béjaïa est une cité millénaire dont la longue et très riche histoire est profondément marquée par les périodes préhistoriques, punique, romaine et médiévale, l’occupation espagnole, la période ottomane et, enfin, l’occupation française. Béjaïa brille par ses sites naturels variés et diversifiés. On citera, entre autres, le mont de Gouraya, le pic des Singes, les grottes féeriques d’Aokas, la forêt d’Akfadou, les gorges de Chabet à Kherrata, la cascade magique de Souk el Tenine... Béjaïa témoigne également d’une prodigieuse mémoire plusieurs fois millénaire, les sites historiques existants confirment l’importance de la région à travers les temps.

À côté du littoral béjaoui, connu principalement pour ses plages au sable fin, la vallée de la Soummam, bien qu’elle renferme des atouts indéniables, demeure délaissée et inconnue pour la majorité, sinon la totalité des visiteurs de la wilaya. En effet, trois sources thermales aux caractéristiques thérapeutiques avérées à Tifra, Adekar et Bouhamza sont exploitées de manière archaïque et traditionnelle. Nonobstant les équipements rudimentaires dont elles disposent, elles reçoivent des milliers de curistes chaque année.

L’aménagement et le développement de l’investissement au niveau et autour de ces sources sont plus que nécessaires et seront sans doute d’un apport certain pour ces localités, qui sont dépourvues généralement de sources de richesse.

Autant elle est gâtée par Dame Nature, autant elle est dégradée par l’homme.

Les premières difficultés résident, en fait, dans l’impossibilité de développer des circuits touristiques internes en mettant en valeur l’immense richesse du patrimoine historique et naturel de la wilaya. “Nous avons des sites historiques merveilleux, mais il est impossible de les montrer aux touristes vu leur état lamentable, c’est le cas notamment pour le mont de Gouraya’’, déplore notre interlocuteur.

Dans le même sillage, la petite forêt sur les hauteurs de Yemma Gouraya est un lieu de promenade et de repos pour les familles, malheureusement elle est dépourvue de tous les moyens d’attraction et de détente. Dommage qu’elle ne dispose que d’une minuscule buvette perdue dans cet immense espace mal exploité.

En effet, les gens que nous avons rencontrés avaient refusé d’investir et d’exploiter ce merveilleux site, par absence de sécurité et de civisme.

Le projet de téléphérique qui devait relier la ville au sommet de Yemma Gouraya, afin de permettre aux milliers de visiteurs, notamment les plus âgés, de se rendre à ce lieu emblématique de cette région historique, a été abandonné de même que pour Cap Carbon.

Manque d’infrastructure touristiques... et prix exorbitants

Outre leur nombre insuffisant, notamment celles implantées sur les côtes est et ouest de la ville des Hammadites, l’infrastructure touristique reste inaccessible pour la majorité des jeunes qui se tourne vers le tourisme de masse. Pourtant les infrastructures hôtelières poussent comme des champignons sur les côtes est et ouest de cette région kabyle. “Les tarifs que proposent ces hôtels ne nous permettent même pas de penser à passer un week-end. Ils sont plutôt destinés à des gens aisés”, avoue un jeune chômeur rencontré à la plage.

À souligner que ce qui frappe aussi cette wilaya touristique, c’est le manque flagrant d’infrastructures hôtelières, d’autant qu’elle ne dispose malheureusement que d’une soixantaine d’établissements, dont la plupart sont loin de respecter les normes requises, notamment en matière d’hygiène et de qualité de services. “C’est l’un des facteurs qui forcent les nationaux à choisir la Tunisie, vu les prix qui y sont appliqués, ainsi que la qualité de service. Il semble que les responsables n’ont pas encore apprécié les vertus de ce secteur sur notre économie’’, déplore un estivant.

Nous comprenons maintenant pourquoi autant d'Algériens préfèrent notre voisin, la Tunisie. Il y a un laxisme des autorités sur le développement du tourisme, ainsi qu’un laisser-aller.

La saleté des plages, la dégradation de l’environnemental, le manque de sécurité, les tarifs pratiqués et le manque d’hygiène sont les causes principales qui obligent les Algériens à choisir d’autres destinations ou à rester chez eux.

Pourtant la capitale des Hammadites était naguère l’une des destinations privilégiées du touriste local et des émigrés. Mais ces dernières années, il y a eu une baisse de fréquentation à cause de la cherté et de la mauvaise publicité faite par les médias des actes terroristes.

Il convient de savoir que l’aspect sécuritaire s’est beaucoup amélioré ces dernières années au point que les estivants passent leurs vacances dans une tranquillité totale. Par ailleurs, les hôtels existants sont concentrés beaucoup plus la ville, alors que tout le littoral est vièrge.

Ainsi, devant le manque flagrant d’infrastructures hôtelières, les locations d’été font fureur à Béjaïa, c’est le cas notamment de Tichy, où la location fait le bonheur des familles aux revenus modestes. Elles préfèrent ainsi louer à des prix raisonnables, loin de la plage bien sûr, pour qu’elles puissent ainsi céder leur maison aux estivants notamment les émigrés, qui ne sont pas très regardants sur les prix, ils payent cash.

“C’est la seule période où on peut s’assurer une rentrée d’argent conséquente afin de couvrir nos dépenses, sachant que le ramadan coïncidera cette année avec la rentrée sociale, qui est synonyme de grandes dépenses. Chaque année dès l’ouverture de la saison estivale, nous cédons nos maisons à des touristes aisés”, nous confiera Mustapha, un propriétaire d’une petite maison à Capritour.

A la wilaya de Béjaïa, la culture de tourisme n’est pas récente, elle existe depuis des siècles, ce qui a contribué au développement de cette région. Il reste que les responsables de ce secteur font de leur mieux pour assurer de bonnes prestations à leurs hôtes. Pour leur part, les estivants payent un peu plus cher cette période pour passer des bons moments. A rappeler que le tourisme est une industrie qui fait vivre des pays entiers.

Reportage réalisé par Yahia Maouchi, la Dépêche de kabylie
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