une foule de joggeuses court pour le droit des Algériennes à l'espace public à Alger samedi 09 juin 2018
Page 1 sur 1
Azul- Nombre de messages : 29959
Date d'inscription : 09/07/2008
Re: une foule de joggeuses court pour le droit des Algériennes à l'espace public à Alger samedi 09 juin 2018
Ma place est là où je veux, pas à la cuisine! Laissez nous tranquilles! (écriteau brandi par les deux filles)
Azul- Nombre de messages : 29959
Date d'inscription : 09/07/2008
Azul- Nombre de messages : 29959
Date d'inscription : 09/07/2008
Azul- Nombre de messages : 29959
Date d'inscription : 09/07/2008
Re: une foule de joggeuses court pour le droit des Algériennes à l'espace public à Alger samedi 09 juin 2018
#Arwahi-tadjri : une foule de joggeuses court pour le droit des Algériennes à l'espace public
HuffPost Algerie
Environ 500 personnes dont 300 femmes, selon les organisateurs, ont couru ce samedi 09 juin 2018 aux Sablettes, à Alger, sur une distance de 5 kilomètres en solidarité avec Ryma, une jeune fille “agressée vulgairement”, selon ses termes, il y a quelques jours alors qu’elle faisait son jogging peu avant l’heure du F’tour.
Les participants à ce jogging, des femmes, jeunes et moins jeunes, pour la plupart, se sont rassemblés peu avant 18H devant la Grande roue de la Promenade des Sablettes.
Elles ont favorablement répondu à l’appel “Arwahi Tejdri” (اروَاحي تجري) des organisateurs de ce jogging, pour affirmer, munies de pancartes, leur droit à exercer une activité sportive en plein air mais surtout, leur droit d’occuper, librement, l’espace public sans craindre de se faire harceler ou agresser, ni verbalement ni physiquement.
Les joggeuses, en première ligne, ont ainsi démarré à l’unisson vers 18H10 pour atteindre, 2.5 kilomètres plus tard, l’extrémité de la Promenade des Sablettes et revenir à la ligne de départ.
Tandis que les jeunes et habituées joggeuses couraient à un rythme soutenu, d’autres, venues spécialement exprimer leur solidarité avec Ryma et dénoncer les agissements de son agresseur, maintenaient un rythme lent.
Elles couraient, tantôt avec des pancartes, tantôt accompagnées de leurs enfants ou leurs petits-enfants. “Nous essayons de tout faire pour que la voix des femmes soit respectée. Avant elles étaient plus respectée, pas maintenant avec cette nouvelle génération”, explique une dame, la cinquantaine, une pancarte à la main, sur laquelle était écrit “Laisse-la tranquille”.
HuffPost Algerie
“Moi je suis une grand mère. Je suis venue soutenir me filles et mes petites filles. Nous vivons en Algérie et nous ne voulons pas quitter notre pays pour vivre librement, nous voulons le faire ici”, martèle-t-elle, au HuffPost Algérie.
Le nombre de participants ne cessait de croître puisque d’autres joggeuses se joignaient au fur et à mesure à cette course de solidarité. Des citoyennes, militantes comme Amira Bouraoui ou Hassina Oussedik, actrices et YouTubeuses ont également pris part à cette initiative.
- Rabah Meziane
HuffPost Algerie
Environ 500 personnes dont 300 femmes, selon les organisateurs, ont couru ce samedi 09 juin 2018 aux Sablettes, à Alger, sur une distance de 5 kilomètres en solidarité avec Ryma, une jeune fille “agressée vulgairement”, selon ses termes, il y a quelques jours alors qu’elle faisait son jogging peu avant l’heure du F’tour.
Les participants à ce jogging, des femmes, jeunes et moins jeunes, pour la plupart, se sont rassemblés peu avant 18H devant la Grande roue de la Promenade des Sablettes.
Elles ont favorablement répondu à l’appel “Arwahi Tejdri” (اروَاحي تجري) des organisateurs de ce jogging, pour affirmer, munies de pancartes, leur droit à exercer une activité sportive en plein air mais surtout, leur droit d’occuper, librement, l’espace public sans craindre de se faire harceler ou agresser, ni verbalement ni physiquement.
Les joggeuses, en première ligne, ont ainsi démarré à l’unisson vers 18H10 pour atteindre, 2.5 kilomètres plus tard, l’extrémité de la Promenade des Sablettes et revenir à la ligne de départ.
Tandis que les jeunes et habituées joggeuses couraient à un rythme soutenu, d’autres, venues spécialement exprimer leur solidarité avec Ryma et dénoncer les agissements de son agresseur, maintenaient un rythme lent.
Elles couraient, tantôt avec des pancartes, tantôt accompagnées de leurs enfants ou leurs petits-enfants. “Nous essayons de tout faire pour que la voix des femmes soit respectée. Avant elles étaient plus respectée, pas maintenant avec cette nouvelle génération”, explique une dame, la cinquantaine, une pancarte à la main, sur laquelle était écrit “Laisse-la tranquille”.
HuffPost Algerie
“Moi je suis une grand mère. Je suis venue soutenir me filles et mes petites filles. Nous vivons en Algérie et nous ne voulons pas quitter notre pays pour vivre librement, nous voulons le faire ici”, martèle-t-elle, au HuffPost Algérie.
Le nombre de participants ne cessait de croître puisque d’autres joggeuses se joignaient au fur et à mesure à cette course de solidarité. Des citoyennes, militantes comme Amira Bouraoui ou Hassina Oussedik, actrices et YouTubeuses ont également pris part à cette initiative.
Azul- Nombre de messages : 29959
Date d'inscription : 09/07/2008
Re: une foule de joggeuses court pour le droit des Algériennes à l'espace public à Alger samedi 09 juin 2018
https://www.huffpostmaghreb.com/entry/arwahi-tadjri-une-foule-de-joggeuses-court-pour-le-droit-des-femmes-a-lespace-public_mg_5b1c2bede4b09d7a3d730f25
Azul- Nombre de messages : 29959
Date d'inscription : 09/07/2008
Azul- Nombre de messages : 29959
Date d'inscription : 09/07/2008
Re: une foule de joggeuses court pour le droit des Algériennes à l'espace public à Alger samedi 09 juin 2018
Espoir algérien
Manifestation de soutien à Rima, la jeune fille agressée par des islamistes pour avoir couru avant la rupture du jeûne. Des centaines de femmes et d'hommes ont couru ensemble pour dénoncer les agresseurs et imposer le droit de courir partout et en tout temps pour la femme algérienne.
Bravo à vous et que recule l'obscurité!
Manifestation de soutien à Rima, la jeune fille agressée par des islamistes pour avoir couru avant la rupture du jeûne. Des centaines de femmes et d'hommes ont couru ensemble pour dénoncer les agresseurs et imposer le droit de courir partout et en tout temps pour la femme algérienne.
Bravo à vous et que recule l'obscurité!
Azul- Nombre de messages : 29959
Date d'inscription : 09/07/2008
Azul- Nombre de messages : 29959
Date d'inscription : 09/07/2008
Re: une foule de joggeuses court pour le droit des Algériennes à l'espace public à Alger samedi 09 juin 2018
Mention spéciale pour ses nombreuses femmes sorties de concert pour dire leur indignation suite à l'agression d'une joggeuse, et aussi pour revendiquer leur droit à vivre leur vie comme elles l'entendent.
Le changement nécessite la réappropriation des espaces publics, la citoyenneté exige des libertés irréductibes... Une Algérie meilleure ne peut se concevoir sans les femmes, c'est-à-dire la moitié de la société... Avec vous !
Le changement nécessite la réappropriation des espaces publics, la citoyenneté exige des libertés irréductibes... Une Algérie meilleure ne peut se concevoir sans les femmes, c'est-à-dire la moitié de la société... Avec vous !
Azul- Nombre de messages : 29959
Date d'inscription : 09/07/2008
Re: une foule de joggeuses court pour le droit des Algériennes à l'espace public à Alger samedi 09 juin 2018
La nature a horreur du vide. Lest libertés sont celles que l'on entretient chaque jour... pour leur garantir leur limites..., sinon elles sont vouées à disparaître, vite englouties par les dictatures liberticides.
Azul- Nombre de messages : 29959
Date d'inscription : 09/07/2008
Azul- Nombre de messages : 29959
Date d'inscription : 09/07/2008
Re: une foule de joggeuses court pour le droit des Algériennes à l'espace public à Alger samedi 09 juin 2018
pour la mobilisation et la force de démonstration de la femme Algerienne!
