L'écrivain Saci OUALI répond au courrier d'algérie.
5 participants
Page 1 sur 1
L'écrivain Saci OUALI répond au courrier d'algérie.
IL VIENT D'ÉDITER SON TOUT PREMIER ROMAN SACI OUALI :
«Une langue qui n'échange pas est vouée à la stérilité»
Saci Ouali est ingénieur en électronique, diplômé de l'école polytechnique de Milan, retraité de l'éducation nationale.
Il vit en famille près d'Alger. il vient d'éditer une oeuvre intitulée «L'entrave», qu'il dédicacera, ce samedi, à la librairie générale d'El-Biar, sur les hauteurs d'Alger, partir de 14 heures. Sur la présentation de «L'entrave» on peut lire : «Sans fierté mal placée, ni fatalisme, la trame de l'entrave emprunte beaucoup au vécu : En Algérie, à la fin des années quarante, dans le dénuement le plus total, sont nés deux cousins: ils téteront le même sein. Ils vivront les premiers chocs culturels d'école de Jules Ferryécole coranique». La guerre de Libération et son cortège d'atrocités fait dire à l'un d'eux : «Y aurait-t-il deux Frances, l'une de la civilisation représentée par la maîtresse et l'autre de la barbarie représentée par la soldatesque ? ». L'auteur ajoute : «Vint la libération de l'Algérie, et les espoirs sont vite déçus. Débarquent les coopérants, les uns arrivent du Moyen-Orient, les autres d'Europe.
L'un des cousins deviendra intégriste, l'autre serait plutôt libertaire.
Durant la décennie sanglante ils s'entretuent…». Une oeuvre passionnante et surtout d'actualité.
On a appris de la part de Saci Ouali que le célèbre bédéiste, Slim sera au même temps et au même endroit pour signer lui aussi son oeuvre.
Approché, l'auteur a aimablement accepté de nous parler de son parcours et de son oeuvre.
Suivons-le : Le Courrier d'Algérie : Au commencement, si vous voulez bien, pouvez-vous nous parler un peu plus de Saci Ouali ?
Saci Ouali : Natif de la petite Kabylie, J'ai 62 ans, ingénieur diplômé de l'Ecole polytechnique de Milan.
Polyglotte, bercé par la culture afroméditerranéenne, je suis fier de toutes les composantes de mon algérianité.
Je suis marié, père de quatre enfants tous universitaires.
Je continue à militer pour la démocratie, donc pour la tolérance et la liberté d'expression, d'opinion et de culte.
J'ai beaucoup appris de mes enseignants mais, les meilleures leçons, je les ai reçues de mes élèves! Ma fontaine de jouvence! J'ai voyagé suffisamment pour pouvoir comparer sur pièce.
Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à écrire ou bien, qu'estce qui vous inspire ?
Votre oeuvre est intitulée «L'entrave».
Qu'évoque-telle justement ?J'ai écrit dans l'espoir qu'on poursuive un débat avec moins de passion sur une période cruciale et riche en tiraillements parfois dramatiques.
Dans un style souvent direct, accessible à tous, je transmets une mémoire aux jeunes et rafraîchis un peu celle des plus âgés.
Comment rester indifférent devant le désespoir, surtout celui de la jeunesse ravagée par la mal-vie: déperdition scolaire, chômage, mal logée, mal transportée, drogue, phénomène de la « Harga ».
Je me sens interpellé: qu'est-ce qui entrave l'Algérien?
Le pays dispose, pourtant, de tous les atouts pour être au summum du développement: richesses naturelles et humaines, capital sympathie dû à sa glorieuse révolution.
Ceux qui nous ont confisqué l'indépendance nous avaient eux-mêmes bercé de beaucoup de promesses: «horizon 1980 on dépasserait l'Espagne, puis la Belgique. . . l'autosuffisance alimentaire. . . Bla, bla».
Le pétrole représente, aujourd'hui, 98% de nos recettes à l'exportation, à comparer avec les années 60, il n'y a pas de quoi être fier! Et l'on craint l'ouverture du champ audiovisuel et le développent d'Internet! Mon message ?
Au lieu de se jeter à la mer, impliquons-nous dans le redressement.
Comme ont fait nos aînés.
Parachevons l'indépendance par la libération de l'homme.
Changeons de régime, pas de pays ! Le Brésil est dit pays émergeant.
Emergeant surtout de quoi ?
De plus de deux cents ans de dictature.
Pensez-vous qu'une littérature d'expression française a encore sa place en Algérie ?
Et comment non?Il suffit de comparer le nombre d'auteurs algériens qui publient dans la langue de Molière et surtout le tirage de chaque titre.
Le marché a arbitré! Certains ouvrages en arabe ne sont pratiquement vendus qu'aux institutions étatiques! Croyezvous que les éditeurs privés se priveraient de se sucrer s'il y avait un lectorat arabophone?
Les écoles de langue française poussent comme des champignons, est-ce par sacerdoce?
Les gens se remettent à la lecture en langue française.
L'arabisation, ce ne sera pas un décret qui la réalisera.
Quand on finance les livres, qu'on n'oublie pas d'importer les lecteurs, comme les maçons chinois et égyptiens.
Dans votre oeuvre, vous avez dressé un sévère réquisitoire contre l'école algérienne.
Celle-ci est-elle vraiment sinistrée à ce point ?Notre école n'apprend pas le civisme et la tolérance (déperdition, état de saleté de nos rues, absentéisme à l'école, au travail, agressivité…).
Considérez la pauvreté de raisonnement et du vocabulaire, les réponses stéréotypées par cliché, mimétisme: «normal, normal. . .
, aâla Rebby à répétions, Allah ghaleb… comme on dit,».
On parle à la première personne du pluriel pour masquer l'individualité; on ne s'assume pas! C'est une fabrique de chômeurs car titulaires de diplômes sans valeur ! Un lycéen ou licencié frais moulu, peut-il rédiger sans aide une lettre de motivation pour un emploi?
C'est quoi, selon vous, le rôle primordial de l'école ?On va à l'école pour apprendre au moins à structurer un tant soit peu le langage.
On y apprendrait l'esprit d'analyse et de synthèse, un minimum d'art de communication et de logique.
L'école devrait préparer l'insertion sociale.
Or quel est l'état de notre jeunesse ?
L'école ne doit pas être seulement le temple du savoir, elle doit faire émerger des personnalités.
Lors de la table ronde à Aokas, vous avez dit que «l'école algérienne forme des sujets et non pas des citoyens».
Pouvez-vous être plus explicite ?On tente de caporaliser les enfants, sans succès heureusement.
À leur inculquer l'esprit d'obéissance afin de supporter, par exemple, pendant plus de vingt ans, un indéboulonnable ministre qui n'hésite pas à changer de programme en pleine année scolaire.
On nous apprend à souhaiter des chefs à vie.
Si c'est cela, l'apprentissage de la citoyenneté, je vendrais mon âme au diable! La langue d'enseignement influet- elle sur le niveau et le raisonnement des élèves ?
Quelles solutions préconisez-vous pour que l'école algérienne sorte de son marasme actuel ?Quoiqu'on dise, une langue véhicule intrinsèquement beaucoup de valeurs.
Elle n'est pas neutre au sens strict du mot.
L'arabe à l'école est dépouillée de sa beauté et de sa force d'expression.
La documentation joue un grand rôle, or je viens de signaler l'indigence de l'édition à cause de l'interférence politico-idéologique.
La langue arabe n'a pas été mise à jour et, pire encore, elle est devenue un fonds de commerce de politicards.
Le pire pour elle vient de ses zélateurs : au lieu d'agir, ils réagissent dans un esprit revanchard.
Une langue qui n'échange pas est vouée à la stérilité.
L'arabe a eu son apogée quand elle échangeait avec les autres langues: sans le Persan on n'aurait pas de professeur (usted), sans le grec on n'aurait pas la géographie, et sans l'indou pas de chiffres pour compter etc.
L'essor de la langue est très lié à la grandeur politique.
La frilosité de la première vient de la fragilité de la deuxième.
On ne peut changer l'une sans changer l'autre (voir plus haut la mission de l'école).
Quel regard portez-vous sur la situation de la littérature algérienne ?
J'ai vu à Béjaïa une vitrine entièrement emplie de dernières publications d'auteurs algériens contemporains et tous non subventionnés. Les menaces, l'exil, la culpabilisation, la diffamation ne sont pas venus à bout de nos intellectuels.
Après le sinistre, c'est la ruche qui s'éveille.
Quels sont vos auteurs préférés ?
Difficile de répondre, je citerai en vrac : R. Boudjedra, R. Mokhtari, M. Bey, A. Maalouf, F. Mernissi. P. Cohello (particulièrement l'Automne du Patriarche), G.
Orwell etc.
On constate dans votre oeuvre plusieurs styles, comme si elle était écrite à plusieurs mains : vous manipulez avec adresse aussi bien l'art de la littérature descriptive que le genre du reportage en plus du pamphlet.
On n'a pas lu pareille symbiose chez d'autres auteurs.
Parfois vous vous relâchez jusqu'à employer des termes argotiques… Ce n'est pas un roman mais un ensemble de récits.
J'ai voulu adopter le style au contexte.
Mais je tenais surtout à rappeler aux jeunes, dans la mesure de mes possibilités, l'importance de l'esthète.
Quant aux passages de type journalistique, c'est l'esprit de synthèse que nos écoles négligent.
L'argot, c'est aussi une langue qui n'a même pas besoin d'académie.
Pourquoi appelle-t-on le français langue de Molière ?
Vous avez consacré de longs passages à la femme, vous en avez parlé aussi lors de votre intervention à Aokas… Pouvez-vous nous parler un peu de Saci Ouali, le militant de la cause féminine ?
Quelles sont les raisons, selon vous, qui empêchent l'émancipation de la femme algérienne ?
Je suis militant des droits de l'homme.
Les femmes, c'est plus que la moitié de l'humanité.
J'ai constaté leurs souffrances dues aux avanies qu'elles endurent parfois de leur mère et soeurs.
Je promets d'être à leur côté, en tout cas de ne pas les entraver dans leur lutte pour l'émancipation, ces éternelles minorées par le code de la famille.
Je suis convaincu qu'il ne ferait beau si la moitié du ciel est obscure ; mais je ne saurais être plus féministe qu'une femme.
Mes principes d'égalité, je les applique avec plus ou moins de succès dans mon entourage, en témoignent mes anciens élèves.
Leur plus grande entrave ?
Le poids des coutumes manipulées par une caste de politicards incultes, froussards, frustrés, sexuellement obsédés.
On ne naît pas misogyne, on le devient.
Que préconisez-vous comme solutions pour que la femme algérienne devienne une citoyenne à part entière ?
Comme je l'ai dit dans l'entrave: toujours plus d'éducation et d'instruction, plus d'indépendance économique.
Nous sommes sur cette voie.
Quand le salaire de la femme deviendra indispensable au budget de la famille, le divorce sera une menace à retourner contre le mari.
La femme célibataire ne sera plus la « Baïra » larbin, la bombe dans la famille, surtout si elle sait assumer son état.
Mais il faut qu'elle prenne conscience aussi de son apport.
Pour cela, j'ai adoré particulièrement la page 15 du roman de M.
Bakhai « Izuran » ou elle développe les atouts et les atours de la femme.
Parlons un peu de vos projets… C'est prématuré, trop vague pour en parler.
Entretien réalisé par Hafit Zaouche
«Une langue qui n'échange pas est vouée à la stérilité»
Saci Ouali est ingénieur en électronique, diplômé de l'école polytechnique de Milan, retraité de l'éducation nationale.
