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Deux jeunes arrêtés pour avoir mangé pendant le Ramadhan en Algérie

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Deux jeunes arrêtés pour avoir mangé pendant le Ramadhan en Algérie Empty Deux jeunes arrêtés pour avoir mangé pendant le Ramadhan en Algérie

Message  you and me Jeu 10 Sep - 5:50

POUR AVOIR «MANGÉ» PENDANT LA JOURNÉE DU RAMADHAN Deux jeunes incarcérés puis remis en liberté

Djamila, jeune émigrée installée depuis peu en Algérie, et son cousin ont été incarcérés mardi dernier pour avoir «cassé» le Ramadhan. Après avoir été incarcérés à la prison d'El Harrach, les poursuites judiciaires ont été abandonnées suite à une intervention «d'en haut». Les faits remontent à mardi dernier. Ayant passé la journée à courir les rendez-vous professionnels pour l'ouverture prochaine de sa société, Djamila et son cousin se sont installés dans un parc, à l'abri des regards, pour se rafraîchir et s'alimenter. «Il y avait une chaleur atroce ce jour-là. Dans la mesure où nous devions faire des allers-retours quotidiens entre Alger et la Kabylie, où mes parents possèdent une maison, il fallait prendre des forces pour ne pas causer d'accident de voiture Nous étions garés dans le parking attenant au parc de Ben Aknoun. Personne ne passe par là à 15h», nous a expliqué Djamila. A peine ont-ils ouvert leur sac que deux policiers en civil les ont accostés. A la vue des sandwichs, ils les ont questionnés sur leur religion. «Les deux flics nous ont proposé d'aller au poste de police pour une simple vérification d'identité sur ordinateur et nous les avons suivis», raconte Djamila. C'est au commissariat de Draria que le cauchemar a commencé pour Djamila et son cousin. Les policiers ont d'abord voulu prétendre que son cousin buvait de l'alcool dans le parking de Ben Aknoun. Puis ils les ont accusés d'être «amants». «Ils ont interrogé mon cousin de façon très musclée sur le fait de ne pas jeûner», relate Djamila. Le commissaire de police leur a fait signer un PV en arabe où il était mentionné qu'«ils mangeaient sur la place publique devant des piétons». Djamila, qui ne sait parler ni écrire l'arabe, a signé sans savoir de quoi il retournait, sur injonction des policiers. Après une visite médicale, les deux «non-jeûneurs» ont passé la nuit en garde à vue au commissariat. Mercredi matin, les deux cousins ont été menottés pour leur passage devant le procureur. «Dans la salle d'attente, les autres prévenus ne portaient pas de menottes. Nous avons été considérés comme de vrais criminels», rapporte Djamila. De catastrophe en catastrophe, le procureur a décidé de les transférer à la prison d'El Harrach. Le motif invoqué pour leur incarcération a été le «dénigrement du dogme et des préceptes de l'Islam». «Nous n'avions aucune idée de ce qui se passait. Dans la voiture de police, les flics n'ont pas voulu nous dire où ils nous emmenaient. Lorsque nous avons compris que nous étions en route vers El Harrach, nous avons appelé notre famille en toute hâte avant que les téléphones ne soient confisqués», confie notre interlocutrice. A la prison d'El Harrach, Djamila dormait à même le sol, car il n'y avait plus de lit disponible dans le dortoir des femmes. Au même moment, toute sa famille s'est impliquée pour faire libérer les deux prisonniers. L'affaire a connu son dénouement jeudi 3 septembre, tard dans la nuit, grâce à l'intervention de quelqu'un «haut placé ». La sœur de Djamila s'insurge contre «l'absurdité» d'une telle condamnation. «On savait que les libertés fondamentales étaient bafouées en Algérie. Oui le Ramadhan est un mois sacré. Oui, c'est un mois de jeûne pour les croyants. Mais il appartient à chacun de pratiquer sa foi selon ses convictions et sa conscience religieuses», dit-elle. Et d'ajouter : «Sommes-nous dans une soi-disant République démocratique et populaire. Ce serait alors une démocratie guidée par l'intransigeance. Pourquoi le fait de manger durant le Ramadhan serait- il un crime passible de prison au même titre que la dilapidation ou le détournement des deniers publics.» Selon l'avocat de Djamila, cette affaire n'aura pas de suite. L'épisode a été comme «effacé » des archives du commissariat de Draria. Djamila et son cousin, eux, se souviendront longtemps de leur mésaventure.

Amel B. El Watan
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Message  Zhafit Jeu 10 Sep - 14:18

Sous prétexte de défendre la religion
Les actes d’intolérance se multiplient




Et revoilà l’inquisition drapée des oripeaux du rigorisme et de la bienséance la plus chafouine qui frappe de nouveau ! Le fait : Djamila, une jeune émigrée, et son cousin, ont été arrêtés le 1er septembre dans un parking attenant au parc zoologique de Ben Aknoun alors qu’ils s’apprêtaient à casser la croûte à bord de leur véhicule. Ils sont embarqués manu militari au commissariat de Draria et placés en garde à vue pendant 24 heures, avant de se voir transférés à la prison d’El Harrach. Ils ne doivent leur salut qu’à l’intervention d’un personnage haut placé qui a hâté leur libération. Malheureusement, le calvaire de Djamila et son cousin n’a rien d’une petite fausse note dans un havre de tolérance.




Qu’on se souvienne de l’affaire des six personnes condamnées, le Ramadhan dernier, à 4 ans de prison ferme par le tribunal de première instance de Biskra. Il leur avait été reproché de s’être livrés à des jeux de société, une bouteille d’eau gisant à côté d’eux. Ils finiront par être acquittés grâce à la mobilisation de pans entiers de l’opinion, scandalisés par cette chasse aux sorcières d’un autre âge. Rappelons également le cas de ces trois manœuvres en bâtiment « surpris » sur un chantier, à Alger, en train de griller une cigarette. Le châtiment s’est voulu, également, aussi sévère qu’exemplaire. Le tribunal de Bir Mourad Raïs les avait condamnés, le 30 septembre 2008, à 3 mois de prison ferme avant que la cour d’appel ne revoie la sentence à la baisse en les condamnant à 2 mois d’incarcération avec sursis, sachant qu’ils avaient purgé cette même peine au titre de la détention préventive.

La liberté de conscience aux orties

Il est important de souligner que les magistrats ayant eu à statuer sur ces cas ne s’appuient sur aucun texte clair. De fait, il n’existe pas, dans le code pénal, d’article explicite, signalent les juristes, qui condamne expressément les non-jeûneurs. L’action publique repose, en l’occurrence, sur un article vague introduit dans le corpus juridique à la faveur de l’amendement du code pénal et du code de procédure pénale opéré en 2002. Il s’agit de l’article 144-bis 2 qui dit : « Est puni d’un emprisonnement de trois à cinq ans et d’une amende de 50 000 DA à 100 000 DA, ou de l’une de ces deux peines seulement, quiconque offense le Prophète (paix et salut soient sur lui) et les envoyés de Dieu ou dénigre le dogme ou les préceptes de l’Islam, que ce soit par voie d’écrit, de dessin, de déclaration ou tout autre moyen. » En l’espèce, on ne peut que constater « l’élasticité » du code pénal qui laisse ainsi à l’appréciation du juge l’étendue de la peine à infliger au contrevenant aux règles sacrées du Ramadhan. Dans ce même ordre d’idées, il faut relever cette autre aberration qui consiste à priver les ressortissants étrangers de toute possibilité de se sustenter le jour, en période de jeûne. Cela a été observé y compris dans des hôtels cotés, qui, pour nombre d’entre eux, poussent l’inhospitalité jusqu’à refuser à leur clientèle non musulmane le petit-déjeuner. Que de fois n’avons-nous entendu autour de nous nos aînés évoquer, non sans une certaine nostalgie mâtinée de rage, une Algérie beaucoup plus tolérante, plus ouverte, où il faisait bon vivre malgré tout et où jeûneurs et non-jeûneurs se fréquentaient dans une parfaite indulgence. A la lumière de ce qui vient de se passer à Ben Aknoun, on mesure l’ampleur de la régression accusée par notre société et l’emprise des pratiques inquisitrices qui ciblent avec acharnement les « minorités » de toute sorte (qu’elles soient cultuelles ou culturelles) qui se cramponnent à leur pays, l’Algérie, contre vents et marées. Les exemples de cette intolérance tous azimuts ne manquent pas. On se rappelle de l’épisode de Habiba K., cette citoyenne de Tiaret condamnée en première instance à trois ans de prison. Son tort ? Elle était en possession d’exemplaires de la Bible, elle qui s’était convertie au christianisme. Citons aussi le tollé soulevé par les miniatures qui illustrent l’excellent livre de cheikh Khaled Bentounès, Soufisme, l’héritage commun, une levée de boucliers qui a mobilisé, outre les forces fondamentalistes les plus obscures, des cercles proches du pouvoir. Rappelons également la campagne de fermeture des bars et autres night-clubs au pas de charge et le durcissement des licences d’ouverture de débits de boissons, plongeant nos villes dans un climat de « prohibition ». L’excès de zèle frisant le folklore qui a entouré le Ramadhan des Verts lors de leur stage au cercle militaire de Beni Messous, avant le choc Algérie-Zambie, qui a fait les choux gras de certains médias (ENTV en tête), en a choqué plus d’un avec tous ces reportages gentillets qui s’échinaient à mettre en évidence la piété et l’atmosphère de khouchouâ dans laquelle le groupe évoluait en ce mois sacré. Des titres sont allés jusqu’à comparer le match de dimanche dernier à la bataille de Badr, avec un atavisme consommé où la bigoterie le dispute au populisme en puisant à volonté dans la mythologie fantastique d’un Islam fantasmé.

À quand des « espaces non-jeûneurs » ?

Question naïve : à quand des espaces non-jeûneurs dans les entreprises, dans les trains longs trajets, voire dans certains espaces publics ? Il ne faut pas rêver, surtout à voir les campagnes policières de chasse aux couples, aux harraga et aux non-jeûneurs se doubler d’un effort médiatique sans précédent pour engouffrer définitivement la société algérienne dans le Moyen-Âge. La tolérance, c’est l’affaire d’institutions fortes, nous semble-t-il, dont les médias sont des acteurs de premier plan. Qu’un quotidien, Ennahar pour ne pas le nommer, joue les procurateurs bondieusards en mettant, dans sa Une d’hier, un jeune sur le point de mordre dans un sandwich, cela n’a qu’un nom : la délation. Le journal titre en grosse manchette : « Des cafés et des restaurants bafouant la sainteté du Ramadhan en plein jour. » Dans le reportage qui pointe du doigt la Kabylie comme bastion de la chrétienté et fief des anti-Ramadhan (un thème cher à une certaine presse à sensation), l’auteur du papier va jusqu’à dénoncer à la police un groupe de récalcitrants pas très emballés par le rite du carême. Mais les services de police n’ont pas jugé utile de rééditer l’action musclée de leurs collègues de Ben Aknoun, regrette le cafteur. Moralité : il apparaît urgent, dans cette Algérie déboussolée, cette Algérie gangrenée par la haine et l’intolérance, de sonner la révolte des citoyens libres et de susciter la mobilisation de tous afin de récupérer tous ces espaces de liberté cédés.




Par Mustapha Benfodil
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