Azul- Nombre de messages : 29959
Date d'inscription : 09/07/2008
Azul- Nombre de messages : 29959
Date d'inscription : 09/07/2008
Azul- Nombre de messages : 29959
Date d'inscription : 09/07/2008
Azul- Nombre de messages : 29959
Date d'inscription : 09/07/2008
Re: une foule de joggeuses court pour le droit des Algériennes à l'espace public à Alger samedi 09 juin 2018
La difficile reconstitution du corps algérien
Jean-Marc ZAORSKI via Getty Images
L’idée était d’écrire sur le régime d’Erdogan et comment on peut nous voler les mots, les vider, les détourner et nous laisser muets et sans moyens.
Ainsi, pour dénoncer l’expulsion par l’Autriche d’imams turcs financés par le régime turc pour faire leur cuisine de propagande en Autriche, le porte-parole d’Erdogan a dénoncé un acte «raciste» et «islamophobe» et a expliqué que «la position idéologique du gouvernement autrichien va à l’encontre des principes du droit universel, des politiques de cohésion sociale, du droit des minorités et de l’éthique de coexistence». Dit par un régime qui a 150 journalistes en prison, des écrivains condamnés à la perpétuité et qui massacre les minorités kurdes (femmes, enfants et civils jeunes) par bombes, par avions et par snipers. Il en devient difficile d’user du mot «islamophobie» pour dénoncer l’islamophobie réelle et d’user du mot «racisme» pour dénoncer le racisme réel quand ils sont volés par des hypocrites. Passons.
Le sujet du jour est le corps. La possibilité du corps, du mouvement, de la réappropriation de l’espace public. Vous ne le savez pas car les médias comme Echourouk n’en parleront jamais, mais des Algériennes et des Algériens ont couru avant-hier à Constantine et à Alger pour soutenir le droit de faire du footing pour les femmes algériennes.
Cela s’est fait pour protester contre l’unicellulaire qui a agressé une jeune Algérienne qui faisait son jogging à Alger, qui l’a frappée et lui a intimé l’ordre de rejoindre la «cuisine». La jeune fille s’est plainte auprès des gendarmes qui lui ont expliqué que c’était sa faute à elle: courir dans un pays libre, 56 ans après l’indépendance, après avoir fait la guerre, la résistance, fabriqué le peuple à chaque accouchement et donné son corps et son âme.
Des centaines sont venus, ont couru et n’ont pas été inquiétés par le régime et ont résisté au insultes des lâches sur les réseaux sociaux, les misogynes, les vicieux, les radicaux malades et les affreux. C’est donc possible.
Il est possible d’avoir un corps en Algérie après la colonisation, l’islamisation et la confiscation. Il est possible de faire quelque chose, de se mobiliser pour un droit malgré l’usage que l’on fait de l’état d’urgence, du trauma de la guerre civile et des islamistes.
Il est possible d’être solidaire et c’est ce qui nous manque : la possibilité de surmonter le nucléaire algérien, la dispersion par la matraque ou la rente, la dissociation. Il est possible de se regrouper pour la bonne cause, pour une vie et pas seulement pour enterrer, prier et crier dans les stades, ou s’avachir sur les trottoirs et courir vers les mosquées pour tromper son dieu par son assiduité.
Le corps algérien a le droit de courir et il peut se rassembler, par centaines, pour réclamer son droit au corps.
Car le corps est interdit et reclus.
Il est dévalorisé par le culte des martyrs qui n’en possèdent plus et nous culpabilisent, nous dit-on presque, parce que nous en avons un.
Il est méprisé par les propriétaires exclusifs de l’islam privatisé qui lui préfèrent l’ablution, la vie après la mort, la culpabilité et la position de l’attente d’un jugement dernier.
S’il est féminin, c’est encore pire : au culte du martyr et de l’au-delà et de l’état d’urgence, il faut ajouter le machisme. Le corps, dans le cas de la femme, passe alors du statut de cadavre à celui de crime.
Tout est contre le corps chez nous et tout vous pousse à le trahir ou l’abandonner en Algérie : l’état d’urgence, l’état islamique, l’état sans Etat quand des gendarmes refusent de vous protéger en enregistrant votre plainte.
Lancé par une femme, parrainé par Radio M, le mimi-marathon à Alger (ou celui lancé par un groupe de jeunes à Constantine) est à saluer, méditer, répéter et rendre viral : on peut se défendre et pas seulement se plaindre, courir ensemble dans un pays qui est immobile, être solidaire et «faire quelque chose» pour défendre le souvenir de la liberté dans ce pays. Et ne pas laisser l’initiative aux prêcheurs, à leurs médias, leurs islamistes d’importation, au Ferkous&cie, aux culpabilisateurs.
Là, ils prennent de la force et des dents, ils ont des chaines TV, des mosquées, une armée de terroristes médiatiques, des «stars» et des relais, de l’argent et l’accès à l’espace public.
Cela doit changer, peut changer et c’est possible. Ce n’est pas «politique», pas une «marche», pas une prière contre la sécheresse des crânes, pas une contestation, mais juste la revendication d’un droit : celui d’avoir un corps, des jambes. En attendant d’avoir des mains pour réussir le changement et une tête et des épaules pour résister au coup.
Le corps algérien est à reconstituer, en commençant par les jambes.
Salut donc à ceux qui ont lancé le mini-marathon d’avant-hier. Le corps est possible, les femmes ne sont pas des machines à laver la vaisselle, le pays est libre et n’est pas une annexe de l’Arabie ou une callgirl pour la Turquie, et la vie est possible et nous ne sommes pas tous morts et on peut courir dans deux millions de kilomètres carrés sans marcher sur les martyrs, ni insulter un dieu, ni plonger le pays dans le chaos, ou trahir son histoire. Juste courir.
On peut changer ce pays, en mieux, par de petites touches. Comme ceux qui l’ont détruit et le détruisent par petites touches, patiemment, à coups de lois ou de fatwa.
On peut reprendre ce pays, donner des cours de cuisine à l’agresseur qui a crié «va à la cuisine» à la jeune fille, ou l’envoyer en Arabie, respirer amplement et ne pas céder.
En attendant que les gendarmes fassent leur travail et enquêtent sur le corps immobile d’une gendarmerie.
Cette chronique est initialement parue dans le Quotidien d’Oran, le 11 juin 2018.
Des centaines sont venus, ont couru et n’ont pas été inquiétés par le régime et ont résisté aux insultes des lâches sur les réseaux sociaux, les misogynes, les vicieux, les radicaux malades et les affreux. C’est donc possible.
- Kamel Daoud Journaliste, écrivain, chroniqueur.
Jean-Marc ZAORSKI via Getty Images
L’idée était d’écrire sur le régime d’Erdogan et comment on peut nous voler les mots, les vider, les détourner et nous laisser muets et sans moyens.
Ainsi, pour dénoncer l’expulsion par l’Autriche d’imams turcs financés par le régime turc pour faire leur cuisine de propagande en Autriche, le porte-parole d’Erdogan a dénoncé un acte «raciste» et «islamophobe» et a expliqué que «la position idéologique du gouvernement autrichien va à l’encontre des principes du droit universel, des politiques de cohésion sociale, du droit des minorités et de l’éthique de coexistence». Dit par un régime qui a 150 journalistes en prison, des écrivains condamnés à la perpétuité et qui massacre les minorités kurdes (femmes, enfants et civils jeunes) par bombes, par avions et par snipers. Il en devient difficile d’user du mot «islamophobie» pour dénoncer l’islamophobie réelle et d’user du mot «racisme» pour dénoncer le racisme réel quand ils sont volés par des hypocrites. Passons.
Le sujet du jour est le corps. La possibilité du corps, du mouvement, de la réappropriation de l’espace public. Vous ne le savez pas car les médias comme Echourouk n’en parleront jamais, mais des Algériennes et des Algériens ont couru avant-hier à Constantine et à Alger pour soutenir le droit de faire du footing pour les femmes algériennes.
Cela s’est fait pour protester contre l’unicellulaire qui a agressé une jeune Algérienne qui faisait son jogging à Alger, qui l’a frappée et lui a intimé l’ordre de rejoindre la «cuisine». La jeune fille s’est plainte auprès des gendarmes qui lui ont expliqué que c’était sa faute à elle: courir dans un pays libre, 56 ans après l’indépendance, après avoir fait la guerre, la résistance, fabriqué le peuple à chaque accouchement et donné son corps et son âme.
Des centaines sont venus, ont couru et n’ont pas été inquiétés par le régime et ont résisté au insultes des lâches sur les réseaux sociaux, les misogynes, les vicieux, les radicaux malades et les affreux. C’est donc possible.
Il est possible d’avoir un corps en Algérie après la colonisation, l’islamisation et la confiscation. Il est possible de faire quelque chose, de se mobiliser pour un droit malgré l’usage que l’on fait de l’état d’urgence, du trauma de la guerre civile et des islamistes.
Il est possible d’être solidaire et c’est ce qui nous manque : la possibilité de surmonter le nucléaire algérien, la dispersion par la matraque ou la rente, la dissociation. Il est possible de se regrouper pour la bonne cause, pour une vie et pas seulement pour enterrer, prier et crier dans les stades, ou s’avachir sur les trottoirs et courir vers les mosquées pour tromper son dieu par son assiduité.
Le corps algérien a le droit de courir et il peut se rassembler, par centaines, pour réclamer son droit au corps.
Car le corps est interdit et reclus.
Il est dévalorisé par le culte des martyrs qui n’en possèdent plus et nous culpabilisent, nous dit-on presque, parce que nous en avons un.
Il est méprisé par les propriétaires exclusifs de l’islam privatisé qui lui préfèrent l’ablution, la vie après la mort, la culpabilité et la position de l’attente d’un jugement dernier.
S’il est féminin, c’est encore pire : au culte du martyr et de l’au-delà et de l’état d’urgence, il faut ajouter le machisme. Le corps, dans le cas de la femme, passe alors du statut de cadavre à celui de crime.
Tout est contre le corps chez nous et tout vous pousse à le trahir ou l’abandonner en Algérie : l’état d’urgence, l’état islamique, l’état sans Etat quand des gendarmes refusent de vous protéger en enregistrant votre plainte.
Lancé par une femme, parrainé par Radio M, le mimi-marathon à Alger (ou celui lancé par un groupe de jeunes à Constantine) est à saluer, méditer, répéter et rendre viral : on peut se défendre et pas seulement se plaindre, courir ensemble dans un pays qui est immobile, être solidaire et «faire quelque chose» pour défendre le souvenir de la liberté dans ce pays. Et ne pas laisser l’initiative aux prêcheurs, à leurs médias, leurs islamistes d’importation, au Ferkous&cie, aux culpabilisateurs.
Là, ils prennent de la force et des dents, ils ont des chaines TV, des mosquées, une armée de terroristes médiatiques, des «stars» et des relais, de l’argent et l’accès à l’espace public.
Cela doit changer, peut changer et c’est possible. Ce n’est pas «politique», pas une «marche», pas une prière contre la sécheresse des crânes, pas une contestation, mais juste la revendication d’un droit : celui d’avoir un corps, des jambes. En attendant d’avoir des mains pour réussir le changement et une tête et des épaules pour résister au coup.
Le corps algérien est à reconstituer, en commençant par les jambes.
Salut donc à ceux qui ont lancé le mini-marathon d’avant-hier. Le corps est possible, les femmes ne sont pas des machines à laver la vaisselle, le pays est libre et n’est pas une annexe de l’Arabie ou une callgirl pour la Turquie, et la vie est possible et nous ne sommes pas tous morts et on peut courir dans deux millions de kilomètres carrés sans marcher sur les martyrs, ni insulter un dieu, ni plonger le pays dans le chaos, ou trahir son histoire. Juste courir.
On peut changer ce pays, en mieux, par de petites touches. Comme ceux qui l’ont détruit et le détruisent par petites touches, patiemment, à coups de lois ou de fatwa.
On peut reprendre ce pays, donner des cours de cuisine à l’agresseur qui a crié «va à la cuisine» à la jeune fille, ou l’envoyer en Arabie, respirer amplement et ne pas céder.
En attendant que les gendarmes fassent leur travail et enquêtent sur le corps immobile d’une gendarmerie.
Cette chronique est initialement parue dans le Quotidien d’Oran, le 11 juin 2018.
Azul- Nombre de messages : 29959
Date d'inscription : 09/07/2008
Re: une foule de joggeuses court pour le droit des Algériennes à l'espace public à Alger samedi 09 juin 2018
Elles courent pour leur liberté
Samedi dernier sur la promenade des Sablettes : femmes et hommes courant ensemble pour dire non à l’intolérance. © L. S/Liberté
Partager35
“Ma place, c’est où je veux. Pas seulement en cuisine”, révèle une pancarte qu’arbore fièrement une jeune femme en jogging, venue braver “l’interdit” à la promenade des Sablettes à Alger.
Alger, 9 juin 2018. Il est 18h. Des femmes et des hommes en tenue de sport sont regroupés en face de la grande roue qui orne la promenade des Sablettes. Ils attendent le lancement du “footing de solidarité”, une initiative visant à dénoncer l’agression, une semaine auparavant, d’une jeune joggeuse. Au programme : un parcours de cinq kilomètres de jogging à réaliser deux heures avant la rupture du jeûne. La jeune joggeuse Ryma a été agressée verbalement et physiquement pour avoir pratiqué son footing pendant le Ramadhan. “Pourquoi tu cours ? Ta place est dans la cuisine à cette heure-ci”, s’est-elle entendue reprocher, avant d’être tabassée par un inconnu.
Choquée par cette attitude, Ryma se rend au poste de gendarmerie pour porter plainte, mais à sa grande surprise, les représentants de l’ordre public se rangent du côté de son agresseur : “Et toi alors ? Pourquoi es-tu allée faire du footing à cette heure-ci ?” C’est-à-dire une heure avant la rupture du jeûne. L’incident a aussitôt suscité l’émoi sur la Toile algérienne, provoquant un grand élan de solidarité. C’est ainsi qu’un appel a été lancé sous le hashtag “Arwahi tajri” (viens courir) à l’initiative de Radio M. Nous y voilà donc.
Un départ sous tension
Mais alors que le coup de départ n’est pas encore donné qu’une altercation éclate : trois jeunes hommes, dont l’un en qamis, entament de provoquer les coureuses.
Un jeune participant intervient, et c’est la dispute. Ils en sont presque aux mains lorsque d’autres jeunes participants les séparent et tentent de ramener le calme. Des policiers en civil surgissent aussitôt d’une voiture banalisée, pour chasser les fauteurs de troubles. La tentative de sabotage est
déjouée. La course commence.
Chacun à son rythme, chacun sa tenue aussi. Que ce soit en jogging moulant ou en foulard, toutes les femmes courent ensemble, certaines entre copines, d’autres en famille, notamment avec leurs conjoints, certaines avec les poussettes de leurs bambins. Voici d’ailleurs une vieille dame qui avance lentement, s’appuyant sur sa canne : “Je suis venue avec ma fille, elle court là-bas, un peu plus loin. Dans les années 80 et 90, avec la montée de l’intégrisme, nous organisions des rassemblements pour faire face aux pressions et aux intimidations des islamistes. Aujourd’hui, j’accompagne ma fille, j’ai l’impression qu’elle poursuit mon combat.” Non loin, des petites filles s’amusent au ballon ou en trottinette, elles sont venues avec leurs parents pour un “f’tour” familial au bord de la mer. Aujourd’hui, les femmes donnent l’exemple sur cet espace public. Les petites filles les regardent enjouées.
S’afficher ou ne pas s’afficher ? Telle est la question
“Pas de photos SVP !”, lance une jeune femme dans un haut-parleur. C’est la fin du rassemblement, et les organisateurs souhaitent faire une photo souvenir, mais certaines s’y opposent. La jeune femme argumente : “Je ne suis pas là pour m’afficher, je ne cours pas pour qu’on fasse de moi une star des réseaux sociaux, ou pire, qu’on poste ma photo en titrant “prostituée” sur facebook !” Mais tout le monde n’est pas d’accord.
En effet, de nombreuses femmes documentent leur rencontre avec des selfies et s'affichent audacieusement avec des pancartes collées sur le torse : “Laisse-la tranquille. Je cours aujourd’hui et demain. Je cours aujourd’hui pour demain. Ne plus jamais se taire. Algérie.” Faute de pancartes, d’autres ont eu l’ingénieuse idée d’adapter leur garde-robe à l’ordre du jour. Des t-shirts affichent fièrement : “Let’s drive the change” (menons le changement.), “Wonder Girl” (super fille) ou en arabe “apprends, bouge, défend”. Faut-il ou non se médiatiser ? Et comment le faire ? Le débat est donc lancé, et montre déjà ses prémices durant la rencontre. Surgit aussi la question de la mixité. La riposte est forte et immédiate lorsqu’une des organisatrices, dans son discours de clôture, met l’accent uniquement sur la présence féminine.
Des femmes corrigent tout de suite : “Les hommes sont aussi présents. Nous ne faisons aucune sorte de favoritisme. Nous restons tous unis et citoyens !” Selon les organisateurs, environ 500 participants dont 300 femmes ont marqué leur présence ce samedi. Et de nombreux hommes ont, en effet, tenu à accompagner leurs sœurs, amies, copines ou épouses.
Mais pour les provocations, elles n’ont pas manqué, même aux Sablettes. “Ya moulate el fuseau (eh toi qui porte un fuseau), rakoum fatartouna ! (vous nous avez fait rompre notre jeûne)… placetkoum machi h’na (votre place n’est pas ici).” Voici une des remarques insultantes que la jeune bloggeuse de “Enough Dz Barakat” s’est fait lancer par un des jeunes gens pendant qu’elle courait le long de la promenade des Sablettes. Elle qui a lancé le fameux hashtag #je_ne_protégerai_plus_les_harceleurs, elle en sait long sur la violence verbale rencontrée sur les réseaux sociaux à l’encontre des pages féministes. Plus tôt dans la journée, elle nous mettait en garde sur les dérives de ces plateformes. Le soir, les réactions sont comme prédites : une foulée d’insultes et d’indignations à l’égard de femmes “voulant renier leur religion” et “s’habillant d’une manière inconcevable en plein Ramadhan”. Quelques jours avant le rendez-vous citoyen, de nombreuses voix se sont élevées pour minimiser l’affaire et parler d’un simple “fait divers” rarissime. Pourtant les nombreux commentaires haineux nous montrent bel et bien que la mésaventure de Ryma n’est que la partie émergée de l’effroyable iceberg Algérie.
M. M.
Samedi dernier sur la promenade des Sablettes : femmes et hommes courant ensemble pour dire non à l’intolérance. © L. S/Liberté
Partager35
“Ma place, c’est où je veux. Pas seulement en cuisine”, révèle une pancarte qu’arbore fièrement une jeune femme en jogging, venue braver “l’interdit” à la promenade des Sablettes à Alger.
Alger, 9 juin 2018. Il est 18h. Des femmes et des hommes en tenue de sport sont regroupés en face de la grande roue qui orne la promenade des Sablettes. Ils attendent le lancement du “footing de solidarité”, une initiative visant à dénoncer l’agression, une semaine auparavant, d’une jeune joggeuse. Au programme : un parcours de cinq kilomètres de jogging à réaliser deux heures avant la rupture du jeûne. La jeune joggeuse Ryma a été agressée verbalement et physiquement pour avoir pratiqué son footing pendant le Ramadhan. “Pourquoi tu cours ? Ta place est dans la cuisine à cette heure-ci”, s’est-elle entendue reprocher, avant d’être tabassée par un inconnu.
Choquée par cette attitude, Ryma se rend au poste de gendarmerie pour porter plainte, mais à sa grande surprise, les représentants de l’ordre public se rangent du côté de son agresseur : “Et toi alors ? Pourquoi es-tu allée faire du footing à cette heure-ci ?” C’est-à-dire une heure avant la rupture du jeûne. L’incident a aussitôt suscité l’émoi sur la Toile algérienne, provoquant un grand élan de solidarité. C’est ainsi qu’un appel a été lancé sous le hashtag “Arwahi tajri” (viens courir) à l’initiative de Radio M. Nous y voilà donc.
Un départ sous tension
Mais alors que le coup de départ n’est pas encore donné qu’une altercation éclate : trois jeunes hommes, dont l’un en qamis, entament de provoquer les coureuses.
Un jeune participant intervient, et c’est la dispute. Ils en sont presque aux mains lorsque d’autres jeunes participants les séparent et tentent de ramener le calme. Des policiers en civil surgissent aussitôt d’une voiture banalisée, pour chasser les fauteurs de troubles. La tentative de sabotage est
déjouée. La course commence.
Chacun à son rythme, chacun sa tenue aussi. Que ce soit en jogging moulant ou en foulard, toutes les femmes courent ensemble, certaines entre copines, d’autres en famille, notamment avec leurs conjoints, certaines avec les poussettes de leurs bambins. Voici d’ailleurs une vieille dame qui avance lentement, s’appuyant sur sa canne : “Je suis venue avec ma fille, elle court là-bas, un peu plus loin. Dans les années 80 et 90, avec la montée de l’intégrisme, nous organisions des rassemblements pour faire face aux pressions et aux intimidations des islamistes. Aujourd’hui, j’accompagne ma fille, j’ai l’impression qu’elle poursuit mon combat.” Non loin, des petites filles s’amusent au ballon ou en trottinette, elles sont venues avec leurs parents pour un “f’tour” familial au bord de la mer. Aujourd’hui, les femmes donnent l’exemple sur cet espace public. Les petites filles les regardent enjouées.
S’afficher ou ne pas s’afficher ? Telle est la question
“Pas de photos SVP !”, lance une jeune femme dans un haut-parleur. C’est la fin du rassemblement, et les organisateurs souhaitent faire une photo souvenir, mais certaines s’y opposent. La jeune femme argumente : “Je ne suis pas là pour m’afficher, je ne cours pas pour qu’on fasse de moi une star des réseaux sociaux, ou pire, qu’on poste ma photo en titrant “prostituée” sur facebook !” Mais tout le monde n’est pas d’accord.
En effet, de nombreuses femmes documentent leur rencontre avec des selfies et s'affichent audacieusement avec des pancartes collées sur le torse : “Laisse-la tranquille. Je cours aujourd’hui et demain. Je cours aujourd’hui pour demain. Ne plus jamais se taire. Algérie.” Faute de pancartes, d’autres ont eu l’ingénieuse idée d’adapter leur garde-robe à l’ordre du jour. Des t-shirts affichent fièrement : “Let’s drive the change” (menons le changement.), “Wonder Girl” (super fille) ou en arabe “apprends, bouge, défend”. Faut-il ou non se médiatiser ? Et comment le faire ? Le débat est donc lancé, et montre déjà ses prémices durant la rencontre. Surgit aussi la question de la mixité. La riposte est forte et immédiate lorsqu’une des organisatrices, dans son discours de clôture, met l’accent uniquement sur la présence féminine.
Des femmes corrigent tout de suite : “Les hommes sont aussi présents. Nous ne faisons aucune sorte de favoritisme. Nous restons tous unis et citoyens !” Selon les organisateurs, environ 500 participants dont 300 femmes ont marqué leur présence ce samedi. Et de nombreux hommes ont, en effet, tenu à accompagner leurs sœurs, amies, copines ou épouses.
Mais pour les provocations, elles n’ont pas manqué, même aux Sablettes. “Ya moulate el fuseau (eh toi qui porte un fuseau), rakoum fatartouna ! (vous nous avez fait rompre notre jeûne)… placetkoum machi h’na (votre place n’est pas ici).” Voici une des remarques insultantes que la jeune bloggeuse de “Enough Dz Barakat” s’est fait lancer par un des jeunes gens pendant qu’elle courait le long de la promenade des Sablettes. Elle qui a lancé le fameux hashtag #je_ne_protégerai_plus_les_harceleurs, elle en sait long sur la violence verbale rencontrée sur les réseaux sociaux à l’encontre des pages féministes. Plus tôt dans la journée, elle nous mettait en garde sur les dérives de ces plateformes. Le soir, les réactions sont comme prédites : une foulée d’insultes et d’indignations à l’égard de femmes “voulant renier leur religion” et “s’habillant d’une manière inconcevable en plein Ramadhan”. Quelques jours avant le rendez-vous citoyen, de nombreuses voix se sont élevées pour minimiser l’affaire et parler d’un simple “fait divers” rarissime. Pourtant les nombreux commentaires haineux nous montrent bel et bien que la mésaventure de Ryma n’est que la partie émergée de l’effroyable iceberg Algérie.
M. M.
Azul- Nombre de messages : 29959
Date d'inscription : 09/07/2008
Re: une foule de joggeuses court pour le droit des Algériennes à l'espace public à Alger samedi 09 juin 2018
https://www.liberte-algerie.com/actualite/elles-courent-pour-leur-liberte-294522
Azul- Nombre de messages : 29959
Date d'inscription : 09/07/2008
Sujets similaires
» Rassemblement citoyen à aokas samedi 02 juin 2018 pour la libération de Merzouk Touati
» Rassemblement citoyen à aokas samedi 02 juin 2018 pour la libération de Merzouk Touati
» En Kabylie ils manifestent pour le droit de déjeuner en public pendant le ramadan
» En Kabylie ils manifestent pour le droit de déjeuner en public pendant le ramadan
» Hocine Haroun à Aokas le samedi 09 juin 2018
» Rassemblement citoyen à aokas samedi 02 juin 2018 pour la libération de Merzouk Touati
» En Kabylie ils manifestent pour le droit de déjeuner en public pendant le ramadan
» En Kabylie ils manifestent pour le droit de déjeuner en public pendant le ramadan
» Hocine Haroun à Aokas le samedi 09 juin 2018
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum