Les barons de la république couscoussière s'expriment à propos du Gouvernement Provisoire Kabyle.

Personnellement, je suis satisfait des positions du FFS et du RCD (et même des arch) concernant le MAK et l'idée d'autonomie de la Kabylie en général. Ils savent faire le dosage juste dans leurs déclarations et actions supposées anti-autonomistes. Ils en disent assez pour assurer leur survie en tant que "partis nationaux", se conformer à l'esprit et à la lettre de la Constitution algérienne et se mettre en règle avec les lois (notamment la loi sur les associations à caractère politique, la loi électorale et la loi sur la généralisation de la langue arabe).

De l'autre coté, ils se gardent de faire quoi que ce soit sur le terrain qui gênerait le MAK et qui toucherait à la vie quotidienne des militants autonomistes. Malgré leurs larges réseaux de militants, malgré leurs structures organisées et leurs nombreux sièges de parti à travers la Kabylie, malgré leur moyens financiers issus de subventions étatiques, le RCD et le FFS n'ont jamais essayé de mener une action anti-MAK sur le terrain. Aucune manifestation, aucune marche, aucune chasse aux sorcières, aucune intimidation de militants autonomistes, aucune tentative pour empêcher les meetings du MAK. Pourtant, le régime algérien aurait fermé les yeux sur tout cela. Je parie même qu'il a signifié à ces partis qu'il encouragerait des actions politiques de terrain contre le MAK. Le RCD et le FFS se contenteront de déclarations de principe uniquement pour montrer qu'ils restent dans le consensus politique national, ressemblant plutôt à un satuquo. Le FFS et le RCD poussent même la farce jusqu'à adopter un style FLNiste langue de bois exagérée, pour insérer un message dans un message: "Continue, Ferhat, et ne nous écoute pas!".


La nuance entre le RCD et le FFS est visible. J'ai déjà largement donné mon opinion sur Ait Ahmed et son parti dans plusieurs autres textes passés. La seule chose que je veux mettre en évidence est que le FFS n'osera pas joindre le geste à la parole, pour aller combattre le MAK sur le terrain. D'abord, il se prétend démocrate, légaliste et non violent. Ensuite, une partie très importante de la base militante du FFS basculera dans le "kabylisme" plutôt que dans l'algérianisme en cas de dérive de la direction du FFS. Pour finir, il a intérêt à faire apparaitre le MAK comme le "méchant", pour apparaitre lui même comme le moindre mal, le plus fréquentable par la faune politique et le "peuple algérien". Il ménagera donc au maximum Ferhat Mhenni et le MAK pour ne pas perdre sa base kabyle, et les malmènera assez "virtuellement" pour faire croire aux algériens arabo-islamiques que le FFS est de leur coté et est aussi leur parti.

Quand au RCD, je pense qu'il ne rejette pas l'autonomie régionale par principe, mais par stratégie. Said Sadi croit à l'existence d'un microcosme "républicain" ou "démocrate" dans les grandes villes arabes algérienne; microcosme soutenu par un "clan" de l'armée etc. etc. Said Sadi est donc encore dans une logique politique algéro-algérienne, pour ne pas dire arabo-arabe. Comme le régime arabo-islamique a ses kabyles de service, Said Sadi a longtemps recherché et recherche encore des "arabes de service" qui seraient d'ardents et sincères partisans de la démocratie, de la liberté, de la laïcité, de l'égalité entre hommes et femmes etc.... C,est pour cela qu'il a voué une sorte de culte à Mohammed Boudiaf, a tenté de mettre sur pied une sorte de coalition républicaine avec des syndicalistes, des "démocrates" citadins arabes, des féministes, des nationalistes dits patriotes etc, soit-disant pour "sauver la république". La république est toujours une république couscousière, dirigée par des corrompus, des ignares, des dictateur et toute une faune complice de magouilleurs, détourneurs et prédateurs. Le RCD a eu brièvement le même engouement pour Bouteflika, dans lequel Sadi a reconnu un démocrate, moderniste, cultivé, instruit etc... encore une fois, il s'est fourvoyé en recherchant avec "espoir" des personnalités ou des organisations arabes démocrates. Apparemment, il garde toujours espoir puisqu'il recommande à Fehat Mhenni de ne pas désespérer. Sadi a espoir qu'un jours, dans 1000 ans, il trouvera peut-etre des partenaires arabes démocrates qui lui serviront de faire valoir pour imposer la démocratie, la liberté, la laicité, la modernité aux algériens.
Amen

PS: Le régime algérien, le RCD et le FFS sont frustrés car il ne peuvent rien d'autre que porter des jugements de valeurs sur le gouvernement provisoire kabyle, verser dans l'insulte, la diffamation et la vindicte. Dans les autres pays du monde, quand un gouvernement provisoire ou d'exil se forme, il s'agit de le reconnaitre ou de ne pas le reconnaitre. Le régime algérien ne peut pas faire une déclaration de non reconnaissance du GPK car il reconnaitrait du même coup une autonomie tacite à la Kabylie. Le GPK n'étant pas gouvernement alternatif au gouvernement algérien, le rejeter conduirait à encourager l Kabylie à constituer un autre gouvernement, donc l'encourager dans son projet d'autonomie régionale. Le RCD et le FFS ne peuvent non plus faire une telle déclaration sans risquer de passer pour des partis kabyles, favorables à l'autonomie de la kabylie, mais opposés au GPK formé par le MAK.

D'où la frustration qui transparait dans les positions des uns et des autres. Ils se sentent pris dans un piége à cons tendu par Ferhat. Il doit bien s'amuser, l'Ancien!
Situation cocasse comme je les aime!
par DIHYA DIHYA MAIGAIRE