Boukhalfa Laouari à Aokas le samedi 21 octobre 2017

Boukhalfa Laouari est le prochain invité du café littéraire d'Aokas. Il nous parlera d'un ouvrage collectif (universitaires algériens, français et anglais) dont il a coordonné. Le livre est intitulé "Kamel Daoud, esquisse d'un phénomène postcolonial algérien". Ansuf yiswen

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Culture : Publication
Défense et illustration du profil littéraire postcolonial de Kamel Daoud

Kamal Daoud, esquisse d’un phénomène postcolonial est un ouvrage collectif qui vient de paraître (septembre 2017) chez les éditions Frantz-Fanon. Coordonné par Boukhalfa Laouari, un jeune enseignant chercheur du département d’anglais de l’université Mouloud-Mammeri de Tizi-Ouzou, et préfacé par Benouda Lebdai, universitaire oranais et chroniquer littéraire, le livre, qui réunit une brochette d’intervenants, dont les écrits, certains de facture académique et d’autres qu’on peut qualifier de lectures empiriques, constituent une tentative d’exploration de l'univers littéraire de Kamel Daoud, de ses logiques de création, et les implications esthétiques et politiques qui sont à l’œuvre dans Meursault, contre-enquête, le roman inaugural de sa carrière et de sa notoriété littéraire.
D’emblée, il faut souligner la pertinence et l’actualité du travail de B. Laouari qui a réussi la tâche de réunir une panoplie de lecteurs qui croisent leurs points de vue et permettent une meilleure lisibilité de la production littéraire d’un auteur qui constitue un véritable phénomène littéraire et médiatique, qui continue à déchaîner les passions, des remous dans le champ littéraire en Algérie comme ailleurs.
Son roman suscite toujours un foisonnement de commentaires et d’appréciations critiques divergentes. A travers Kamel Daoud, ce sont les positions esthético-politiques et les soubassements idéologiques des écrits produits par la nouvelle génération de romanciers algériens d’expression française, qui sont interrogés.
Pierre Boizette (université Paris-Ouest Nanterre), Joseph Ford (université de Leeds), Jane Hiddleston (université d’Oxford), Sarah Slimani (université de Boumerdès), Boukhalfa Laouari (université de Tizi-Ouzou), des universitaires français, anglais et algériens ainsi que Youcef Merahi (écrivain, poète et chroniqueur) et Rachid Mokhtari (journaliste, romancier et critique littéraire) se livrent à une dissection, selon leurs approches respectives, de la thèse principale de ce livre qui présente Kamel Daoud, à travers son Meursault, contre-enquête, comme l’une des figure de la nouvelle génération d’écrivains francophones de l’Afrique du Nord dont l’œuvre s’enracine dans le courant littéraire postcolonial.
Un ancrage qui ne souffre aucun doute, pour Benouda Lebdai, pour qui l’auteur de Meursault, contre-enquête est le profil exact du romancier «décolonisé». «Le romancier postcolonial, Kamel Daoud, a pris le risque de s’installer dans une confrontation avec l’écrivain ‘‘algérien’’ Albert Camus, grâce à Meursault, contre-enquête, un texte en miroir avec L’Etranger publié durant la colonisation française de l’Algérie», écrit Benouda Lebdai dans sa préface du livre de B. Laouari. Ce dernier, dans son intervention intitulée «Meursault, contre-enquête ou la revanche postcoloniale du fils prodige», a, lui aussi, pris le parti du romancier que d’aucuns voudraient classer son texte dans la case de la littérature néocoloniale. B. Laouari qui place le roman de Daoud dans une perspective de déconstruction des valeurs colonialistes présente son écrit comme une tentative de «déconstruction (de) ce que nous pensons être des lectures événementielles et hâtives du roman».
En réponse à ces attaques, l’universitaire réfute tout jugement critique qui ne soit pas immanent au texte, faisant sienne cette sentence du philosophe Jacques Dérida qui soutient qu’«un texte ne doit être lu que dans sa construction propre, sans référent, ni signifié transcendantal, ni hors texte».
S’intéressant à la réception de Meursault, contre-enquête dans la presse et les milieux littéraires, notamment français et anglais qu’il juge «simplistes» et qui évacuent la complexité et l’ironie de son récit, en mettant celui-ci «en dehors d’une critique littéraire qu’il demande», Joseph Ford de l’université de Leeds pense que K. Daoud a fait l’objet de présentations simplistes et réductrices, sous le prisme d’un certain déterminisme social et politique.
S. A. M.

Kamal Daoud, Esquisse d’un phénomène postcolonial algérien, Boukhalfa. Laouari, Editions Frantz-Fanon, septembre 2017.

http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2017/10/17/article.php?sid=218557&cid=16

MEURSAULT EST MORT SOT
Nous avons saisi l'occasion de la sortie du livre collectif KAMEL DAOUD, ESQUISSE D'UN PHÉNOMÈNE POSTCOLONIAL ALGÉRIEN coordonné par Boukhalfa Laouari pour recevoir ce dernier au café littéraire d'Aokas. Le livre est paru fraîchement aux EDITIONS FANTZ FANON de notre dynamique ami et auteur lui-même Amar Ingrachen. Après un speech d'une demi-heure où Boukhalfa Laouari a pédagogiquement défini le concept de postcolonialité et son projet de réécriture de l'Histoire en donnant une voix au colonisé et sa culture après déconstruction de l'échelle des valeurs colonialistes, la parole fut donnée au public qui en a usée à volonté. Kamel Daoud étant connu et reconnu par les gens du café littéraire d'Aokas et le conférencier l'ayant cité maintes fois en exemple, le débat a été très vite enclenché et des opinions très pertinentes s'en sont exprimées.
La théorie post-coloniale est inscrite dans la marge qu'offre l'espace infini qu'il y a entre le néocolonialisme et l'anticolonialisme. Les uns et les autres l'utilisent à son corps défendant pour édulcorer les dimensions négatives de leurs idées, se servant au passage du besoin d'altérite pour la coexistence. Quand je dis cela, je pense à Ferial Furon qui a tenté de réhabiliter son sanguinaire aïeul Bouaziz Bengana, bachagha et grand larbin de la France colonisatrice, à travers un livre sorti dans une minuscule maison d'édition de l’Hexagone.Si l'écriture de l'histoire se fait par les vainqueurs, les guerres ne se soldent pas toujours par des vaincus d'un côté et des vainqueurs de l'autre, en une dichotomie qui n'existe que chez eux qui instrumentalisent les drames et les tragédies en légitimation de positions dominantes. L'historiographie officielle des régimes post-coloniaux est aussi loin de la vérité que ne l'est la lune du doigt que regarde l'idiot alors qu'il la lui montre.
Kamel Daoud a commis un bon livre littéraire avec son roman MEURSAULT, CONTRE-ENQUÊTE. Sa sortie a coïncidé avec le centenaire d'Albert Camus. La sortie nationale du livre est passée presque inaperçue. Mais lorsque le livre est sorti en France chez Actes-Sud et que son auteur a fait le tour des plateaux de la télévision française pour sa promotion comme c'est d'usage, un bordel énorme s'en est suivi. Les douleurs encore vivaces de la guerre d'indépendance se sont vues réactivés des deux côtés de la Méditerranée, Camus ne faisant l'unanimité sur aucune des 2 rives. Camus a eu des positions on ne peut plus ambiguës sur la guerre d'Algérie pour le million d'européens présents sur notre sol pour cause de colonisation. Pour les autochtones, il n'était pas pour l'indépendance de l'Algérie et ceci le rend plus que suspect pour être soft.
Donc lors de la promotion du livre, Kamel Daoud a été vu et scruté sous toutes les coutures et ses chroniques parues depuis des années dans le Quotidien d'Oran ont été relues et critiquées à l'aune de la nouvelle lumière qui l'inonde. D'ailleurs elles ont fait l'objet d'un livre qui est sorti chez Actes-Sud en 2017 pour maintenir la demande et la pression sur le lectorat en attendant le roman ZABOR , LES PSAUMES qui est sorti un peu plus tard.
Concernant notre café littéraire, Kamel Daoud a surtout un alibi pour parler du phénomène post-colonial algérien. Nous en avons plutôt dit du bien et c'est le conférencier qui a donné le la de cette teneur. De toutes les manières, Kamel Daoud a le mérite de ressusciter un débat sur l'écriture et l'écriture de l'histoire alors que l'Algérie est en phase de nette régression sur les questions démocratiques.
Puis la question de l'écriture tout court se pose avec acuité à nous peuple à culture orale. D'ailleurs Kamel Daoud a consacré son deuxième grand roman à l'écriture qui est l'objet essentiel de son texte. Car l'écriture exprime et pérennise une civilisation. C'est une condition suffisante de son existence même si on peut concevoir que cette condition n'est pas nécessaire.
Sur la tombe de Toutankhamon ou le monument grandiose qui emprisonne son enveloppe charnelle, il y a écrit PRONONCE MON NOM ET JE VAIS RENAÎTRE. Et l'écriture lui donne ainsi de l'immortalité.

Fatah Bouhmila

Bouzid Boumezoued, enrichi à chaque fois les débats au café littéraire d'Aokas.

Fatah Bouhmila Tu vois, il a de la gueule ! C'est un ami qui est à la retraite après avoir été longtemps contrôleur aérien. Il est devenu boulimique de l'écriture. Il a publié 2 livres et là il est sur 3 ou 4 chantiers dans 2 sont dans la phase d'impression. Il s'appelle Bouid Boumezoued et tout le monde l'appelle Moustache. Le mérite revient aussi à Lounis Chabane qui a restitué la personnalité de Moustache dans sa photo. On dit qu'il crève l'écran.

Omar Messaoud On dirait "Zorba le grec"... ( don't harry it's just a joke)