Il vit en famille près d'Alger. il vient d'éditer une oeuvre intitulée «L'entrave», qu'il dédicacera, ce samedi, à la librairie générale d'El-Biar, sur les hauteurs d'Alger, partir de 14 heures. Sur la présentation de «L'entrave» on peut lire : «Sans fierté mal placée, ni fatalisme, la trame de l'entrave emprunte beaucoup au vécu : En Algérie, à la fin des années quarante, dans le dénuement le plus total, sont nés deux cousins: ils téteront le même sein. Ils vivront les premiers chocs culturels d'école de Jules Ferryécole coranique». La guerre de Libération et son cortège d'atrocités fait dire à l'un d'eux : «Y aurait-t-il deux Frances, l'une de la civilisation représentée par la maîtresse et l'autre de la barbarie représentée par la soldatesque ? ». L'auteur ajoute : «Vint la libération de l'Algérie, et les espoirs sont vite déçus. Débarquent les coopérants, les uns arrivent du Moyen-Orient, les autres d'Europe.
L'un des cousins deviendra intégriste, l'autre serait plutôt libertaire.
Durant la décennie sanglante ils s'entretuent…». Une oeuvre passionnante et surtout d'actualité.
On a appris de la part de Saci Ouali que le célèbre bédéiste, Slim sera au même temps et au même endroit pour signer lui aussi son oeuvre.
Approché, l'auteur a aimablement accepté de nous parler de son parcours et de son oeuvre.
Suivons-le : Le Courrier d'Algérie : Au commencement, si vous voulez bien, pouvez-vous nous parler un peu plus de Saci Ouali ?
Saci Ouali : Natif de la petite Kabylie, J'ai 62 ans, ingénieur diplômé de l'Ecole polytechnique de Milan.
Polyglotte, bercé par la culture afroméditerranéenne, je suis fier de toutes les composantes de mon algérianité.
Je suis marié, père de quatre enfants tous universitaires.
Je continue à militer pour la démocratie, donc pour la tolérance et la liberté d'expression, d'opinion et de culte.
J'ai beaucoup appris de mes enseignants mais, les meilleures leçons, je les ai reçues de mes élèves! Ma fontaine de jouvence! J'ai voyagé suffisamment pour pouvoir comparer sur pièce.
Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à écrire ou bien, qu'estce qui vous inspire ?
Votre oeuvre est intitulée «L'entrave».
Qu'évoque-telle justement ?J'ai écrit dans l'espoir qu'on poursuive un débat avec moins de passion sur une période cruciale et riche en tiraillements parfois dramatiques.
Dans un style souvent direct, accessible à tous, je transmets une mémoire aux jeunes et rafraîchis un peu celle des plus âgés.
Comment rester indifférent devant le désespoir, surtout celui de la jeunesse ravagée par la mal-vie: déperdition scolaire, chômage, mal logée, mal transportée, drogue, phénomène de la « Harga ».
Je me sens interpellé: qu'est-ce qui entrave l'Algérien?
Le pays dispose, pourtant, de tous les atouts pour être au summum du développement: richesses naturelles et humaines, capital sympathie dû à sa glorieuse révolution.
Ceux qui nous ont confisqué l'indépendance nous avaient eux-mêmes bercé de beaucoup de promesses: «horizon 1980 on dépasserait l'Espagne, puis la Belgique. . . l'autosuffisance alimentaire. . . Bla, bla».
Le pétrole représente, aujourd'hui, 98% de nos recettes à l'exportation, à comparer avec les années 60, il n'y a pas de quoi être fier! Et l'on craint l'ouverture du champ audiovisuel et le développent d'Internet! Mon message ?
Au lieu de se jeter à la mer, impliquons-nous dans le redressement.
Comme ont fait nos aînés.
Parachevons l'indépendance par la libération de l'homme.
Changeons de régime, pas de pays ! Le Brésil est dit pays émergeant.
Emergeant surtout de quoi ?
De plus de deux cents ans de dictature.
Pensez-vous qu'une littérature d'expression française a encore sa place en Algérie ?
Et comment non?Il suffit de comparer le nombre d'auteurs algériens qui publient dans la langue de Molière et surtout le tirage de chaque titre.
Le marché a arbitré! Certains ouvrages en arabe ne sont pratiquement vendus qu'aux institutions étatiques! Croyezvous que les éditeurs privés se priveraient de se sucrer s'il y avait un lectorat arabophone?
Les écoles de langue française poussent comme des champignons, est-ce par sacerdoce?
Les gens se remettent à la lecture en langue française.
L'arabisation, ce ne sera pas un décret qui la réalisera.
Quand on finance les livres, qu'on n'oublie pas d'importer les lecteurs, comme les maçons chinois et égyptiens.
Dans votre oeuvre, vous avez dressé un sévère réquisitoire contre l'école algérienne.
Celle-ci est-elle vraiment sinistrée à ce point ?Notre école n'apprend pas le civisme et la tolérance (déperdition, état de saleté de nos rues, absentéisme à l'école, au travail, agressivité…).
Considérez la pauvreté de raisonnement et du vocabulaire, les réponses stéréotypées par cliché, mimétisme: «normal, normal. . .
, aâla Rebby à répétions, Allah ghaleb… comme on dit,».
On parle à la première personne du pluriel pour masquer l'individualité; on ne s'assume pas! C'est une fabrique de chômeurs car titulaires de diplômes sans valeur ! Un lycéen ou licencié frais moulu, peut-il rédiger sans aide une lettre de motivation pour un emploi?
C'est quoi, selon vous, le rôle primordial de l'école ?On va à l'école pour apprendre au moins à structurer un tant soit peu le langage.
On y apprendrait l'esprit d'analyse et de synthèse, un minimum d'art de communication et de logique.
L'école devrait préparer l'insertion sociale.
Or quel est l'état de notre jeunesse ?
L'école ne doit pas être seulement le temple du savoir, elle doit faire émerger des personnalités.
Lors de la table ronde à Aokas, vous avez dit que «l'école algérienne forme des sujets et non pas des citoyens».
Pouvez-vous être plus explicite ?On tente de caporaliser les enfants, sans succès heureusement.
À leur inculquer l'esprit d'obéissance afin de supporter, par exemple, pendant plus de vingt ans, un indéboulonnable ministre qui n'hésite pas à changer de programme en pleine année scolaire.
On nous apprend à souhaiter des chefs à vie.
Si c'est cela, l'apprentissage de la citoyenneté, je vendrais mon âme au diable! La langue d'enseignement influet- elle sur le niveau et le raisonnement des élèves ?
Quelles solutions préconisez-vous pour que l'école algérienne sorte de son marasme actuel ?Quoiqu'on dise, une langue véhicule intrinsèquement beaucoup de valeurs.
Elle n'est pas neutre au sens strict du mot.
L'arabe à l'école est dépouillée de sa beauté et de sa force d'expression.
La documentation joue un grand rôle, or je viens de signaler l'indigence de l'édition à cause de l'interférence politico-idéologique.
La langue arabe n'a pas été mise à jour et, pire encore, elle est devenue un fonds de commerce de politicards.
Le pire pour elle vient de ses zélateurs : au lieu d'agir, ils réagissent dans un esprit revanchard.
Une langue qui n'échange pas est vouée à la stérilité.
L'arabe a eu son apogée quand elle échangeait avec les autres langues: sans le Persan on n'aurait pas de professeur (usted), sans le grec on n'aurait pas la géographie, et sans l'indou pas de chiffres pour compter etc.
L'essor de la langue est très lié à la grandeur politique.
La frilosité de la première vient de la fragilité de la deuxième.
On ne peut changer l'une sans changer l'autre (voir plus haut la mission de l'école).
Quel regard portez-vous sur la situation de la littérature algérienne ?
J'ai vu à Béjaïa une vitrine entièrement emplie de dernières publications d'auteurs algériens contemporains et tous non subventionnés. Les menaces, l'exil, la culpabilisation, la diffamation ne sont pas venus à bout de nos intellectuels.
Après le sinistre, c'est la ruche qui s'éveille.
Quels sont vos auteurs préférés ?
Difficile de répondre, je citerai en vrac : R. Boudjedra, R. Mokhtari, M. Bey, A. Maalouf, F. Mernissi. P. Cohello (particulièrement l'Automne du Patriarche), G.
Orwell etc.
On constate dans votre oeuvre plusieurs styles, comme si elle était écrite à plusieurs mains : vous manipulez avec adresse aussi bien l'art de la littérature descriptive que le genre du reportage en plus du pamphlet.
On n'a pas lu pareille symbiose chez d'autres auteurs.
Parfois vous vous relâchez jusqu'à employer des termes argotiques… Ce n'est pas un roman mais un ensemble de récits.
J'ai voulu adopter le style au contexte.
Mais je tenais surtout à rappeler aux jeunes, dans la mesure de mes possibilités, l'importance de l'esthète.
Quant aux passages de type journalistique, c'est l'esprit de synthèse que nos écoles négligent.
L'argot, c'est aussi une langue qui n'a même pas besoin d'académie.
Pourquoi appelle-t-on le français langue de Molière ?
Vous avez consacré de longs passages à la femme, vous en avez parlé aussi lors de votre intervention à Aokas… Pouvez-vous nous parler un peu de Saci Ouali, le militant de la cause féminine ?
Quelles sont les raisons, selon vous, qui empêchent l'émancipation de la femme algérienne ?
Je suis militant des droits de l'homme.
Les femmes, c'est plus que la moitié de l'humanité.
J'ai constaté leurs souffrances dues aux avanies qu'elles endurent parfois de leur mère et soeurs.
Je promets d'être à leur côté, en tout cas de ne pas les entraver dans leur lutte pour l'émancipation, ces éternelles minorées par le code de la famille.
Je suis convaincu qu'il ne ferait beau si la moitié du ciel est obscure ; mais je ne saurais être plus féministe qu'une femme.
Mes principes d'égalité, je les applique avec plus ou moins de succès dans mon entourage, en témoignent mes anciens élèves.
Leur plus grande entrave ?
Le poids des coutumes manipulées par une caste de politicards incultes, froussards, frustrés, sexuellement obsédés.
On ne naît pas misogyne, on le devient.
Que préconisez-vous comme solutions pour que la femme algérienne devienne une citoyenne à part entière ?
Comme je l'ai dit dans l'entrave: toujours plus d'éducation et d'instruction, plus d'indépendance économique.
Nous sommes sur cette voie.
Quand le salaire de la femme deviendra indispensable au budget de la famille, le divorce sera une menace à retourner contre le mari.
La femme célibataire ne sera plus la « Baïra » larbin, la bombe dans la famille, surtout si elle sait assumer son état.
Mais il faut qu'elle prenne conscience aussi de son apport.
Pour cela, j'ai adoré particulièrement la page 15 du roman de M.
Bakhai « Izuran » ou elle développe les atouts et les atours de la femme.
Parlons un peu de vos projets… C'est prématuré, trop vague pour en parler.
Entretien réalisé par Hafit Zaouche
Red@_Senoune- Nombre de messages : 1986
Localisation : earth
Date d'inscription : 13/12/2008
Re: L'écrivain Saci OUALI répond au courrier d'algérie.
-Azul
Grace à cet entretien , on en sait un peu plus sur Saci Ouali et son livre .
"Pensez-vous qu'une littérature d'expression française a encore sa place en Algérie ? c'etait ma question . merci Mr Z.hafit.
Mon point de vue :
bien entendu ,c'est toujours reconfortant de savoir qu'il existe encore dans notre pays des intellectuels ,de jeunes ecrivains, qui osent affirmer leur engagement pour le progres et la modernité et qui ,comme Saci Ouali, mettent leur plume au service des causes justes.
Neanmoins , je releve un trait commun à nos ecrivains contemporains ; leur tendance prononcée à noircir le tableau ,à exagerer systematiquement , à manquer donc d'objectivité .
laisser entendre , sans nuancer, que l'ecole algerienne est responsable des maux que vit la societé est , à mon avis , une contre-verité. rappelons qu'en France par exemple ,l'enseignement n'aboutit pas tjrs à de bons resultats ,il n'en demeure pas moins que les rues y sont propres.
L'ecole algerienne ,certes , ne remplit pas totalement son role mais , malgré toutes les entraves (pour reprendre le mot de l'auteur)et grace au devouement de milliers d'enseignants ,elle a contribué à la formation de plusieurs generations successives . Et faire ds la stigmatisation des ces jeunes en avançant le fait qui ils " manquent d'esprit de synthese" qu'ils sont " incapables de rediger une lettre de motivation " ou "s'expriment mal en français" , n'est pas de nature à faire avancer les choses.
Pour preuve ,encore une fois citons l'exemple de la France ,la-bas au pays de Moliere , il existe des specialistes qui se chargent de la redaction de lettres de motivations et autres correspondances administratives à l'intention des etudiants et des citoyens.
Donc ,arretons un peu d'accabler ces jeunes tetes avec nos remarques meprisantes .
Le probleme capitale de l'Algerie est d'abord economique .
Plutot que d'empoisonner leur esprit avec des idéologies ,aidons tous ces jeunes à se lancer ds le monde de l'entreprise et du travail .
Grace à cet entretien , on en sait un peu plus sur Saci Ouali et son livre .
"Pensez-vous qu'une littérature d'expression française a encore sa place en Algérie ? c'etait ma question . merci Mr Z.hafit.
Mon point de vue :
bien entendu ,c'est toujours reconfortant de savoir qu'il existe encore dans notre pays des intellectuels ,de jeunes ecrivains, qui osent affirmer leur engagement pour le progres et la modernité et qui ,comme Saci Ouali, mettent leur plume au service des causes justes.
Neanmoins , je releve un trait commun à nos ecrivains contemporains ; leur tendance prononcée à noircir le tableau ,à exagerer systematiquement , à manquer donc d'objectivité .
laisser entendre , sans nuancer, que l'ecole algerienne est responsable des maux que vit la societé est , à mon avis , une contre-verité. rappelons qu'en France par exemple ,l'enseignement n'aboutit pas tjrs à de bons resultats ,il n'en demeure pas moins que les rues y sont propres.
L'ecole algerienne ,certes , ne remplit pas totalement son role mais , malgré toutes les entraves (pour reprendre le mot de l'auteur)et grace au devouement de milliers d'enseignants ,elle a contribué à la formation de plusieurs generations successives . Et faire ds la stigmatisation des ces jeunes en avançant le fait qui ils " manquent d'esprit de synthese" qu'ils sont " incapables de rediger une lettre de motivation " ou "s'expriment mal en français" , n'est pas de nature à faire avancer les choses.
Pour preuve ,encore une fois citons l'exemple de la France ,la-bas au pays de Moliere , il existe des specialistes qui se chargent de la redaction de lettres de motivations et autres correspondances administratives à l'intention des etudiants et des citoyens.
Donc ,arretons un peu d'accabler ces jeunes tetes avec nos remarques meprisantes .
Le probleme capitale de l'Algerie est d'abord economique .
Plutot que d'empoisonner leur esprit avec des idéologies ,aidons tous ces jeunes à se lancer ds le monde de l'entreprise et du travail .
Cormoran- Nombre de messages : 26
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: L'écrivain Saci OUALI répond au courrier d'algérie.
oui Cormoran, je me suis permis de reprendre ta question, une preuve que je te lis attentivement mon ami
Zhafit- Admin
- Nombre de messages : 13508
Date d'inscription : 26/04/2008
exiger le meilleur! Fara n'est pas 1 référence de qualié
merci à l'ami Cormoran de m'offrir l'occasion de rebondir sur certaines de mes déclarations. je vous invite à revoir la page 46, où j'ai écrit: il ne faut surtout pas croire que l'auteur fasse l'éloge du système colonial, mais au contraire, il déplore, après comparaison que l'école de l'Algérie indépendante......pour surclasser le système colonial honni! je ne m'en prend ni aux jeunes (les victimes), ni aux enseignants (bien qu'on ait beaucoup à leur repocher à ces derniers, soit dit en passant). le pays qui a fait tant de sacrifices est en droit d'exiger plus, que dis-je, le meilleur! je refuse qu'on nivelle par le bas. quand aux français qui, comme vous dites, ne savent pas rédiger leur lettre de motivation, je vous dis que vous remuer le couteau dans la plaie: ce ne sont malheureusement que des français d'une certaine classe pour ne dire d'une certaine origine. il faut tenir compte du % des laissers-pour-compte dans l'un et l'autre pays. en tout cas la France n'est pas mon idéale.Zhafit a écrit:oui Cormoran, je me suis permis de reprendre ta question, une preuve que je te lis attentivement mon ami
j'espère avoir levé l'équivoque et que le débat continue dans la sérénité.
à bientôt donc, les amis!
Saci OUALI- Nombre de messages : 1
Date d'inscription : 14/11/2010
Re: L'écrivain Saci OUALI répond au courrier d'algérie.
- Tout mes remerciements à Mr S.Ouali!
Bonne continuation !
Cormoran .Aokas.
Cormoran- Nombre de messages : 26
Date d'inscription : 10/07/2010
Re: L'écrivain Saci OUALI répond au courrier d'algérie.
Mourad Berkal
La vie sans sacrifices n'est rien.Larésignation est un SUICIDE donc il vaux mieu mourir pour quelque chose que de vivre comme une hombre
La vie sans sacrifices n'est rien.Larésignation est un SUICIDE donc il vaux mieu mourir pour quelque chose que de vivre comme une hombre
aokas-aitsmail- Nombre de messages : 1819
Date d'inscription : 01/03/2010
Re: L'écrivain Saci OUALI répond au courrier d'algérie.
- Bonjour.
j'ai acheté " l'entrave " .J'ai pas encore tout lu ,mais j'ai apprécié bcp le chapitre "etats des lieux". J'ignorais l'existence de ce village de "TOLBA" qui ,pourtant,n'est qu' à quelques encablures de Kherrata!
C'est vrai , la Kabylie des Babors n'est pas presente dans les livres .En tout cas , bcp moins que la Vallée et le Djurdjura.
Les us et coutumes des habitants de cette belle region ne sont pas connus.
Je continuerai donc à lire avec delice le roman de Saci O . Ce roman est peut-être le balbutiement de quelque chose qui est le debut d'une litterature qui part à l'exploration d'une region meconnue .
Saha laid noun.
Cormoran- Nombre de messages : 26
Date d'inscription : 10/07/2010
Sujets similaires
» Brahim Saci répond au courrier d'algérie
» L'écrivain Saci Ouali au café littéraire de Bejaïa.
» L'écrivain Saci OUALI, l'invité de l'association culturelle "Rahmani Slimane".
» L'écrivain Saci Ouali de passage à Aokas ( samedi 05 novembre 2016)
» AHCÈNE BÉLARBI répond au courrier d'algérie
» L'écrivain Saci Ouali au café littéraire de Bejaïa.
» L'écrivain Saci OUALI, l'invité de l'association culturelle "Rahmani Slimane".
» L'écrivain Saci Ouali de passage à Aokas ( samedi 05 novembre 2016)
» AHCÈNE BÉLARBI répond au courrier d'algérie
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum