Université de Béjaia Après l’incendie du rectorat

Le conseil de l’université de Béjaia s’est réuni, tard dans la soirée d’avant-hier, pour prendre de très énergiques mesures après les péripéties de la journée marquée particulièrement par l’incendie du bureau du rectorat.
« Nous avons décidé de saisir la justice et d’exclure non seulement de l’université de Béjaia mais de toutes les universités algériennes, les personnes impliquées dans les actes de saccage et d’incendie des bureaux du rectorat », indiquait, hier- matin, le recteur de l’université de Béjaia. Tout en reconnaissant avoir été présent dans le périmètre des évènements, Djoudi Merabet nie catégoriquement avoir violenté un étudiant.
« Je suis recteur et le recteur n’agresse pas les étudiants. C’est une énième rumeur qui est instillée pour créer une situation de confusion », estime-t-il.
Il explique qu’une « minorité violente » a dressé des tables pour tenir un meeting et que les agents de sécurité du campus d’Aboudaou intervenant pour dégager le chemin aux étudiants désireux de rejoindre les amphis, ont été agressés et qu’une mêlée générale s’en était suivie. « Même en état de guerre, il n’est pas permis d’attaquer l’université », estime le recteur qui ajoute que « ces gens là », se sont rendus coupables d’un acte à la symbolique désastreuse qui altère « la vraie image de l’université de Béjaia ».
Sur ce,ne sont pas d’acord, les animateurs de la coordination estudiantine d’Aboudaou, la section de la Coordination nationale autonomes des étudiants ( CNAE).
« L’agression perpétrée par le recteur sur un étudiant en 1er année de droit a mis le feu aux poudres. Rapidement, une immense marche s’est ébranlée depuis Aboudaou vers le campus de Targa où dans l’effervescence générale, de graves débordements sont en effet survenus », témoigne Kamel Atrouche, animateur de la Coordination.
Son collègue Ghilas Bourzane ajoute que les animateurs de la Coordination avaient rapidement convoyé du matériel de sonorisation sur les lieux pour appeler les radicaux à la retenue mais que cet effort a été contré par un problème technique imputable à l’administration universitaire.
« J’ai accouru moi-même auprès de la sous- direction des affaires culturelles pour demander une rallonge électrique pour faire fonctionner la sono mais son premier responsable m’a rabroué en prétendant qu’il n’en disposait pas », témoigne Ghilas Bourzane.
La condamnation de l’incendie du rectorat est, en fait, le seul acte de convergence entre l’administration universitaire et les étudiants.
Sur tout le reste, les animateurs de la CNAE retournent les mêmes accusations de « mensonge » et de « manipulation » au recteur. Ce dernier indique que des travailleuses du rectorat ont été délestées de leurs portables et bijoux et s’interroge sur les origines d’une fuite de gaz qui avait causé une grave déflagration dans le centre de calculs peu avant l’incendie du rectorat.
Les animateurs de la CNAE, indiquent que des étudiants ont filmé à l’aide de téléphones cellulaires l’ « agression » et que la CNAE s’applique à inventorier ces vidéos pour introduire une plainte en pénal.
Amine A.O., étudiant en 1er année de droit, par qui toute la folie d’avant-hier était arrivée, était, hier, injoignable. Ses camarades répètent qu’il a bel et bien obtenu des certificats médicaux attestant de lésions à la langue et d’un traumatisme dorsal ( suite à sa chute brutale sur le rebord d’une porte) et qu’il se trouverait dans l’office d’un avocat pour un dépôt de plainte contre le recteur.