Le « Care » ou le degré zéro du mieux être
Page 1 sur 1
Le « Care » ou le degré zéro du mieux être
C’est du relativisme populiste teinté de fausse philosophie secouriste, c’est-à-dire réduisant les individus à n’être que des substrats « bio », sans conscience ni âme qu’ils pourraient prendre en charge eux-mêmes (chose –néo-réactionnaire ou ultra-libéral) ; il n’y a rien à leur suggérer de ce côté –sinon une vague référence à des valeurs démocratiques- puisque ce sont (selon le discours désormais dominant) d’humbles machines désirantes au sens « multi » (multiculturelles, multi-sexes, multi-identités, bref, schizopolitiques[1]) et dont la seule liberté permise (principe de précaution oblige) consiste à errer dans les diff-errances sans fin de la techno-urbanité mondialisée : celles d’un « bien être » débité et empaqueté « gauche » «droite » « extrêmes » (centres y compris) au bout d’une chaîne de montage qui se recombine à l’infini en se branchant et se débranchant de la machine étatiste qui prendrait durablement cependant « soin » de leurs polarités, par exemple en changeant leurs circuits endommagés, afin qu’ils puissent continuer à simuler les apparences de la combinatoire « multi » dans les courants hégémoniques du moment matriçant les réseaux (en se souciant aussi d’environnement et de durabilité des objets). Or, ce dit progressisme du « bien être » ou «care », qui prétend ainsi s’opposer à une « société » supposée « individualiste » comme l’avance sur un ton si absolu Martine Aubry (Le Monde du 14/04/10)[2]n’est, lui aussi, que le succédané techniciste d’un État devenu total à force de fabriquer du pseudo social qui en réalité étouffe tout (y compris l’économie) au nom des « valeurs démocratiques » ce qui est le comble.
Il serait pourtant si préférable de lui opposer l’universalisme qualitatif du « mieux être » en ce qu’il se distingue du « bien être » parce qu’il approfondit constamment le déploiement des appétits par leur affinement, ce qui implique une évaluation morale et pas seulement médicale comme le prétend cette philosophie politique minimaliste du « care ».
Car dans ce relativisme populiste (ou la destruction en réalité de l’universel des droits humains qui consiste à élever et non pas à seulement soigner les affres du « bio ») il est supposé en prémisse que les individus n’existent pas ou alors seulement comme individualistes, ce qui n’est pas « care » on le sait, autrement dit, il ne faut pas les laisser se soucier d’eux et des autres, valeur des « puissants » (des « hommes » -sic!- et dixit la théoricienne américaine du «care » Joan Tronto) ; il faut leur opposer la sollicitude supposée gentille des femmes lorsqu’elles prennent « soin » de chacune d’entre elles et ce pour son « bien » bien sûr ; ce qui implique que l’État puisse désormais absorber toute la solidarité et toute la sécurité au lieu de laisser la société des individus (comme le disait Norbert Elias) s’auto-organiser.
Bientôt les Restaurants du cœur, Emmaüs, seront absorbés dans le système du social bureaucratisé « care » parce que l’État total ne supporte pas en réalité que la société puisse se défendre elle-même étantdonné qu’il est supposé que l’individu n’existe pas, qu’il n’est qu’un agent, un nœud de pulsion, (que l’on laisse cependant errer lorsqu’il se dénoue parce qu’il est porteur d’une esthétique de vérité disait Foucault). Et donc la société civile n’a plus à être en tant qu’espace privé distinct de l’espace public, elle ne peut qu’exister, comme existe cette pierre, or êtren’est pas seulement exister disait Kant (bien avant Heidegger donc…). Et tout ceci, tout ce subterfuge, s’accomplit à nouveau au nom de l’Humanité, plus encore au nom de la Terre (en attendant celui de l’Univers, mais dans ce cas on bascule dans une théocratie larvée, ce qui cependant se constitue ici et là), le tout au nom d’une égalité de fait et non plus seulement de droit, ce qui implique que chaque être humain n’est plus cette singularité dont le vécu particulier lui faisait atteindre une forme spécifique qui ajoutait quelque chose en plus à l’aventure humaine, non, désormais cette dernière est supposée dangereuse, même si son besoin reste latent et qu’on le voit errer en solitaire sur les mers, participer à des jeux de survie, s’affronter faute de mieux au milieu des foules solitaires.
Le care du bien être soigne les bobos, il n’est d’aucune utilité pour les maladies de l’âme, lorsque la fatigue d’être soi exige de vivre enfin et non plus de survivre comme handicapé du social. Or, c’est bien là l’hypocrisie qui loin de donner toutes les chances à tous les individus, en respectant leur singularité et leur particularité, les massifie en les considérant comme des pièces interchangeables dont il s’agit de prendre soin, de huiler, lorsqu’elles sont rassemblées comme rouages de la Machine étatique. Loin d’aider les gens à se prendre en charge et ainsi à mieux respecter autrui en se respectant déjà soi-même la philosophie du care déresponsabilise toute action, même néfaste, puisque celle-ci est immédiatement perçue comme un dysfonctionnement et non pas comme une errare humanum est qu’il serait possible d’atténuer si le bien être cherche à mieux être au lieu de seulement se contenter d’exister.
La société des individus a semble-t-il bien plus besoin que l’État puisse l’aider à échanger (ou le marché justement) ou encore à se changer que le faire à sa place. Mais cela impliquerait de libérer le soin et l’éducation, de rembourser la médecine douce et d’encourager les meilleurs professeurs et les meilleures écoles, cela impliquerait en un mot de faire confiance dans la bonté du peuple plutôt que de le réduire en somme de mots et de maux bien sûr(s).
Il s’agirait donc de penser à un nouveau Contrat social qui n’agirait plus au nom de la Vertu posée comme Intérêt général (alors que l’on sait bien qu’il s’agit toujours de l’intérêt de quelques-uns) mais d’un Bien commun qui ferait en sorte d’accompagner chacune et chacun dans l’édification singulière de sa particularité. Voilà la morphologie d’un universel renouvelé qui pourrait se doter des institutions adéquates au niveau local comme au niveau mondial. Mais pour ce faire il faudrait que le débat se déverrouille, sans être consensuel en soi, ce qui est loin d’être le cas, du moins en France, tant l’élite en place reste persuadée de rester l’horizon indépassable de notre temps, jusqu’à dissoudre le peuple et prendre bien soin à y parvenir jusqu’à même solliciter son devenir d’handicapé social, qu'il doit même désirer, ou le droit à la paresse en version miniature et discount.
[1]Je critique les fondements de ce concept deleuzien, bien connu des milieux postmodernistes, dans un article en ligne récemment paru :http://www.revue-klesis.org/resources/6-Varia-Oulahbib.pdf
[2]http://www.lemonde.fr/politique/article/2010/04/14/martine-aubry-cherche-a-redynamiser-la-pensee-sociale-progressiste_1333411_823448.html
lucien.oulahbib@free.fr
0664944909
http://lucien.samir.free.fr/biographie/index.html
Il serait pourtant si préférable de lui opposer l’universalisme qualitatif du « mieux être » en ce qu’il se distingue du « bien être » parce qu’il approfondit constamment le déploiement des appétits par leur affinement, ce qui implique une évaluation morale et pas seulement médicale comme le prétend cette philosophie politique minimaliste du « care ».
Car dans ce relativisme populiste (ou la destruction en réalité de l’universel des droits humains qui consiste à élever et non pas à seulement soigner les affres du « bio ») il est supposé en prémisse que les individus n’existent pas ou alors seulement comme individualistes, ce qui n’est pas « care » on le sait, autrement dit, il ne faut pas les laisser se soucier d’eux et des autres, valeur des « puissants » (des « hommes » -sic!- et dixit la théoricienne américaine du «care » Joan Tronto) ; il faut leur opposer la sollicitude supposée gentille des femmes lorsqu’elles prennent « soin » de chacune d’entre elles et ce pour son « bien » bien sûr ; ce qui implique que l’État puisse désormais absorber toute la solidarité et toute la sécurité au lieu de laisser la société des individus (comme le disait Norbert Elias) s’auto-organiser.
Bientôt les Restaurants du cœur, Emmaüs, seront absorbés dans le système du social bureaucratisé « care » parce que l’État total ne supporte pas en réalité que la société puisse se défendre elle-même étantdonné qu’il est supposé que l’individu n’existe pas, qu’il n’est qu’un agent, un nœud de pulsion, (que l’on laisse cependant errer lorsqu’il se dénoue parce qu’il est porteur d’une esthétique de vérité disait Foucault). Et donc la société civile n’a plus à être en tant qu’espace privé distinct de l’espace public, elle ne peut qu’exister, comme existe cette pierre, or êtren’est pas seulement exister disait Kant (bien avant Heidegger donc…). Et tout ceci, tout ce subterfuge, s’accomplit à nouveau au nom de l’Humanité, plus encore au nom de la Terre (en attendant celui de l’Univers, mais dans ce cas on bascule dans une théocratie larvée, ce qui cependant se constitue ici et là), le tout au nom d’une égalité de fait et non plus seulement de droit, ce qui implique que chaque être humain n’est plus cette singularité dont le vécu particulier lui faisait atteindre une forme spécifique qui ajoutait quelque chose en plus à l’aventure humaine, non, désormais cette dernière est supposée dangereuse, même si son besoin reste latent et qu’on le voit errer en solitaire sur les mers, participer à des jeux de survie, s’affronter faute de mieux au milieu des foules solitaires.
Le care du bien être soigne les bobos, il n’est d’aucune utilité pour les maladies de l’âme, lorsque la fatigue d’être soi exige de vivre enfin et non plus de survivre comme handicapé du social. Or, c’est bien là l’hypocrisie qui loin de donner toutes les chances à tous les individus, en respectant leur singularité et leur particularité, les massifie en les considérant comme des pièces interchangeables dont il s’agit de prendre soin, de huiler, lorsqu’elles sont rassemblées comme rouages de la Machine étatique. Loin d’aider les gens à se prendre en charge et ainsi à mieux respecter autrui en se respectant déjà soi-même la philosophie du care déresponsabilise toute action, même néfaste, puisque celle-ci est immédiatement perçue comme un dysfonctionnement et non pas comme une errare humanum est qu’il serait possible d’atténuer si le bien être cherche à mieux être au lieu de seulement se contenter d’exister.
La société des individus a semble-t-il bien plus besoin que l’État puisse l’aider à échanger (ou le marché justement) ou encore à se changer que le faire à sa place. Mais cela impliquerait de libérer le soin et l’éducation, de rembourser la médecine douce et d’encourager les meilleurs professeurs et les meilleures écoles, cela impliquerait en un mot de faire confiance dans la bonté du peuple plutôt que de le réduire en somme de mots et de maux bien sûr(s).
Il s’agirait donc de penser à un nouveau Contrat social qui n’agirait plus au nom de la Vertu posée comme Intérêt général (alors que l’on sait bien qu’il s’agit toujours de l’intérêt de quelques-uns) mais d’un Bien commun qui ferait en sorte d’accompagner chacune et chacun dans l’édification singulière de sa particularité. Voilà la morphologie d’un universel renouvelé qui pourrait se doter des institutions adéquates au niveau local comme au niveau mondial. Mais pour ce faire il faudrait que le débat se déverrouille, sans être consensuel en soi, ce qui est loin d’être le cas, du moins en France, tant l’élite en place reste persuadée de rester l’horizon indépassable de notre temps, jusqu’à dissoudre le peuple et prendre bien soin à y parvenir jusqu’à même solliciter son devenir d’handicapé social, qu'il doit même désirer, ou le droit à la paresse en version miniature et discount.
[1]Je critique les fondements de ce concept deleuzien, bien connu des milieux postmodernistes, dans un article en ligne récemment paru :http://www.revue-klesis.org/resources/6-Varia-Oulahbib.pdf
[2]http://www.lemonde.fr/politique/article/2010/04/14/martine-aubry-cherche-a-redynamiser-la-pensee-sociale-progressiste_1333411_823448.html
lucien.oulahbib@free.fr
0664944909
http://lucien.samir.free.fr/biographie/index.html
aokas-aitsmail- Nombre de messages : 1819
Date d'inscription : 01/03/2010
Sujets similaires
» Un jeune mérite beaucoup mieux que d'être derrière un âne!
» Pour rester assis à ne rien branler Il vaut mieux être très haut placé...
» ICI MIEUX QUE LA-BAS Mieux : vaut Qatar que jamais ?....
» La rue Algerienne montre parfaitement notre degré d'éducation!
» Duhamel, Bourdin, PS, MRAP, ou le degré supérieur de l'analyse politique
» Pour rester assis à ne rien branler Il vaut mieux être très haut placé...
» ICI MIEUX QUE LA-BAS Mieux : vaut Qatar que jamais ?....
» La rue Algerienne montre parfaitement notre degré d'éducation!
» Duhamel, Bourdin, PS, MRAP, ou le degré supérieur de l'analyse politique
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum